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3,93

sur 692 notes
Roman noir ...
Coup de coeur énooooorme !!! "Dieu est aussi là pour qu'on lui casse la gueule !!!" (citation du livre) La rage d'un père contre le bourreau de son fils : un prêtre pédophile ! Impossible de rester insensible face à cette lecture empreinte de parole biblique ... Les larmes de rage coulent et on ne peut les retenir ... très perturbant !
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Je ne suis pas une très grande fan de cet auteur en général, je trouve ses romans assez mièvres (ce propos n'engage que moi ! ) Mais alors là j'avoue que j'ai pris une grande claque.

Grégoire Delacourt s'attaque au problème de la pédophilie dans l'Eglise.
Il la fait de manière très directe et incarnée.
Son personnage principal, Grégoire, est un père de famille qui vient de découvrir que son fils, Benjamin, a été violé par un prêtre à de nombreuses reprises lors de colonies de vacances et cours de catéchisme.
Le père, furieux, se précipite à l'église pour tuer le prêtre responsable.
On assiste alors à la confrontation entre un prêtre qui tente de justifier son acte, si cela est possible, et un père qui souffre de n'avoir rien vu et veut venger son fils.
Les dialogues sont très profonds. On sent que l'auteur connaît bien l'Ancien- Testament et la Bible, les références sont nombreuses. Tout est très argumenté.
Il se dégage une grande tristesse de cette histoire, très touchante, très très humaine et juste. Un grand coup de coeur.
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Lorsqu'Edouard Roussel débarque un vendredi après-midi, dans une petite paroisse des Ardennes, il n'a qu'une idée en tête : faire la peau au prêtre qui a abusé des mois durant de son fils Benjamin.

L'église est vide et le saccage qu'il y perpètre ne met pas fin à la rage qui l'anime.

Fortement marqué par l'ancien testament, et « le sacrifice d'Abraham » dont il ne retient finalement que « le silence » d'Isaac (cet enfant dont le père pour prouver son Amour de Dieu était prêt à le tuer et qui vivra plus de centenaire sans s'exprimer sur ce traumatisme), Edouard, fils de boucher, orphelin à quinze ans, veut entendre la vérité de la bouche du monstre qui à voler l'innocence de la chair de sa chair.

Il rencontre le père Grégoire Delaunoy qui lui apprend que le violeur d'enfant a été « déplacé ».

Le représentant de l'Eglise accepte néanmoins de le contacter pour tenter de le faire venir à la demande de celui qui culpabilise d'avoir trahit la confiance de son enfant.


On attend pas forcément Grégoire Delacourt sur ce genre de sujet, et c'est incontestablement ce qui m'a encouragé, même si je suis « presque » un inconditionnel de l'auteur (« La femme qui ne vieillissait pas » étant le seul de ses romans que je n'ai pas encore lu) de faire la demande sur Netgalley pour obtenir les épreuves non corrigées de son prochain livre qui sort le 20 février.

J'ai dévoré littéralement « Mon père » ; en une journée.

En étant un moi-même, il est bien évident que je ne pouvais pas rester insensible au calvaire d'Edouard, à la rage, alimentée de culpabilité et du sentiment de trahison, qui l'anime.
Difficile de ne pas s'interroger sur nos propres réactions face à une telle épreuve : on comprend sa peur de sombrer dans la violence la plus primitive et animale qui soit. La loi du Talion fait parti de la Bible.

Grégoire Delacourt ne livre pas ici un véritable huis clos puisque sa narration est également l'occasion de revenir sur le parcours de son personnage principal (une mère « bonne du curé », la mère de son fils se révélant une institutrice également portée par la religion catholique) qui part en croisade pour Benjamin et son frère symbolique Isaac.

Le Nord n'est jamais loin dans les histoires de cet auteur est c'est là aussi ce qui me fait l'apprécier car j'ai des liens avec cette région.
J'apprécie ces clins d'oeil à nos origines communes et plus particulièrement lorsqu'il parle de l'endroit où se trouve ma maison secondaire, mais je m'égare…

L'angle choisit se révèle très actuel à un moment où la libération de la parole prend de plus en plus d'importance dans notre société.
Le livre est dédié à des victimes.
Le propos étant de la nécessité de mettre fin au silence, même si celui-ci a favorisé des errements dans le passé.
La culpabilité d'Edouard a de sérieuses bases de par sa scolarité en pension, celle de sa mère n'est pas, elle non plus, dénuée d'intérêt.

Grégoire Delacourt flirte à la limite du blasphème à certains moments, il ne franchit néanmoins jamais, à mon sens, la frontière.

Si certaines de ses paroles sont crus, certains de ses propos provocateurs, il contrebalance par des connaissances sérieuses sur le culte et des tentatives de susciter de sincères réflexions. Ce livre est d'une vraie intelligence ; à commencer par le choix du titre.

Cette histoire c'est un peu celle des croyants confrontés aux contradictions de la mise en place de la religion.

Grégoire Delacourt fait-il preuve de démagogie ? La réponse à cette question est sans conteste dans le rebondissement final de « Mon père » un roman superbe qu'il faut absolument se procurer.
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J'ai absolument adoré ce court roman dont l'écriture est d'une intelligence remarquable. Poignant et révoltant jusqu'à la dernière ligne.
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Sortant au même moment que le jugement du silence de l'église à Lyon sur des crimes pédophiles, mais aussi que le film "Grâce à dieu" , le livre tombe à pic. Mais, contrairement à la sobriété intelligente et digne de François Ozon, Grégoire Delacourt choisit un traitement pour le moins clinquant, convoquant tout à la fois du grand-guignol, des interprétations de textes religieux chrétiens autour de Lazare, quelques scènes pédophiles et un twist final (franchement mal fichu puisque compris dès la page 86). Là dessus, se greffe un personnage de père particulièrement déplaisant. On comprend sa colère, mais ici, elle est traitée de façon outrancière, avec une violence type far-west. Je suis mécontent, j'entre dans l'église et je fracasse tout, tout, même les missels sont méticuleusement déchirés. Et que fait le prêtre présent ? Il appelle la police ? Non, il soigne le malheureux qui s'est ouvert la main en faisant exploser une pauvre vierge marie posée là. Il est bon le prêtre.... surtout qu'il n'est pas celui qui a abusé de son fils.... Bon, on s'apercevra plus tard que si... du coup, le père veut des réponses à sa colère. Pour cela, comme il est fils de boucher et qu'il a amené des couteaux à désosser, il va torturer l'homme d'église tout en lui demandant de raconter le pourquoi du comment. En plus des de nous conter quelques attouchements un peu complaisamment ( Grégoire Delacourt n'a absolument pas le regard clinique de Christine Angot pour raconter les déviances sexuelles perpétrées par des adultes sur des enfants ), le père demande au prêtre pourquoi son fils et pas un autre ! ( bien vue cet égoïsme bien actuel ) mais là où on est un peu plus dérangé, c'est quand il rajoute ( la voix du père semble se mélanger à celle l'auteur) : " Ma réaction me range, je le sais du côté des bêtes mais est-ce en être une que de préférer que le mal soit fait à un autre enfant que le sien, qu'un autre soit écrasé à sa place? " ( peut être que oui quand même... ) Et de rajouter : " Posez-vous tous la question et ne mentez pas vos réponses. Posez-vous tous la question et bénissez le sang sur vos mains." On peut rester pensif à cela, froncer le sourcil et se demander où l'auteur veut en venir exactement.
Bien sûr, on trouvera évoquer toutes les questions que posent cette pédophilie au sein de l'église catholique mais amalgamées dans un prêchi-prêcha biblique autour de la figure de Lazare qui se mêle aussi avec les portraits gratinés de la mère ( j'ai quitté mon mari pour un autre, suis-je coupable ?) et de la grand-mère ( ah s'ils n'avaient pas divorcé...) du petit garçon violé. Vous y rajouter une bonne ration de vocabulaire un peu alambiqué ( on nous parle de "palingénésie", on dilacère, on donne un coup d'épissoir...peut être sur la conopée, tout cela nous amenant à faire de la cachexie) et vous vous trouvez face à un roman qui, partant dans de multiples directions, les loupent toutes au final.
Dérangeant ,"Mon père" tient les promesses de sa promo, absolument pas sur le sujet de la pédophilie des prêtres bien mieux traité par d'autres, mais parce que lourdement ambiguë, sadique, un peu voyeur et un peu moralisateur sur le couple.
Un peu plus sur le blog
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Je ne peux que vous prévenir ce roman aborde un des fait les plus sombres de notre société et c'est dur, ça fait mal. En tant que parent, on ne peut imaginer comment nous réagirions dans le cas d'Edouard et c'est ce que nous explique l'auteur sur la quatrième de couverture. Un quasi huit-clos pour sonder la noirceur de l'âme humaine et surtout pour ce père comprendre, savoir, pour éviter à son imagination d'aller au-delà de l'horreur. Mais la réalité est déjà au-delà de l'horreur, certains passages sont difficiles et je vous avoue avoir eu la nausée. Ce père va se livrer à un atroce face-à-face tout en repensant à son enfance, ses manques et aux doux moments passés avec son fils Benjamin, ceux d'avant le drame. Ces chapitres nous permettent de respirer et de reprendre notre souffle. Les émotions sont exacerbées, la tension palpable tout au long de la lecture. Je ne pourrai comprendre ces hommes et femmes qui s'en prennent à ces être innocents et fragiles. Le jeu auquel se livre ces prédateurs est ignoble, ils abusent de la confiance d'êtres innocents, les approchent doucement jusqu'à les prendre dans leur filet. C'est indicible, inimaginable et pourtant… 

Edouard explique avoir été très jeunes intrigué par l'histoire d'Isaac et surtout  par son silence après le sacrifice avorté de son père Abraham. Les silences sont au coeur de l'histoire et surtout Edouard ne cesse de s'interroger, lui qui n'a pas su interpréter ceux de son fils. D'autant qu'il a aussi gardé le silence, il n'a pas alerter Benjamin, il a lui aussi gardé le silence. L'auteur lui, brise ce silence avec son roman, ouvre la boîte de pandore et se fait porte-parole de ces trop nombreuses victimes. Grégoire Delacourt nous rappelle aussi l'importance de prévenir nos enfant sans briser leur innocence mais leur dire les dangers auxquels ils peuvent être exposés et surtout ce tabou que loup est parfois plus près de nous que nous le pensons… Tout au long du livre le parallèle sera fait avec la genèse comme l'auteur l'a fait avec l'histoire de la chèvre de monsieur Seguin dans son roman "Danser au bord de l'abîme" j'avoue moins accrocher à ces parallèles que j'ai eu tendance à passer dans les deux romans même s'ils étaient plus succincts dans celui-ci, ce côté philosophique ne sert pas l'histoire pour moi. 

La fin me laisse dubitative et surtout avec des interrogations et je ne sais comment l'interpréter, n'hésitez à me dire ce que vous en avez pensé car je reste perplexe. . Pour autant ce roman  se lit d'une traite, une lecture douloureuse par son sujet,  plutôt très bien traité …
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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"Mon Père", en plus de faire écho à l'actualité de ces dernières années, est le genre de livre qui ne laisse pas son lecteur indemne. Je l'ai remarqué quand plusieurs personnes l'ayant lu m'ont demandé de me lancer moi aussi dans cet ouvrage pour pouvoir en parler ensemble. Certaines souhaitaient même le relire une deuxième fois... Et maintenant, je comprends pourquoi.

Tout commence avec un père qui, dans un moment de pure fureur, saccage une église. Il n'est pas venu dans cet endroit par hasard, car c'est là qu'officie le curé qui a osé poser la main sur son fils, Benjamin. Un enfant meurtri, dans sa chair et dans son esprit, par cet homme de Dieu en lequel il avait totalement confiance.

Ce n'est probablement pas le premier roman à aborder le thème de la pédophilie au sein de l'église, ni le dernier. Mais il l'aborde sous un angle plus rare : nous ne sommes pas confrontés au point de vue de la victime, mais à celui du père de celle-ci. Que se passe-t-il dans la tête d'un père ou d'une mère lorsque son enfant subit l'innommable ? Qu'on ne l'a pas même soupçonné ? Et ce malgré tous les signaux d'alerte que le petit envoyait... C'est évidemment un roman dur, où l'on lit des choses qu'on préfèrerait ignorer. La violence a une place prépondérante dans "Mon Père", celle des actes commis bien sûr, mais aussi et surtout celle du père qui est sur le bord d'une falaise nommée "folie". le style, le vocabulaire utilisé reflètent d'ailleurs cette violence. Cela en fait un roman très réaliste. Enfin, c'est un livre complexe, la fin en déroutera plus d'un...

Ce roman ne fait pas partie de ceux qu'on conseille de mettre entre toutes les mains mais bien de ceux qui vous font réfléchir bien longtemps après les avoir refermés...
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Comme par hasard, je débute la lecture de ce livre le jour même où sort le film de François Ozon "Grâce à Dieu", ce film que l'Église a voulu censurer.
Coïncidence...
Ce fut une très belle lecture, mais éprouvante et difficile.
J'ai toujours beaucoup aimé Delacourt, mais là, il m'a étonnée, bouleversée, mise K.O., et surtout, m'a rendue abasourdie.
Cette histoire, je la connais et tout le monde la connait.
La pédophilie dans l'Église.
Et un père dont le fils, Benjamin, a été la victime d'un prêtre pédophile.
Un père aveugle de haine qui vient se venger.
C'est de ce huis-clos dont nous sommes le témoin.
La toute fin est terrible, comme une fin de roman policier, de thriller.
Je n'en dirai pas plus.
Rien ne nous sera épargné, et j'ai envie de dire que c'est tant mieux.
Il n'occulte rien, ne tait rien, il fait, avec ce livre merveilleux, le tour de la question, aussi bien la réaction de l'Église, les troubles physiques de son fils, la notion de Pardon, la religion, la confiance abusée, ô oui, tant abusée.
Le viol sur enfant est monstrueux.
Pas de pages inutiles, tout est dit, mais avec tant de talent.
Car oui, il en faut du talent et du courage pour traiter un tel sujet.
Et au fil de ma lecture douloureuse, un petit garçon est apparu, petit bonhomme apeuré qui ne veut plus s'asseoir sur les genoux honnis du prêtre confesseur d'une école privée.
Dans un voile brumeux et tiède, je le vois.
Je vois sa peur, je vois son dégoût.
Je le connais si bien.
C'était
Mon père.
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Grégoire Delacourt est un auteur que je suis de façon irrégulière. J'avais lu ses deux premiers romans « L'écrivain de la famille » et « La liste de mes envies », j'en avais gardé un bon souvenir mais sans que cela m'attache définitivement à ses livres. Je me renseignais vaguement lorsqu'il publiait un nouveau livre, que je lisais ou non selon que l'intérêt que suscitait pour moi leur résumé.

Cette fois, le thème de son nouveau roman, à paraître le 20 février prochain, m'a tout de suite interpellé, et j'ai eu la chance de pouvoir le lire en avant-première grâce à l'éditeur JC Lattès et à la plateforme de service de presse NetGalley.fr.

Loin des récits plutôt légers de cet auteur que j'avais eu l'occasion de lire jusque là, Son Père s'attaque à un sujet lourd puisqu'il promet un face à face entre un père et le prêtre qui a abusé sexuellement de son jeune fils :

" Mon Père c'est, d'une certaine manière, l'éternelle histoire du père et du fils et donc du bien et du mal. Souvenons-nous d'Abraham.

Je voulais depuis longtemps écrire le mal qu'on fait à un enfant, qui oblige le père à s'interroger sur sa propre éducation. Ainsi, lorsque Édouard découvre celui qui a violenté son fils et le retrouve, a-t-il le droit de franchir les frontières de cette justice qui fait peu de cas des enfants fracassés ? Et quand on sait que le violenteur est un prêtre et que nous sommes dans la tourmente de ces effroyables affaires, dans le silence coupable de l'Église, peut-on continuer de se taire ? Pardonner à un coupable peut-il réparer sa victime ?

Mon Père est un huis clos où s'affrontent un prêtre et un père. le premier a violé le fils du second. Un face à face qui dure presque trois jours, pendant lesquels les mensonges, les lâchetés et la violence s'affrontent. Où l'on remonte le temps d'avant, le couple des parents qui se délite, le gamin écartelé dont la solitude en fait une proie parfaite pour ces ogres-là. Où l'on assiste à l'histoire millénaire des Fils sacrifiés, qui commence avec celui d'Abraham.

Mon Père est un roman de colère. Et donc d'amour. » "

Le roman décrit principalement la rencontre pleine de tension entre le père et le Père, mais ce face à face qui constitue le coeur du récit alterne avec quelques courts chapitres qui décrivent tour à tour l'enfance de Benjamin, celle de son père Édouard, et les circonstances dans lesquelles celui-ci a appris les abus dont son fils a été victime.

La figure biblique d'Isaac, que son père aurait été prêt à sacrifier pour obéir à Dieu, est omniprésente dans le roman et dans l'esprit du narrateur. Isaac, comme son fils Benjamin, est la victime silencieuse, que la Bible « oublie » ensuite pendant de longues pages avant qu'on le retrouve plus âgé.

" Tu t'es tu, Isaac. Et l'histoire ne t'a prêté aucune parole à transmettre, des siècles et des siècles plus tard, à Benjamin, ton frère. Il ne reste rien de tes frayeurs dans la Genèse. Il n'y est fait mention d'aucune réparation à la violence qui tu as subie – il est vrai que dans la Bible on se soucie fort peu de la parole des enfants, ils n'ont que des devoirs d'obéissance et donc de silence.

Tu n'es plus qu'une ombre, Isaac, une victime muette – n'appelle-t-on d'ailleurs pas ta tragédie « le sacrifice d'Abraham » alors que c'est du tien dont il s'agissait ? "

Grégoire Delacourt nous parle de colère, de justice, de vengeance, de culpabilité, et évidemment d'amour et d'humanité. Il nous parle du père qui n'a rien vu et se le reproche. Il nous parle du Père qui doit assumer la lourde culpabilité d'avoir violé un enfant et trompé la confiance de ses parents. Il nous parle de de l'enfant qui doit accepter son innocence de victime et qui ne doit pas chercher sa propre culpabilité. Il nous parle également de religion et du rapport de chacun à la foi et à l'Eglise. le personnage de la mère du narrateur, la grand-mère du petit Benjamin, est à ce titre emblématique et intéressant. Quant au personnage du prêtre, le coupable désigné et donc le « méchant » de l'histoire, il est suffisamment complexe pour susciter à la fois la répulsion, la colère, et la pitié, voire des sentiments plus ambivalents au fur et à mesure du récit.

" Et parce que je n'ai pas protégé ceux que j'avais la charge de consoler et de chérir. Et l'Église a fermé les yeux. L'évêque de notre diocèse a fermé les yeux. le Vatican a préféré se coudre les paupières et manipuler les magistrats. Alors je me suis plu à imaginer que leur cécité était une forme d'assentiment. Car si les pères ne condamnent pas, si les pères n'interdisent pas, si les pères ne punissent pas, alors les fils conjecturent qu'ils ont tous les droits. "

Je trouve que Grégoire Délacourt s'en sort plus que bien face à un sujet aussi périlleux que celui de la pédophilie au sein de l'Eglise catholique. Il évite me semble-t-il parfaitement de tomber dans les clichés. Il dépeint très justement les sentiments des différents personnages à travers des scènes fortes et des passages très joliment écrits. J'ai toujours pensé que Grégoire Delacourt avait une jolie plume, mais je trouvais que trop souvent les récits qu'il proposait n'étaient pas à la hauteur de cette qualité d'écriture. Ici, sa plume permet de porter un récit à la fois lourd par sa thématique et aérien par son style.

" Benjamin dort. Je m'effondre dans le fauteuil près de lui. Je devine sous le drap son corps fragile et martyrisé. Je comprends enfin les douleurs au ventre, l'anisme, les cauchemars, et l'insomnie qui force à rester sur ses gardes. Et la merde de mes yeux se dissout. Je suis devenu un criminel par inattention. Une indignité de père. "

Son Père est un roman très fort que j'ai dévoré en une journée. Il aborde un sujet délicat et il m'a semblé qu'il le faisait joliment, aussi joliment que le thème le permet en tout cas, et de surcroit avec une grande justesse de ton. A mes yeux, c'est clairement, et de loin, le meilleur roman de Grégoire Delacourt.
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Je ne vais pas m'attarder à résumer une nième fois ce roman dont on ne sort pas indemne.

Toute cette violence que ce soit envers les enfants de la part du prêtre ou du père envers le curé, était à la limite du soutenable.

Et pourtant cela existe. le clergé tente tant bien que mal d'imposer le silence et veut faire "justice" lui-même. Pourtant la justice civile serait plus indiquée. On ne peut être juge et partie.

Ce roman est tellement bien écrit, que plus d'une fois je me suis demandé si je lisais une biographie, un récit de vie.

Le lecteur est tenu en haleine à tel point que j'ai lu ce roman quasiment d'une traite.

J'ai aussi apprécié le jeu de mot du titre.

J'ai lu l'édition de poche qui contient en fin de livre un texte toujours écrit par Grégoire Delacourt destiné aux enfants.

Ce texte sous forme de conte (fabuleux) explique aux enfants qu'il ne faut jamais faire confiance à personne, qu'il y a des choses qu'un adulte ne peut pas demander à un enfant.

J'ai aussi beaucoup aimé ce texte adapté aux enfants.
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