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3,54

sur 1249 notes
Conte de la betise ordinaire...

Gocéné a 75 ans , il est kanak ( terme officiel depuis 1998 ) . La Nouvelle-Calédonie est alors en proie à de nombreux conflits .
Accompagné de son ami Caroz , il se voit interdire l'acces d'un chemin de montagne par deux manifestants s'étonnant de la couleur de peau de son compagnon de route . Il décide donc de leur narrer un évènement marquant de son histoire...

Singes , polygames , cannibales : tels furent , entre autre , les termes employés à l'encontre de cette centaine d'iliens Kanaks déracinés et exhibés à Paris , en 1931 , lors de l'exposition coloniale . Gocéné en fait partie , Minoé , sa promise , également . Cette derniere integrera les trente choisis arbitrairement pour travailler dans un cirque Allemand , en échange de sauriens teutons expédiés en france afin de pallier le déces de leurs congéneres ! Gocéné , aidé en cela de son indefectible ami et cousin Badimoin , n'a desormais plus qu'un seul but dans la vie : la retrouver !
C'est des lors le début de leurs pérégrinations parisiennes , de leurs decouvertes d'us et de coutumes totalement inconnus chez eux ( métro , périphérique , racisme...) .
Au-dela de cette quete amoureuse , cette nouvelle est un veritable pamphlet anti-colonialiste militant pour la difference et l'acceptation de l'autre !
Ces Kanaks ne sont nullement là a titre d'information mais uniquement pour correspondre à l'image que se font les occidentaux des bons sauvages . Et donc ainsi justifier leur prétendue supériorité sur l'homme de couleur .
Mais Gocéné et son ami sont loin d'etre stupides . Ils font réellement preuve d'adaptation et d'initiative dans un milieu qui leur est totalement inconnu , prouvant ainsi qu'ils sont loin de correspondre à la mise en scene qui leur est imposée...En effet , leurs femmes sont exposées seins nus alors qu'elles ont pour coutume de garder leurs robes de missionnaire meme pour se baigner !Ils sont parqués comme des betes sauvages entre la fosse aux lions et le marigot des crocodiles ! On leur impose de pousser des grognements ! Ils sont exhibés dans le froid , sans autre vétement qu'un bout de manou autour des hanches ! Ils sont présentés comme polygames alors qu'ils sont de fervents catholiques !...Décalage énorme entre le mythe et la réalité...

Cannibale est un récit tragique ou l'amour cotoie les pires méfaits de la colonisation ! A lire et à méditer...
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Didier Daeninckx est un auteur qui aborde souvent des sujets qui m'intéresse, notamment quand il s'agit d'anticolonialisme. J'aime donc ses histoires romancées souvent basées sur des faits réels. C'est le cas ici avec "Cannibale".
Il a écrit cette histoire en 1998 après les événements de Nouvelle-Calédonie et il rappelle sans détour comment ont été traités les Kanak. Pour cela il revient sur des faits terrifiants durant l'exposition coloniale de 1931. Des hommes et des femmes ont été parqués dans un enclos à côté des singes et déguisés en sauvages. Sur la pancarte on pouvait lire : « Hommes anthropophages de Nouvelle-Calédonie ».
Didier Daeninckx raconte l'histoire d'un des leurs prénommé Gocéné. Il réussira à fuir et persécuté, sera aidé à plusieurs reprises. D'abord par Fofana, ancien tirailleur sénégalais malade d'avoir été exposé aux gaz durant la Première Guerre mondiale. Il est balayeur dans le métro (voilà comment la France le remercie!). L'auteur rappelle en cela que les Kanak ne sont pas une exception à la maltraitance des colons.
Et puis c'est un ouvrier blanc, Francis Caroz, qui va lui sauver la vie, presque par hasard, trouvant inadmissible qu'on tue des innocents, qu'ils soient noirs ou blancs. Heureusement qu'il existe des personnes lucides et généreuses.
J'ai apprécié ce livre même si je trouve qu'il n'est pas assez précis sur les faits récents, il montre l'arrogance et le racisme de la bêtise coloniale et aide à comprendre l'histoire.

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Difficile à imaginer que ce roman soit inspiré d'une histoire vraie. J'ai découvert cette exposition universelle de Paris de 1931 où la France exhiba les habitants de ses différents territoires dans l'intention de légitimer ses colonies.
Au-delà du drame que vivaient ces personnes d'être arrachées à leurs pays d'origine, il leur est demandé de jouer un simulacre de vie de sauvage pour le bon plaisir des spectateurs qui affluent en nombre (8 millions de places vendues durant les 6 mois d'exposition). Ils sont traités comme des animaux et personne ne semble s'en émouvoir. Constat glaçant qui me pousse à me demander : comment aurai-je réagi face à ces mises en scène ?
Ce n'est pas un roman que je conseille pour ces qualités littéraires mais plus pour le message qu'il véhicule ; lu en quelques heures, Cannibale met en lumière un pan de notre histoire peu reluisant
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Exposés comme des objets de curiosité. Traités comme de la marchandise. Ce fut le sort des Kanaks de Nouvelle-Calédonie. Le colonialisme est raconté ici à travers l'Exposition universelle de 1931. Du moins, une infime partie de ce colonialisme.

Didier Daeninckx a pour habitude de traiter de sujets sombres et délicats. Il a d'ailleurs un certain talent pour ça. Il narre, toujours de façon simple et claire, une histoire fictive qu'il place dans un contexte qui a été. De là, volontairement ou non, il témoigne. Les Kanaks avaient, ont peut-être encore, une tradition orale. Mais celle-ci se perd et sa diffusion est limitée. Avec ce livre, l'auteur donne écho à ces voix. Il permet de les mettre à l'honneur. Pour ne pas oublier leur histoire, leurs souffrances. Pour montrer l'être humain qui se cache derrière le stéréotype du prétendu cannibale.
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Un livre essentiel, à mon sens.

Je l'ai lu d'une traite (il a plutôt la taille d'une grande nouvelle), et l'ai beaucoup apprécié.

Je ne connaissais cet auteur que de nom. Alix, une jeune amie lycéenne devait le lire pour demain. Nous l'avons lu en même temps ! Merci à sa prof, pour cette suggestion ! ;)

C'est une partie d'histoire des zoos humains, et plus précisément de l'Exposition coloniale (déjà, ce nom...) de Paris de 1931. Des Kanaks vont être envoyés (dans des conditions effroyables) en France pour être exhibés, et leur histoire est racontée de l'intérieur par un jeune homme kanak parti avec sa tribu et sa promise, mais dont il va être séparé car elle sera "montrée" ailleurs.

Mensonges, racisme, honte, mais aussi amitié et dévouement, ce court roman m'a fait froid dans le dos, c'est une histoire absolument absente des livres d'histoire de mon époque, milieu 80/début 90.

La fin semble étrange, trop rapide, c'est mon seul bémol.

J'ai complété par le documentaire d'Arte TV, dispo jusqu'en juin sur l'application Arte, sur les zoos humains.

J'ai appris beaucoup, et prie de tout coeur pour qu'un jour les corps de tous ces gens retrouvent leur terre natale.... et que tous les gouvernements colonisateurs fassent publiquement des excuses.
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"Tous les crocodiles du marigot étaient morts. le cirque Höffner voulait bien nous prêter les siens, mais seulement en échange d'autant de canaques ..."

On croirait un propos tiré d'une dystopie pour adolescents, pas vrai ?
On imagine le scénario : à une époque où les droïdes dominent le monde, l'être humain a le même statut que l'animal.

Même pas ! Bien pire, cette situation a vraiment existé en 1931, en France.
L'auteur, Didier Daeninckx, en séjour en Nouvelle-Calédonie, avait, paraît-il, entendu un ancien parler d'une exhibition de kanaks dans un zoo à Paris. La langue des canaques étant très imagée, et le fait étant inimaginable, il pensait que la formule était métaphorique. S'apercevant que, non, pas du tout, lors de l'exposition coloniale de 1931, à Paris, des canaks avaient été "enrolés" sans en avoir le choix pour représenter leur peuple, et sur place, avait été enfermés dans un espace reconstitué au zoo, avec ordre d'exécuter de pseudo danses traditionnelles et avec un panneau "antropophages" apposé sur leur "village", l'indignation lui a fait écrire ce roman.
D'autant que certains de ces canaques, une fois à Paris, ont été échangés avec des crocodiles d'un cirque : le zoo empruntait les crocodiles, et "prêtait" en échange "ses" kanaks pour exhibition de cannibales ! Si !

Daeninckx maîtrise parfaitement la mise en roman du fait réel, et en 105 pages, haletantes, il narre cette aventure à travers le récit d'un ancien, Gocéné.
L'intelligence de ce récit est de révéler ce fait vomitif, en rappelant que certains parisiens ont su se montrer humains (intervention des communistes dans le zoo, protection de Gocéné par Caroz). La solidarité du sénégalais Fofana montre aussi que ce fait n'est pas isolé et qu'à d'autres moments (guerres) les coloniaux se sont mal comportés avec les populations locales.
Ce qui est impressionnant dans les récits de Daenincks, c'est la reconstitution minutieuse de l'atmosphère d'une époque : chansons, quartiers, restaurants. On pourrait croire du Modiano avec de l'action ;)
Cela vaut donc la peine de lire ce récit très court, en se réjouissant de l'évolution des mentalités, et en comprenant la leçon d'humanité pour les combats qu'il reste à mener.
Je comprends que cet ouvrage soit fréquemment au programme des lycées : bien écrit et accessible, court et profond, il a tout pour plaire à des lycéens, autant qu'à des adultes.
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Un récit court et captivant, une histoire inspirée de faits réels et qui nous plonge dans la France des années 1930 , dans le cadre particulier de l'organisation de l'Exposition coloniale.
Quelques jours avant l'inauguration officielle, les organisateurs se retrouvent à court de crocodiles, ceux qu'ils détenaient étant victimes d'une nourriture peu appropriée. Il faut alors trouver des crocodiles de remplacement, qu'un cirque d'Allemagne veut bien fournir, en échange de.... d'un groupe de Kanak de Nouvelle-Calédonie. Une expédition est donc envoyée outre-mer, des Kanak sont expédiés et certains seront affectés à l'Exposition coloniale et d'autres iront en Allemagne pour servir de monnaie d'échange.
Sur le mode humoristique, l'auteur évoque un sujet grave, le traitement particulier réservé aux citoyens d'outre-mer et en parallèle nous voyons défiler toute la France des années 30 avec ses représentations particulières, sa mentalité et ses préjugés.
Un récit qui laisse présager les révoltes futures dans ce coin aux antipodes destiné à devenir la Kanaky. Beaucoup d'humour et de tendresse pour ces personnages pleins de vie et d'authenticité.
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De nos jours en Nouvelle Calédonie. Deux vieillards en jeep sont arrêtés par deux jeunes gens qui leur barrent la route. Alors que le vieillard noir demande à son ami blanc de repartir, son âge respectable force les jeunes à baisser les armes. Autour d'un thé, les jeunes apprennent alors avec surprise que le vieillard blanc n'est pas l'ennemi qu'ils croient. Que s'est-il passé en 1931 à Paris pendant l'exposition coloniale? C'est ce que vont découvrir Kali et Whatiock en écoutant l'histoire de Gocéné...

Inspiré de faits réels, ce roman de Didier Daeninckx relate un épisode peu glorieux de l'histoire coloniale française des années 1930. de cette France qui se divertit du spectacle bidon offert par des kanak abusés, on a gardé peu de souvenirs. Ce récit ressucite les traitements honteux infligés aux kanak lors de l'exposition coloniale. Réduits au rang d'animaux, ils ont été au prix de mensonges scandaleux, exposés dans des cages où pour distraire les visiteurs, ils mimaient des sauvages... On pouvait même lire sur la pancarte "cannibales anthropophages". Pourtant l'histoire nous prouve que les sauvages contrairement aux gens civilisés, tiennent leur promesses. Celle de Gocémé était de garder un oeil constant sur Minoé, sa promise. C'est donc au mépris de tout danger que ce dernier, accompagné de son cousin Badimoin, part à la recherche de sa bien-aimée qui a été envoyée au cirque de Francfort pour remplacer les crocodiles...

Sorte de conte philosophique, ce roman n'est pas dénué d'humour, ni de dérision. Tenant à peine sur une centaine de pages, cette mésaventure de Gocémé et des membres de son village laisse une trace indélébile dans l'histoire des kanak. Comme l'annonce la quatrième de couverture, ce récit met "en perspective les révoltes qui devaient avoir lieu un demi siècle plus tard en Nouvelle-Calédonie". Court et facile à lire, cannibales saura émouvoir les lecteurs curieux de ce triste passé qui marque l'ère colonialiste française...
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Petit roman intéressant qui interpelle sur la politique colonialiste passée de la France et des puissances occidentales.
Un récit court tiré de faits réels qui narre les déboires d'un groupe de pauvres kanaks envoyés par les autorités françaises à Paris en 1931 représenter la Nouvelle Calédonie à l'exposition coloniale.
Choisis pour incarner aux yeux des visiteurs parisiens une peuplade de cannibales anthropophages et arriérés les malheureux subiront dans ce grand cirque colonial et culturel asservissements,
brimades, privations,violences, rabaissés au rang de phénomènes de foire,de vulgaires animaux ils y laisseront malgré un désir de révolte leurs illusions,leur dignité et pour certains même leur vie.
Une histoire vraie, touchante sans happy end mais également ni haine ni rancune qui laisse à méditer.
Comme le dit l'auteur, le respect ne se voit pas à la naissance, ni grâce à notre couleur de peau, mais par nos actes et nos choix..
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Didier Daeninckx fait parti de mes auteurs favoris. J'aime son style, son humanité, ses engagements... Nous sommes natifs de la même ville, Saint Denis. Ce n'est pas une île au soleil, c'est même assez laid mais ce lieu à été le théâtre de tant d'espoir pour les damnés de la terre qu'il garde un certain magnétisme et une forte influence sur les engagements de ceux qui y ont vécu de l'après-guerre à la fin des années 70. On retrouve l'impact de la vie dans se melting pot dans chacun des livres de D.D. et bien sur dans cannibale, un plaidoyer poignant contre le colonialisme et une ode à, plus que la tolérance, la fraternité.
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Cannibale

Dans quel lieu Gocéné et ses compagnons sont-ils emmenés ?

En Allemagne à Berlin.
Dans un zoo en Australie.
A l'Exposition Coloniale à Paris.
En Suède dans un parc d'attractions.

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