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3,64

sur 694 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bel hommage à un ami perdu, à travers de portrait sans complaisance mais beaucoup de tendresse.
C'est à la fin du lycée, dans les années 80 que la bande se constitue, des étudiants prometteurs, y compris Thomas, même si, déjà, les résultats dont il ne doutait pas ne sont pas à la hauteur de ses espérances. Sciences-Po, c'est un piètre succédané quand on vise Normale Sup. Ça ne marche pas en France, qu'à cela ne tienne, Les Etats-Unis sauront reconnaître sa valeur. et Thomas s'embarque dans des années de déménagements, de postulation, d'amours aussi définitives que transitoires, d'alcool, un peu, d'insomnie, beaucoup, d'exubérance et de déconvenues qui peu à peu sapent les bases fragiles d'une personnalité pas ordinaire.

On est immergé avec Thomas dans le milieu universitaire américain, avec sa hiérarchie des établissements, ses codes internes, sa liberté pédagogique et ses limites infranchissables (le principal piège que Thomas n'évite pas, c'est l'interdiction absolue d'avoir une relation avec une étudiante). Les repères historiques sont également adroitement insérés. c'est une belle évocation, à la fois littéraire et pédagogique, des Etats-Unis de la fin du vingtième siècle, sans oublier les références nombreuses à la musique, et à la littérature, puisque Thomas est un
"vingtièmiste" spécialiste de Proust.

Parlons des amours de Thomas, et de son talent de séduction. Elles sont toutes vite attirées par le charme et le bagout du frenchy, prêtes à passer sur ses excès. Ana, Elisa, Olga (une folle grave celle-là), Nora, elles ont toutes été sincèrement aimées. Aucune n'est restée.

Peu à peu, le portrait révèle les failles qui expliquent le prologue dramatique, avec la découverte du corps de Thomas. Les indices sont subtilement amenés, l'insomnie, les excès, les échecs aussi, dont on ne connaît pas clairement la cause, mais qui pourraient bien être liés à des agissements inopportuns du jeune homme. Pour aboutir à une claire explication qui donne la cohérence et la raison d'être du récit.

Tout cela est très bien fait mais…

Le choix de l'auteur de s'adresser au personnage principal par un tutoiement est une épreuve pour le lecteur. On comprend l'intention, qui correspond à une sorte d'éloge funèbre où l'on s'adresse au défunt, en retardant le moment où l'on ne pourra plus s'adresser à lui. Mais il faut, en tant que lecteur, presque visualiser ce dialogue mortuaire pour suivre l'intrigue. D'autant que c'est Catherine, l'auteur, qui parle. Certes, au fil de la lecture, la gymnastique s'acquiert, mais il faut tout de même un certain temps pour naviguer aisément dans le texte.


Belle écriture (malgré le procédé) pour une belle lecture.

Merci à Babelio et à Gallimard pour leur confiance

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Comment parler de ce récit biographique minutieux et bouleversant qui embrasse à peu près sur vingt ans la vie de Thomas Bulot, le héros, ami, confident et premier lecteur de l'auteur, sans une émotion intense ?

Il s'est donné la mort le 22 avril 2008, à 39 ans, dans l'université où il enseignait, à Richmond, en Virginie .

Du livre, Thomas est tout à la fois le sujet, - le destinataire- .
Il est écrit à la deuxième personne du singulier , au "tu" et la tragique énigme......le mystère......
Tout au long de cette oraison poignante et nostalgique, l'auteur interroge et cerne au plus près les pensées, la subjectivité, la sensibilité instable, aiguë de son cher ami disparu.


Ils se sont connus en 1986, au moment des manifestations contre la loi Devaquet.
Inséparable de Nicolas, le frére de Catherine, Thomas sort beaucoup, il a 18 ans, elle en a 26, et dispose déjà de solides acquis universitaires..
Ils deviennent amants, l'entente est forte et immédiate .
Elle le quittera bientôt mais l'affection demeure intacte, ils resteront amis.
Quand il rate le concours de l'ENS, il part pour les Etats- Unis et l'université de Colombia......
Catherine remonte le fil de son parcours sinueux..Elle décrit ses espoirs, ses histoires d"amour passionnées .
Thomas est entouré d'amis, ils se multiplient autour de lui, à Paris et aux Etats- Unis.

Avec une acuité inouïe elle montre qu'au milieu d'eux, qui le chérissent et lui pardonnent tout, il s'enfonce dans une solitude qu'il tisse à coups de sautes d'humeur, de comportements addictifs, de hauts, de bas, d'inadvertance , d'imprudence, d'accés d'impatience, de caprices qui ruinent ses amours et son parcours professionnel.
Universitaire, il est passionné de Proust et de Nina Simone, spécialiste de cinéma ......Il enchaîne les emballements et les déchaînements , se cogne souvent contre un mur......
Quelle gaucherie innée, quelle malédiction ont- elles conduit ce jeune homme ambitieux, brillant, charmeur et attachant à multiplier au cours de sa brève vie les mauvais choix et les maladresses , les hésitations et les occasions manquées ?
On apprend , à la fin le motif de ses souffrances......
Avec une empathie profonde , elle rend ses fêlures incroyablement palpables au lecteur ........
Elle restitue, interroge ou imagine en remontant la courbe d'une vie ..
Celle d'un être avec ses forces et ses failles jusqu'au dernier moment .......un être partagé entre le soleil et la nuit qu'il finit par choisir !
Un récit musical et bouleversant qui déroule la mécanique implacable d'une descente aux enfers !
L'intimité dévoilée d'un homme souffrant et la restitution de la dignité à un ami disparu .
Dense, cruel, addictif , douloureux et lumineux à la fois !
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Comme Annie Ernaux, comme Anne Wiazemsky, comme Christine Angot, mais avec sa voix bien à elle, Catherine Cusset construit une oeuvre largement autobiographique, dévoilant lentement les pans de sa vie. "L'autre qu'on adorait" pourrait laisser penser qu'elle décentre son regard en écrivant l'autobiographie de Thomas, son ami, suicidé dès le prologue du livre.

Elle le fait sous un forme qui nous tient en haleine : l'oraison funèbre écrite au disparu. C'est Catherine (je) qui parle à Thomas (tu) par-delà la mort, nous faisant ainsi entrer dans l'intimité de leur relation tour à tour amoureuse (il fut son amant) puis amical.

Elle raconte (ou imagine à partir des bribes qu'elle en connaît ?) l'histoire de ce garçon brillant et séduisant dont la - courte - vie fut une accumulation d'échecs. Mais qu'on ne s'y méprenne pas. L'échec d'une vie, chez Catherine Cusset, intellectuelle assumée, normalienne, agrégée, c'est rater le concours de l'ENS ou se voir refuser un poste de professeur à Princeton. La sociologie des livres de Catherine Cusset est bien particulière : des intellos désargentés à cheval sur les deux rives de l'Atlantique.

Pour autant, l'histoire de Thomas n'a rien de nombriliste. Si le monde dans lequel il vit est - comme chez David Lodge - "un tout petit monde", ses tentatives toujours vaines d'y trouver sa place sont poignantes. Sisyphe de l'amour, Thomas tombe amoureux. Elisa. Ana. Olga. Mais, par sa faute ou par celle de ses compagnes, ces relations font long feu. Insuccès identiques sur le front professionnel : après l'échec à Normale Sup, c'est la thèse trop ambitieuse sur "Proust et le classicisme" que Thomas mettra plus de huit ans à boucler, c'est le recrutement dans une université de l'Ivy league qu'il rate par excès de confiance, c'est les séjours décevants dans des petits universités de l'Oregon et de l'Utah... jusqu'au suicide.
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Dans ce livre, est l'auteure reconstitue l'histoire de Thomas, son héros, élève brillant qui va rester marqué par son échec à l'ENS. Il part aux USA pour se construire une « nouvelle vie », « Comme c'est différent de la France, où un simple nom sur une liste marque la réussite ! Ici, quelqu'un s'adresse à toi, te dit le plaisir qu'il aura à te connaître. C'est ta première victoire, le premier but que tu atteins après l'avoir visé ».

Il a un poste et va pourvoir enseigner, commencer sa thèse sur Proust. L'auteure décrit bien la différence entre les deux pays car, elle aussi, vit là-bas, ancienne maîtresse, devenue meilleure amie.

On assiste à cette fuite en avant de Thomas, dans ce pays immense, au rythme effréné, qui semble plus ouvert, dans cette ville qui lui ressemble « Tout de suite, tu te sens chez toi. C'est une ville de la nuit, une ville pour insomniaques.», mais il n'arrive pas à se tenir à cette thèse et se disperse, oscillant entre Proust et le cinéma, autre passion de sa vie et croque la vie à belles dents.

Catherine Cusset parvient extrêmement bien à reconstruire son itinéraire, ses amours et décrit de très belle manière l'alternance des insomnies avec des activités débordantes, les addictions, au sexe, à l'alcool, les amours ratées du fait de sa jalousie et son besoin de dominer l'autre et l'argent qui file entre les doigts… les déménagements d'une ville à l'autre des USA au gré des affectations de plus en plus dévalorisantes et les caisses de livres de livres qu'il transporte chaque fois.

Puis, le trou noir de la dépression, où l'épuisement et le pessimisme sont omniprésents, où il reste durant des jours dans son lit, incapable de bouger tout à plus tard, auquel succède le renouveau du printemps, le regain d'excitation, et les amis qui prennent leurs distances, car c'est un rythme qui épuise.

On pense, bien-sûr, aux monomanies dont parle si bien Stefan Zweig, face à cette fixation sur Proust, objet de sa thèse, et l'auteure sait bien transmettre leur amour pour Proust, émaillant son roman de citations, de références qui donnent envie de se replonger dans « La Recherche… »

Par contre, je m'interroge sur la motivation de l'auteure : Catherine Cusset, écrit-elle sous le coup de la culpabilité ? Elle et ses amis n'ont-ils vraiment rien vu venir devant le comportement de Thomas ? Certes on parlait peu des troubles bipolaires à l'époque, et il était toujours entre deux avions ou deux appartements, difficile à saisir. Veut-elle le faire exister à tout prix ?

Je la trouve parfois cruelle avec Thomas, notamment quand elle lui fait lire un de ses livres, dans lequel elle décrit ses amis et le présente comme « l'Albatros » dont les ailes de géant l'empêche de marcher. Jusqu'à quel point peut-on se servir de ses proches pour écrire un livre ?

J'aime beaucoup le titre, emprunté à la sublime chanson de Léo Ferré : « Avec le temps va, tout s'en va, l'autre qu'on adorait… ».

Un livre très perturbant, intense et dérangeant, qui fait beaucoup réfléchir, interroge, déstabilise le lecteur noyé dans le rythme de la vie de Thomas comme dans l'écriture elle-même, et que j'ai beaucoup aimé.

Note: 8,5/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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🎶 Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le coeur, quand sa bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien
Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit 🎶
....

Un livre consacré à la perte d'un ami suicidé (on l'apprend dès le prologue), écrit comme on écrirait une éloge funèbre. Catherine Cusset s'adresse, avec un tutoiement, à Thomas Bulot, un jeune universitaire brillant, ami de son frère et qui a été son amant, puis son ami.
Le tutoiement est à appréhender, il peut surprendre. Un détail, parce que l'écriture de Catherine Cusset est très belle.

Sans aucune concession, elle retrace la vie de Thomas, la fin du lycée en 1986, son parcours universitaire chaotique aux États-Unis, ses amours fous et sincères, ses doutes et ses espoirs, ses excès, ses abus...Une homme adoré de beaucoup, un « être poétique » comme il se définissait lui-même, une personnalité mouvante, qui rattrapée par certains troubles psychologiques et la détresse qu'ils engendrent, se cogne et sombre ...

« Tu es parfois sujet à des accès de dépression pendant lesquels ta vision du monde est d'un pessimisme absolu. C'est le cas en ce moment. Tu as hésité à me parler de cette humeur qui envahit ta vie, telle une marée noire et tue en toi tout désir, de ce vide qui t'engloutit comme des sables mouvants. »

Un livre qui fourmille de citations littéraires, Proust notamment - Thomas écrit une thèse sur "Proust et le classicisme" -, et de références musicales.

Catherine Cusset rend un très bel hommage à cet ami disparu, un hommage poignant, empreint de vérité et écrit dans un style acéré. Elle se souvient de ce beau parcours de vie, elle le retranscrit avec lucidité, elle interroge aussi...

« Tu vas mieux. Sans raison. Ton énergie revient avec le printemps. Quand tu te réveilles le matin, la journée ne t'apparaît plus comme un désert impossible à traverser. »

J'ai dévoré ce livre mais un petit hic, malgré tout, je m'attendais à davantage d'empathie de la part de l'autrice/narratrice, de charge émotionnelle. L'emploi du "tu" y est certainement pour quelque chose.

Néanmoins, une belle lecture.
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Sur mes étagères, il y a beaucoup de romans de Catherine Cusset et pourtant, je n'ai pas souhaité acheter "l'autre qu'on adorait" car j'avais été très déçue par Indigo. J'ai eu doublement tort car j'ai dû attendre une année pour qu'il se libère en médiathèque et c'est le genre de récit que j'ai envie de recommander, prêter, posséder.
Cet "autre", c'est Thomas, ami de l'auteure, qui s'est suicidé à trente neuf ans. C'est un garçon irrésistible mais insupportable, brillant mais indiscipliné, joyeux mais dépressif.
On le suit depuis son échec au concours de l'ENS jusqu'à sa fin tragique annoncée dès le premier chapitre. Comme Leila Slimani dans "Chanson douce", ce qui importe à l'auteure c'est pourquoi en est il arrivé là ?
Décidé à tenter sa chance aux Etats Unis, Thomas va cumuler les maladresses, les erreurs de stratégie, les excès dans sa longue quête pour un poste à la hauteur de ses ambitions et capacités, lui permettant une aisance matérielle indispensable.
Son incapacité à dominer ses addictions : sexe, alcool prodigalité, dissipation le rendent de plus en plus vulnérable. Sa réputation d'esprit brillant et cultivé, sa remarquable intelligence s'effritent et laissent progressivement place à la méfiance de la part de sa hiérarchie, au sein des Universités qui l'emploient. Un à un , les postes qu'il convoite lui sont refusés et il s'enfonce dangereusement dans la spirale de l'échec et de la dépression.
Sa vie sentimentale n'est pas plus reluisante. Séducteur, beau parleur, sujet au coup de foudre, il emballe les filles mais ses relations tournent vite au fiasco : trop impatient, trop impulsif, dévorant et égoïste, il attribue toujours à ses compagnes la cause de ses déboires et ne se remettra jamais en question.

Jai été très sensible au parcours de Thomas à qui l'auteure s'adresse en le tutoyant comme si elle voulait le rendre encore présent. A sa façon directe, parfois brutale mais pleine d'empathie, on sent qu'elle éprouve un grand attachement et peut-être une culpabilité envers cet ami cher qu'elle a suivi, accueilli, soutenu avec affection pendant une vingtaine d'années.
Un peu gênée au départ par son ton arrogant, voire prétentieux, elle devient plus humaine et compréhensive alors que l'état de Thomas se dégrade.
J'ai aimé flâner dans New York et humer l'atmosphère des campus américains.
J'ai aimé l'ombre de Proust, sujet de thèse de Thomas, qui plane autour des personnages.
J'ai aimé cette invitation à réfléchir sur la notion de réussite.
J'ai beaucoup aimé le mot de la fin "S'il faut nous comparer, j'ai eu le temps de comprendre à quel point je t'étais inférieure, avec mon esprit rationnel et pratique".
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La mode est aux auto-fictions. Il semble que Catherine Cusset n'y échappe pas… mais alors que Delphine de Vigan (pour ne citer qu'elle) nous embobine dans un méli-mélo de fiction et de réalité où une truie n'y reconnaîtrait pas ses petits, chez Catherine Cusset, on sent le côté documenté par le journal de sa propre vie et de ses relations avec ses proches: il y a beaucoup de monde dans ce roman et surtout des personnages secondaires. Tout tourne autour de Thomas, l'amant-ami de la narratrice, dont apparemment elle n'a su voir que le côté flamboyant, fascinant et éblouissant la galerie à l'entour par son esprit brillantissime et son corps de jeune premier. Le revers de la médaille du charisme de notre héros (qui vit une vie de bâtons de chaise et brûle la chandelle par les deux bouts), c'est l'échec répété dans ses relations amoureuses et sa carrière professionnelle; et, surtout, l'acharnement qu'il met à se mettre en situation d'échec et les épisodes dépressifs qui en résultent. Tout ceci est bien décrit et, même, dans un détail qui finit par être lassant. Si on remplace le « tu » que l'autrice emploie tout au long du roman (et qui agace profondément, du moins au début—on finit par s'y habituer) par un « il », la prose devient d'une grande banalité: celle du journal intime que je crois déceler en filigrane. Le diagnostic de bipolarité finit par tomber mais Thomas est déjà dans une spirale où les échappatoires se font de plus en plus rares. Ni ses amis, ni Catherine en particulier qui prétend pourtant être très proche de Thomas, ni sa famille n'ont su déceler à temps la faille béante dans sa personnalité, la pulsion de mort qui l'habitait depuis longtemps et à laquelle il finit par céder. On est proche, dans ce roman, du résumé clinique d'un psy; il a la froideur d'un article scientifique: on est rarement dans l'émotion et c'est ce qui manque cruellement au récit pour en faire, à mon avis, de la bonne littérature. Bref, un roman que je ne regrette pas d'avoir lu mais que je ne recommanderais pas nécessaire-ment. Je me promets toutefois d'explorer la production de Catherine Cusset plus avant.
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Récit mémoire d'un amant devenu ami de l'écrivain, Thomas, excessif dans tout ce qu'il fait mais aussi ce qu'il ne fait pas, remettant à plus tard ce qui l'ennuie ou le ferait rentrer dans le rang.
Catherine retrace le parcours fulgurant de ce bel homme aux succès féminins, à l'intelligence littéraire et cinématographique qu'il enseigne dans différentes universités américaines mais qui ne terminera rien (livre, mémoire etc...) et qui se perdra dans l'alcool, la musique et les amis.
Vie dans une Amérique qui ne favorise pas la demi-mesure, qui laisse sur le bord du chemin ceux qui manquent d'ambition et qui ne donne pas d'opportunité à ceux qui ne se donnent pas les moyens d'y arriver.
Il est diagnostiqué bi-polaire tardivement mais sa vie était déjà toute tracée : il l'a vécue vite, forte et intense mais courte. Il se suicidera à 39 ans avec somnifères et sac plastique car il ne voulait pas se contenter des miettes et à défaut de la reconnaissance et il préféra l'oubli.
L'écrivain s'adresse tout au long du récit à cet ami en utilisant le "tu" ce qui nous fait entrer dans l'intimité de leur relation, à partager les ambiguïtés du personnage, ses fulgurances mais aussi ses désespoirs malgré le réseau amical, familial et universitaire.
Un ange qui demandait beaucoup mais ne voulait rien lui céder, qui sombrait dans la dépression et l'exaltation.
J'ai beaucoup aimé l'écriture vive, le style rapide comme l'a été la vie de cet ami, la proximité du ton qui nous permet d'être le témoin privilégié d'une vie gâchée ..... mais peut être que sa vie a été pleine, riche et qu'il ne pensait pas pouvoir en vivre une autre.

Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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Ce roman m'a réconcilié avec C.Cusset que je n'avais pas spécialement aimé lors de la lecture de son roman:la haine de la famille(voir ma critique).
Il aurait pu avoir un avenir brillant Thomas ,si cette maladie nommée bi-polaire actuellement,anciennement appelée :syndrome maniaco-dépressif ne l'avait rongé
Et c'est le parcours de Thomas que va nous décrire C.Cusset d'une plume acérée, intransigeante,très intense .Nous allons souffrir avec Thomas,un roman qui vous laisse un goût amer dans la bouche et que je déconseille si vous n'avez pas un moral à tout épreuve ,accrochez-vous,c'est une histoire dure,sans concessions, une descente aux enfers dont on ne ressort pas indemne. 🌟🌟🌟🌟
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Le 22 avril 2008, Evelyn et Nora trouvent Thomas, un sac sur la tête : mort ! Il n'avait pas 40 ans et possédait d'immenses qualités, tout pour réussir sa vie. Il fut l'amant de la narratrice puis son ami et sa courte vie va se dérouler sous la plume alerte, précise et dense de Catherine Cusset.

L'autre qu'on adorait accumule les conquêtes féminines mais aussi les ruptures. Il est passionné de littérature, surtout de Marcel Proust, de cinéma et de musique et l'auteure s'exprime à la seconde personne du singulier, comme si elle lui parlait pour tenter de réparer l'irréparable, cette dégringolade inexorable confiée à chaque lecteur de ce livre.
Comme elle connaît très bien les États-Unis, Catherine Cusset nous fait parcourir avec profusion de détails la ville de New York mais aussi Richmond, New Haven, Salt Lake City, Williams, Portland… mais n'oublie pas Paris, Venise, le sud-ouest, sa Bretagne et même Saint-Pétersbourg.
Thomas retrouve régulièrement son petit groupe d'amis avec lesquels il délire et aime beaucoup sa mère qui qualifie la narratrice de « sorcière ». Elle est la soeur de Nicolas, un ami avec qui il sort difficilement d'une aventure périlleuse dans le Grand Canyon.
Pris à l'université de Columbia pour un master d'administration des arts, il va enfin vivre à New York, promenant son 1,90 m partout où il y a de la musique et de la vie : « le luxe de l'université américaine correspond à ton désir de largesse. Et la nuit. Pour toi qui n'as jamais pu dormir, New York est un paradis. »
Finalement, Thomas décide de devenir prof de français aux USA et souffre de l'absence d'Elisa, son amour du moment. La dépression revient régulièrement. Noël en France, vacances aux Bahamas, sa vie est un tourbillon.
Il boit trop et des extraits de ses chansons préférées, en anglais, jalonnent le récit sans oublier Léo Ferré. La trentaine approche. Master en poche, il voit ses amis se caser alors que lui accumule les maladresses, trop certain de sa réussite, de son talent. Il y a aussi cette fameuse thèse, véritable feuilleton à épisodes qui sera suivi par la production du fameux livre que tout le monde attend.
Le 11 septembre 2001, il est à New York, en plein travail et ignore complètement la tragédie qui se passe à proximité. Quand il y a un seul rival en face de lui pour le même poste, c'est lui qui est évincé. Cela ne l'empêche pas de s'éclater à Portland en donnant des cours de français et de cinéma.
Grâce à l'argent donné par son père, il achète un appartement à Paris : « Quel bonheur de te réveiller chez toi le matin, même si tu n'as pas pu dormir avec le décalage horaire, et de voir par la fenêtre les nuées de ce mamelon grotesque, symbole de répression devenu symbole de Paris, qui domine de sa laideur la colline la plus charmante et la plus pittoresque ! »

Celui qu'elle qualifie de « Prince de nuées exilé sur la terre » n'arrive pas à se fixer, change constamment et passe par des périodes terribles de dépression ce qui le contraint enfin à se soigner mais trop tard…
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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