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EAN : 9782904420559
160 pages
Anthèse (15/09/1996)
4/5   3 notes
Résumé :
Parti de Londres le 31 août 1838, D. Roberts arrive à Alexandrie le 24 septembre d'où il entreprend son fabuleux voyage à travers l'Egypte, la Nubie et la Terre sainte. Voici le journal de cette aventure, illustré des nombreux dessins qu'il en rapporta.
Traduit de l'anglais par William Olivier Desmond.
Préface Helen Guiterman
Commentaires Barbara Culliford.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En août 1838, quand David Roberts, peintre écossais de renom, entame son voyage en Egypte et au Levant (Israël, Jordanie et Liban actuels), seuls quelques uns parmi ses contemporains l'ont fait avant lui. Burckhardt (1812), un théologien américain du nom d'Edward Robinson et le graveur français Linant (1826), s'y sont risqués. L'aventure égyptienne de Bonaparte est cependant dans toutes les têtes, relayée par les écrits de Dominique Vivant Denon : « Voyage dans la Basse et la Haute-Egypte » (publié en 1802), suivi de la « Description de l'Egypte » (publié en 1809). L'égyptomanie est alors à son comble et les premières fouilles (Giovanni Battista Belzoni) commencent bientôt – dans tous les sens – hélas. Ceci, pour le contexte général.

Ce journal de voyage, de onze mois, dont l'édition française de 1989 reprend la totalité sous coffret protecteur, contrairement à d'autres formes plus abrégées, a la particularité de s'illustrer des très nombreuses lithographies publiées de 1842 à 1849 lors de la parution de : « Egypt, Syria and the Holy Land », et réalisées à partir des 272 dessins et des trois carnets complets de croquis, pris sur le vif par le peintre pendant son périple.

Roberts (1796-1864), peintre en bâtiment à l'origine et devenu peintre décorateur, s'est rendu célèbre à Londres pour ses décors de théâtre. C'est un peintre à succès, en Ecosse et en Angleterre, qui a trouvé son créneau, dirait-on aujourd'hui, en peignant paysages et architectures ou scènes orientalisantes, dans le goût de son époque ; huiles, aquarelles ou dessins. Son Orient à lui, composé essentiellement de visions imaginaires, s'est enrichi au contact de Grenade et de Cordoue lors d'un précédent voyage en Espagne, en 1832, d'où il a fait une petite incursion au Maroc. Le voyage en Egypte et en Terre Sainte va enrichir considérablement sa production.

Pour le lecteur d'aujourd'hui, les « Carnets de voyages » de Roberts restent une authentique « curiosité ». C'est un document artistique, d'abord, et qui fournit, ensuite, une mine d'informations archéologiques, autant que documentaires et historiques, puisque quatre millénaires d'architecture égyptienne défilent sous les yeux, au gré des étapes, et dans l'état quasi originel à celui où l'ont vu les premiers explorateurs. David Roberts ne se limite pas à dessiner ces sites encore inconnus ou peu connus des Européens, mais, inspiré par la vie caravanière, il réalise en même temps des spectacles plutôt vivants, où prennent place les gens du désert. Et en l'absence de photographie, la lithographie fait ici des merveilles. Mais c'est peut-être le pittoresque du compte rendu écrit de cette expédition, placée sous la haute protection du Pacha Mehemet Ali – qui domine alors l'Egypte, la Palestine et la Syrie – et de ses immanquables péripéties, restituées au jour le jour, qui plaisent avant tout. Autant que les très belles images lithographiées qui s'y exposent en vis à vis, dans un rendu précis et quasiment topographique, nimbé de la lumière dorée du désert, dans une atmosphère on ne peut plus sableuse. Cette éloquence du dessin pourrait cependant aussi bien apparaître factice à un œil un peu exercé, devinant dans la splendeur et la monumentalité de ruines si bien inscrites dans le paysage, la virtuosité complaisante d'une mise en scène faite pour séduire une clientèle avide d'exotisme. Représentations somme toute quelque peu « idéalisée », à des fins commerciales. C'est la limite de l'exercice, mais qui ne peut en aucune manière occulter l'intrépidité physique d'un tel voyage.

Car, après avoir traversé la France, Roberts s'est embarqué à Marseille sur un « vapeur » chargé de pèlerins pour La Mecque, à destination d'Alexandrie (via Gibraltar, Malte et la Crète). De là, il a rejoint Le Caire où il a loué les services d'un équipage pour remonter le Nil en bateau, jusqu'en Nubie : mille cinq cents kilomètres environ qui l'ont mené en trois mois des pyramides de Giseh jusqu'au temple d'Abou Simbel, et retour au Caire. Là, après avoir complèté et peaufiné ses dessins, le peintre repart, à dos de dromadaire, cette fois, en direction du Sinaï, d'Akaba et de Petra, récemment redécouverte ; la caravane met ensuite le cap sur la Mer Morte et la Palestine – Hébron, Gaza, Ascalon, Jaffa, Jérusalem, Jéricho, Bethléem, la vallée du Jourdain, Naplouse, Nazareth, Tibériade – (où les pérégrinations prennent une orientation un tantinet biblique) ; pousse jusqu'à Saint-Jean d'Acre, Tyr, Sidon et Baalbeck, son terminus. A Beyrouth, embarquement et retour au Caire. Il rentre à Londres le 21 juillet 1839. Sacré bourlingueur. Très beaux carnets.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le grand temple d'Abou Simbel.
(Signalé par Burckhardt en 1813 et dégagé par Belzoni en 1817, il attirait fort les visiteurs, si l'on en croit Roberts, horrifié par les graffitis qu'il découvre. Avec le petit temple, il fut également sauvé des eaux du lac Nasser, au prix de 40 million de dollars, en 1964-1968) - (p. 68).

9 novembre [1838],
"Le vent étant favorable, nos amis nous ont quittés pour se rendre à la deuxième cataracte. Dès le point du jour j'étais sur le célèbre site. Ces temples s'ouvrent dans la falaise qui surplombe la rivière, le premier, celui qui le plus au nord, étant probablement le plus ancien ; mais celui mis à jour par l'infatiguable Belzoni est le plus extraordinaire. Il fait face au sud-est ; le sable venu du désert, derrière lui, l'a envahi, si bien que les quatre statues géantes de la façade disparaissent presque complètement. Il a été décrit si souvent que je n'en dirai que quelques mots.
Les quatre colosses taillés directement dans la falaise sont en position assise comme les célèbres Memnon de la plaine de Thèbes... La différence étant qu'ils se trouvent dans un parfait état de conservation alors que ceux de Thèbes ont été gravement mutilés. Ils doivent cet état au fait d'avoir été enterrés dans le sable qui s'est accumulé autour d'eux, et l'on se prend presque à souhaiter un nouvel assaut du désert à l'idée qu'avec l'invasion des voyageurs cockneys et yankees, ils ont toutes les chances d'être dégradés en quelques années. N'est-il pas scandaleux de voir ces glorieux témoignages de l'art, les plus anciens du monde, non seulement détruits par les chasseurs de reliques, mais défigurés par les noms des Dupont, Smith et consorts ? La main de celui qui est le mieux conservé est complètement détruite, rien n'étant plus délicieux, aux yeux de cette vermine, que de posséder un doigt ou un orteil géant ; et non seulement commettent-ils ces déprédations, mais encore ont-ils la cuistrerie de graver leur nom sur le front de la divinité [...] " (p. 69).
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Si l'on en croit son ami et biographe James Ballantine, David Roberts considérait son voyage en Orient comme "le rêve de sa vie depuis l'enfance", et, "l'épisode central de sa vie artistique." Il fut particulièrement attiré par ces pays après son voyage en Espagne et au Maroc en 1832, où il fit l'expérience de l'architecture mauresque. En tant qu'artiste professionnel, il avait parfaitement conscience de la valeur commerciale potentielle d'un port-folio de dessins d'Egypte et de Terre Sainte. Un voyage de travail devenait envisageable avec le développement des bateaux à vapeur et la plus grande stabilité politique qui régnait dans ces régions depuis l'avènement de Méhémet Ali, Pacha d'Egypte.
Roberts quitta Londres en août 1838. Le vaisseau qui le conduisit à Alexandrie était plein de pélerins turcs partis pour La Mecque, et l'atmosphère du bord dut donner à Roberts un avant-goût de ce qui l'attendait dans les pays musulmans. Il engagea un domestique à Alexandrie, fit des provisions et commença à dessiner. deux jours plus tard il gagnait Le Caire où il ne resta que le temps d'organiser sa remontée du Nil - louant pour 15 livres par mois une embarcation à cabine qu'il fallut commencer par couler pour la débarrasser des rats. C'est à son retour de Haute-Egypte, en décembre, que Roberts fit la plupart de ses dessins du Caire. Cette remontée du Nil jusqu'en Nubie se déroula sans événements notables et dans le luxe, si on la compare au voyage en dromadaire à travers le Sinaï. Après avoir visité le monastère Sainte-Catherine et les ruines de Pétra, il atteignit Jérusalem et accomplit à cheval le reste de son voyage en Terre Sainte, jusqu'à Baalbek. De Beyrouth il revint par bateau jusqu'à Alexandrie où il rencontra finalement Méhémet Ali, sous la protection duquel il avait circulé.
Introduction, p. 11, Barbara Culliford
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Pétra fut redécouverte en 1812 par Burckhardt, le premier européen, depuis des siècles, à visiter les ruines nabatéennes et à en donner un compte rendu. Pour y arriver, l'explorateur avait dû beaucoup intrigué et courir bien des dangers, mais sa découverte poussa d'autres voyageurs audacieux à tenter l'expédition, bien que le site ne fût pas sur l'itinéraire des pélerinages. Un théologien américain , Edward Robinson, avait visité la Terre Sainte peu avant Roberts et passé un jour à Pétra. Son expédition pour identifier les sites des événements bibliques avait duré quatre mois, et il publia en 1841 Biblical Researches in Palestine, Mount Sinaï and Arabia Petrae. Une série de pittoresques gravures avait aussi été publiée par le graveur français Linant, qui avait visité Pétra en 1826 ; Roberts vit ces gravures lorsqu'il rencontra l'artiste français en Egypte, et elles lui donnèrent le désir d'aller lui-même voir les ruines. L'intérêt soulevé par les découvertes archéologiques récentes, joint au désir croissant de se représenter les sites géographiques bibliques donnaient à Roberts un public tout trouvé lors de son retour à Londres, après onze mois d'absence. Il revenait avec 272 dessins, une vue panoramique du Caire et trois carnets de croquis pleins.
Son journal, rédigé au crayon à papier, fut retranscrit, à sa demande, par sa fille Christine alors âgée de dix-huit ans ; il constitue deux carnets reliés en cuir qui se trouvent maintenant à la National Library of Scotland.
Introduction, (p. 13), Barbara Culliford
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2 - 4 octobre [1838]

2 octobre Conclu un accord avec le capitaine de notre bateau : trois mois pour remonter le Nil jusqu'à la hauteur de la deuxième cataracte, voyage qui me coûtera quinze livres soit mille trois cent piastres par mois.

3 octobre Parti ce matin pour voir les pyramides de Giseh ; vingt miles à parcourir à l'aller et autant au retour. Ce n'est que lorsque j'ai entrepris l'ascension de la Grande Pyramide, ce qui est une épreuve redoutable, que j'ai été frappé par l'énormité de ses dimensions. Le Sphinx me plaît encore davantage que les pyramides.

4 octobre Me suis rendu à cheval à Boulak, pour la mise à l'eau de mon bateau. Acheté un drapeau.

Tête du Sphinx :
Au cours des siècles, depuis l'époque des anciennes dynasties les tempêtes de sable n'avaient cessé de s'attaquer à ce monument, empêchant les fouilles de le mettre à jour. Les ingénieurs français venus en Egypte avec Napoléon commencèrent les travaux modernes d'excavation, et en 1816, la tête était révélée ; mais peu de progrès avaient été accomplis depuis, et c'est donc seulement cette tête que vit Roberts en 1838. Mariette, qui continua les fouilles dans cette zone jusque dans les années 1860, ne poursuivit pas le dégagement et ce n'est qu'en 1925 que les travaux reprirent sérieusement. Le voyage du Caire aux pyramides était plus long du temps de Roberts, car il n'y avait pas encore de pont au Caire.
(p. 25)
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