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EAN : 9782707146830
264 pages
La Découverte (05/04/2005)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

L'avènement en 1979 de la République islamique d'Iran a suscité une grande inquiétude dans le monde occidental : la volonté proclamée du nouveau régime d'exporter la révolution dans la région n'allait-elle pas déstabiliser une zone essentielle pour les besoins en pétrole de l'économie mondiale ?

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« L'Iran fait certainement partie de ces pays dont l'importance stratégique n'a d'égale que leur méconnaissance par le rôle de la planète » (p. 5). C'est par ce constat désabusé que s'ouvre le remarquable ouvrage de Thierry Coville dont l'ambition affichée est de « contribuer modestement à une meilleur compréhension de l'Iran d'aujourd'hui » (p. 9).
Le pari est réussi et l'intérêt ne se relâche jamais à la lecture de ce livre agréablement écrit et extrêmement complet qu'on recommandera sans hésiter à qui souhaite mieux connaître ce pays. L'auteur est un spécialiste de l'économie iranienne à laquelle il a consacré sa thèse ; le moindre de ses mérites n'est pas de traiter avec un égal bonheur les aspects économiques que politiques, sociaux, stratégiques.
L'Iran que décrit l'auteur est autrement plus complexe que l'image simplificatrice qu'on s'en fait depuis 1979 en Occident en général et aux Etats-Unis en particulier. Sans verser dans la complaisance, Coville refuse la diabolisation. Il montre ainsi que l'Iran a depuis longtemps renoncé à exporter la révolution islamique. Il montre également que l'ordre moral rencontre bien des résistances dans une société en pleine mutation.

Echappent souvent à l'observateur occidental la complexité et l'émiettement du pouvoir au sein des élites iraniennes. A la différence de grand nombre de régimes autoritaires moyen-orientaux, le pouvoir est partagé entre plusieurs autorités en Iran. le Président de la République, élu au suffrage universel, n'est pas le numéro un du régime, fonction occupée par le « guide » (velayat-e faqih), lui-même choisi par une Assemblée des experts composée de 80 théologiens élus au suffrage universel direct. le Président doit également composé avec le Parlement, élu au suffrage universel, lui-même placé sous le contrôle du Conseil de la surveillance de la Constitution composé de six clercs nommés par le Guide et de six juges élus par le Parlement. On relativise dès lors les changements induits par l'accession à la Présidence en juillet 2005 d'Ahmadinejad : l'ancien maire de Téhéran, qui doit son élection plus au désaveu des élites traditionnelles qu'à l'enthousiasme suscité par son programme, n'a pas les coudées franches et doit compter avec le Guide Khamenei et l'ancien Président et toujours influent Rafsandjani.

Une autre dimension importante, sans laquelle on ne comprendra pas l'Iran contemporain, est le poids du nationalisme, peut-être plus puissant et plus pérenne que celui de l'islamisme. La guerre contre l'Irak l'aura amplement montré : les Iraniens se sont vaillamment battus moins pour la gloire du martyre que pour la nécessité de défendre la patrie. Ce nationalisme exacerbé a nourri une « obsession du complot de l'étranger » (p. 55) et une certaine schizophrénie vis-à-vis de l'Occident : les Iraniens sont tout à la fois fascinés par la modernité occidentale à laquelle ils souhaiteraient accéder et désireux de préserver une identité nationale dont ils sont fiers.

Il serait erroné, dit Thierry Coville, de croire que l'Iran menace le monde. le 11-septembre a fait disparaître à ses frontières deux dangers : les talibans afghans à l'Est, le régime baasiste de Saddam Hussein à l'Ouest. Pour autant, « l'Iran se trouve maintenant confronté à ce qui était son cauchemar stratégique : un encerclement par les Etats-Unis » (p. 226). Et dans ces circonstances, le choix de l'option nucléaire, qui présente l'immense mérite aux yeux du Président de flatter l'orgueil nationaliste de l'opinion intérieure, se comprend sans peine dans une logique « nord-coréenne » voire française de sanctuarisation du territoire – même si Thierry Coville ne disconvient pas que ce choix fragilisera le régime de non-prolifération en incitant d'autres Etats (Arabie saoudite, Egypte) à franchir le seuil nucléaire.

Comme l'avait fait un an plutôt la journaliste Claire Tréan , Thierry Coville donne à voir un pays moins inquiétant et plus complexe qu'on ne l'imagine. La révolution khomeyniste de 1979 n'est pas une anomalie monstrueuse ; elle n'est pas non plus une parenthèse que l'Iran refermera un jour pour renouer avec un soi-disant âge d'or. Certes les défis sont immenses : défi d'une économie de rente « noyée dans le pétrole » (p. 168), défi d'une société en mutation où les jeunes et les femmes revendiquent leur place. Mais, comme le conclut l'auteur : « Les Iraniens ont fait la révolution, certains sont déçus du résultat, mais peu nombreux sont ceux qui souhaitent un retour en arrière » (p. 256).
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