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Hubert Juin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070318346
192 pages
Gallimard (27/01/1972)
3.7/5   28 notes
Résumé :
Publiée en 1908 (vingt ans après la mort de Charles Cros), Le collier de griffes est une œuvre poétique.


Préface d'Hubert Juin
Collection Poésie/Gallimard (n° 79), Gallimard
Parution : 27-01-1972
Liberté

Le vent impur des étables
Vient d'Ouest, d'Est, du Sud, du Nord.
On ne s'assied plus aux tables
Des heureux, puisqu'on est mort.

Les princesses aux beaux râbles
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le Collier de Griffe est un recueil de poésies et de cinq nouvelles signées Charles Cros, le fameux scientifique poète dont l'oeuvre sera totalement ignorée de ses contemporains.

Ce recueil est ma première rencontre avec Charles Cros et elle ne me laisse pas de marque. Ses poèmes sont plaisants, certains émouvants, d'autres sensuels mais je n'ai pas été transcendée. Plus que les poèmes dans leur globalité, ce sont des vers qui m'ont touchée, remuée, fait vibrer. Je crois que les poèmes qui m'ont le plus enthousiasmée sont Nocturne et Dans la clairière car je ne m'attendais pas à ces fins. En l'occurrence, on peut même parler de chutes tant les fins sont brutales et surprenantes.

J'ai largement préféré les nouvelles aux poèmes ; surtout La Science de l'Amour qui m'a fait penser à La Femme du Physiologiste d'Arthur Conan Doyle mais en plus drôle. Et aussi Les Gens de Lettres qui est un conte loufoque.

Quoiqu'il en soit, je n'en resterais pas là avec Charles Cros car ce recueil publié à titre posthume ne semble pas représenter tout son talent. J'ai lu sur Babelio de belles citations ou de drôles de citations, comme le hareng saur, qui m'ont donné envie de creuser un peu plus.

CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2018
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Cette oeuvre posthume de Charles Cros, éditée par son fils, dévoile les multiples facettes de sa poésie, brisant les conventions. Obsédé par la communication avec les habitants d'autres planètes, le poète l'inscrira même dans ses textes. La lecture de ce recueil révèle une recherche d'innovation, une vision d'un nouveau monde, une prose futuriste.
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Simplement à découvrir dans sa délicatesse et ses métaphores.
Talent indéniable d'un homme d'observations et sensibilité qui, malheureusement finira dans l'oubli le plus total.

Pages à lire et faire découvrir sans hésitations au plus grand nombre.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
« J’allais oublier de vous dire que ces chapeaux contiennent des cervelles métalliques des meilleurs modèles, avec pile et accessoires. Les pointes qui touchent le front servent à envoyer les courants électriques, qui produisent le talent dans la tête la plus obtuse.
Cette invention, due au célèbre Tadblagson, a transformé l’ordre social en rendant le talent proportionnel à la fortune. C’est ainsi que le plus grand génie de notre époque est le banquier Philipfill, qui a pu se donner le luxe de collectionner les cervelles les plus chères. Entre autres, on raconte qu’il a payé un million et demi la cervelle de Sarah Bernhardt, garantie conforme.
Il résulte de là qu’on en a fini avec les revendications socialistes du siècle dernier. Maintenant l’axiome est : Pas d’argent, pas de talent. Il y a de très rares exceptions de gens sans le sou qui naissent avec de l’esprit : mais nos tribunaux en font prompte justice en les expropriant de leur cerveau, dont tout modèle revient à l’État.”
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Elle

Le rossignol se plaint dans la ramure noire.
Je t'ai donné mon corps, et mon âme, et ma gloire.
Les arbres élancés sont noirs sur le ciel vert.
Vois cette fleur qui meurt dans mon corsage ouvert

Le vent est parfumé ce soir comme de l'ambre.
Tu sais qu'on a trouvé ton poignard dans ma chambre.
Embrasse-moi. La lune a des teintes de sang.
Mon père est mort, dit-on, hier en me maudissant.

Là-haut le rossignol pleure et se désespère.
La cloche qu'on entend, c'est le glas de mon père.
Les parfums de ce soir font ployer mes genoux,
Je suis lasse. Un instant, ami, reposons-nous.

Que je t'aime ! Au château vois-tu cette lumière ?
C'est un cierge allumé près du lit de ma mère.
Ah ! les étoiles !... On dirait un sable d'or.
Ne t'avais-je pas dit que mon père était mort ?

Levons-nous. Allons près du lac. Je suis plus forte.
Ne t'avais-je pas dit que ma mère était morte ?
Entends le bruit de l'eau... C'est comme des chansons,
C'est comme nos baisers, quand nous nous embrassons.

Je ne veux pas savoir d'où tu nous vins, ni même
Savoir quel est ton nom... Que m'importe ? Je t'aime.
Le rossignol se tait au bruit de ce beffroi.
Ma mère me disait que ton cœur était froid.

La lune fait pâlir le cierge à la fenêtre.
Mon père me disait que tu n'était qu'un traître.
Écoute ce grillon. Vois donc ce vers luisant.
Assez de cloche. Assez de cierge - Allons-nous en.

J'ai pris des diamants autant qu'on voit d'étoiles,
Partons. Sens le bon vent, qui va gonfler nos voiles.
Viens. Qu'est-ce qui retient ta parole et tes pas ?

Lui

Mademoiselle, mais... Je ne vous aime pas.

NOCTURNE
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Laques aux teintes de groseilles
Avec vous on fait des merveilles,
On fait des lèvres sans pareilles.

Ocres jaunes, rouges et bruns
Vous avez comme les parfums
Et les tons des pays défunts.

Toi, blanc de céruse moderne
Sur la toile tu luis, lanterne
Chassant la nuit et l'ennui terne.

Outremers, Cobalts, Vermillons,
Cadmium qui vaux des millions,
De vous nous nous émerveillons.

Et l'on met tout ça sur des toiles
Et l'on peint des femmes sans voiles
Et le soleil et les étoiles.

Et l'on gagne très peu d'argent,
L'acheteur en ce temps changeant
N'étant pas très intelligent.

Qu'importe ! on vit de la rosée,
En te surprenant irisée,
Belle nature, bien posée.

Chanson des peintres
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Pour plus d'agilité, pour le loyal duel,
Les témoins ont jugé qu'Elles se battraient nues.
Les causes du combat resteront inconnues ;
Les deux ont dit : Motif tout individuel.

La blonde a le corps blanc, plantureux, sensuel ;
Le sang rougit ses seins et ses lèvres charnues.
La brune a le corps d'ambre et des formes ténues ;
Les cheveux noirs-bleus font ombre au regard cruel.

Cette haie où l'on a jeté chemise et robe,
Ce corps qui tour à tour s'avance ou se dérobe,
Ces seins dont la fureur fait se dresser les bouts,

Ces battements de fer, ces sifflantes caresses,
Tout paraît amuser ce jeune homme à l’œil doux
Qui fume en regardant se tuer ses maîtresses.


Dans la clairière
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LE CAILLOU MORT D’AMOUR
(HISTOIRE TOMBÉE DE LA LUNE)

Le 24 tchoum-tchoum (comput de Wéga, 7e série), un épouvantable tremblement de lune désola la Mer-de-la-Tranquillité. Des fissures horribles ou charmantes se produisirent sur ce sol vierge [1] mais infécond.
Un silex (rien d’abord de l’époque de la pierre éclatée, et à plus forte raison de la pierre polie) se hasarda à rouler d’un pic perdu, et, fier de sa rondeur, alla se loger à quelque phthwfg [2] de la fissure A. B. 33, nommée vulgairement Moule-à-Singe.
L’aspect rosé de ce paysage, tout nouveau pour lui, silex à peine débarqué de son pic, la mousse noire du manganèse qui surplombait le frais abîme, affola le caillou téméraire, qui s’arrêta dur, droit, bête.
La fissure éclata du rire silencieux, mais silencieux, particulier aux Êtres de la Planète sans atmosphère. Sa physionomie, en ce rire, loin de perdre de sa grâce, y gagne un je-ne-sais-quoi d’exquise modernité. Agrandie, mais plus coquette, elle semblait dire au caillou : « Viens-y donc, si tu l’oses !… »

Celui-ci (de son vrai nom Skkjro [3]) jugea bon de faire précéder son amoureux assaut par une aubade chantée dans le vide embaumé d’oxyde magnétique.
Il employa les coefficients imaginaires d’une équation du quatrième degré [4]. On sait que dans l’espace éthéré on obtient sur ce mode des fugues sans pareilles. (Platon, liv. XV, § 13).
La fissure (son nom sélénieux veut dire « Augustine ») parut d’abord sensible à cet hommage. Elle faiblissait même, accueillante.
Le Caillou, enhardi, allait abuser de la situation, rouler encore, pénétrer peut-être…
Ici le drame commence, drame bref, brutal, vrai.
Un second tremblement de lune, jaloux de cette idylle, secoua le sol sec.
La fissure (Augustine) effarée se referma pour jamais et le caillou (Alfred) éclata de rage.
C’est de là que date l’âge de la Pierre Éclatée.

p.187-188-189

[1]. Nous ne pouvons pas tenir compte des infâmes calomnies qui ont circulé sur ce sol.
[2]. Le phthwfg équivaut à une longueur de 37.000 mètres d’iridium à 7° au-dessous de zéro.
[3]. Ce prénom, banal dans la Planète, se traduit exactement « Alfred ».
[4]. Le texte lunaire original porte « du palier du quatrième étage ». Erreur évidente du copiste.





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Vidéo de Charles Cros
Charles CROS – Relecture d'une œuvre écartée trop vite (France Culture, 1980) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 28 novembre 1980 sur France Culture. Présences : Louis Forestier, Jacques Bens, Michel Décaudin, François Caradec. Lecture : François Chaumette, Emmanuelle Riva, Bernard Jousset.
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