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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce dixième roman de Grégoire Delacourt aux allures de biographie est celui qui apporte un nouvel éclairage sur tous les précédents et en particulier sur «Mon Père», où l'auteur livrait un huis-clos écoeurant entre un prêtre pédophile et le père de sa victime, tout en donnant une voix aux enfants abusés qui se murent dans le silence.

D'entrée, l'auteur de «La Liste de mes envies» et d' «Un jour viendra couleur d'orange» nous glace en annonçant que le père de «Mon Père» et l'enfant abusé sont en fait la même personne. Si l'homme qu'il est devenu allait en effet à la recherche de l'enfant abusé qu'il était, dans ce roman il va de surcroît tenter de le réparer…

« Je regarde mon corps et je me demande où cela a commencé. Quelle partie a d'abord été touchée. Engloutie. Caressée peut-être. Les caresses ne laissent pas de trace. Les baisers non plus. Seules les morsures des affamés cisaillent la chair. Je n'ai pas été mordu. Je n'ai pas été brûlé, ni coupé. C'est pire. Il ne reste rien. Aucune preuve. »

Cinquante ans plus tard, le traumatisme est tellement profond que l'esprit en a effacé toute trace consciente. Au fil des pages de cette introspection, les souvenirs longtemps enfouis refont surface et les mots viennent progressivement nommer ce mal qui le ronge depuis l'enfance. En remontant le fil de sa vie, Grégoire Delacourt se met à nu avec beaucoup de franchise, revient sur son enfance, ses amours, le décès de ses parents, sa psychanalyse et finit par comprendre son incapacité d'aimer, ses lâchetés, les traumatismes de ses personnages lors de précédents romans et son incapacité à vivre heureux à cause de cet enfant mort qu'il trimbale depuis le début !

Ce chemin de croix qu'il mène la plume à la main ne révélera pas seulement les abus d'un père, mais surtout l'amour invisible d'une mère qui le changeait de chambre et l'envoyait en pension, non pas pour lui tourner le dos comme il l'a toujours cru, mais pour le protéger comme toute mère se doit de le faire…

Un roman émouvant, bouleversant qui jette un nouvel éclairage sur toute l'oeuvre de cet auteur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Répare-t-on un être humain ? Répare t- on un enfant , surtout quand il n'a aucune trace de sévices? Répare-t-on le petit innocent blondinet qui acceuille le monde avec tendresse, celui de la couverture du livre ?
« Je n'ai pas été mordu. Je n'ai pas été brûlé ni coupé. C'est pire. Il ne reste rien » dit Grégoire Delacourt. Il va mal, il sent que l'enfant en lui a été tu, obligé de se taire, sa mémoire estropiée, que son ventre est rempli de pierres.
Alors, il essaie, il cherche, il se cherche, à travers les mots de romans un peu bof comme « la liste de mes envies »… mots qui vont le conduire à écrire « Mon père ».
Ce roman le laisse « en vrac , il m'a dénudé, » dit il, comme si le roman lui même était porteur d'un message , l'avait accouché en quelque sorte, l'avait sorti de sa tombe d'oubli, avait présenté à son auteur le petit père assommé par les non-dits, car indicibles .
« Mon père(le roman) n'est pas qu'un livre, mais l'histoire de ce qu'à jamais un livre peut changer à la nôtre. »
Un début.
Une interrogation.
Un bousculement sauvage.

C'est un chemin de croix d'une bouleversante vérité, et Delacourt dans le cours de « l'enfant réparé » nous fait revivre le long passage de déni, de recherche, de demande d'explications, de demande de pardon, de doute puisque même sa mère ne parle pas, ne veut pas risquer d'entrouvrir une porte et préfère l'éloigner du prédateur. Comme toujours, comme font toujours ceux qui ont souffert, il parle d'autre chose, ce qu'il a à dire est trop saignant et il ne peut se déballer aussi vite.
Il y a les mots (Lacan : l'inconscient est structuré comme un langage) ceux qu'il dit au psychanalyste, qui repère à travers les confidences en apparence anodines, le mot à relever, le lapsus révélateur :
« le père a tiré sa fille
Non, il a tiré sur sa fille.
Non, il a tiré sa fille. »
Le prêtre de son livre, c'est son père.
« Et moi je suis le père qui cherche à sauver son fils. Et le fils. »

En cherchant dans sa mémoire, dans les murs de son ancienne maison, il découvre sa mère, dont il n'a pas connu les baisers, qui l'a éloigné sans qu'il comprenne, pensant qu'elle ne l'aimait pas. Alors que c'est par amour qu'elle l'éloigne. Elle n'a pas pu parler, elle était terrifiée, et on l'aurait prise pour une folle menteuse. de plus elle a senti que le silence protégeait le petit, puisqu'il avait refoulé l'acte et ne s'en souvenait pas.
Silence plus silence, plus silence du père.
Il est rare qu'un livre reprenne le cheminement de la pensée aussi exactement et c'est pourquoi il m'a tellement touchée. Bouleversée. Enorme discrétion dans la découverte, après l'écriture de son livre « Mon père » de l'urgence qu'il avait à prendre conscience, discrète urgence : les mots lui sautent à gorge et éclairent son mal de vivre et sa difficulté à aimer. le forcent à creuser en lui. « Les silences dégueulent, je dois les contenir ; parfois retenir la colère. Tout remonte. Tout s'assemble. Mon histoire est banale, c'est ce qui la rend triste. »
Cependant, la manière de la dévoiler n'est pas du tout banale. Il a fallu à Grégoire Delacourt toute une vie d'écrivain pour finir par se faire boxer par les mots, et il rapporte ce combat contre le silence, peu à peu, de façon unique, émouvante, troublante par son rythme et par sa lente sortie de la dénégation.
Un grand livre.
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Après la forte émotion suscitée par la lecture de « Mon père », dans « l'enfant réparé » Grégoire Delacourt nous offre un moment de vérité bouleversant.

Au cours de ma lecture, le puzzle se forme et en résonance avec « Mon père », Il ne fait qu'un avec l'enfant réparé.

Il remonte le fil de sa vie, nous parle de ses amours, de ses parents morts, de sa vie professionnelle brillante.

L'auteur nous entraîne dans son enfance, ce malaise qui le taraude, cherche l'origine de son incapacité à accéder au bonheur.

Pourquoi sa mère le fait scolariser en internat ? Cette mère absente dans sa vie le prive de son affection, le conduit à penser qu'elle ne l'aime pas.

Grâce à sa thérapie, c'est la mémoire traumatique qui va l'emmener vers le chemin de la délivrance dans celui de son ancienne maison, dans son enfance, du pourquoi d'absence d'amour maternel. «Que ce n'est pas moi qui avais demandé à partir en pension mais elle qui avait décidé comme dans le grenier, c'est elle qui m'y avait installé (…) Vous pouvez me dire pourquoi. L'escalier faisait office d'alarme, je suppose.
Et la pension ? une autre famille, qui me protégerait cette fois. Et bien voilà dit l'oiseau. C'était ca l'amour de votre mère ».
Étendu sur le divan, il va accéder à l'enfant mort en lui et découvrir son abuseur :

« Ma mère m'avait un jour appris que j'étais né violé, parce que j'avais le cordon ombilical noué autour du cou, à deux doigts d'être étouffé
Violet, violé, une voyelle muette d'écart (…)
L'amnésie traumatique craque. Les mots me tailladent. Je suis un corps en sursis sur canapé rouge, salé de frayeurs.
Je dis.
Je ne me souviens pas mais je sais.
Mon parcours de silence s'achève ici.
Je dis lentement,
Mon père m'a fait du mal et chaque syllabe me poignarde.
Je n'ai pas honte vous savez, je suis triste.
J'avais cinq ans, ma soeur venait de naitre, ma mère était à la maternité. J'étais resté plusieurs jours seul avec lui.
J'essuie mon visage avec un pan de ma chemise.
Ça s'est passé à ce moment là. Puis ma mère et ma soeur sont rentrées et ça été fini. Je crois. »

Il n'a plus peur et comprend quelle était la façon d'aimer de sa mère, il est en train de remonter son cadavre d'enfant.

Dans ce livre, il n'est pas question de pardon mais de compréhension et d'accès au passé et de s'en libérer.

La souffrance demeure en lui comme un tatouage.

Ce dernier opus « l'enfant réparé » est un chemin d'apaisement et de reconstruction avec le regret de ne pouvoir dire à sa mère disparue que maintenant il savait qu'elle l'aimait.

Un livre majeur, qui parvient à remonter sur le silence des maux de l'enfance après une vie d'écrivain abondante. Il n'y a pas d'âge pour renaître.
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Quel contraste entre cette photo sur la couverture, qui respire l'innocence et la confiance, et le contenu de ce livre
Grégoire Delacourt aime les mots. Il les manie d'une façon remarquable, même pour écrire l'indicible. Ils ont été toute sa vie d'adulte, de la publicité qui lui a permis de gagner sa vie à l'écriture qui de livre en livre va lui permettre de retrouver l'enfant en lui :
« Quarante ans plus tard, dans le portrait qu'il faisait de moi pour Libération, le journaliste Édouard Launet écrira-en substance : "Il y a un enfant mort chez Delacourt et cet enfant c'est lui.", Cette phrase me cassera la gueule. Je pleurerai en reposant le journal.
Sur les photos, je ne verrai plus jamais l'enfant qui rit, celui qui saute ; je ne verrai plus que l'autre, l'enfant mort, et n'aurai de cesse que de le retrouver. Pour le réparer »

Dans un livre plus autobiographique que roman, Grégoire Delacourt revient sur sa vie d'adulte, nous en livre les cheminements, les trahisons, les renoncements, les deuils, mais aussi la rencontre avec la femme qui va changer sa vie, celle qui le sauvera :
« Plus tard, quand elle a entendu mon pas dans l'escalier, elle a ouvert la porte, elle m'a pris dans ses bras, sans rien dire, elle a léché mes joues salées et j'ai su que je pourrais vivre »

Il raconte surtout cette plongée en lui, qui roman après roman, séance de psy après séance de psy lui permettra de comprendre ce qui s'est passé l'année de ses 5 ans.
Le texte est comme toujours avec cet auteur très beau et souvent poignant. L'auteur se livre sans fard, retrace tout le chemin parcouru, éclaire ses livres précédents d'une nouvelle compréhension.
C'est un roman très personnel, mais qui sait nous émouvoir. Ce qu'il raconte c'est l'enfance détruite, c'est l'homme qui restera un handicapé de l'amour et en cela ce livre devient universel :
« le principal dommage collatéral de ce qui a été pris à mon corps d'enfant est d'avoir fait de moi un adulte handicapé de l'amour – ce mot girouette. »

Espérons que le titre de l'oeuvre exprime la vérité et qu'il soit enfin « l'enfant réparé »
Merci aux éditions Grasset pour ce partage #LenfantréparéGrégoireDelacourt #NetGalleyFrance
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Comme c'est dur de refermer un tel livre ! Et comment en parler, quand c'est un uppercut qu'on vient de se prendre en pleine face ?

Je précise, avant de commencer ma chronique, que je n'ai pas lu « Mon père », donc je suis entrée dans le livre sans connaissance de la vie de l'auteur, ni idée préconçue.

L'auteur nous parle de son enfance abusée, abus qu'il avait pris soin d'enfouir le plus profondément possible. Des bribes revenaient, le retour de sa mère de la maternité après l'accouchement et qui retrouve son fils de trois ou quatre ans, transformé : il hurle dès qu'on le touche ! Elle a certes compris ce qui s'était passé, mais à cette époque-là, il est malvenu d'en parler, et comment en parler d'ailleurs ?

Elle va se contenter de mettre de la distance entre l'enfant et son père, une chambre au grenier : un « comble » c'est lui qu'on isole ! puis internat, colonies de vacances… Mais pas, de communication, de gestes tendres, encore moins mettre des mots.

Grégoire Delacourt nous raconte son parcours dans la vie, son mariage, son analyse, ses livres qui chaque fois révèle une petite partie de l'histoire, mais il s'agit toujours d'un autre. En revisitant son oeuvre, on découvre l'auteur qui se cache derrière.

Les découvertes sur le divan sont truculentes et ne pouvaient que me plaire :

J'avais déjà décrit dans un autre livre, cette gamine que son père tire. Ça m'avait cassé la tête.

Je voulais dire sur laquelle son père tire…

ou encore:

Ma mère m'avait un jour appris que j'étais né violé, parce que j'avais le cordon ombilical autour du cou, à deux doigts d'être étouffé. Violet. Violé. Une voyelle muette d'écart…

Grégoire Delacourt raconte ce corps mutilé mais sans blessures apparentes, cette envie de se jeter par la fenêtre, sa difficulté à se trouver, à se retrouver, à se reconnaître victime, et à avancer, avec des mots qui percutent, des phrases parfois très courtes, lapidaires.

Il parle aussi très bien du déni, de la possibilité ou non de pardonner, d'aimer.

J'ai vraiment aimé ce livre percutant, déchirant parfois, mais où espoir et résilience avancent lentement mais sûrement. J'ai eu un peu de mal à passer à une autre lecture alors j'ai eu recours à ma bonne vieille méthode : un polar, en alternance d'ailleurs car il faut respirer de temps en temps pour cheminer avec cet enfant qui se répare.

Un petit mot encore pour évoquer la belle couverture, avec cet enfant blond, souriant, innocent, avant que sa vie ne bascule.

Je suis impressionnée par les ordonnances du médecin de famille: Valium, Mogadon, et tant d'autres, dès son plus jeune âge: masquer pour ne pas faire de vagues…

Je n'ai lu que « Un jour viendra couleur orange » de l'auteur que j'avais classé en fait dans la littérature légère, quasi « feel good » à cause d'un de ses titres : « La liste de mes envies ». Colossale erreur, mais je ne regrette pas de ne pas les avoir, finalement car je vais les découvrir à travers le prisme de celui-ci…

Décidément, cette rentrée littéraire a été riche en coups de coeur (ou presque) après « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon notamment j'ai lu beaucoup sur le thème de la maltraitance intrafamiliale, inceste, abus … sans oublier le magnifique « S'adapter » de Clara Dupont Monod récompensé par le prix par le prix Femina ainsi que le Goncourt des lycéens.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver son auteur dont je vais certainement lire les autres romans ! c'est ma PAL qui va être ravie, déjà qu'elle est en surcharge pondérale depuis des lustres, voilà que je la leste de plusieurs romans d'un coup.

#LenfantréparéGrégoireDelacourt #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Sublime.
Pas facile d'écrire une critique les yeux brouillés de larmes, avec ces larmes qui tombent sur les touches.
Pas facile mais nécessaire,
J'écris toujours le billet "À chaud", sans attendre, comme une urgence.
Alors oui je pleure.
Quand on lit, on est un peu l'autre, et beaucoup soi.
J'ai eu peur de commencer de lire ce livre, peur de ce que je suis venue y chercher, peur de la souffrance et du chagrin. J'ai pris ma respiration, et j'ai commencé.
J'y suis entrée comme un plongeon dans une eau noire et froide, un bourbier.
Le bourbier de mon enfance.
Delacourt est mon écrivain préfèré.
Je pleure sur les médicaments si jeunes, à onze ans (comme moi, au même âge, Valium et Dogmatil).
Je pleure sur les lames, les scarifications monstrueuses mais qui sont les cicatrices du malheur.
Je pleure sur la mort de sa mère, emportée, assassinée par un caillot de sang, comme ma tante adorée.
Je pleure sur l'amour fou d'un perit garçon pour sa mère, si malheureuse, avec ses cigarettes mentholées.
Je pleure sur les séances de psychanalyse terribles qu'il s'est infligées, sur tous ces lapsus qui dévoilent en pleine lumière sa mémoire traumatique.
Je pleure sur Les mots pour le dire de Marie Cardinal, corné, lu et relu, comme le mien au fond d'un tiroir.
Je pleure sur ses blessures de pus et de merde, plaies et sanies triomphantes.
Je pleure sur nos cinq ans, car moi aussi, cinq ans....
Je pleure sur la souffrance, la sienne, chevillée au corps, ce corps honni parce que peut-être du plaisir.
Enfin je pleure sur l'amour de sa mère pour lui, invisible, et pourtant bien présent, et surtout le protégeant du père, l'envoyant en pension, ou le changeant de chambre.
Les séances de sa cure psychanalytique sont des bijoux.
Et puis, à la faveur des lapsus, il accouche enfin de lui-même.
C'est de la poésie en prose, Delacourt.
Quel magnifique moment de lecture.
Merci.


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La vie de Grégoire, n'est pas un long fleuve tranquille.
Des chapitres percutants comme des slogans de publicité !
Beaucoup de ces livres nous dévoilent des êtres aimés, perturbés ou souffrants d'un manque. Homme ou femme, ce sentiment reste latent. Il a un sens critique très déployé de lui-même.
Accepte la douleur, pose des mots sur l'irréparable de son père.
D'ailleurs comme dans un roman, les départs vers la mort des parents est composé comme une scène.
Un acte de plus, le départ d'une ex femme, un mix étrange entre les écrits de ses livres et son actualité.
« L'enfant mort » est réparé, merci pour ce partage plus qu'intime des mots.
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Grégoire Delacourt convie avec L'enfant réparé à un voyage littéraire au pays d'un traumatisme si important que l'esprit en a effacé toute trace consciente. Il faudra une enquête pour écrire un roman pour que l'oubli se déchire petit à petit et révèle la souffrance. Il aura fallu presque toute une vie pour en reconnaître la réalité !
La soixantaine acquise, Grégoire Delacourt revient sur sa vie à l'occasion de la prochaine parution de Mon Père, publié en 2019 que je n'ai pas lu. Ce récit autobiographique présente le séisme produit lorsqu'un enfant est violenté par un prêtre. Lorsque un de ses lecteurs lui écrit qu'il faut avoir vécu une telle expérience pour la raconter aussi bien, quelque chose se révèle confus et trouble…
Au départ, rien dans ses souvenirs ne vient corroborer cette affirmation. Pourtant le malaise devient de plus en plus prégnant sans qu'il puisse en comprendre la cause. L'écran du souvenir va commencer à se fendiller. Il s'est souvent interrogé sur ce père si lointain, absent et dont il se souvient d'aucun geste de tendresse. Idem pour sa mère qu'il se rappelle fumant ses mentholés perdue dans le silence. D'ailleurs, ce couple l'a envoyé dès l'âge de cinq ans, en pension, en colos, en bref s'est débarrassé consciencieusement de lui ! du moins, c'est ainsi qu'il l'a vécu et qu'il en a souffert tout au long de sa vie. Mais, l'écran du souvenir commence à affleurer !
En reprenant le fil de sa vie, Grégoire Delacourt remonte l'histoire de son enfance pas à pas, soutenu par sa psychologue. Il revisite ses différents écrits à la faveur de ses découvertes personnelles au fur et à mesure du travail thérapeutique qu'il a entrepris.
Au delà de l'aspect autobiographique de L'enfant réparé, Grégoire Delacourt parle avec pudeur de sa douleur qu'il a exprimé à mots couverts dans ses différents romans. Les mots n'ont pas réparé. Ils ont mis en lumière l'empêchement à vivre, à aimer et à chérir simplement ceux qu'on aime.
Mais, au fil de ses introspections, les mots nomment l'inconnu et lèvent le silence du souvenir. Grégoire Delacourt montre que lorsque la douleur est trop forte,'il faut continuer à grandir même en claudiquant. Alors, l'esprit se défend en effaçant la réalité trop brute et trop dure. Grégoire Delacourt raconte qu'on n'a pas trop d'une vie pour retrouver l'amour d'une mère.
Cet enfant de la couverture est espiègle et rieur. Il a l'insouciance de l'enfance. A la lecture de L'enfant réparé, c'est l'enfant violenté que l'on découvre, décrit avec pudeur et sensibilité. Petit à petit, il retrouve l'amour reçu tout au long de son enfance. Et, Grégoire Delacourt, homme vieillissant retrouvera la sérénité.
Il faut bien toute une vie pour faire la paix avec ses fantômes !
Un récit de vie particulièrement émouvant !
A la fin du livre, cette citation d'Aragon :
Quelque chose dans moi comme un oiseau blessé .
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/28/gregoire-delacourt-2/
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Il s'agit non pas d'un roman mais d'un récit. Delacourt se livre à nu, décortique son enfance, sa première jeunesse; il expose ses douleurs et ses incompréhensions. Avec intelligence, finesse et humilité, il raconte un parcours de vie qui l'a conduit à l'écriture comme une bouée jetée sur son chemin. de L'écrivain de la famille à L'enfant réparé, que de questionnements, de renoncements jusqu'à presque vouloir cesser de vivre.
Delacourt, auteur de "livres qui font du bien", autrement dit "feel good", s'étonne que la violence sourde de ses personnages soit aussi peu identifiée. Portant elle renvoie à ses angoisses, ses tourments. Chaque livre est une épreuve, raconte quelque chose de son enfance massacrée. Mais le lectorat retiendra autre chose sauf peut-être avec la publication de Mon père où s'ébauche une histoire trop terrifiante pour ne pas avoir été vécue.
Ce livre est également une ode à la mère, à celle qui avait tout compris: se séparer, même à dix ans, à un âge où les bras d'une mère sont encore le seul horizon, pour réparer.
Ce récit est puissant, lucide, courageux, sans cette désespérance qui le rendrait trop noir pour être aimer.
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Se mettre à nu ..comme lorsque l'on vient au monde n'est pas chose aisée.
Il faut oser se dévoiler, se respecter, se montrer, et le chemin est bouleversant.
Première lecture de cet auteur et avec le recul, j'aurais du lire d'abord les autres et belle surprise mais oh combien frissonnante.
On dévore ce livre d'une seule traitre mais on n'en sort pas indemne, à refermer la dernière page sans une pensée.


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