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sur 114 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Aaah ! Je viens de prendre ma dose annuelle d'Évanégyre. Bon sang que ça fait du bien C'est de la bonne came, cette année encore.

Pourtant rentrer dans ce pavé que constitue le premier tome d'une grosse trilogie ne s'est pas fait si facilement. L'action se passe bien après que l'empire d'Asreth se soit effondré. Une civilisation de type médiévale réussit à bourgeonner dans ce paysage parcouru d'énergie « magique » incontrôlée. le principe de l'éternel recommencement est à l'oeuvre, selon la même idée qui guidait le cycle de Corlay de Richard Cowper ou Un Cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller. Dans ce décor, le royaume de Rhovelle est soumis à des déchirements politiques internes au moment même où une menace monstrueuse et létale montre le bout de son nez au-delà des montagnes (pour comprendre les origines de ce bazar, il est utile d'avoir lu La Route de la Conquête, même si ce n'est pas indispensable).
Un royaume déchiré politiquement gouverné par un Conseil, une menace monstrueuse qui vient du nord derrière un mur de montagne, ça commence à ressembler à quelque chose de connu. Et alors ? Ce n'est pas une honte. C'est Robert Silverberg qui disait que l'être humain n'est pas fait pour inventer quelque chose ab initio (cf ; Bifrost n°49). Même inconsciemment, un auteur est obligé de s'inspirer de ce qu'il a vu, lu et entendu dans sa vie. L'important, c'est la variation qu'il va proposer par rapport au thème principal.

Et justement la partie construction du royaume n'apporte pas de note vraiment originale. Je me suis demandé pourquoi Rhovelle disposait d'un ost alors qu'elle n'a aucun ennemi extérieur à affronter. Les menaces « magiques » internes au royaume ne sont pas du genre à clamer leur défi sur un champ de bataille. L'Église est construite pour être détestée par le lecteur (cela s'explique au vu du contexte). Les conflits de la cour n'ont pas une origine digne d'une tragédie mais semblent plutôt naître de petites mesquineries, de petits riens. J'ai trouvé ces passages de la cour longs et manquant de fougue, surtout ceux consacrés à Juhel.
Par contraste, j'ai éprouvé beaucoup de plaisir sur les chapitres consacrés à notre Messagère du Ciel. Mériane établit une relation avec son Dieu très jouissive pour un lecteur qui n'est pas dévot. Il n'est pas question de soumission totale, de transe illuminée devant la Lumière du Créateur. Au contraire c'est comme si Savonarole venait hanter l'esprit de Descartes ; cela donne lieu à des débats à l'ironie prononcée extrêmement réjouissants. Mériane établit le même genre de rapports amour/haine avec Léopol le soldat de Dieu. Là aussi les échanges valent un bon match Borg-Mc Enroe. Autre duo explosif : Chunsène, la soeur en esprit d'Arya Stark, et la « parfaite » Néhyr. Lionel Davoust est un dialoguiste en or.

Les dieux qui mènent le jeu m'intriguent beaucoup ; je n'arrête pas de conjecturer à leur sujet. Il faut dire qu'ils représentent un violent changement de paradigme par rapport aux récits consacrés à l'empire d'Asreth. En ce temps-là, la vision dominante du monde était scientifique ; on analysait, reproduisait, modélisait, maîtrisait. Les dieux étaient confinés. Ils n'étaient pas nécessaires à la compréhension du monde par l'empire. Ici ce sont les principaux joueurs. Pas seulement par l'intermédiaire de leurs hérauts : ils s'expriment directement, prétendent avoir toujours existé, avoir décidé de la fin de l'empire.
Eh bien j'ai des doutes. Je me demande vraiment si ces « dieux » n'ont pas été en quelque sorte conçus par les déflagrations dignes d'une guerre atomique qui ont provoqué la fin d'Asreth, si ce ne sont pas eux les « dupes ». L'alternative m'obligerait à admettre que la créatrice « divine » de l'empire était une sorte d'ange déchu du panthéon d'Évanégyre. Et je digèrerais mal cette information, car une des forces de cet univers est, à mon avis, la vision très occidentale moderne que porte l'homme d'Asreth sur son monde.

Lorsqu'on approche de la fin, on se rend compte à quel point Lionel Davoust est un écrivain architecte ; c'est-à-dire qu'il maîtrise son récit de bout en bout, que la conséquence de chaque acte était prévue, qu'à aucun moment son histoire ne lui a échappé pour prendre son propre envol. Tellement d'éléments se mettent alors en place. de nombreux passages qui m'avaient semblé ennuyeux et sans réelle conséquence prennent du sens. C'est un gène qu'il partage avec Asimov.
Mais l'auteur est-il vraiment architecte ? Je l'imagine en fait plutôt comme possédant les conditions aux limites de son récit ‒ d'où il part et où il doit arriver ‒ mais sans avoir l'idée précise du chemin qu'il va lui falloir tailler à coup de serpe dans la jungle inconnue pour relier ses balises. Un peu comme un scientifique qui écrit un article : ceux-ci semblent toujours prétendre que l'auteur a suivi un chemin logique et déterministe, avançant pas à pas inéluctablement grâce à la raison, alors qu'en fait il a passé son temps à affronter la désillusion, à pleurnicher à genoux qu'il n'y arriverait jamais. La présentation n'est pas la vérité, mais elle fait de l'effet sur le lecteur.

Enfin, est-il nécessaire d'ajouter que Lionel Davoust est un maître de la description des batailles ? Son roman La Volonté du Dragon (toujours dans Évanégyre) suffisait à le prouver. On retrouve ici la même efficacité, la même maîtrise de la tactique qui n'oublie pas d'osciller entre défaite totale et victoire définitive en multipliant les points de vue.

Même si je continue à penser qu'on aurait gagné à faire un peu plus court, j'applaudis la qualité du récit que j'ai lu, digne de l'univers que Lionel Davoust ne cesse de développer par petite touche, comme un peintre impressionniste. La suite ne tardera pas et c'est tant mieux. J'espère que les prophéties seront mises en défaut et que l'on aura droit à une palanquée de surprises.
Car sur Évanégyre, même les dieux peuvent être surpris.
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Le plus curieux avec ce roman, c'est que je n'avais pas prévu de l'acheter ou de le lire. Même si le résumé semblait sympathique, je n'étais pas plus convaincue. En fait, je l'ai emprunté en version numérique à la bibliothèque quand je l'y ai vu par hasard. Et grand bien bien m'a pris car ce roman est tombé au bon moment.

Pourtant, l'univers en soi est assez classique : nous sommes dans un monde médiéval gouverné par des instances politiques qui se déchirent autour d'un roi malade et par un clergé tout-puissant. Ce clergé est très proche de ce que fut l'Eglise au Moyen-âge, un ordre qui tente d'asseoir sa puissance autour d'un Dieu Unique, convertissant les âmes et abusant vaguement de leur pouvoir. Ils ont aussi un ordre guerrier qui concrètement ne se sent plus péter. Autre caractéristique, cet univers est fortement misogyne pour des raisons historiques, peut-être même de manière plus radicale que dans notre Moyen-âge.

Du coup, le fait qu'une femme ait été choisie par Wer, le grand Dieu local, pour incarner la voix des hommes en temps de troubles apparaît comme délicieusement ironique. Si cette idée aurait pu passer pour téléphonée, Lionel Davoust parvient à bien doser son propos. Mériane est notamment très sympathique, elle a un caractère de cochon. Entêtée, insolente, indépendante et anticonformiste, elle est aussi vaillante, déterminée et d'une droiture à toute épreuve. J'aime beaucoup le duo qu'elle forme avec Léopol, le Moine de Wer, tout aussi insupportable mais de manière différente. le soldat religieux est plus arrogant, sûr de lui et a tendance à avoir des opinions très arrêtées sur les femmes.

Un autre personnage m'a beaucoup plu, c'est Chunsène. Décidément, on a beaucoup de personnages féminins forts. Elle non plus n'a pas été dotée du caractère le plus doux de la création. Mais elle a bien besoin d'un tempérament fort, vu son passé sous la domination des démons d'Aska, dans une famille pauvre. le personnage d'Erwel cache aussi un bon potentiel. Il est assez cocasse de le voir tomber dans tous les pièges qui lui sont tendus alors qu'il est bien parti pour devenir un personnage central. Et puis son côté jouvenceau naïf est attachant.

Outre ces personnages, j'ai beaucoup apprécié le rythme du récit. Alternant entre plusieurs points de vue, on accède à la complexité de la situation qui se joue. On sent le récit construit avec précision. Il est d'ailleurs, notamment au début, difficile de retenir le nom de toutes les provinces, leur importance, leurs dirigeants, qui est allié avec qui... Mais la sensation d'être perdue s'est réduite au fil de l'histoire, les éléments se mettent en place et il devient plus aisé de comprendre les enjeux.

De plus, l'écriture prenante donne envie de tourner les pages et d'en savoir plus sur la suite. L'univers est profond et très vaste. le roman donne vraiment envie de découvrir les autres livres de l'auteur qui se passent dans le même univers, car ils pourraient amener des éléments additionnels non négligeables sur des détails de l'intrigue.

Autrement, je ne mets pas la notre maximale pour deux raisons. La première est que l'histoire semble prendre une tournure assez manichéenne. Sans être très dérangeante, je me serais attendue à quelque chose de plus approfondi qu'une lutte entre le bien et le mal. Ensuite, j'ai trouvé certaines parties politiques moins prenantes, sûrement car elles étaient moins intenses que celles déjà plongées dans le combat et que le contraste était trop vif.

La messagère du ciel est donc un grand oui ! Premier tome captivant et écriture simple mais accrocheuse, les personnages sont le grand point fort de ce roman. L'univers est bien fouillé, les ambiances crasses sont retranscrites à merveille. Je n'ai qu'une hâte, c'est de lire le prochain livre pour découvrir comment Mériane va s'emparer de ses responsabilités.
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Ce nouveau roman de Lionel Davoust est le premier tome de la trilogie Les Dieux sauvages et se déroule dans l'univers d'Évanegyre. Chronologiquement, il se situe après La route de la conquête et avant Port d'âmes. L'empire d'Asreth a été détruit par les Dieux ce qui a causé des dommages très importants sur le monde et engendré des anomalies et des zones très dangereuses où il ne vaut mieux pas se promener sous peine de subir d'étranges mutations. Cela donne un contexte post apocalyptique au roman mais avec une façon de vivre proche du médiéval, et un roi dans la Rhovelle ainsi que des nobles. L'empire d'Asrethia était mené par une femme et par conséquent la nouvelle religion pense que les femmes sont un fléau, elles ont ainsi aucun droit hormis celui de suivre gentiment son époux et de lui faire de beaux enfants viables et sans anomalies.

C'est dans ce contexte que vit Mériane, qui a choisi délibérément de vivre en solitaire loin de son village. Elle a ainsi développé des dons de trappeuse et est capable d'éviter les zones à risque. Mériane a un caractère bien trempé, c'est quelqu'un d'entier qui refuse les règles de son monde et ne s'intéresse pas particulièrement à la religion. Et pourtant, par un caprice du destin, c'est elle qui va être choisie pour être la messagère de dieu. Dans l'univers, il y a deux dieux: Wer et Asra qui bien que frères, mènent une guerre impitoyable entre eux. Mériane est choisie pour porter la parole de Wer tandis que Ganner oeuvre pour Asra. Lionel Davoust nous offre ainsi une relecture à sa manière de l'histoire de Jeanne D'Arc. Car bien entendu dans un tel contexte, les choses ne vont pas être faciles pour Mériane.

Une des choses qui m'a fascinée dans ce roman, c'est les changements de l'univers d'Évanegyre créé par Lionel Davoust. En effet, celui-ci est en constante évolution au fil des romans de l'auteur et tout se tient à la perfection. de plus, l'auteur change de genre en fonction de l'époque où se situe l'action et cette trilogie s'inscrit dans de la fantasy épique post-apocalyptique, bien loin de Port d'âmes par exemple. La façon dont Lionel Davoust construit son univers est vraiment impressionnante, son univers est complexe et toujours en mouvement, cela se voit vraiment dans ce roman.

L'action se situe principalement en Rhovelle, un royaume dont le roi Eol est très malade. Il est composé de 7 duchés et les luttes de pouvoir sont âpres et certains se verraient bien à la place du roi. Cela donne un petit côté Game of throne, avec des nobles menant une lutte de pouvoirs alors que des monstruosités menacent le royaume. Les monstruosités en question sont dans le camp d'Aska et sont des êtres hybrides formant une armée puissante. Au milieu de tout ça se dresse Mériane, femme dans un monde dirigé par les hommes, paysanne dans un royaume où seul les nobles comptent, femme dan un monde où la religion renvoie à la sorcellerie tout ce qu'elle ne comprend pas. Tout cela laisse présager à quel point ce qui attend Mériane sera difficile, voire quasiment impossible.

Le roman est long (650 pages) et dense, il se passe énormément de choses surtout pour un premier tome de trilogie. Même si Mériane est au centre de l'histoire, elle n'est pas le seul personnage et le récit est raconté selon plusieurs points de vue formant un roman choral avec le nom du personnage en début de chapitre. Cela permet de mieux comprendre le contexte global ainsi que les différents points de vue. Juhel et Chunsène sont particulièrement bien réussi et Mange-doigt comme la surnomme Chunsène, particulièrement intrigante. Tous ces personnages contribuent à la richesse du roman.

Côté rythme, le roman ne souffre pas de longueurs malgré son épaisseur. Lionel Davoust a réussi à combiner l'action et l'intensité tout en prenant le temps qu'il faut pour poser ses personnages et la situation très complexe du monde à cette époque. Certains faits du roman font aussi écho à des événements bien réels dans notre monde notamment ceux liés à la religion et au statut de la femme.

Le premier tome de cette nouvelle trilogie de Lionel Davoust lui donne donc l'occasion de développer son univers d'Évanegyre avec une histoire proche par certains aspects de celle de Jeanne D'Arc. Dans un style fluide et très vivant, l'auteur nous offre une galerie de personnages attachants et intrigants et une histoire solidement bâtie. Ce premier tome met l'eau à la bouche et donne envie de lire la suite rapidement, ce qui ne mettra pas trop de temps, le tome 2 étant prévu pour novembre et le 3 pour mai prochain. La messagère du ciel est sans conteste une réussite qui vient confirmer le talent de son auteur à explorer un univers déjà d'une grande richesse.
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Il y a 3 ans, je découvrais avec plaisir la plume de Lionel Davoust dans Port d'âmes, un titre où son style m'avait ravie, notamment grâce à un univers original, mais où je n'avais pas du tout été emportée par l'histoire qui est trop renfermée sur elle-même et qui manquait de lyrisme et d'épique pour moi. C'était bien fait, c'était sombre, c'était dangereux, mais ce n'était pas ce que j'attendais et j'étais ressortie un peu déçue surtout que l'univers antérieur était prometteur, lui. Je ne voulais donc pas rester sur une défaite.

La Messagère du Ciel, premier tome de la quadrulogie des Dieux sauvages était parfaite pour me remettre le pied à l'étrier, puisque se déroulant dans le même univers, l'Evanégyre, imaginé par l'auteur et qu'on retrouve dans chacun (ou presque) de ses titres. La Messagère du Ciel se déroule près de 500 ans avant Port d'âmes dans l'ancien Empire d'Asrethia, après la chute de ce dernier, tandis que deux divinités se livrent à un affrontement sans pitié en utilisant les hommes et autres créatures à leur service pour les départager.

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La plongée dans l'univers des Dieux sauvages ne fut pas simple. J'ai trouvé les cent premières pages environ très touffues et parfois confuses, remplies de nom et de concepts pas toujours explicités. En plus, je n'ai remarqué que très tardivement la présence en fin de tome d'une toute toute légère aide... Parfois, je me dis qu'il serait bien de rappeler au début justement que cela existe, mais ce n'est qu'un détail. Bref, l'entrée en matière ne fut pas simple. Pour autant, j'ai très vite saisi que j'étais en présence d'un univers qui allait me fasciner.

En effet, Lionel Davoust nous propose un titre de fantasy épique dans un cadre moyenâgeux encore barbare par bien des aspects, où la politique mais surtout la religion sont très présents et saisissants. Peut-être est-ce l'influence des premières couvertures du titre chez Critic mais j'avais presque le sentiment de me retrouver dans quelque chose de vraiment primitif et c'est assez rare dans mes lectures pour me dépayser.

Pour porter ce récit, l'auteur offre une ribambelle de voix à suivre. Au début, le changement très fréquent de narrateur me perdait. On passait d'une jeune femme un peu sauvage vivant en lie de la société, à un jeune héritier qui ne veut pas l'être, ou encore au frère d'un roi dément, à la femme de celui-ci ou encore à un noble rebelle, sans parler d'un chef de guerre ennemis dans une société mi-bestiale mi-zombie fort étrange. J'avais du mal à suivre. Mais petit à petit, je me suis laissée enivrer par leurs aventures très immersives.

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Il faut dire que pour nous faire entrer dans son univers complexe, l'auteur, chose rare, offre un début de saga extrêmement rythmé. Passé ces premières pages assez denses, l'action monte et monte jusqu'à un pic épique dès le milieu de ce premier tome. J'ai trouvé ça surprenant et culotté ! J'ai adoré. Il repose ensuite le rythme avant de repartir à l'assaut pour les dernières pages. Un sens du rythme que j'ai rarement trouvé et que je salue tant il m'a fascinée, associé en plus à un sens de la mise en scène excellent, comme lors de la scène représentée en couverture. C'était palpitant à suivre.

Mais venons-en un peu au cadre de cette histoire. La Messagère du Ciel se déroule dans un ancien Empire qui a chuté, désormais partagé en plusieurs unités géographiques tantôt alliées tantôt en conflit. Au coeur de tout ça, la maison royale de Rhovelle, dont le roi Eoel II est souffrant depuis des années, tandis que sa femme Izara dirige à travers un conseil de régence où siègent plusieurs puissants dont Luhac, le frère du roi, et le jeune Juhel, duc de Magnésie qui vient d'hériter du titre. Depuis plusieurs décennies, ils vivent dans la crainte d'un phénomène contre lequel ils ne parviennent pas à lutter : les Anomalie, des sortes de trous spatio-temporels qui se déplacent et transforment la plupart des êtres qui y pénètrent en leur conférant des "difformités" diverses et variées. Ils doivent également affronter les forces voisines des Mortes-Couronnes où l'Armée de la Nuit, dirigée par Ganner, le prophète du dieu rival au leur, prend les armes et se lance à l'assaut de leur pays. le tout pendant que des Ducs rebelles remettent en cause l'autorité de la famille royale. Bref, beaucoup de mouvements en perspective.

Mais de tout cela, Lionel Davoust fait une histoire parfaitement cohérente, simple et passionnante à suivre. La complexité apparente de l'univers s'éclaire au fil des chapitres pour mettre à jour des rouages parfaitement détaillés par l'auteur et qui se mettent en branle à la perfection. C'est juste passionnant et fascinant de voir comment tout s'imbrique.

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Mais l'histoire ne serait rien, comme bien souvent, sans ses personnages et c'est là que j'ai pris le plus de plaisir. Car au delà de la politique du royaume, des complots des Ducs, des assauts lancés par les ennemis et du mystère de ses anomalies, c'est dans l'utilisation de la religion dans cet univers que j'ai trouvé que l'auteur s'accomplissait. 

En effet, l'héroïne de son récit n'est ni plus ni moins qu'une nouvelle Jeanne d'Arc, sauf qu'à la différence de celle-ci, Mériane n'est pas du tout croyante, bien au contraire et qu'elle remet fortement en question l'ordre de la société dans laquelle elle vit, établi par une religion on ne peut plus patriarcale. Elle est fascinante. J'ai adoré suivre une héroïne qui lutte contre ce destin que les dieux tentent de lui imposer. Elle se retrouve d'un coup, sans l'avoir demandé, à entendre directement dans sa tête la voix d'un dieu qu'elle méprise et dont elle ne veut pas. Celui-ci veut faire d'elle son Hérault, elle refuse ce titre masculin pour s'auto-proclamer plutôt Messagère. J'adore cette femme ! C'est une féministe avant l'heure.

Et les aventures qu'elle va vivre ne sont ni plus ni moins qu'une réinterprétation de celles de notre Jeanne d'Arc nationale. Elle va d'abord ne pas être cru, bien sûr, par l'Eglise du grand dieu Wer, qui va la rejeter. Embarquée de force dans cette histoire, elle va donc devoir se trouver des alliés de circonstance et elle profitera de ce nouveau statut non seulement pour aider le peuple de Rhovelle mais aussi pour aider ceux plus petits et plus proches d'elle. Toute la dernière partie du roman est assez fascinant dans sa construction en miroir avec ce qu'on sait de l'épopée de Jeanne et qui nous est promis pour la suite de l'histoire dans les prochains tomes. Ça donne hâte de les découvrir !

Mais en plus de cette si belle héroïne, l'auteur n'a pas fini d'inventer des personnages solides et charismatiques dans chacun des camps. J'ai été fascinée par la figure de Ganner, le Chef du clan adverse, qui règne sur un peuple d'espèce de zombie créer par son Dieu, Aska. Les Dieux eux-même qu'on entend lors de bref interludes sont plein de nuances et fascinent. Je serais bien en peine de dire lequel je soutiens tant je le trouves fourbes tous les deux dans leurs échanges et actions.

Du côté des alliés, comment ne pas succomber pour le doux et timbré Darèn, qui accompagne notre Elue. J'aime qu'un auteur mettent délibérément en avant quelqu'un souffrant de troubles mentaux comme lui, sans le nier et sans le dénigrer. J'ai aussi apprécié frère Leopol, un croisé, dont l'évolution est peut-être prévisible mais intéressante et surtout dont le passé lui donne une autre envergure que ce qu'on pouvait croire au début.

Je suis plus réservée pour ce qui est des nobles de ce cher royaume. Si la reine est un personnage comme je les aime, une femme forte, maligne, qui ne se laisse pas dicter sa conduite tout en restant aimante. J'apprécie moins les Ducs autour d'elle et leurs rejetons. J'ai l'impression d'y voir des figures plus classique, du frère blasé par la vie qui se laisse porter, au duc rebelle qui prend les armes mais échoue lamentablement. J'attends de voir et mes espoirs reposent notamment sur la nouvelle génération.

Enfin, il y a le mystérieux duo Chunsène - Nehyr, la première étant une vagabonde originaire de Mandre et la seconde une éclaireuse et archère. Elles avancent au milieu de ce monde en pleine agitation, traversant les conflits pour ... faire je ne sais trop quoi. J'ai l'impression d'avoir manqué d'attention avec elles et j'ai juste retenue que Nehyr était la seule à voir Chunsène, ce qui est fort mystérieux.

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Ainsi, ce premier tome fut un franc succès pour moi. J'ai adoréé le cadre brutal et mystérieux imaginé par l'auteur, mais également l'héroïne forte et féministe, porteuse d'un vrai message, qu'il a imaginé. J'ai trouvé ce premier tome original aussi bien de par sa construction, avec ce point culminant dès la première moitié, que par ses propos, avec cette revisite maligne de la figure de Jeanne d'Arc et de sa quête. Lionel Davoust m'a alpaguée pour de bon et je ne suis pas près de lâcher l'affaire !
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"Ce qui est sûr, c'est que ce récit est incroyablement envoûtant, dense et riche. Riche de ses personnages, riche de ses situations, riche de son imaginaire, riche de sa complexité, mais aussi riche de ses mots car la plume de Lionel Davoust est un pur régal. Ce n'est pas le genre de roman qui se lit en une soirée, il faut en prendre possession, l'appréhender, le savourer, le décortiquer pour en ressentir tous les subtils parfums. Bref, un roman magnifique et magique que je conseille absolument à tous. Un énorme coup de coeur.
"

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J'ai découvert le monde d'Evanegyre avec un autre livre de l'auteur, Port d'Âmes, et je me suis promis d'aller plus loin dans son univers. Cette première incursion dans la bibliographie de Lionel Davoust n'avait pas été très concluante, mais je sentais que son monde était très riche et que je n'étais peut-être tout simplement pas à la bonne époque. Les Dieux Sauvages se passe des siècles avant Port d'Âmes, le monde est au bord de la rupture, deux dieux s'entre-déchirent pour lui, mais c'est à Mériane, une forestière qui n'a rien demandé, de porter un d'eux vers la victoire. Cette série est très ambitieuse, exigeante, mais c'est une aventure qui m'a tout de suite emportée, et c'est un gros coup de coeur.

Le premier chapitre m'a littéralement traumatisé. L'auteur nous fait directement découvrir, sans détour, le mal qui ronge la Rhovelle : les anomalies. de nombreuses zones instables transforment, mutent horriblement tout ce qui est vivant et les changent en des monstres de chair et de métal. Terrifiant. C'est tout ce qui me fait peur. Ce premier chapitre m'a plongé dans l'horreur aux côtés de Meriane et je me suis tout de suite sentie impliquée, je savais que je n'arriverais plus à décrocher de ce livre.

Mais Mériane n'est pas le seul personnage que nous allons suivre dans ce premier tome, au contraire. Lionel Davoust fait très souvent durer le suspens autour des mésaventures de notre messagère et on passe fréquemment de nombreux chapitres sans nouvelles d'elle. Les autres personnages apportent de gros enjeux politiques, car si Mériane peut compter sur l'inspiration de Dieu, le Roi et son Conseil de régence n'ont que leurs propres expériences et leurs avis divergent. le frère du Roi, Luhac, et son cousin Juhel ne sont vraiment pas du même avis au sujet de la défense du royaume. L'aspect politique est vraiment maîtrisé et j'ai eu énormément de mal à prendre partie. Je trouve que l'on comprend les choix des deux personnages et que l'on arrive vraiment à se mettre à leur place. L'auteur introduit de nombreux personnages dans ce premier tome, on sent qu'ils vont tous avoir leur importance et se retrouver à un moment ou un autre de l'histoire.

J'avais peur que l'auteur en fasse trop avec le côté très féministe que prend le récit. Mériane est une femme indépendante et forte dans un monde qui les méprise et les rabaisse. C'est aussi la première femme a avoir été choisie par Dieu afin de porter sa parole et sauver la Rhovelle. Je dois bien l'avouer, au début Mériane m'énervait un peu. Toujours sur la défensive et effrontée, elle avait le don de m'exaspérer. Mais le personnage évolue tellement ! Elle apprend à être moins égoïste, à comprendre les autres et à embrasser son rôle de messagère. Et c'est ça le féminisme, c'est faire preuve d'empathie et être égal aux autres, l'auteur l'a tellement bien compris. Et puis sa relation avec Leopol ! J'aime tellement ce personnage et sa complexité, et qu'est-ce que j'attendais ce moment où Mériane le rejoint sous la pluie et où ils finissent enfin par se comprendre !!

Mais tout cela n'aurait pas autant d'impact sans la plume de Lionel Davoust. le narrateur est toujours interne, comme dans Port d'Âmes, mais cette fois ci le récit est riche de ses nombreux personnages et l'on ne s'ennuie absolument pas. Et alors les descriptions des anomalies, de toutes les abominations créées par Aska, j'arrivais malheureusement tellement bien à me les représenter, quelle horreur.

J'ai été tout simplement très impressionnée par ce premier tome ! J'ai rarement lu un récit aussi maîtrisé et aussi prenant. C'est de la fantasy tellement recherchée, tellement précise et exigeante que j'ai bien envie de la comparer à du Tolkien. Et j'ai beau avoir refermé ce premier tome il y a quelques jours, Evanegyre m'accompagne encore.
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Lionel Davoust met en scène un univers de Fantasy post-apocalyptique dans La Messagère du ciel. Dans une société médiévale en reconstruction après le cataclysme provoqué par la chute d'un empire maudit, deux dieux, Wer et Aska, s'opposent et se disputent la domination du monde. Aska et son Prophète, Ganner, à la tête d'une armée composée de monstres biomécaniques et de soldats devenus des machines à tuer, se préparent ainsi à envahir le royaume de Rhovelle, rongé par des dissensions internes.
Mériane, jeune femme qui vit en ermite dans la forêt, entend la voix du dieu Wer et devient sa Messagère, ce qui la conduire à unifier la Rhovelle contre l'envahisseur, malgré les conflits qui accablent la couronne et le sexisme omniprésent dans la société, marquée au fer rouge par une religion intégriste et obscurantiste.
Le roman est ainsi porteur de thématiques féministes, mais également de complots politiques et d'affrontements entre êtres humains standard et créatures monstrueuses !
J'ai hâte de lire la suite !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
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Je vais mettre les choses au clair dès maintenant : ce livre a été un coup de coeur intersidéral. Donc attendez-vous à des commentaires dithyrambiques (non sponsorisés !).

Un mot sur l'objet livre qui est très beau et soigné (bon, ça ne m'étonne plus, je commence à avoir quelques livres des Editions Critic dans ma bibliothèque) avec une très belle couverture qui rend un bel hommage à notre héroïne, Mériane. Cela lui correspond en tout point alors chapeau à l'illustrateur.

Ce qui m'a plu, sans surprise, fut la plume de Lionel qui est fluide, travaillée et qui me donne toujours l'impression que chaque mot a été pesé. Je suis toujours admirative. Il n'y a rien en trop et il ne manque rien. La lecture est donc très agréable.

Le monde est extrêmement riche. Port d'Âmes, la Volonté du Dragon, La Route de la Conquête et les Dieux Sauvages se déroulent dans le même univers mais à des époques si différentes que vous n'êtes pas obligés d'avoir lu les autres romans qui restent parfaitement indépendants. Bien sûr, je vous encourage à le faire car, d'une part ils sont géniaux et, d'autre part, cela vous donnera une autre vision de cet univers. Car la Volonté du Dragon et la Route de la Conquête se déroulent aux âges d'Or de ce monde dont il nous reste des traces dans Les Dieux Sauvages. Tandis que Port d'Âmes se passe bien plus tard... d'ailleurs on y faisait mention de Mériane (détail que j'avais oublié... tant mieux comme ça je ne me rappelle plus de ce qu'il lui arrive). Bref, pour mieux vous rendre compte de l'envergure de l'univers créé par Lionel, je vous conseille de lire ses autres romans de fantasy.

De ce fait, je n'étais pas totalement dans l'inconnu, j'avais des détails "rassurants" sur l'univers, déjà sur son futur mais aussi sur des notions que je connaissais déjà comme l'influence de l'artech et les armures. Malgré tout j'ai bien été dépaysée et j'ai plongé sans hésitation dans cette nouvelle aventure. Encore une fois le travail de fond est admirable, tant pour le contexte que pour les descriptions des différents lieux.

Le monde décrit ici est terriblement injuste et rétrograde. On est retourné au Moyen-Âge pas si lointain où les femmes sont des pécheresses et l'Eglise toute puissante. Ce contexte a suscité en moi autant de colère que de peur.

Mais ce qui a fait la force de ce roman à mes yeux et qui vaut mon coup de coeur, ce sont les personnages qui sont tous dotés d'un charisme, d'une personnalité et de desseins propres qui les rendent tous géniaux. Nous suivons environ 8 points de vue très différents mais qui tous sont très travaillés. Grâce à eux j'ai ressenti de l'admiration, de la colère, de l'injustice, de l'espoir, du désespoir, de la peur aussi mais surtout une grande combattivité. Si on pressent que certains vont prendre de l'ampleur dans la suite (Erwell), d'autres comme Juhel m'ont autant impressionnés qu'effrayés. Ce personnage est criant de réalisme et à l'image du bouquin : travaillé au millimètre. Je l'ai aimé autant que détesté. Je ne peux pas revenir sur tous les personnages mais sachez qu'ils sont tous intrigants et qu'on veut tous les suivre.

Le pilier du roman, à savoir Mériane est telle que je l'imaginais, avec plus de verve ce qui est d'autant mieux. Cela a été très facile pour moi de m'identifier à elle. Sa force de caractère et sa détermination sont admirables et encourageantes. Elle est exactement telle que je la voulais, avec ses forces, ses faiblesses et surtout humaine. Elle est forte, courageuse, avec du caractère et surtout des convictions qui lui permettent de survivre à cette période injuste. Même avant d'être la porte-parole de l'un des Dieux, elle était très charismatique. Je n'ai absolument rien à lui reprocher (comme l'ensemble du roman) et je suis même impressionnée.

Mais la personne qui a déclenché dès le départ mon coup de coeur pour ce roman n'est pas l'héroïne. Non, c'est Léopol. Alalala, Léopol ! Cela faisait si longtemps qu'un personnage ne m'avait pas autant inspirée. Pourtant sur le papier, ce pauvre Léopol n'avait rien pour me plaire : un religieux aveugle, propre sur lui, qui suit les ordres sans réfléchir, hautain et agaçant. Mais que voulez-vous, un coup de foudre ne se contrôle pas ! Son duo explosif avec Mériane fonctionne du tonnerre et je trépignais de le voir évoluer, de le voir peu à peu laisser parler son humanité au lieu de ses dictats religieux. Je n'ai pas été déçue et j'ai tellement hâte de le retrouver dans le prochain tome. Il est juste G-E-N-I-A-L. Oui, cela s'appelle du fangirling, j'assume XD

En conclusion, ce roman est à la hauteur de ce que j'espérais. Il est passionnant, riche, haletant, terriblement injuste, cruellement réaliste et porteur d'un espoir que l'on ne peut qu'embrasser. Certaines scènes de guerre sont si bien décrites qu'elles étaient à la limite du soutenable (et pourtant l'horreur ça me connaît). Bref, vous ne lirez pas ce premier tome : vous le vivrez.

Et vive Léopol !!!!

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Excellente surprise. Si certaines parties du livre sont classiques et sans intérêt particulier, d'autres moments se révèlent particulièrement brillants et font passer l'ensemble de potable à remarquable.

C'est surtout le trio Meriane/Leopol/Wer qui m'a conquise : leur avancée est un délice de créativité, de psychologie et d'écriture. J'en redemande, et je lirai avec joie la suite.

Je trouvais qu'il manquait quelque chose à Port d'Ame, l'autre livre de Davoust que j'avais lu : cette étincelle manquante, je l'ai trouvé ici. Et c'est d'autant plus appréciable que la fantasy française est rarement enthousiasmante. Donc merci !
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Un nouvel univers de Fantasy, type moyen âge. Très bien décrit, carte agréable et surtout personnages et scénario très intéressant. A partir de l'histoire de Jeanne d'Arc, LD nous amène dans un monde de cités, de campagnes, d'univers fantastique. Des héros et heroines variés et 'vraies'. On s'attache à tous, même aux méchants. du solide, du complet, du passionnant. A lire vite.
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