Cette articulation entre nos manières de voir et d’exploiter la nature, entre nos clichés visuels et la nature sur laquelle ils portent, constitue une des actualisations possibles du cours Sur la peinture, à la croisée de la phénoménologie de l’expérience artistique et de l’histoire des « sensibilités environnementales ».
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A l’image de toute l’œuvre de Gilles Deleuze, la pensée qui se déploie dans ce volume grâce au précieux travail d’édition de David Lapoujade, qui clarifie le fil du discours deleuzien tout en laissant vivre l’oralité du cours, renonce ainsi résolument à l’idéal de transcendance.
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Il est significatif que, parmi les fameux cours prononcés par Deleuze entre 1980 et 1987, celui sur la peinture fasse l’objet de cette première publication.
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Je ne sais pas si vous avez été opérés mais ceux qui ont été opérés ont cette expérience qui me paraît faire comprendre des choses, ceux qui ont subi une opération importante. Faire de la figuration, ce serait représenter une opération. Aucun intérêt évidemment. Mais dans une opération, il y a quelque chose de très bizarre, c'est que, même lorsque l'opération ne mettait pas la vie en danger, il suffit de regarder après le type qui en sort, c'est absolument comme s'il avait vu la mort, mais vu sans tragique. Je veux dire: les yeux d'un opéré frais sont extraordinaires. Si vous n'en avez pas eu autour de vous, faites les cliniques. Il faut avoir vu ça, je crois, pas par curiosité. Je ne dis pas des choses de petite perversion lamentable, je dis des choses presque de tendresse. Si vous voulez sentir vraiment quelque chose pour l'humanité, voyez des gens qui se sont fait opérer. Les yeux sont comme complètement lavés, comme s'ils avaient vu quelque chose qui n'était pas horrible, comme s'ils avaient vu quelque chose qui ne peut être que la mort, qui ne peut être qu'une espèce de limite de la vie. Ils en ressortent avec cette espèce de regard très pathétique.
Rendre ce regard, ça ne pourrait être fait que si le peintre arrive à capter la force. Avec quelle déformation du regard ? Ce n'est pas comme s'il avait une taie sur l'œil, c'est bien autre chose, c'est. Impossible à dire. J'arrivais un peu à [le] dire pour Bacon dans le cas du sommeil. Je n'arrivais pas à [le] dire pour Kupka dans le cas des forces astronomiques. C'est ça qui définit un grand peintre, vous comprenez? Dans l'expérience post-chirurgicale, il y a quelque chose de très étonnant, c'est que votre corps a tendance à s'enfuir, s'échapper partout à la fois. Il fuit par tous les bouts. Ce n'est pas du tout inquiétant, c'est même ce qu'on appelle une bonne convalescence. Vous sentez que votre corps, vous ne le tenez plus du tout, qu'il s'échappe partout. C'est une drôle d'expérience, ça. Quand je parle de ce regard comme de gens qui ont vu quelque chose, c'est dommage qu'ils oublient tellement. En effet, sinon les gens seraient merveilleux, ils n'oublieraient pas une opération, ils en sortiraient bons. On a l'impression, après une opération, qu'ils ont compris quelque chose. Pourtant, ce n'est pas eux. Mais leur chair a compris quelque chose. Le corps est intelligent quand même… Leur corps a compris quelque chose, qu'ils vont ensuite oublier tellement vite. Dommage. Une espèce de bonté, de générosité émane d'eux, car cette mort qu'ils ont vue, et qui devient visible dans leurs yeux, c'est très curieux, dans la mesure où elle devient visible, elle cesse d'être l'ennemie, elle est d'une certaine manière l'amie, c'est-à-dire: elle devient en même temps autre chose que de la mort. Or c'est ça que rend un grand peintre.
La déformation comme concept pictural, c'est la forme en tant que s'exerce sur elle une force. La force n'a pas de forme, elle. C'est donc la déformation de la forme qui doit rendre visible la force qui, elle, n'a pas de forme. S'il n'y a pas de force dans un tableau, il n'y a pas de tableau.
Or, c'est quoi, peindre un large dos d'homme ? Ce n'est pas peindre un dos, c'est peindre des forces qui s'exercent sur un dos ou des forces qu'un dos exerce.
Qu’est ce qui va définir le langage analogique ? Bateson dit : c’est un langage des relations. [...] Il veut dire : c’est un langage qui est censé exprimer les relations entre l’émetteur et le récepteur, entre celui qui l’émet et celui à qui il est destiné. En d’autres termes, le langage analogique exprime avant tout les relations de dépendance, sous toutes leurs formes possibles.
Une humanité anodonte et qui vivrait couchée en utilisant ce qui lui resterait de membres pour appuyer sur des boutons n'est pas complètement inconcevable. (André Leroi-Gourhan)
David Lapoujade vous présente l'ouvrage "Sur la peinture : cours mars-juin 1981" de Gilles Deleuze aux Éditions de Minuit. Entretien avec Jérémy Gadras.
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Note de musique : © mollat
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