Aujourd'hui je vais évoquer
Rétiaire(s) le nouveau polar de
DOA situé dans le milieu des gitans et du trafic de drogue avec des policiers et des gendarmes qui tentent de les arrêter bien que certains soient ripoux et borderline. C'est aussi un récit documenté de la vie en prison.
DOA est l'auteur du cycle
Pukhtu et de
Lykaia. Sa réputation d'auteur de livres noirs et durs n'est plus à faire.
L'action de
Rétiaire(s) se déroule sur quelques mois autour de 2020 période où l'épidémie de Covid-19 implique confinements et restrictions. C'est une plongée dans des services de police, de gendarmerie et de justice français qui tentent de démanteler d'importants trafics de drogue. Dans le roman plusieurs interludes de quelques pages informatives déportent le lecteur en Amérique latine dans les lieux de culture de la coca et de production de la cocaïne. Dès le premier chapitre la situation est tendue avec la description d'un meurtre dans les locaux du palais de justice de Paris : « Hadjad, Nourredine, né aux Lilas le 7 avril 1989 et défavorablement connu des services de police, s'effondre. Son visage, un masque grotesque, sanguinolent et cabossé. Les larmes aux yeux, son meurtrier rigole. Dernier crachat sur le cadavre et le pistolet remonte, file vers sa bouche ouverte. Théo mange son canon. » Théo est un flic du bureau des stups qui va rater son suicide après son crime ; il est détruit par le récent meurtre de sa femme et de sa fille. Il se venge en assassinant le présumé auteur des faits. Théo est hospitalisé puis incarcéré à Paris à la Santé. Ce flic est compromis et au coeur de l'histoire principale. En prison il côtoie des durs dont Momo et protège un jeune tapin, mais il est menacé et doit se protéger alors que sa hiérarchie l'a lâché suite à ses agissements personnels.
Rétiaire(s) comprend de nombreux personnages il n'est pas toujours simple de suivre les différentes histoires entremêlées, les nombreux sigles des services de police en charge des stupéfiants sont complexes (le glossaire est bien utile en fin de roman, avant la postface éclairante sur les circonstances d'écriture de ce thriller). Les manouches sont omniprésents, ils contrôlent plusieurs étapes du trafic juteux. Ainsi pendant les restrictions sanitaires : « le clan Cerda, propriétaire de boîtes, de bars à filles, à chicha ou les deux, de cantines, de pizzerias et de kebabs, perd chaque jour une fortune à devoir garder son petit empire fermé. Parce que l'argent officiel ne rentre plus et, surtout, parce que l'argent officieux ne peut plus sortir. Quand, de surcroît, plein de très méchants citoyens n'en ayant rien à foutre de tuer des vieux ont quand même toujours envie de s'amuser et sont prêts à payer rubis sur l'ongle pour le faire, il y a vraiment de quoi enrager. » Les intrigues sont imbriquées, la narration n'est pas linéaire, le style est oral et saccadé, parfois argotique. Voici un extrait d'une scène de torture insoutenable où toute la noirceur et la froideur des protagonistes transparait : « d'un coup sec, il fend le côté de l'index sur toute la longueur avec la lame de rasoir. Ça saigne, d'abord peu, ensuite plus fort. Hurlement. Manu recommence, sur l'autre face. Puis sur le dessus. Puis dessous. A chaque fois ses oreilles vrillent tellement le gamin s'époumone de mal. » Il ne faut pas trop dévoiler les rebondissements et les situations, le lecteur en mal de sensation et d'émotion forte ne sera pas déçu...
Rétiaire(s) est une terrifiante plongée dans l'univers des trafiquants de drogue sans foi ni loi. le profit engendré par cette économie parallèle est gigantesque et provoque des rivalités sans nom. Les flics sont parfois démunis face à l'inventivité des malfrats et la concurrence des services est à l'origine de quiproquos ou de ratés mémorables. Une fois de plus
DOA semble bien informé et propose un bouquin choc où se croisent flics et voyous.
Voilà, je vous ai donc parlé de
Rétiaire(s) de
DOA paru aux éditions Gallimard.
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