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Andrea Zanzotto (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070407866
238 pages
Gallimard (12/03/1999)
4.17/5   3 notes
Résumé :
De Fragment du cadastre à Gisants, le parcours en poésie de Michel Deguy s'est développé, d'abord comme un passage du simple au complexe, pour aboutir à une forme de maîtrise de la complexité. Aux paysages de la terre qu'il faut arpenter et repérer s'adjoignent les sites, les strates, les agencements du langage qu'il faut d'un même mouvement explorer et comprendre afin de signifier autrement. Ce défi ne vise nullement à la fin de la langue, qui s'apparenterait à la ... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ellébore: ou quoi donc ?
I
En chaque chambre, en chaque secret
interstice je te rencontre, vous rencontre, ellébore
bouquets au pied caché, souterrain
en soignante folie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..... . . .Ellébore
multiples et doux comme vos caresses
de feuilles qui ramènent
de la chambre de la maison
à celle de la petite vallée
plus simplement perdue et mouillée en elle-même . . ... . .Ellébore nom
et dans son propre hivernal interstice . . . .. de tant d'espèces de plantes
son propre enraciné indice . . . . . . . . . . . . . .. .. liées en énigmatiques
de beauté ou obscurité toujours en délire.. ... .. . .similarités de racines
Si légèrement se donner, caressé . . . . . . . . . . . .. ..rhizomes de poisons
en soi, étendu en enthousiasme apaisé . . .. .convergeant parfois
Oh, calme : Calme, ellébore . .... ... . . dans les rosalités plus profondes
sont tes duplicités et tes corolles-caresses .. .. ... ..: des dictionnaires)
humbles comme les guéries folies
en ces suites de chambres
subrepticement épanouies et puis récupérées . . . ... .... ..Ellébore
. . . . . .en rampant
Ellébore n'est plus ton nom
en certaines vaguantes erreurs des saisons
tu es carneval qui est distance et dégringolade
dans le monde renversé où tu t’insinues
par des coteaux domestiques le long d’apaisés et modestes noms
de caméléon à peine visible, mais
présente petite plante petite sœur
pour nous peut-être morte
en voulant guérir nos folies —
dans les interstices, dans les chambres harpies
de la maison et non maison, du poème aux plus

menaçantes règles et dissymétries.
Oh adieu à ta carnavalesque .. . . . . . . . . .. . . . .... ... .. ..Ellébore
et rose bécotée
soudaine résurgence et puis rapide disparition.
Emporte avec toi ce qu'il y a de plus secret
et surdigne et brûlant de fièvres
dans la lampe torve d’acariens des tapis d'intérieur,
médication que tu rends médication
ton glissement même quand tu te relies à l’idée
de folie, de sorte qu’en la fuyant tu nous gouvernes
. . . . . ..disparaissant-disparaître
. . . . . ..intersticer-fou de feuillets roses
.. . . . . .potion-consommations de feuilles peut-être noire mégère.

II
Mais où l'errance de notre réveil dans tes
serpentines et innocentes trames
où rassasies-tu du bien mental
la faim, en quels espaces, en quels vides d'un autre pouvoir.
Il n'est songe ni stase ni ardeur . . . . . . . . . . . . . .. . . . .. Ellébore
qui approprie à chaque créature
chaque distance de soi, et qui l'appelle
ou en ne te laissant pas trouver la redonne à soi —
ici et là par l'immense des chambres
soudaine feuillaison jusqu'au noir des pétales noirs
devant eux je vois clair, je deviens clairvoyant
devant la fenêtre qui donne sur les monts et sur
la sempiternelle guérison. Et les trames
de la guérison soupirées et la sempiternelle guérison et les maternels
habits, et les habits et les livrées de la guérison crépitant
de lumières extérieures, tout à coup tu me les caches, ou à voix basse
proposes et vantes
comme voudraient les mots, mais ici
ils glissent en paralysie, en intérieurs de poésie — [ainsi] et [ainsi.]
Tombent au contraire en silence de cireuses circonstances .. Ellébore
de pétales — du blanc au noir —
pour dir-divertir (si dryades le permettent et bibelots de
bois-intérieurs) de ce que fut chaque amour-folie
chaque acronyme
chaque rébus d'esprit-folie.
Et entre-temps, dans le tremblement des intérieurs
tu deviens fleur de lune et givre et d'aube fine entre les mains
recueillie — aube de pensée rare et étrangère,
qui osa changer chaque sommet ou racine
en sombre humilité. Retiens-nous, toi, offert à tant
de coins ravis, de la maison, du crépuscule-maison
retiens-nous avec toi et avec le monde non par des forces
presque d'hypnose, mais de roses phases
parmi de noires racines et pétales du vert ; toi force
en trajectoires allégées, donne
hypnose plutôt à chaque schizome, thériaque*
sois de millièmes de variétés d'êtres
sapide, dignité qui apaise,
guéris-nous ou précoce ou ancien ou en fuite ou immobile
halo qui disperse et trompe
toi ramené du fond des marais d'intérieurs
du plus ancien lait, latex, qui brille,
et aveugle par ta noirceur
tiges et pétales et racines de Sibylle.
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Vidéo de Michel Deguy
Lecture par Anna d'Annunzio Entretien avec Philippe Rey & J.M.G. le Clézio (en duplex des Etats-Unis) Entretien animé par Julien Viteau
« La poésie de Jean Fanchette est exigeante, elle est authentique dans chacune de ses paroles, dans la richesse de son rythme, la valeur de ses mots. Il n'est pas indifférent que dans le monde moderne, imbu de théorie et assourdi de certitudes, ce soit cette voix très ancienne, qui charrie toute la complexité et l'originalité de la culture mauricienne, il n'est pas indifférent que ce soit cette voix-là qui nous donne foi dans la poésie. » J. M. G. Le Clézio
L'Île Équinoxe, anthologie poétique de Jean Fanchette, (Île Maurice 1932 – Paris 1992) poète, éditeur et neuro-psychanalyste rassemble, selon le plan laissé par avant sa mort, les différents recueils composant son oeuvre poétique. Empreints de rigueur formelle, ces écrits disent la nostalgie de l'île d'origine, abandonnée très tôt pour la patrie d'exil : « Je ne suis pas d'ici. Je ne suis plus d'ailleurs. » Cet arrachement ne laisse plus au poète qu'une « identité provisoire ». L'Île Équinoxe est traversée par la voix vibrante d'un homme qui, grâce à l'aventure du poème, peut se réapproprier un monde perdu.
« Je suis debout dans la trouble lumière Arrimé à de petites choses, une odeur, une couleur L'odeur du vent traverse l'espace salé de la lagune qui habite en moi, Qui bat dans mon sang vagabond d'hémisphères » L'Ile Equinoxe : Poèmes 1954-1991, Jean Fanchette
À lire – Jean Fanchette, L'Île Equinoxe, (préface de J.M.G. le Clézio, postface de Michel Deguy), réédition chez Philippe Rey, 2023.
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