Divorcé depuis quinze jours, et tout à l’ivresse de la fin de sa peine, Régis de Fagan, ce matin-là, par les fenêtres large ouvertes de son nouvel
appartement de garçon, guettait l’apparition de ses fillettes que le tribunal lui accordait deux dimanches par mois. C’était leur premier dimanche ; et dans l’amas de lettres de femmes, tombées depuis vingt ans sur sa table de
vaudevilliste à la mode, bien peu lui avaient secoué le cœur d’autant d’émotion que ce simple billet arrivé la veille :
« Mon cher Père,
« Nous serons à Passy, demain matin, par le train de dix heures. Mademoiselle nous laissera devant le 37, boulevard Beauséjour, et nous y
prendra, le soir, à neuf heures très précises.
« Ta fille respectueuse et bien affectionnée.
« ROSE DE FAGAN. »
Au-dessous, la grosse écriture encore un peu bègue de la plus jeune sœur avait signé « Ninette ».
Et maintenant, dans l’angoisse de l’attente, il se demandait si bien réellement elles viendraient, si, au dernier moment, la mère rusée et fourbe, ou cette impénétrable Mademoiselle, n’inventeraient pas quelque prétexte pour les retenir.
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Quel livre possède à la fois le parfum de l'enfance et tient lieu d'elixir de jouvence ? Un moulin… des lettres… et surtout le mistral et le chant des cigales…
« Lettres de mon moulin » d'Alphonse Daudet, c'est à lire au Livre de poche.