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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après avoir lu toutes les excellentes critiques sur ce livre, l'une d'elles m'a d'ailleurs donné l'envie de le lire, je n'ai plus grand chose à ajouter.
C'est le premier Erri de Luca que je lis, et je suis enchantée, tant pas le style "prose poétique", que par cette manière de dire tout sans vraiment le dire, ses souffrances, ses amours, ses amis. Sa façon de décrire les choses, fait qu'on respire l'odeur de la terre, de l'huile d'olive, des herbes aromatiques, que l'on palpe ce qu'il touche, la terre, les arbres, la nourriture, on goûte le vin avec lui.
On sent le vent dans nos cheveux.Ses souffrances sont dites avec beaucoup de pudeur et pourtant elles ont été terribles. Trois chevaux, trois vies, deux sont terminées et tout son espoir réside dans la troisième qu'il entame et qui lui apportera peut-être la sérénité et la paix qu'il cherche.
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La vie d'un homme dure autant que celle de trois chevaux.
Le narrateur, Italien d'origine, en a déjà vécu une. Cela s'est passé en Argentine. Opposant à la dictature des généraux, il a vu sa femme se faire assassiner et jeter à la mer. Il s'enfuit alors de ce pays et décide de retourner en Italie.
Sa deuxième vie peut commencer. Il est devenu jardinier, travaille la terre avec passion. Il connait le prix de la vie, il connait la terre, les livres qui l'apaisent. Et il rencontre par hasard, dans un bar, la belle Làila, jeune femme de trente ans qui vend son corps. Qu'importe la différence d'âge et son métier, ils s'aimeront corps et âmes pour ne faire qu'un. Il y a aussi Sélim, un éleveur africain qui vit au rythme des saisons. Une belle amitié profonde et sincère naitra entre ces deux hommes.

Erri de Luca nous offre ici un roman tout en profondeur, empli d'espoir, de malheur, terriblement ancré dans la terre et l'espace qui entourent notre héros. L'écriture est sobre, intense, tout en poésie, en finesse et l'émotion est palpable au fil des pages, les mots sont touchants et vous frappent en plein coeur. De Luca effleure les mots, les suggèrent. Ce roman est bien plus qu'un simple récit mais un poème bouleversant et évocateur. Il possède le don d'emmener le lecteur au plus profond de lui-même et réussit à merveille à retranscrire toutes ces émotions intenses et spirituelles. le passé trouble du narrateur chevauche intelligemment un présent ancré dans la terre et la vie.

Trois chevaux... un bon petit remède...

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Difficile de mettre des mots tant ceux d'Erri de Luca offrent une telle puissance. Rencontre improbable entre deux solitudes qui malgré leur différence d'âge, vont s'aimer sans retenue malgré leurs cicatrices passées. De Luca offre un court roman époustouflant de poésie, de justesse, d'économie de mots aussi.
De Luca nous offre un arc en ciel de sensations visuelles, olfactives, sensuelles. Les éléments naturels sont là aussi omniprésents. de simples gestes, des regards, des silences ces personnages se comprennent, pas besoin dans dire plus.
Pas besoin non plus de longues phrases chez lui pour aller à l'essentiel, le seul chemin qui compte c'est celui du coeur. Il y arrive avec talent.
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C'est un poète, il aime la terre et les livres, ceux qui comme lui ont déjà eu une vie.

Là-bas en Argentine, il a été privé de son premier amour, les militaires l'ont tué. De ce qui a suivi, il dit son retour en Italie, son travail de jardinier et Làila qu'il aime. Il parle de deux vies achevées, et entame la troisième qui sera forcément autre.

Erri de Luca nous emporte dans un monde de révolte et de liberté. Avec peu de mots, ceux d'un poète, il dit l'essentiel. C'est le sens d'une vie d'homme qu'il nous fait entrevoir, pour que nous ne passions pas à côté.
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J'aime me promener régulièrement dans les écrits d'Erri de Luca. Ses livres me charment et me touchent par leur beauté nostalgique, la douce lumière qui en sourd, leur belle humanité, leur engagement sobre et sincère.

« Trois chevaux » est un livre court, léger par son poids. Néanmoins, il revêt les allures de poids lourd par sa profondeur et sa justesse, nous faisant réfléchir sur la vie et la mort, le temps qui passe et s'enfuit, l'amour et la solitude, la guerre et le sentiment de perte et d'abandon.

Je dois dire que j'ai adoré la signification métaphorique du titre que l'auteur nous explique par ces mots vers la fin du roman.
« Une vie d'homme dure autant que celle de trois chevaux … »

*
Selon cette mesure, le récit commence au moment où le narrateur en est à sa deuxième vie.
Vivant en Italie, il est jardinier dans une belle villa cernée d'un parc. Au milieu des arbres et de la nature, cet homme d'âge mûr passe ses journées à entretenir le jardin et ses moments libres à lire des livres d'occasion.
Une deuxième vie de paix et de solitude pour oublier la première et les souvenirs douloureux qui s'y rattachent.
Une deuxième vie pour se reconstruire lentement après avoir survécu à la « guerre sale » en Argentine.

« … je dis seulement que je n'ai aucun endroit où aller, ici personne ne me suit et personne ne m'attend dans un autre lieu. »

Lorsqu'il tombe amoureux de Làila, des souvenirs de son passé resurgissent sans qu'il ne puisse les arrêter. Sa vie passée et son présent s'accolent, se mélangent et se fondent. Son passé devient son présent.

« Je ne m'en vais plus, à présent mon verbe c'est rester, et puis il y a une femme à aimer. »

« Elle dit qu'elle ne connaît personne qui parle du passé au temps présent… Moi je connais les vies qui durent un jour. Arriver jusqu'à la nuit, c'est déjà mourir vieux. »



*
L'environnement et la montagne sont très présents dans les romans d'Erri de Luca. Une fois de plus, ce roman montre l'attachement de l'auteur pour la nature. Sous sa plume, chaque mot prend vie et retranscrit la tendresse de l'homme pour cette nature qu'il entend, écoute, comprend et respecte.

« Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches. »

*
Erri de Luca réussit à combiner une écriture intime, puissante et poétique avec une intrigue à la fois émouvante et tragique. L'histoire est tristement belle, l'homme meurtri mais touchant par sa générosité, sa dignité.

« … je sens des abeilles dans mon sang, un ours dans mon coeur, chaque battement est une patte qui démolit la ruche. »

Combien de fois je me suis arrêtée dans ma lecture, revenant plusieurs pages en arrière, relisant certains passages deux ou trois fois ?
La grâce subtile et sensuelle de sa prose me plaît infiniment car dans cette atmosphère de tendresse et de calme apparent, où les émotions paraissent apaisées, se jouent des drames intérieurs. C'est comme un pot-pourri de sensations douces-amères, d'odeurs suaves, repoussantes ou tenaces.

« Tu fais une caresse sur tous mes os, un baiser dans ma moelle, tu mets la paix dans mon corps. »
« Il y a des créatures destinées les unes aux autres qui n'arrivent jamais à se rencontrer et qui se résignent à aimer une autre personne pour raccommoder l'absence. Elles sont sages. »

Le texte pourrait paraître sombre et triste. Je l'ai trouvé au contraire simple, beau, lucide, lumineux. le ton est juste, plein de sagesse, sans être obséquieux ou moralisateur.
J'ai aimé la façon dont l'homme sans nom fait le tri entre le futile et l'indispensable, ne gardant que l'essentiel d'une vie.
Etre enfin en paix avec soi-même, avec les autres.

« Tu montes à bord cette nuit. Ne te charge pas, juste tes vêtements. Jette le reste, ça ne te servira plus, jamais plus. »

*
Pour conclure, « Trois chevaux » est un livre magnifique qui se médite. C'est un roman qui se lit en prenant son temps, comme on dégusterait un bon vin, sa saveur délicate et son arôme se déployant pour apporter une première impression de douceur et de velouté. Mais dans un second temps, il laisse en bouche des sensations plus riches, des arômes plus complexes, une texture plus dense, et un arrière-goût plus nuancé sur la vie.
Un très beau roman qui raconte la vie avec ses drames et ses instants magiques.

« C'est ce que doivent faire les livres, porter une personne et non pas se faire porter par elle, décharger la journée de son dos, ne pas ajouter leurs propres grammes de papier sur ses vertèbres. »
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Après des années passées en Argentine, le narrateur, italien, est rentré au pays. C'est un homme de cinquante ans, un jardinier, avec un passé lourd comme un cheval de trait.
Dans le bistrot où il s'arrête quotidiennement pour déjeuner, il est abordé par une jeune femme d'une trentaine d'années au nom qui sonne « comme le début d'une chanson lorsque tu en apprends la musique au vol et plus tard les paroles », Làila, « qui va avec les hommes pour de l'argent ».
Entre eux naît aussitôt un amour naturel, spontané, un « amour à vapeur », qui a la force et l'attraction de celui que l'on n'attendait pas.
En l'homme pourtant il y a encore tant d'Argentine, ce passé qui se conjugue encore au présent lorsqu'il en livre quelques bribes. Les traits de son visage ne parlent que de ça, de la guerre, de la dictature qui sévissait là-bas…sa bien-aimée Dvora arrachée à ses bras, exécutée, jetée pieds et poings liés à la mer, les tueries, les armes que l'on prend pour le combat ou pour le désir de vengeance, et puis les années passées à fuir, à arpenter terre et mer, pour enfin se retrouver sur le sol d'origine, à chercher la paix dans les gestes simples du quotidien, émietter un peu de sauge du bout de l'ongle, tourner les pages d'un livre, boire le café avec l'Africain Selim ou « écouter les comètes, les planètes, les amas et les essaims » comme le font les arbres qu'il plante.
Si une vie d'homme dure comme celle de trois chevaux, l'homme sait au fond de lui que son deuxième cheval est sur le point de mourir alors il vit simplement l'instant présent, sans penser à demain car « que sais-je de demain ? Ici, il y a tout l'aujourd'hui qu'il faut. »

Une fois n'est pas coutume, le napolitain Erri de Luca nous envoûte par la force et la grâce de phrases mesurées, assainies, filtrées au tamis du coeur pour en extraire l'essence universelle, celle qui nimbe les êtres et les choses d'un parfum d'absolu.
Il faut être Erri de Luca, ou peut-être faut-il être italien (?), pour dire l'amour comme cela, avec des mots qui sortent de terre comme des pierres qui se transforment en fleurs. Des mots tordus comme des ceps de vigne cherchant le soleil, des lignes comme de jeunes pousses affleurant du sol et tirant vers le ciel, des phrases au goût de terre, de ciel et d'eau, toutes simples, mais si lumineuses, graves mais si magiques, mélancoliques mais pas nostalgiques.
« Trois chevaux » évoque la dictature militaire argentine des années 1980, l'amour, la constance, l'amitié, les choix et les interrogations de l'existence, avec cet art de la retenue, de l'équilibre, cette circonspection dans la narration qui caractérisent l'auteur depuis « Tu, mio», « Arc en ciel » ou « Une fois, un jour », cette façon de dire en laissant avant tout ressentir, percevoir et humer, afin de nous envelopper d'émotions intenses et durables.
Assurément, un grand et superbe texte.
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Voici quelques jours que j'ai achevé la lecture de ce livre et je ne pouvais pas m'en détacher.
C'est un livre très court mais magnifique, très intense et profond : mesyeux lisent et voient les personnages et mon nez sent les odeurs, c'est très important les odeurs de la sauge, de l'ail, du vin etc.
L'histoire est simple : un homme de 50 ans jardinier rencontre une femme plus jeune dont il va découvrir le métier plus tard.
Ce livre a été pour moi une respiration. Ne pas penser, pas de philisophie, juste sentir et ressentir les choses, s'arrêter un peu, se poser....
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Un italien, revenu au pays, après avoir tout perdu en Argentine : son travail, sa femme victime du vol de la mer (déjà quelque chose là-dessous, terrible !) Maintenant il est jardinier et semble se consoler auprès des arbres et des fleurs. de plus, un amour lui tombe dessus en la personne de Làila, que son mac refuse de libérer du métier. Il y a aussi l'africain qui vient chercher des fleurs pour les vendre et possède une belle philosophie de la vie. Ces trois personnages vont amener une fin inattendue. Lecture pas toujours simple avec des faits du passé qui arrivent brusquement et qui sont narrés aussi au présent. ⭐️ ⭐️ ⭐️ ⭐️
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Je débouche une bouteille de Lambrusco rosé bien frais. Un vin italien pour l'histoire d'un homme, un jardinier qui retrouve sa terre natale, son Italie après un séjour en Argentine pour retrouver la femme qui l'aimait.

Mais avant de te raconter cette histoire de chevaux, je te parle de la plume d'Erri de Luca, de ses phrases aussi courtes que le souffle divin d'une femme en train de faire l'amour.

Car l'écriture a cette sensualité, la beauté des mots comme la beauté du corps d'une belle argentine, d'une belle italienne.

Des métaphores et de la passion qui enveloppent les disparitions et les morts d'une dictature.

Comment ne pas tomber sous le charme de cette écriture des premiers instants.

« Je lis seulement des livres d'occasion.
Je les pose contre la corbeille à pain, je tourne une page d'un doigt et elle reste immobile. Comme ça, je mâche et je lis.
Les livres neufs sont impertinents, les feuilles ne se laissent par tourner sagement, elles résistent et il faut appuyer pour qu'elles restent à plat.
Les livres d'occasion ont le dos détendu, les pages, une fois lues, passent sans se soulever.

Ainsi, à midi, au bistrot, je m'assieds sur la même chaise, je demande de la soupe et du vin et je lis.

Ce sont des romans de mer, des aventures de montagne, pas des histoires de ville, je les ai déjà autour de moi.

Je lève les yeux, attiré par le reflet du soleil sur la porte d'entrée par laquelle ils entrent tous les deux, elle dans un air de vent, lui dans un air de cendre.

Je reviens à mon livre de mer : il y a un peu de tempête, force huit, le jeune homme mange avec appétit tandis que les autres vomissent. Puis il sort sur le pont, se tenant solidement sur ses pieds parce qu'il est jeune, seul, tout à la joie de la tempête.

Je détourne les yeux pour couper de l'ail cru sur ma soupe. J'avale une petite gorgée d'un vin rouge âpre, qui sent le fût.

Je tourne les pages dociles, des bouchées lentes puis je lève la tête du blanc du papier et de la nappe, je suis la ligne de carrelage qui fait le tour de la pièce et qui passe derrière deux pupilles noires de femme, mises sur cette ligne comme deux « mi » fendus de la ligne basse d'une portée musicale. Elles sont pointées sur moi.

Je lève mon verre au même niveau et je le laisse en l'air avant de boire. Cet alignement force mes pommettes à ébaucher un sourire. La géométrie des choses environnantes fait naître des coïncidences, des rencontres.

La femme, de face, me sourit… »

Comment ne pas tomber amoureux de ces pupilles noires, ce regard pénétrant qui fixe ton verre de vin.

Elle s'assoit devant moi, sur cette chaise de bistrot, une aubergine rôtie et sa mozzarella di bufala dans une assiette. Ce parfum enivrant, ses effluves qui se mêlent au basilic frais. Un air d'Italie souffle sur la terrasse ensoleillée, ce midi.

Je sors de la poche de ma veste ce livre d'occasion qui est passé de main en main, d'amitié en amour. Je caresse ses pages, lisse sa couverture, respire son parfum. Un tout petit livre mais plein de bonheur qui mélange l'Italie et la Patagonie, les fragrances des piémontaises à celles des argentines et qui lie les métaphores à la beauté naturelle.

Comment ne pas se reconnaitre dans ce type, simple et jardinier, assis à l'ombre d'une terrasse avec un verre de vin et un vieux bouquin pour simple compagnie. Oui, ce type pourrait être moi. Et cette femme, de face, qui me sourit… A moi ? Je détourne les yeux, plonge mon regard dans mon verre, et bois une dernière gorgée de ce vin rouge et âpre avant d'achever ma lecture.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Il me vient parfois des bouffées oxymoriques, pas seulement lors d'une obscure clarté au petit matin après un coucher tout aussi matinal. Non, tout simplement cet auteur déclenche des flashes dans le récit tranquille d'un jardinier. Et cela produit ce genre d'effets:

C'est un roman d'une sobriété éblouissante. Il exprime une violence poétique. Les grands espaces sont si exigües que l'on peut vous traquer et vous tuer.
Un jardinier dévasté par le deuil et le régime des colonels mais assagi par les arbres et surtout une femme.

La découverte du talent d'Erri de Luca. Un livre à relire.
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