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EAN : 9781096997023
420 pages
Omblage Editions (02/09/2017)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Longtemps considérés comme un mythe, les thugs étaient une confrérie d'assassins indiens vieille d'au moins deux cents ans quand les Britanniques la découvrirent. Thug raconte leur histoire, avec celle de William Sleeman, l'administrateur qui lutta contre eux malgré le secret qui les entourait et l'arrogance de ses compatriotes. À travers cette confrontation, le livre révèle les tensions et les chocs culturels de la colonisation.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En Inde les thugs, une confrérie secrète d'étrangleurs, étaient depuis longtemps le symbole de l'insécurité qui régnait dans le pays. L'historien Mike Dash raconte leur histoire étonnante, et celle de William Sleeman, l'administrateur britannique qui au 19e siècle mit fin à leurs meurtres.

Ces assassins, pleins de cruauté, étaient difficiles à arrêter car ils opéraient avec professionnalisme. En bandes de vingt à cinquante hommes, ou même plus, passés maîtres dans l'art du déguisement et de l'infiltration, un savoir transmis souvent de père en fils, ils se présentaient comme des voyageurs à leurs cibles – des voyageurs, des sepoys (soldats indiens de l'armée britannique) ou des porteurs de trésor pour des banques – les mettaient en confiance, faisant « un bout de chemin » en leur compagnie, puis, au moment le plus propice, les étranglaient tous en même temps avec un banal foulard, les dépouillaient de leurs biens et les enterraient, après les avoir dépecés afin que l'on ne puisse jamais les retrouver.

Agissant en confrérie, ces criminels étaient un modèle d'organisation. Chaque thug avait une fonction précise : approcheur, étrangleur, dépeceur ou fossoyeur. À leur tête, un chef répartissait le butin, et assurait le financement des expéditions qui avaient lieu au nord de l'Inde pendant la saison sèche ; le reste de l'année, chacun était chez lui, loin du lieu des crimes, à l'abri d'éventuelles poursuites. Longtemps considérés comme un mythe, les thugs ont bénéficié d'une impunité en l'absence d'une justice commune aux états indiens : les recherches, quand elles existaient, s'arrêtaient aux frontières.

À l'arrivée des Anglais, les choses ont peu à peu évolué : quand on a trouvé des cadavres dans les puits des territoires britanniques, les thugs en ont été chassés. Mais le problème demeurait entier pour le reste du pays. Jusqu'à William Sleeman qui a traqué les thugs dans toute l'Inde, mettant au point une méthode qui s'appuyait sur des informateurs thugs auxquels on garantissait une amnistie en échange d'informations. Un système qui permit d'arrêter et de juger la majorité des étrangleurs en une dizaine d'années, faisant cesser ainsi leurs terribles assassinats.

Avec cette affaire criminelle extraordinaire par sa durée et son ampleur (on estime les victimes à plus de 50000), Mike Dash révèle, et c'est absolument passionnant, les secrets des thugs, groupes de tueurs sans états d'âme et sans pitié parmi les plus mystérieux et emblématiques de l'histoire.
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Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Omblage pour m'avoir permis de découvrir le livre Thug : La confrérie secrète des étrangleurs indiens.
Il s'agit d'un ouvrage conséquent de plus de 400 pages sur une confrérie secrète indienne qui a sur plusieurs décennies fait environ 5 000 victimes. Cet essai historique ne se contente pas de décrire le mode opératoire, l'organisation, la vie quotidienne et les différents statuts (approcheur, étrangleur, dépeceur…) des Thugs, il va bien au-delà en nous permettant d'appréhender le contexte criminel et géopolitique de l'Inde au 19ème siècle, alors une colonie britannique.
Ce livre, c'est aussi une enquête criminelle, celle de William Sleeman, administrateur britannique, qui a pris à coeur les alertes de la population sur des restes de cadavres découverts majoritairement dans des puits. On suit William Sleeman de son arrivée en Inde, de sa découverte de l'organisation à la campagne d'éradication qu'il a menée pour mettre fin à ces meurtres.
En tant que scientifique je trouve que l'exercice de vulgarisation est particulièrement difficile et délicat. L'historien Mike Dash qui a obtenu son doctorat au très célèbre King's College de Londres a su trouver le bon équilibre entre des informations qui sont précises, fouillées (de nombreuses notes agrémentent le texte et la bibliographie est fournie) et la retranscription de celles-ci pour des novices du sujet. L'introduction de l'ouvrage par un exemple concret du mode opératoire des Thugs est particulièrement saisissante et pertinente. Ce sérieux m'invite à découvrir les autres ouvrages de l'auteur.
A noter que l'objet livre en lui-même est également d'une grande qualité. La couverture est épaisse et lisse, le choix de la photographie pour illustrer la page de couverture est réussie. Un bien bel objet pour ma bibliothèque !
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Un livre intéressant sur le fond, mais je n'ai pas apprécié la forme.

Depuis Indiana Jones et le temps maudissent, nous pensons tous connaitre les thugs, cette « secte » de tueur qui fut légendaire en Inde au XIXe siècle. Mais entre le film et la réalité, il y a une très grosse marge. D'ailleurs, le film de Lucas et Spielberg est déjà à mille lieues d'une réalité historique plus complexe. Il faut dire qu'arracher des coeurs avant de passer les jeunes femmes blondes au four est plus attrayant pour le public que mettre en scène des étrangleurs. Étrangleurs dont l'existence même a été contestée (et l'est peut-être encore).

Dans cet ouvrage, l'auteur tente de nous dévoiler qui étaient ces fameux thugs, dont il défend l'existence.
Pour comprendre cette page d'histoire, il faut déjà comprendre la situation de l'Inde à cette époque et surtout la terrible insécurité que représentait un voyage, même d'à peine une centaine de kilomètres. Une fois cela exposé, il faut rajouter la complexité et la diversité culturelle, ethnique, religieuse, etc. du sous-continent indien pour obtenir un résultat. En fait, il n'y a pas de « thug », mais des « Thugs ». Oubliez l'uniformité d'une secte, oubliez les croyances en Kali (les thugs sont souvent des musulmans).
J'avoue que j'ai beaucoup aimé cette enquête, car elle ne se limite pas à l'histoire des thugs, puisqu'elle aborde aussi l'histoire de la compagnie des Indes (forcements) ainsi que tout plein de petits points qui sont essentiels pour saisir cette étrange réalité qui fut très déformée au fil du temps (surtout pour les Anglais pour se donner du prestige).

Cependant, j'avoue que la manière de présenter l'ensemble m'a parfois un peu gêné. En effet, je n'ai pas eu l'impression d'avoir à faire à un véritable essai, car le livre est parfois très narratif. Les limites entre la fiction et l'essai ne sont pas toujours claires.
De plus, je trouve que l'auteur se répète souvent dans ses idées en citant souvent trop d'exemples. L'effet de redondance est pénible.
Et je ne parle même pas de toutes les notes qui sont en fin de livre ! Cela rend la lecture très pénible, car il faut sans arrêt effectuer des allées retours !

Voilà pour ce livre très intéressant, mais dont la forme n'est pas très agréable.
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[Critique dans le cadre de Masse Critique]

Ce documentaire parle des Thugs, des groupes de voleurs assassins spécialisés dans l'étranglement, tuant les voyageurs après s'être liés d'amitié avec eux.

Mais pas seulement.

C'est aussi une initiation à l'histoire de l'Inde et un récit détaillé de la vie dans ce pays pendant la colonisation britannique.

C'est un documentaire "à l'américaine", avec une écriture proche d'un récit, tout en restant très étayé. Pas le plus facile à utiliser quand on chercher une information précise, mais plus agréable à lire qu'un documentaire universitaire "à la française" (ultra-structuré, mais un poil froid).

Agréable dans sa forme, sérieux dans son fond, ce documentaire mérite qu'on le découvre.

Ça fourmille d'anecdotes et de personnages hauts en couleur. Une véritable plongée dans le monde dangereux des thugs !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
... les femmes buvaient en général une bouteille de vin tous les soirs. Les hommes buvaient encore plus et, quand les femmes s'étaient retirées, buvaient trois bouteilles de bordeaux chacun en fumant pipes et cigares. De telles consommations flagrantes (qui se révélèrent fatales à bien des carrières en Inde) étaient plus ou moins obligatoires. Tout officier tentant de se lever de table avant que ses compagnons aient fini de boire était poursuivi de cris de " Mauvais camarade ", " Poule mouillée ", ou " Cocktail ".
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La mortalité des officiers stationnés à Bombay, Calcutta et Madras avait longtemps été stupéfiante. Aux dix-septième et dix-huitième siècles il n'était pas rare que la moitié des Européens dispersés en Inde meurent dans la première année, de fièvre, d'alcool ou d'insolation. ... Encore un siècle plus tard ... Les statistiques montrent que six officiers sur sept envoyés dans le sous-continent entre 1800 et 1825 ne rentrèrent pas.
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Les officiers [britanniques] de haut grade devaient bien sûr employer le plus grand nombre de domestiques. Vingt à trente étaient considérés comme un minimum, suffisant pour être lavé, rasé et habillé, avec des chevaux soignés et, lors de dîners, être entouré d'une " barrière vivante " de porteurs chassant tout le temps des moustiques.
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Dans la plupart des cas la victime abusée était tuée assez vite, souvent dans la nuit qui suivait sa rencontre avec les thugs, ou tôt le lendemain matin. Mais, dans des circonstances particulières, certaines bandes montraient une patience surhumaine pour désarmer la méfiance d'un grand groupe de victimes potentielles, ou faute d'opportunité pour tuer leur proie discrètement. Un administrateur britannique le découvrit dans les années 1830 : "Il voyagent des jours avec des voyageurs sans méfiance, voire même des semaines, ils mangent avec eux, dorment avec eux, prient avec eux... et vivent avec eux dans l'intimité la plus grande jusqu'à ce qu'ils trouvent l'endroit et le moment propices au meurtre du groupe entier." L'exemple le plus frappant d'une telle patience, datant de 1820, concerne une bande qui accompagna ses victimes choisies pendant "une vingtaine de jours, en toute intimité", faisant trois cents kilomètres, avant de les tuer tous.
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La transformation de la Compagnie des Indes britannique de société commerciale à puissance impériale prit du temps et ne fut pas facile. La Compagnie de 1756 était renommée pour son commerce et ses navires ; elle générait des dividendes énormes pour ses investisseurs ; et elle était compétente dans le domaine militaire. Mais elle n'avait rien de l’infrastructure nécessaire pour gérer un pays aussi énorme que l'Inde. En une cinquantaine d'années, elle dut créer un système administratif nouveau (...).
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