Voici une belle réflexion philosophique mais aussi sociologique économique et environnementale sur notre rapport aux déchets qui en dit long sur nos illusions d'un monde où la jouissance de l'instant supplante le bonheur réel, où la possession devient valeur quand l'être et la sensibilité deviennent faiblesses, où la culture devient de masse et la technologie notre seule cosmologie.
Nous brûlons nos ressources plus vite que le soleil ne les produits et bien que les principes entropiques démontrent le contraire, nous pensons pouvoir rompre avec ces lois de la physique fondamentale par notre économie basée sur une ressource fossile consommée en à peine 150 ans quand la nature à mis plusieurs centaines de millions d'années pour la produire au moins d'en modifier durablement le climat de la Terre.
C'est un ouvrage facile à lire, organisé en grands chapitres pour de nombreuses réflexions sous différents angles. le tout est associé à des traits d'humour pointant les notions clés proposées et ne vous laissera pas indifférent.
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Les réfrigérateurs ou les pneus transitent quelques années au service des usagers, pour être stockés durant des décennies dans les décharges. Au vu de leur longévité en tant que déchets, leur première jeunesse chez le consommateur est presque un prétexte, un mirage, un éblouissement vite éteint. p82
En détruisant la nature, notamment les arbres, les plantes et le phytoplancton, nous supprimons les capteurs essentiels de l'énergie solaire et refermons la planète en systèmes clos. Parasites des plantes, nous détruisons les hôtes sur lesquels nous vivons. Cette destruction passe inaperçue parce que nous fonctionnons sur le capital du pétrole qui masque, provisoirement, notre dépendance au soleil et aux plantes. p65
En pillant les réserves de la planète, nous depouillons le futur. Notre présent est une belle flambée qui fabrique des cendres. p66
La puissance de la technique se paie d'une impuissance à réparer les dégâts qu'elle cause. Pour aller plus vite que le soleil, elle brûle le monde. Elle est une illusion, une flambée, une tricherie, comme le flash que procure une drogue.
[...]
Après l'euphorie de la drogue, le monde paraît médiocre. Après l'euphorie de la puissance technique, le monde devient médiocre. p73
Dans une époque d'abondance matériel, le temps à disparu.
Privilégier la matière plus que le temps, c'est préférer la jouissance au bien-être, l'excitation au bonheur, l'état de crise à celui de contemplation, la rupture plutôt que la relation. p158
SURVIVRE CHEZ SOI (L'ART DU CONFINEMENT) d'après How to live in a flat de William Heath Robinson
Avec Michel Lagarde
Lecture par Laurent Poitrenaux
« le 16 mars 2020, nous apprenions qu'un vilain virus allait nous confiner pendant quelque temps ; 55 jours exactement. L'ensemble de la population française allait donc devoir apprendre l'art du confinement dans des espaces parfois fort étroits. William Heath Robinson connaissait l'art d'occuper l'espace, et avait visiblement déjà réfléchi à la question. Son oeuvre magnifique et superbement ignorée en France venait de tomber dans le domaine public ; l'occasion était trop belle pour réparer un oubli incompréhensible avec l'adaptation de How to Live in a Flat, un ouvrage paru en 1936 sur un texte de K.R.G. Browne. C'est un classique en Angleterre, et un beau prétexte pour réunir un petit cercle d'amateurs de l'artiste pour une adaptation originale, à l'ère de la Covid-19. » Michel Lagarde nous présente ce soir ce livre on ne peut plus réjouissant et Laurent Poitreneaux lit des extraits du texte que Jean-Luc Coudray a écrit pour l'occasion, accompagné bien sûr des illustrations malicieuses de William Heath Robinson, mises en couleur par Isabelle Merlet.
À lire – William Heath Robinson, Jean-Luc Coudray & Isabelle Merlet, Survivre chez soi (l'art du confinement), Editions Michel Lagarde, 2021.
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