Après quelques nouvelles, «
Rêves de guerre » marque le début de la carrière de romancier de
Thomas Day, aujourd'hui prolifique et réputé auteur de SFFF au style duquel j'ai toujours été particulièrement sensible. Cette fois encore pas de déconvenue, l'auteur ayant déjà prouvé à de multiples reprises qu'il était aussi à l'aise avec la fantasy qu'avec la science-fiction ou le fantastique. L'ouvrage nous transporte dans le royaume d'Haäsgard gouverné par l'implacable princesse Lyrhène secondée par le maître d'arme N'Kahn Hadessa, ce guerrier d'exception rêvé par le mage Dalvid N'Manadliath il y a des milliers d'années de cela. Mais le mage est mourant, et ce au pire moment qui soit puisque les Toxians, les ennemis ancestraux du royaume, préparent une offensive qui pourrait bien avoir raison de la suprématie militaire des Haäsgardiens... L'intrigue tarde légèrement à se mettre en place mais le roman n'en demeure pas moins une réussite ne faisant jamais l'erreur de tomber dans le manichéisme et mettant en scène des personnages complexes et torturés. Rien n'est jamais ou tout blanc ou tout noir dans les textes de
Thomas Day, «
Rêves de guerre » ne fait pas exception à la règle et évite ainsi un des écueils propres au genre « fantasy » dont bien d'autres auteurs peinent malheureusement à s'affranchir.
On retrouve évidemment sans mal la patte de l'auteur qui se garde bien d'épargner ses personnages et utilise déjà un style direct, voire plutôt cru. le monde élaboré ici est pour sa part assez simple tant aux niveaux géographique que politique mais reste malgré tout cohérent et plutôt immersif. le voyage entrepris par le maître d'arme et son fils nous fournit l'occasion d'arpenter certains des endroits les plus grandioses ou les plus originaux de cet univers, à l'image de cette forêt peuplée de créatures et de peuples étranges ou de l'impressionnante ville de Languerrilh, capitale du royaume d'Haäsgard. Parmi les points positifs on peut également mentionner la création d'un véritable bestiaire qui renforce la profondeur et l'étrangeté du monde créé par
Thomas Day : sculpteurs, oiseaux-foudres... : ce ne sont pas les exemples qui manquent. Si je n'avais qu'un reproche à formuler, il concernerait la dureté de la majorité des personnages pour lesquels l'empathie du lecteur se retrouve hélas limité (même si dans le cas du maître d'arme N'Kahn Hadessa cette froideur se justifie parfaitement). Une certaine distance finit ainsi par se créer au fil du récit entre les protagonistes et le lecteur qui, s'il suit avec intérêt le déroulement des événements, peine malgré à tout à se sentir pleinement investi dans l'histoire.
Thomas Day signe avec «
Rêves de guerre » un bon premier roman qui marque surtout par la noirceur et la complexité de ses personnages et de son univers, autant de caractéristiques qui constituent bien souvent aujourd'hui la marque de fabrique de l'auteur. A découvrir.