Candy porte le même nom qu'une héroïne de dessin animé dont elle a hérité les longs cheveux blonds et bouclés, les grands yeux bleus et une joie de vivre à toute épreuve.
Candy est aussi douce et sucrée que son nom de bonbon. Et Luke, toxico à l'héro tombe fou amoureux d'elle. Elle qui se fiche qu'il soit camé et qui ne tarde pas à le devenir aussi, accro à lui, comme à l'héro. Dans cette Australie des années 80, où l'héro ne coûte pas grand-chose, Luke et
Candy consomment comme des dingues et vivent d'arnaques ou de prostitution, crapahutant d'un bout à l'autre du pays. de Sydney à Melbourne, leur amour survit miraculeusement à chaque shoot, chaque plan foireux. Peut-être parce qu'un inexplicable appétit de vivre leur permet de se raccrocher l'un à l'autre et de ne pas en mourir.
Candy est un livre hommage à la femme qu'il a aimé, livre expiatoire aussi puisque Luke Davies est aujourd'hui clean. C'est l'aboutissement du long chemin vers la désintoxication, mais surtout l'acceptation de la perte. Perte de l'addiction, perte de l'autre qui viennent après la perte des repères et d'une vie normale.
Candy va crescendo plus l'addiction se renforce, notamment dans sa charge émotionnelle.
Si le lecteur sait dès qu'il ouvre
Candy que cette histoire va mal finir, il est saisi par le mélange tendre, drôle et mélancolique des phrases de Luke Davies. Elles rendent le rapport étroit et vampirisant de la passion amoureuse comme de la toxicomanie au dernier degré : Luke et
Candy s'aiment passionnément, mais sans l'héro pour cimenter leur couple, seraient-ils restés ensemble ?
Situations borderline, racontées avec nonchalance et dérision, sur un ton potache (les arnaques de
Candy et Luke dignes gags de teen movies) ou parfois sur un ton grave et douloureux (la scène où
Candy est victime d'une fausse couche au bout de six mois de grossesse).
Candy est avant tout une histoire d'amour violente en forme de ménage à trois dégénéré, où la pièce rapportée qui exalte autant qu'elle mène aux sentiers de la perdition est l'héro. Un roman vrai sur l'addiction extrême.
[Le livre a été adapté au cinéma en 2006 avec Heth Ledger et Abbie Cornish]