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sur 1627 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il est difficile d'écrire sur un tel classique, que je ne découvre qu'aujourd'hui. Difficile d'exprimer quoi que ce soit de nouveau. N'a t-on pas déjà dit des milliers de fois que la vie du petit Chose est bien triste ? Que son expérience au collège est injuste ?

Pourtant je vais essayer d'en dire quelques mots (et puis sinon j'aurais pas fait un article pour vous dire que ça.)

Roman d'apprentissage en partie autobiographique, le Petit Chose raconte un morceau de vie d'un jeune garçon. Daniel Eyssette, fils de pauvre, est le seul de la classe à porter une blouse. Son professeur lui parla toujours “du bout des lèvres, d'un air méprisant” sans l'appeler par son nom : “Hé ! vous là-bas, le Petit Chose”, comme s'il était trop pauvre pour avoir une personnalité derrière sa pâle figure. le surnom lui restera.

Mais Daniel est forcé d'arrêter ses études à la ruine de son père, et sa famille est dispersée. Avec un unique objectif en tête, reconstruire le foyer familial, il trouve une place dans un collège de garçons où il subira brimades sur brimades de la part des élèves et des professeurs. Maltraité, ruiné, il décide de retrouver son frère Jacques sur Paris. On trouve ici de belles pages sur l'amitié fraternelle : “Et nos deux âmes s'étreignirent de toute la force de nos bras”.

Mais les aventures du Petit Chose ne sont pas terminées : “Paris Ah grande ville féroce, comme le petit Chose avait raison d'avoir peur de toi !” Décidé à devenir poète il échouera pourtant et tombera dans les griffes d'une femme de mauvaise vie.

Au final, c'est davantage de l'énervement que de la pitié qui ressort de la lecture de ce court roman, devant la faiblesse du héros qui se laisse entretenir, se laisse bercer par ses rêves et ne se bat pas pour les atteindre. Tout le long, il demeure un enfant. C'est d'ailleurs ainsi que le qualifie son frère, quoique tendrement : “Pourtant si, c'est une femme, une femme sans courage, un enfant sans raison qu'il ne faut plus jamais laisser seul”.

Le Petit Chose a sans arrêt besoin d'être guidé, soutenu. Il ne saurait être indépendant, jusqu'à son ultime sursaut, qui laisse espérer. Malgré tout, il apprend beaucoup à chacune de ses aventures.

Roman d'apprentissage donc.

Mais aussi et surtout roman autobiographique ! Né à Nîmes, comme le Petit Chose, son père fait faillite et Daudet connaît de rudes années en tant que pion, rudesse par ailleurs atténuée dans le roman. Puis il part à Paris où il attrape la vérole, a des aventures amoureuses avec des femmes étranges, vit une vie de bohème, dévoré de sensibilité poétique. Il sera sauvé de la misère par sa femme qui le force à travailler auprès de ses beaux-parents pour éponger ses dettes. Rôle de sauveur que tient Jacques, la “mère” Jacques dans le roman. Jacques qui incarne Ernest Daudet mais que Daudet a sublimé en faisant de lui la mère, le protecteur, source de comique, de tragique et de bonté.

Comme Daudet le dira lui-même : “Le Petit Chose, surtout dans la première partie, n'est en somme que cela, un écho de mon enfance et de ma jeunesse”. Mais parfois il s'en éloigne, ne s'y reconnaît plus, comme s'il se rejetait : on passe alors du “je” à la troisième personne, “le petit Chose”.

Au final, par ce savant mélange, Daudet crée un héros à la sensibilité romantique, tragique, hors de la société, qui se laisse porter par les coups du sort. Et pourtant, il décrit une fin ambiguë car si le Petit Chose s'assure une sécurité matérielle, il renonce à la création, à l'écriture, à ce qui est lui, pour “vendre des soupières”.

C'est donc un roman universel que j'ai découvert ici, mais aussi un précurseur des romans sur l'enfance. Car l'enfant n'existe pas en littérature au XIXe. Il y a bien David Copperfield (1850), que Daudet ne lira qu'après, mais il faudra attendre 10 ans et L'enfant de Vallès en 1878 pour que cette littérature prenne son essor …

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L'histoire nous plonge dans la vie de la famille Eyssette qui habite une petite ville de province et qui se débouille tant bien que mal dans la vie ; le père étant un riche industriel arrive en effet à subvenir aux besoins de sa famille. Avec lui vivent son épouse, ses fils Daniel et Jacques et bien qu'ayant un troisième fils, celui-ci ne vit plus à ses dépens puisqu'il gagne sa vie en étant rentré dans l'ordre ecclésiastique. Cependant, tout bascule le jour ou l'industrie paternelle fait faillite et que toute la petite famille est obligée de déménager à Lyon afin de pouvoir poursuivre son activité. Petit à petit, pour rembourser les dettes familiales, Daniel va être obligée d'entrer dans un collège en tant que surveillant d'études. Il sera dès lors surnommé "le petit chose" en raison de sa petite taille. Mais les dettes continuant à s'accumuler, la famille continuera à se disloquer, la mère étant obliger de retourner vivre chez son frère, la père poursuivant son voyage plus au nord en enfin le petit Jacques s'embarquant pour Paris. Ce petit Jacques, si frêle durant son enfance et n'arrêtant jamais de pleurer, sera en fait celui qui s'en sortira le mieux dans la vie, venant sans cesse au secours de son frère Daniel et le sortant de toutes les galères dans lequel celui-ci s'est laissé embarqué, le prenant ainsi sous son aile et jouant pour lui le rôle d'une véritable mère.
Roman écrit tantôt à la première et à la troisième personne du singulier, celui-ci est extrêmement poignant et le lecteur se trouve complètement désappointé devant la dispersion de cette famille, jadis si unie, et devant la misère et les tragédies que les personnages ont du endurer. Roman dur et drôle à la fois, cela ne l'empêche pas d'être très émouvant !
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Il y a des relectures qui interrogent sur l'enfant que l'on était. Je gardais du Petit chose un excellent souvenir. Je redécouvre un roman à l'écriture certes fort agréable, et même aux accents parfois franchement poétiques . Mais comment ai-je pu, jeune pré-adolescent, ne pas m'effrayer du racisme qui parsème le roman, à l'âge où j'étais sans doute encore moins à même de « faire la part des choses » (car faut-il la faire ?).

A l'inverse, comment ai-je pu aussi réellement m'enthousiasmer, alors même que mes attentes et mon bagage, aujourd'hui, me laissent sans doute le loisir de pouvoir goûter des oeuvres plus diverses et d'en savourer de plus complexes aussi ? Car l'intérêt du Petit Chose n'est-il pas plus encore dans ce que Daudet semble nous dire des effets de l'étiquetage que dans l'histoire de Daniel Eysset lui-même ? S'il y a toute les chances qu'enfant on puisse aussi être séduit par l'art oratoire de Daudet, intéressé par cette plongée dans une époque révolue mais tellement bien rendue qu'elle semble revivre sous vos yeux, je n'avais probablement pas saisi la portée du récit, moins autobiographique (le savais-je seulement) que sociologique ; ce qui participa sans doute à en faire un classique : George Herbert Mead, Erving Goffman ou encore Howard Saul Becker ont en effet montré l'importance du jugement d'autrui sur la construction de l'identité. Traitez un individu comme un « petit chose » et il le deviendra. Soyez au contraire confiant dans sa capacité à être un homme et vous lui offrez la chance de le devenir enfin.
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Je n'avais pas lu Daudet depuis 25 ans peut-être et je n'en gardais pas un souvenir impérissable. Aussi lorsque j'ai commencé cette lecture, j'ai été très agréablement surprise par l'écriture de Daudet.
Une écriture chantante, raffinée qui lui permet de donner vie à cette oeuvre très emprunte d'autobiographie.
Je suis passée par beaucoup de sentiments, la tristesse de voir ce pauvre Daniel martyrisé, berné par tant de personnes et de la colère aussi, de l'appréhension de passer les pages et voir ce qu'il allait encore lui arriver.

Puis, arrive la seconde partie, et là, mes sentiments changent, sûrement dû à un trop plein de victimisation, de l'égoïsme vis-à-vis du manque de reconnaissance envers son frère aussi. Certes, ce personnage est décrit comme naïf tel un petit enfant mais tout de même, il y a un moment à force de se faire avoir, on est plus précautionneux, méfiant et laisser son frère travailler du matin au soir en mangeant à peine pour vivre de son écriture et, en plus lui piquer son amoureuse ! Mince, alors !

Ma lecture a donc été mitigée, une très bonne découverte de cet auteur dont j'avais oublié s prose (ou trop jeune aussi) mais un roman déséquilibré entre les deux parties.
Dans tous les cas, je compte ressortir Tartatin de Tarascon et les Lettres de mon moulin.
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Alphonse Daudet a publié le Petit Chose en 1868, il y a 150 ans. Bien sûr, le style peut paraître dépassé de nos jours et l'histoire peut-être aussi. Pourtant, je vois des "Petit Chose" autour de moi, peut-être moins niais que ce pauvre Daniel Eyssette mais encore plus paumés que lui. Lu très jeune, j'étais fasciné par "les yeux noirs" et je plaignais ce pauvre Petit Chose qui allait rester un enfant toute sa vie. Des parties sont pleines d'humour, comme l'épisode des babarottes ou le bris de la cruche. D'autres, de désespoir comme la mort du frère, Jacques. Et puis, il y a la Provence où se situe l'histoire, terre bénie des dieux que Daudet a su magnifier dans ses livres.
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On a parfois l'impression de connaître un livre.... ....un livre dont on nous a parlé depuis l'enfance, un livre qui vient rapidement à l'esprit quand on évoque le nom de son auteur Alphonse Daudet
Un livre qu'on pense connaître..... sans pour autant l'avoir lu !
Nos instituteurs nous en ont parlé, sans toujours nous le faire lire...et pourtant quelle merveille!
Oui, j'ai honte, je ne l'avais pas lu et l'ai trouvé en furetant au rayon "Littérature classique" de la Médiathèque où je m'approvisionne.
Daniel Eyssette, est un enfant de famille modeste voire pauvre. À l'école il est le seul gamin de la classe portant une blouse. La famille était pourtant aisée, le père dirigeait une entreprise....mais les temps ont changé il dut fermer cette entreprise à la suite de la révolution de 1848. Toute la famille quitta donc son Midi natal pour rejoindre Lyon, en remontant le Rhône dans un bateau mû par une roue à aube.
Là-haut le gamin fut ignoré ou moqué par ses petits camarades...et lorsqu'il fut surveillant il devint "Le petit chose"parce qu'il était de petite taille ...un de ces êtres affublés d'un surnom et dont le prénom fut à jamais oublié. Pour tous il était à jamais 'Le petit Chose"....
Ce surnom, comme tous les surnoms collés avec méchanceté, affectera à jamais sa personnalité et donc son comportement. Notre gamin deviendra un être faible, pleurnichard parce que les élèves de la classe des moyens le prennent en grippe, éprouvant toujours des difficultés pour se faire respecter, et tenté par des basses vengeances, y compris bien plus tard dans sa vie.
Souvent ridiculisé il fut même tenté par le suicide...mais il y a un pas de la tentation au geste...
Il est devenu un sale bonhomme, pleurnichard, se lamentant de tout, incapable de réagir....ses malheurs viennent des autres, il en est persuadé. Pourtant un prêtre l'avait mis en garde : "tâche d'être un homme......j'ai bien peur que tu sois un enfant toute ta vie"... mais il ne l'a jamais entendu !
Devenu adulte, il aura de la peine à vivre de ses écrits, heureusement son frère était là pour le soutenir...et régler ses dettes
Mais le destin veille à tout....le destin plus qu'un changement voulu de comportement....mais je ne vous dis pas tout
Il y a sans doute une part d'autobiographie dans ce roman. En tout cas, Alphonse Daudet a indubitablement la capacité de nous faire vivre une époque à jamais révolue. Les plus anciens ayant eu à vivre dans une école gérée par les frères des écoles chrétiennes dans les années 50 retrouveront quelques traits sans aucune nostalgie...
Puis tout s'est très vite accéléré, le monde a très rapidement évolué...
Le livre, au delà des descriptions fouillées du comportement et de la personnalité du Petit Chose et des autres personnages, nous en apprend beaucoup sur ce système scolaire, sur cette vie et sur les moeurs de cette société, il y a une centaine d'années.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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J'ai dû lire des extraits de cet ouvrage à l'école comme tous les collégiens.
Ce livre fait partit d'un panel de mon héritage, le voyant installer dans ma bibliothèque, j'ai eu envie de le lire.
Par curiosité, au premier abord, puis au fil des pages, je me suis attaché à Daniel et à la mère Jacques… et puis à cette famille vivant tant de malheurs.
Ce jeune homme restant un enfant, c'est pour cela qu'on le nomme le Petit Chose est un tantinet simplet et se laisse manipuler facilement, trop facilement tout de même… J'ai eu pitié de lui et de ses faiblesses…
J'ai passé un agréable moment de lecture, comme quoi mon patrimoine à du bon, je vais me laisser tenter et lire mes autres échantillons d'anciens auteurs, il est toujours bon de faire un retour aux sources.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Honte à moi ....D 'Alphonse Daudet , je n'avais lu que
les "Lettres de mon moulin" !
Quand j'ai trouvé "le Petit Chose" chez un bouquiniste ,
j'ai décidé de combler cette lacune .
J'ai été surpris de découvrir un roman "adulte"
et pas spécialement destiné aux enfants .
L'écriture est datée XIXe siècle bien sûr ( l'occasion de découvrir quelques mots tombés en désuétude ) mais le thème est actuel :
"Que faire de sa vie quand on n'est pas doué pour grand chose
et qu'on se croit poète ? "
" Comment ne pas décevoir ceux qui vous aiment et croient en vous ? "
" N'arrive-t-il pas un moment dans la vie où il faut abandonner ses rêves de grandeur et accepter un travail correspondant à ses compétences ? "
Avec un style très fluide , sans aucune lourdeur ,
"Le Petit Chose" , autobiographie romancée de Daudet ,
m'a procuré un très agréable moment .
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Je me suis replongée dans le Petit Chose que j'avais lu dans mon adolescence. Ne m'en souvenant plus, j'ai décidé de relire ce classique. L'histoire est assez noire: faillite de la famille, enfance difficile, débuts non moins difficiles et pour couronner le tout décès prématuré du frère bien-aimé... bien des malheurs! Heureusement cela n'est jamais ennuyeux et facile à lire.
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Un roman qui démarre comme une histoire pour enfants, puis dérive vers un amour toxique et ignoble, qui m'a presque choqué : « C'est ainsi qu'ils vivaient, non ! qu'ils croupissaient ensemble, rivés au même fer, couchés dans le même ruisseau… » On était presque dans le Calvaire d'Octave Mirbeau, mais Octave Mirbeau dans son Calvaire, autobiographique, est plus attendrissant que ce petit chose.

L'humour de Daudet, donne à cette oeuvre son caractère. de très bons passages, on connaît son talent, mais aussi quelques tics littéraires, comme donner un surnom aux personnages, surnom qu'on va reprendre sans cesse. Néanmoins à lire, ne serait-ce que pour la description de cette femme pervertie et leur scène dans la chambre quand elle brûle ses lettres... un rapport malsain si bien rendu à l'écrit ! Très bon roman.
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