AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 694 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ce récit est un hommage à un ami récemment décédé - il s'est suicidé.
La narratrice, une certaine Catherine universitaire et auteur, raconte la courte vie de Thomas en s'adressant à lui à la deuxième personne du singulier.
Le portrait du défunt est accablant : Thomas apparaît comme égocentrique, de mauvaise foi, immature, manipulateur, s'étonnant des trahisons d'amis et de femmes qu'il ne respecte guère.

Comme dans la plupart de ses ouvrages, Catherine Cusset donne dans l'autofiction, et joue avec les mises en abyme.
Lorsque la narratrice fait lire à Thomas un passage de son manuscrit retraçant sa vie, il est furieux, vexé : « Un texte qui n'est pas seulement blessant, mais mauvais. »
Réaction de Catherine : « Tu es partial, soit, puisqu'il s'agit de toi, mais tu n'as aucun doute. Tu te rappelles la phrase de Proust dans une lettre à son ami Halévy : 'C'est à la cime du particulier qu'éclot l'universel.' Mon livre n'atteint aucune cime ; il ne t'atteint même pas en profondeur. Il reste au ras des pâquerettes. J'ai transformé ta vie en un fil chronologique dont j'ai ôté toute substance pour la juger à l'aune du succès en suivant des critères purement sociaux. » (p. 175)

Verdict lucide !
« blessant, mauvais... ras des pâquerettes, fil chronologique [sans substance] ». Je n'aurais pas osé, mais puisque l'auteur le dit... Ce passage m'a fait un bien fou, résumant parfaitement ce que je pensais du portrait de Thomas dressé par Catherine, « une de ses meilleures amies » (sic).

Le récit tourne en rond, à l'instar de la vie de cet homme qui cumule les échecs professionnels et sentimentaux. On étouffe avec Thomas dans un milieu universitaire étriqué, où les diplômes et la Culture gonflent l'ego mais ne donnent pas les clefs pour s'ouvrir aux autres - monde de requins où l'on se persuade, pour se consoler de stagner, que ce sont les plus médiocres qui réussissent.
Pas d'éclaircie dans cette histoire sombre, mais un éclairage, lorsque Thomas apprend de quoi il souffre. On s'en doutait, mais j'ai trouvé ces pages particulièrement poignantes ; elles m'ont convaincue que j'avais bien fait de poursuivre cet ouvrage que je trouvais jusqu'alors sans intérêt, ennuyeux, mal fichu (je me suis parfois perdue entre le 'je' et le 'tu', alors que je ne suis pas particulièrement rétive à ce procédé narratif).

J'ai lu à peu près tous les romans de cette auteur, mon préféré reste 'Un brillant avenir'. Je n'ai aimé ni 'Confessions d'une radine' ni 'Jouir'.

# playlist : 'Avec le temps' (Leo Ferré), 'Suzanne' (Leonard Cohen), Nina Simone...
~ bibliographie : Marcel Proust, Serge Doubrovsky...

• Merci à Babelio et aux éditions Gallimard.
Commenter  J’apprécie          7111
Je n'ai rien contre les héros peu aimables, je ne suis pas à la recherche d'une empathie à tout prix, hein, mais alors faut que ce soit de bons gros salopards qui font vibrer chez toi d'autres sentiments. Cet autre qu'on adorait, c'est juste un intellectuel petit bourgeois maniaco-dépressif, assez insupportable, plutôt veule et égocentré.
Il a été le meilleur ami, après avoir été l'amant, de l'auteur, et malheureusement, moi je ne l'ai pas adoré du tout en lisant le récit chronologique des vingt dernières années de sa vie. J'ai même eu du mal à ressentir l'attraction, le charisme et l'intellect brillant de ce personnage décrit comme tel.

Cela m'a semblé très très très long et ennuyeux car très répétitif ( - conquêtes féminines - échecs amoureux – procrastinations professionnelles – emballements – désenchantement etc ) sans que le singulier de la vie de ce personnage ne débouche sur une réflexion universelle a minima, ce que je recherche lorsque je me plonge dans un roman portrait. Là jamais le récit ne se hisse plus haut que ce personnage somme toute très banal dans ses souffrances.

Surtout, le choix de l'oraison funèbre m'a profondément gênée : dès le premier chapitre, on apprend le suicide de Thomas. L'auteur s'adresse donc à lui et son récit se retrouve littéralement bouffé par un «  tu » envahissant. Cet exercice de style a sans doute empêcher que je vibre alors qu'on sent combien l'auteur a aimé cet ami. Sur les dernières pages, j'ai enfin senti la chair, le sang et l'âme de Thomas, trop tard donc.
Commenter  J’apprécie          592
Un ami de Catherine Cusset, qui fut un temps son amant vient de se suicider.
Elle lui dédie ce livre en s'adressant directement à lui, soit en employant le « tu ».
Ce tu est assez perturbant pour la lecture.
Alors, après avoir lu récemment « La blouse roumains » et m'être demandé si j'aimais Catherine Cusset, je crois savoir maintenant.
Je n'ai rien contre elle bien sûr, mais finalement je n'aime pas ses écrits.
Elle fait partie de ces auteurs qui n'écrivent que sur eux, leur famille ou leur entourage, comme Annie Ernaux entre autre.
Je trouve que ça fait un peu déballage, que ça frise le nombrilisme.
Je me sens indiscrète.
Et quand en prime, on a droit aux révélations sexuelles, je trouve cela indécent.
Je préfère nettement les romans qui laissent entrer l'imaginaire, qui créent des personnages, qui nous emportent ailleurs….
Commenter  J’apprécie          260
J'ai longtemps hésité avant de me lancer dans l'écriture de ce billet. Parce que je suis sortie de cette lecture avec un sentiment très rare : la détestation. Rare, oui. Il y a les livres qui m'ennuient, ceux qui m'indiffèrent, ceux que j'abandonne. Je parle volontiers de ceux qui m'ont séduite, touchée, émue, amusée. de mes coups de coeur. de mes déceptions parfois, lorsqu'il s'agit d'un auteur que j'apprécie et dont j'attends mieux. Alors mon premier réflexe a été de le jeter dans un coin et de l'oublier. Et puis, j'ai réfléchi. Je me suis dit que la détestation, c'est quand même un truc fort. Un peu comme la haine par rapport à l'amour fou. On est dans l'extrême. Or, ce qui provoque une telle sensation ne manque pas d'intérêt.

Il est vrai que ce livre ne m'attirait pas. Même en ayant lu avec plaisir deux ou trois autres ouvrages de Catherine Cusset, je ne suis pas une inconditionnelle. Et là, le sujet ne m'inspirait pas. Je me suis décidée à le lire parce qu'il a été plébiscité par la grande communauté des blogueurs pour la première édition de L'été en poche organisée par le Grand Prix des Blogueurs Littéraires. Et puis, sur un thème assez proche, j'ai lu en septembre Avec toutes mes sympathies d'Olivia de Lamberterie qui m'a bouleversée malgré mes réticences de départ.

Jusqu'à présent, le fait que Catherine Cusset puise très largement dans sa propre vie pour tisser les intrigues de ses romans ne m'avait pas particulièrement gênée. Question de distance peut-être, ou de thème central. Elle m'avait d'ailleurs souvent fait sourire. Ici, j'ai tout de suite été mal à l'aise. Par le ton employé, l'écriture très sèche d'où se dégage une sorte de dureté. Je m'attendais à un hommage à un ami disparu tragiquement. Je n'ai ressenti que de la méchanceté et du mépris dans le regard porté par la narratrice sur son "cher ami". La façon dont elle dépeint Thomas, dont elle présente ses échecs et ses états d'âme (on devine très tôt le diagnostic qui sera posé bien plus tard) m'a vraiment heurtée. L'usage du "tu" amplifie ce ressenti ; on s'attend avec ce pronom à de la proximité, de la chaleur, de l'empathie... Or, c'est tout le contraire. Ça m'a glacée. La jalousie de la narratrice envers cet homme trop brillant, qui fut son amant, l'ami de son frère avant de devenir le sien est assez difficile à lire à froid. Mais je n'ai pas lâché, j'ai continué à lire en me disant qu'il y aurait sûrement une petite lumière à la fin, une petite étincelle d'amour qui justifierait ce cheminement...

Mais non. Ce texte est là pour nous livrer l'agacement de la narratrice face à cet ami plus brillant qu'elle mais incapable d'en faire quelque chose à la hauteur de son potentiel. Il avait des excuses pourtant. Et ce ne sont pas les trois dernières lignes qui expriment un presque regret qui changent la perception globale du livre. D'ailleurs, en écrivant ce billet, je perçois de nouveau le malaise qui a accompagné ma lecture. Je ne suis pas pour les bons sentiments en littérature, c'est souvent sur les mauvais que l'on bâtit les meilleurs romans. Mais là, je me sens plutôt mal pour cet homme qui, même mort, est jeté tout nu en pâture à des tas de gens qu'il ne connaissait pas.

Ce roman est tout le contraire du livre d'Olivia de Lamberterie. Je n'y ai pas trouvé une once de sympathie ou de tendresse ; peut-être que l'auteure, en exposant ainsi ses "mauvais sentiments" a cherché l'absolution ? En tout cas, moi, cette lecture a pour effet de ne plus me donner envie de la lire à l'avenir...
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          224
Jute un mot : voilà un garçon (Thomas) qui n'est pas normalien, qui n'est pas agrégé, qui n'a pas de thèse, qui n'a rien publié (ou presque) et qui se trouve retenu pour concourir pour un poste à Princeton, qui ne rate même le concours que d'une toute petite voix. De qui se moque-t-on ? Je rêve...
Effectivement, il y'a de quoi en devenir bipolaire.
Commenter  J’apprécie          102
Le premier sentiment que j'ai eu en lisant les premières pages et qui ne m'a malheureusement pas quitté tout au long de ma lecture alors que je ne demandais que ça. La narration utilisant la 2e personne du singulier. Ce « Tu » sensé avoir de grandes qualités symboliques mais qui pour moi n'apporte rien si ce n'est une impression désagréable de vouloir faire mode, alors que c'était déjà has been avant de l'avoir été. C'est un avis personnel, dur je le reconnais, mais je ne peux pas mentir. Cette narration ne m'a jamais plu, je n'ai jamais réussi à rentrer dans un texte et en saisir les qualités lorsqu'il était employé. Bref. Je fais un blocage et pourtant je rêverai de m'en défaire.

De fait, je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire aussi émouvante soit-elle pour l'auteure. Je reconnais le besoin d'extérioriser des sentiments qui lui pesaient peut-être. L'écriture est aussi le moyen de surmonter les épreuves difficiles de la vie pour un auteur et il semble que ce livre en est clairement le fruit. Pourtant, je regrette tellement ce choix de narration. le personnage principal, Thomas, m'a paru si distant alors que l'effet inverse était recherché. le texte perd totalement en fluidité et c'est vraiment dommage car en soit, l'histoire est intéressante à raconter. Celle d'un jeune homme en proie à ses propres démons et luttant dans des sables mouvants jusqu'à la fin, fatale.

Si je retiens un sentiment après avoir tourné la dernière page du livre, c'est bien celui du regret. J'ai vraiment voulu apprécier ce livre....https://pauseearlgreyblog.wordpress.com/2016/09/07/rentree-litteraire-lautre-quon-adorait-catherine-cusset/
Lien : https://pauseearlgreyblog.wo..
Commenter  J’apprécie          90
Catherine Cusset tient ses lecteurs à distance. Ou peut-être s'en fiche-t-elle royalement...
Lien : https://horizondesmots.wordp..
Commenter  J’apprécie          60
Ça aurait pu être un très bon roman. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de rentrer dans l'histoire mais j'ai l'impression que l'auteur m'a fermé la porte au nez.
Le choix d'écrire à la 2ème personne, de s'adresser directement à l'ami disparu, m'a fait me sentir complètement exclue, impossible de s'approprier le récit, comme si l'auteur nous commandait ce que nous devions voir, ressentir, comprendre. Je dirai même que l'usage du 'tu' met tellement le lecteur à l'écart qu'on se demande pourquoi ce texte si intime a été publié. Pire encore, cela donne des scènes complètement improbables, notamment quand l'auteur rompt avec Thomas et qu'il est torturé dans sa salle de bain à cause de cette séparation ou lors de ses crises de dépression. L'usage du 'tu' fait comme si l'auteur était présente, hors elle n'y était pas, ni elle ni personne, c'est cette solitude qui a conduit Thomas au suicide. Bref, je n'adhère pas !
J'ai lu ce livre dans le cadre de la 2ème édition de 'Prix Goncourt, choix de la Tunisie' organisé par l'Institut Français de Tunisie. En tant que juré, nous devons lire les 4 finalistes et faire notre choix et j'avoue que je ne vois pas trop ce que fait ce livre dans le carré final.
Commenter  J’apprécie          50
Catherine Cusset a souhaité rendre hommage à son ami Thomas en lui adressant ce récit qui nous plonge dans un univers intello- bobo sans grand intérêt, où l'on suit les errements d'un étudiant-enseignant longue durée, séducteur et bipolaire. L'ensemble laisse mitigé, on ne parvient pas à s'attacher à ce personnage supposé être "adoré", l'auteur n'a pas su créer l'empathie.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai été séduite en écoutant Catherine Cusset parlant de son ami Thomas si plein de vie...Pourtant le livre commence par son suicide (procédé narratif utilisé aussi par l'Slimani dans une Chanson Douce) on oublie vite les premières pages pour suivre les méandres de la vie de Thomas racontés par la narratrice Catherine Cusset qui se met en scène dans le livre.Ils ont été amants puis amis; ils se sont perdus de vue puis retrouvés.Elle utilise le tu (comme G Villeneuve). Elle regarde vivre Thomas comme si elle connaissait tous les moments de sa vie; on ne sait sur quoi elle fonde le récit à part les rencontres qu'elle a eu avec lui; il se méfie d'elle; il n'apprécie pas les pages qu'elle a écrites sur lui, étalant ses échecs professionnels et sentimentaux...Il a fallu une remarque sur l'existence d'une vie intérieure et sur le diagnostic psychiatrique pour enfin comprendre combien Thomas souffrait alors que cela saute aux yeux de la lectrice que je suis( concernée, il est vrai par la bipolarité)
Un livre bien écrit mais que je ressens comme un peu indécent...
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (1375) Voir plus



Quiz Voir plus

Confession d'une Radine de Catherine Cusset

Qui y a-t-il sous la pile d'habits de la chambre de la grand-mère ?

des bonbons
des livres
du chocolat
des cigarettes

10 questions
5 lecteurs ont répondu
Thème : Confessions d'une radine de Catherine CussetCréer un quiz sur ce livre

{* *}