« Dans ces pages, je réunis des histoires extrêmes de parents et d'enfants. J'en suis à moitié étranger : n'étant pas père, je suis resté nécessairement fils. »
Autour de ce sujet très personnel de la filiation, devenu avec le temps un motif récurrent de son oeuvre littéraire,
Erri de Luca compose un thème et des variations pleins de finesse. On y croise de jeunes vagabonds napolitains, la fille d'un nazi en cavale, la jeunesse révoltée de Mai 68 ou encore le directeur d'un orphelinat de Varsovie.
Erri de Luca mêle dans ces récits l'intime à l'universel, et pose un regard riche et même poétique sur les rapports entre parents et enfants.
C'est le premier livre d'Erri de Luca que je lis. Je n'ai pas vraiment accroché. La phrase d'incipit m'a d'emblée inquiétée. "N'étant pas père, je suis nécessairement resté fils" Grande déclaration, comme une évidence. Quand j'y réfléchis, cette déclaration, je ne lui trouve aucun sens. Quoi ? Parce qu'il n'est pas père, E de R reste fils ? Mais on reste fils/fille de toute façon, Erri. Et quand on est père/mère, on le reste aussi. Nécessairement.
So what ?
Après lecture du livre je trouve cette déclaration encore plus agaçante.
Le thème "filiation" me semble tiré par les cheveux. À mes yeux : bricolé après coup pour faire tenir ensemble des textes écrits préalablement, séparément. Des textes qui n'ont rien à voir entre eux. Ni par les sources d'inspiration, ni par le style, ni par les enjeux, ni par la longueur, ni par les enjeux. Personnel. Biblique. Historique. Auto-fiction. Souvenirs. Je crois sentir derrière ce livre un "coup éditorial". Comment sortir un nouveau livre d'Erri de Luca ? Allons-y, rapetassons des fonds de tiroirs et enrubannons tout ça sous un thème aussi pompeux que consensuel : la filiation.
La 1ère histoire, celle de Chagall et son père, appuyée par la reproduction du portrait est celle qui m'a le plus intéressée et touchée..
Abraham m'emmerde.
Leçons d'économie sur les parents de l'auteur m'ont laissée sur ma faim.
L'histoire nazie qui constitue l'essentiel du livre, je l'ai trouvée lourde, téléphonée, déjà vue, cousue de fil blanc.
Mai 68 italien, l'éternelle révolte des jeunes face aux vieux, en l'occurrence les futurs boomers, mouais.
Quant à l'ultime pirouette : liste rétro-active des beaux actes du Juste du ghetto de Vasovie qui clôt le recueil tient 4 pages et se clot par E de l'envoyant les "curieux" fouiller Internet s'ils veulent en savoir plus !?! Ça m'a sciée de désinvolture.
En résumé, un recueil que j'ai trouvé fait de bric et de broc, paresseux et assez peu touchant. Je mets 8/20
Mais j'ai peut-être le mauvais oeil, c'est grave docteur ?