Ce livre regroupe des correspondances qu'
Eugenio Corti, auteur du formidable roman fresque "
le Cheval Rouge", a adressé à sa famille depuis le front russe.
Mobilisé en 1941, le jeune Eugenio demande expressément à être affecté sur le front russe, curieux d'observer la vie quotidienne sous le marxisme soviétique. Alors âgé de 20 ans, il y sera déployé en 1942 en intégrant le corps expéditionnaire italien.
Cette correspondance se compose de lettres, cartes postales, télégrammes, à destination de son entourage. Plusieurs photos prises par Corti renforcent le caractère personnel de l'ensemble. Ces lettres n'étaient pas destinées à être publiées. Elles le seront sur l'initiative de la veuve de Corti, à la mort de ce dernier en 2014.
Ces lettres sont intéressantes car elles ne véhiculent aucune idéologie. On y découvre la vie quotidienne d'un officier italien sur le front, avec ses préoccupations d'intendance, les mouvements, l'attente du courrier, l'occupation du temps libre... La description concise des paysages pose également bien le cadre.
Le plus saisissant est que l'auteur affiche constamment la volonté de préserver son entourage de toute inquiétude à son sujet. C'est aussi un moyen d'échapper à la censure qui ne goûte guère le pessimisme.
On retrouve dans ces lettres des éléments développés dans "
Le Cheval Rouge" souvent qualifié de "Guerre et Paix" italien.
Certaines de ces lettres sont écrites lors de la retraite, alors que les troupes italiennes doivent se battre pour briser l'encerclement par des -30 degrés. Sur les 30 000 hommes du 35eme corps d'armée auquel appartient Corti, seuls 4 000 pourront s'extraire de la poche avec parmi eux 3 000 blessés. Seuls 1 000 sont considérés comme étant dans des conditions dites normales.
Corti est parmi eux et la littérature va y gagner "
Le Cheval Rouge". En 1943, il rejoint le Sud de l'Italie et les unités italiennes qui combattent aux côtés des alliés.