Quelques années déjà qu'
Elise Costa parcourt les quatre coins de la France, de tribunal en tribunal, de salle d'audience en salle d'audience, et qu'elle poste sur slate.fr ses chroniques judiciaires.
Ecrivain avant tout, aimant depuis enfant raconter des histoires, elle dit n'avoir jamais voulu être journaliste et l'idée de devenir chroniqueuse judiciaire ne lui avait jamais traversé l'esprit. Elle dit encore qu'elle fonctionne par obsessions et que lorsqu'elle tient un sujet, elle le triture, le décortique jusqu'au bout.
Ainsi, son premier roman paru en 2011, Comment je n'ai pas rencontré
Britney Spears, parlait à la fois de sa fascination pour les États-Unis et pour cette icône cheap, souvent vulgaire, moquée et alimentant elle-même ses malheurs. " Je me lamente devant ses cheveux et sa manie de sortir sans petite culotte mais je n'arrive pas à m'en détacher". Toutefois, elle expliquait :" Je veux passer à autre chose, je ne veux pas devenir la spécialiste de
Britney Spears !".
Le meurtre à Toulouse, sa ville, d'Eva Bourseau, jeune étudiante, fut le déclic pour Élise Costa. Une affaire qui l'a marquée et qui a focalisé sa soif de se heurter au noir des choses pour mieux les comprendre. " En racontant une affaire criminelle, on raconte une histoire de la société, je pense que c'est un thème qui vous aide à comprendre beaucoup de choses", dit-elle. Et ce fut le début de multiples voyages en train, de nuits d'hôtel, de kilomètres de notes prises sur le vif avant de les peaufiner au calme le soir, et souvent la nuit.
Ses chroniques rencontrant beaucoup de succès, il lui avait ėté demandé de les regrouper pour en faire un livre, ce qu'elle a refusé, trouvant le procédé quasi malhonnête puisque celles-ci sont disponibles gratuitement sur le net, préférant écrire autour et sur sa vie de chroniqueuse judiciaire, sur les affaires qui l'ont marquée, et sur les rouages parfois grippés de la justice.
Et c'est sans sans manichéisme et avec humanité, qu'elle nous livre tout cela ... et à l'ancienne... avec du papier et un stylo, avec, encore là, un côté obsessionnel : pour le carnet, un Rhodia tissé, couverture souple, ligné 80 g, format A5 et pas un autre et pour le stylo, le Muji à encre gel noir, bille 0,5 mm, et rien d'autre... comme si ces maniaqueries pouvaient parfois occulter l'horreur, le sordide.
De ces longues heures passées en salle d'audience, Élise Costa se dit persuadée que tout à chacun peut vriller et se retrouver un jour dans le box des accusés, que ceux qui sont habités par le mal absolu sont heureusement rares (elle cite en exemple Michel Fourniret) , et enfin que les crimes, même s'il sont extraordinaires, sont souvent commis par des gens très ordinaires.
Élise Costa conclut son récit par une liste de livres qui l'ont aidée à ne pas avoir une vision binaire des choses, qu'elle nomme " bibliothèque subjective " et qui va de
Truman Capote à
Alice Dieudonné, de
Raymond Carver à
Emmanuel Carrère.
Merci à celle qui se reconnaîtra de m'avoir prêté cet intéressant essai, de m'en avoir si bien parlé, et du coup, de m'avoir beaucoup inspirée pour écrire ce billet.