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EAN : 9782360570829
128 pages
Asiatheque (04/01/2017)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Il y a un art de bien vivre et de bien vieillir propre au Japon. C’est à Ogura, petit village niché au creux d’un vallon aux pieds de montagnes des environs de Kyōto, que l’auteur nous invite à le découvrir.
Des années durant, Hubert Delahaye s’est régulièrement plongé dans ce monde en miniature où, malgré le passage des saisons et un monde en pleine mutation, le temps paraît suspendu. Empruntant le regard et la voix d’une de ses habitantes, une vieille ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le lecteur est immédiatement transporté dans une vallée, en pleine nature, non loin de Kyoto. Là, il existe un village perdu, un peu hors du temps, où les habitants vieillissent dans la solitude : c'est Ogura. Subsistent les membres de quelques familles, quatre exactement, autrefois nombreuses.
Les vieilles femmes sont courbées à force d'avoir travaillé inlassablement, au fil des saisons, dans les rizières. La nature resplendit et prend une place considérable dans la vie des anciens qui remplissent leur quotidien de tâches humbles, mais nécessaires, tout en respectant les traditions d'autrefois, des traditions dont les jeunes, partis vivre en ville, n'ont plus le temps de s'encombrer : vénérer les ancêtres en priant devant l'autel tous les jours, laisser sa porte close une fois la nuit tombée, mais non fermée à clé, parler du temps qu'il fait et de la mousson avec ses voisins, n'entrer chez les autres que si la personne visitée le demande, veiller les uns sur les autres sans en avoir l'air.
Pas besoin d'horloge, la vie est rythmée par les annonces du haut-parleur qui informe la population, des risques à venir...
Le lecteur découvre cette vie quotidienne paisible, à travers le regard et les ressentis d'une vieille femme d'une grande sagesse. L'auteur nous parle de son quotidien avec beaucoup de tendresse et d'humour. Son mari a fait la guerre et ses filles sont parties à la ville. Elle profite avec sérénité des derniers jours de sa vie, chez elle, sans angoisse, sans se plaindre, sans reprocher à ses proches sa solitude. C'est elle qui en vient à rassurer ses filles, inquiètes et culpabilisées de s'être autant éloignées d'elle, lorsque une d'entre elle l'appelle au téléphone, ou vient lui rendre visite.

J'ai aimé la douceur qui se dégage de ces pages poétiques. Il ne s'agit pas de "lettres" à proprement parlé mais de tableaux successifs, dépaysants pour nous occidentaux, mais qui décrivent à merveille, la vie dans les campagnes, au Japon.
L'écriture, tout en finesse est épurée. L'essentiel est dit en peu de mots qui suffisent à créer une ambiance particulièrement agréable et légère. La traduction de certains mots, le rappel de certaines traditions, comparées à celles du monde occidental, la découverte des petits secrets du village, l'humour qui transparait à travers certains passages, font de ce court roman, un magnifique instant de lecture, zen et passionnant.

Lien : https://www.bulledemanou.com..
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L'Asiathèque est, comme son nom l'indique, un éditeur spécialisé dans les ouvrages d'apprentissages des langues d'Asie. Mais la maison publie également des romans et des nouvelles d'auteurs locaux et des petits textes d'auteurs français connaisseurs des pays d'Asie dans la jolie collection Liminaires. Ce fut le cas avec le très beau Halabeoji, de Martine Prost ; c'est de nouveau réussi avec Lettres d'Ogura. Cette fois-ci, le Japon. Mais pas celui qu'on nous montre partout, ultra-connecté, moderne, à la pointe du progrès. Hubert Delahaye s'intéresse à un petit village et plus particulièrement à une vieille dame qui y habite. Comme chez nous, ce village éloigné est déserté par les jeunes, des maisons sont abandonnées et ne restent quasiment plus que des vieux voire des très vieux qui s'aident, se parlent.

Le texte est beau, lent, très lent, contemplatif, décrivant admirablement la nature, la faune et la flore. Il colle parfaitement au rythme de vie du village. Dès le début je suis sorti des mes lectures habituelles et me suis retrouvé plongé dans un monde qui n'a pas mes codes. C'est troublant parce le texte n'est pas écrit par un Japonais et que pourtant tout pourrait le faire croire. Cent-vingt pages de zen, de calme, de beauté, de fréquentation de cette vieille dame charmante qui ne se plaint pas. Cent-vingt pages positives teintées d'un léger humour qui font sortir du quotidien.

Belle collection à la couverture et la mise en pages soignées qui a les bonnes idées d'abord d'insérer dans le texte français des mots écrits en japonais, non pas que je les comprenne, mais ça permet d'entrer encore plus dans le monde décrit par Hubert Delahaye et ensuite de n'être pas chère. Si vous ne connaissez pas encore L'Asiathèque -ce n'est pas bien parce que j'en ai parlé, toujours conquis (Le phare, Histoire de dame Pak, L'art de la controverse, Halabeoji, le magicien sur la passerelle)-, passez le cap, regardez attentivement le catalogue et n'hésitez pas à en parler à votre libraire préféré(e). Je me permets ce conseil, car j'ai toujours eu un peu de mal avec la littérature asiatique -et particulièrement la japonaise- et grâce à L'Asiathèque entre autres -mais aussi Intervalles-, j'apprends à la connaître et à l'apprécier.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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"Il n'y a pas de rue à Ogura, il n'y a que l'unique petite route qui se termine au fond de la vallée", et peu d'habitants pourrait-on ajouter. Une vingtaine de maisons et quelques personnes âgées qui ont choisi de rester là. Rester ? non. Ils habitent là. Ils reçoivent la visite de leurs familles, et vivent simplement, attentifs à la nature qui les entoure.
En quelques textes, et beaucoup de sensibilités, d'attachements, Hubert Delahaye nous parle notamment de la vieille dame : "le Japon doit beaucoup aux vieilles Japonaises au dos cassé"...
Elle habite Ogura : elle y vit en relation avec son environnement (nature, croyances), ses voisins. L'auteur nous décrit ainsi un Japon, "autre", qui n'est pas celui d'avant, mais un lieu de vie et de rapport au monde.
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Si vous êtes des fidèles de ce blog, vous savez que j'aime les textes asiatiques minimalistes, qui ne racontent pas grand chose, mais le font très bien, dans une langue épurée et ciselée.

Les lettres d'Ogura n'ont pas été écrites par un Japonais, mais par un fin connaisseur du pays. Comme le précise l'éditeur "Chaque fois les textes se fondent sur une expérience directe et authentique et incitent le lecteur à l'ouverture d'esprit et à la réflexion".

Ogura est un petit village japonais, dans la région de Kyoto, loin des grandes métropoles. Il est en voie d'abandon, les jeunes partent, seuls restent les vieux, gardiens des traditions et des histoires. On y a gardé un mode de vie respectueux des traditions et des valeurs des anciens. le récit se déroule autour d'une vieille dame de quatre-vingt-six ans et de son quotidien.

Elle a une grande connaissance du village, de ses us et coutumes et bien sûr des habitants. Sa vie est faite de petits gestes, elle maintient ce qu'elle peut, pense à ses enfants au loin, à ses voisins, décrit ses habitudes, l'environnement, en bref tout ce qui a constitué sa vie depuis longtemps.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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critiques presse (1)
Liberation
20 avril 2017
Hubert Delahaye ne théorise jamais, il écoute et regarde comment la «bonne marche des choses» est faite à la fois de respect, de modération, de retenue.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On ne trouve à Ogura que quatre noms de familles, à parts égales. Il n'y a pourtant nul danger d'endogamie, tant les anciens se souviennent des lignées et veillent à la bonne marche des filiations. Ce sont des noms vieux de siècles, dont on est fier et qui remontent à une époque où la plupart des Japonais n'avaient pour identité qu'un prénom. Quelques anciens en sont les dépositaires officiels, mandatés par des tablettes de bois où ces noms sont inscrits. C'est là l'héritage d'ancêtres qu'on ne remerciera jamais assez de leur passage sur terre, eux dont la vertu a rendu le monde habitable et grâce à qui on est là.
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Elle parle une nouvelle fois avec effusion de la visite, alors qu'elle était un peu souffrante à la fin de l'hiver à cause d'une mauvaise chute en voulant monter dans le salon, d'une certaine Teruko-san, quatre-vingt-dix-huit, en bonne santé et avec toute sa tête. Teruko-san est la plus vieille du village et sa visite revêt un grand prix symbolique. Ensemble, après avoir exprimé tour à tour réconfort, gratitude, confusion et compassion, elles ont parlé des affaires du pays.
La bonne marche des choses, invisible à l'oeil d'un étranger, s'établit à travers ces discussions, interminables mais essentielles, où l'on parle de tout et de rien. Il y a très longtemps, quand il n'y avait pas d'eau courante dans les maisons, elles se déroulaient traditionnellement dans ce que le parler populaire appelait, un peu pour se moquer, les "conférences autour du puits".
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Juste après six heures, le soleil est passé par-dessus la montagne et la lumière est entrée dans la vallée.
Les grenouilles se sont tues un moment, attentives, et le milan noir s'est envolé pour en attraper une ou deux. Il a une nichée à nourrir. Son cri a donné le signal aux oiseaux, aux insectes et aux plantes, et la vie du jour a commencé. Les fleurs ont appelé les abeilles, les rossignols ont repris leurs gammes et les premières cigales des pins leur chanson...
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Une présence n'est jamais innocente, même celle d'un chat. Comme dans tout être, une puissance invisible en émane qu'on ne perçoit pas forcément mais qui est bien là.
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Au Japon, les mentalités sont marquées par une capacité phénoménale à oublier le passé. Le passé, c'est vieux et ce qui est vieux, on le jette.
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