J'évoque souvent le fait que la lecture est – selon moi – un rendez-vous, une rencontre avec un ou une auteur(e) et que celle-ci est rarement le fruit du hasard. Cela se confirme avec ma dernière lecture que je n'aurais jamais découvert si Amélie ne me l'avait pas si gentiment offert. Je ne sais si mon plaisir aurait été moindre sans ce geste mais il est clair que je serais passé à côté d'une magnifique plume, malheureusement maintenant éteinte qui avait, je suis certain, encore beaucoup à raconter.
En effet,
Chantal Creusot signe avec
Mai en Automne son seul et unique roman et alors que je ne l'ai pas totalement apprécié, j'ai littéralement adoré l'ambiance de ce dernier, remplie de mélancolie et d'amertume qui se dévoile avec finesse et poésie. C'est simple, cette dernière m'a captivé du début à la fin de ma lecture grâce à la douceur de sa plume et la poésie de son style, me rappelant bien souvent
Jane Austen et tant d'autres talentueux auteurs de l'époque. Ainsi, cette lecture fut riche d'évasion et de voyage au coeur du pays normand, chose que j'ai particulièrement appréciée. Ne lisant que trop peu de roman dédié à notre terroir, ce choix et cette destination ont permis à l'auteure d'offrir une dimension purement authentique et solennel à son humble oeuvre. Ajoutez à cela la sombre et triste période que fut celle de la seconde guerre mondiale et vous voilà témoin d'un récit émouvant, poignant et débordant de sentiments auxquels j'ai été bien plus que réceptif. Indéniablement, ce fort sentiment de compassion n'aurait pu avoir lieu sans la beauté et somptueuse sensibilité dont fait preuve
Chantal Creusot. C'est simple, ses mots ont raisonné en moi alors que pour autant, je ne me suis pas parvenu à m'attacher à l'un des nombreux personnages présentés. Par conséquent, cet étonnant contraste me laisse perplexe mais prouve que cette dernière est parvenue à me marquer et à me transporter dans sa gigantesque et pointilleuse fresque sociale.
Finalement, si je n'ai pas réussi à m'attacher aux protagonistes de
Mai en Automne cela provient du trop grand nombre de personnages révélés. L'auteure a fait le choix de dévoiler différentes familles aux moeurs et aux destinées opposées afin d'apporter énormément de détails à sa critique sociale et même si je comprends ce choix, je ne l'approuve pas totalement. En effet, j'aurais apprécié que
Chantal Creusot se concentre davantage sur certains personnages et moins sur d'autres ce qui m'aurait permis un plus vif intérêt car je me suis bien souvent égaré au cours de ma lecture. D'autant plus que certaines personnalités parviennent à se démarquer mais se retrouvent bien trop vite relayées au second plan. Ce constat me mène à penser que son oeuvre manque de réel fil conducteur alors que chaque destin est pourtant finement et étroitement lié, un peu trop peut-être pour ma part. Cependant et malgré mon dérangement, il est indéniable que l'aperçu travaillé et abouti que j'ai eu de chacun démontre une fois de plus toute la finesse et la justesse dont fait preuve cette dernière et, rien que pour ça, je suis plus que reconnaissant d'avoir croisé son chemin.
Ainsi et sans être sans défaut,
Mai en Automne m'a subjugué grâce à la plume débordante de poésie et d'amertume de
Chantal Creusot et grâce à son style d'une justesse indéniable. Je me sens vraiment chanceux d'avoir fait cette magnifique rencontre malheureusement avortée à cause de sa disparition. Je suis certain que cette dernière avait encore beaucoup à offrir et je ne peux que vous encourager à de couvrir par vous-même cette oeuvre à l'ambiance mélancolique à souhait, idéale pour la saison.
Lien :
https://mavenlitterae.wordpr..