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EAN : 9782340021938
288 pages
Ellipses (14/11/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Saint Louis rendant la justice sous son chêne à Vincennes. Saint Louis croisé en Orient. Des images d'Epinal que tout un chacun a en mémoire. Mais qui se souvient qu'Henri IV justifia son règne grâce à lui ? Que Louis XIV, au palais du Louvre, le faisait louer tous les ans ? Que le saint roi inspira aussi bien Chateaubriand que Jules Verne ? Qu'à l'instar d'une Jeanne d'Arc, sa mémoire fut disputée par la droite comme par la gauche ? Ce livre, c'est d'abord un portr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Livre de 286 pages, complété par 12 planches d'illustrations, une bibliographie, une chronologie et un index des personnes. Il n'y a pas de cartes.

Louis IX (1226-1270) reste une figure incontournable du moyen-âge français. Je trouve le personnage antipathique. Comment un tel roi peut-il susciter autant de publications ? Inutile donc de rappeler la fameuse biographie écrite par Jacques le Goff. Vraiment, ce roi croisé qui a persécuté les Juifs en leur imposant de porter une étoffe jaune, la rouelle, n'a pas l'étoffe d'un héros. Et pourtant, il n'en reste pas moins un roi réformateur et bâtisseur. C'est sous son long règne qu'est fondée le Collège de la Sorbonne (en 1253) par exemple. Roi pieux, il entrait parfaitement dans l'idéal chrétien de l'époque, et même peut-être un peu trop. D'un point de vue militaire, difficile de le comparer à ses ancêtres, notamment son paternel, Louis VIII (1223-1226), surnommé le lion, qui a réussit à battre les Anglais à La Roche-aux-Moines (en 1214) alors qu'il n'était que Dauphin. Louis IX a même connu son grand-père, Philippe II Auguste (1180-1223), vainqueur des Flamands à Bouvines en 1214.

L'intérêt des biographies de la collection "Biographies & mythes historiques" ce sont leur dimension mémorielle. Elles abordent la question de l'image du personnage au fil du temps. Ici, Sophie Delmas, décrit d'abord la vie de Saint Louis, puis l'image qu'il a auprès de ses contemporains, avant de parler de son image de l'époque moderne jusqu'à nos jours. La bibliographie à la fin de l'ouvrage démontre que l'autrice a connaissance de certaines études fort récentes, et c'est plutôt bon signe.

Delmas insiste beaucoup sur l'aspect religieux du règne, que ce soit par l'évocation des croisades ou par celui du rapport du roi avec la religion et sa sanctification. Elle ne néglige pas la politique de Louis IX à l'égard des Juifs (p.33-36). Une politique capétienne à l'égard des Juifs qui a donné lieu à une brillante étude de Juliette Sibon, "Chasser les Juifs pour régner" (Perrin, 2016).

Cette politique des Juifs, Delmas l'inscrit dans un chapitre entier consacré à la fameuse relique de la couronne d'épines (p. 21-36). Achetée en 1237, elle n'arrive sur le sol français qu'en 1239. Louis IX fera construire la Sainte Chapelle, tout spécialement pour sa relique. Pour Delmas, il s'agit donc d'un événement aussi important que le retour de croisade en 1254 (un retour considéré comme une rupture dans le règne par l'historiographie, a commencé par le Goff). Ici, Delmas apporte donc un regard assez novateur. Finalement, Louis IX réalise un coup médiatique, comme nous dirions aujourd'hui.

Intelligemment - je trouve - Delmas continue son récit de la vie de Saint Louis avec la Croisade en Egypte (1244-1254). du coup, elle semble montrer qu'il y a une continuité entre l'acquisition d'une prestigieuse relique et la volonté du roi de partir en croisade. Delmas peut s'appuyer sur historiographie récente et renouvelée. du coup, son chapitre est une bonne synthèse pour qui veut en savoir plus sur cet aspect important du règne de Louis IX.

Maintenant, voyons les chapitres 4 et 5, dans lesquels Delmas aborde des aspects du règne qui sont parfois inconnus du grand public.

Le chapitre 4 s'intitule "Louis IX face aux conséquences de Bouvines (1254-1267)". Si les croisades, ça parlent, le reste de la politique étrangère du roi est beaucoup moins connu. Car Louis IX était un roi de paix. Malgré tout, il cherche a pacifier les tensions avec l'Angleterre. Certains historiens parlent même de "première guerre de cent ans". Delmas aborde les différents traités - en fait plutôt des trêves - qui émaillent le règne, que ce soit un arbitrage en Flandres, un traité avec le roi Henri III d'Angleterre, signé à Paris en 1258, ou encore un traité avec le royaume d'Aragon.

Dans le chapitre 5, "Le roi en son royaume (1254-1267)", Delmas s'intéressent aux évolutions notables du règne, à commencer par l'organisation de la cour et de l'Hôtel du Roi. Elle aborde ensuite la question des déplacements royaux, ainsi que les fameuses enquêtes diligentées par le roi. Delmas montre que Louis IX était un grand communiquant car, au travers de ces enquêtes, le but est de faire connaître et reconnaître le roi. C'est une sorte d'affirmation du pouvoir royale vis-à-vis des officiers royaux locaux.

Enfin, Delmas termine avec la dernière croisade, durant laquelle Louis IX trouve la mort. Là-encore, l'autrice peut s'appuyer sur une historiographie renouvelée, notamment le livre de Xavier Hélary sur "La dernière croisade" (Perrin, 2016).

Les deux autres parties du livre aborde la question de l'image de Louis IX. Si ce sont des aspects passionnants, je ne vais pas m'attarder à les détailler ici.

Commençons par la partie II (p. 79-157), qui aborde l'image médiévale de Saint Louis. Delmas s'intéresse à la question de la canonisation du roi, à la relation qu'entretenait Louis IX avec la papauté (chapitre 7). La canonisation va permettre aux Capétiens de faire encore de la communication en construisant une image idéale de Louis IX, celui d'un roi pieux qui aide les ordres mendiants (chapitre 8). Ensuite, Delmas s'intéresse un personnage dont je méconnaissais l'existence, Louis d'Anjou, petit-neveu de Louis IX et qui sera aussi canonisé (en 1297). A la fin du Moyen-Âge, ces deux figures seront souvent associées par les contemporains (chapitre 9). Bien sûr, cette mise en scène du roi ne doit pas aveugler. Louis IX fut aussi un roi contesté et critiqué, et cela dès son règne. C'est ce que montre Delmas dans son chapitre 10. Que ce soit concernant la place trop importante laissée aux ordres mendiants, les réformes monétaires et fiscales ou encore la politique extérieure, Louis IX n'a pas toujours fait l'unanimité. Enfin, Delmas ne peut pas aborder la question de l'image médiévale de Saint Louis sans évoquer Joinville (chapitre 11). L'autrice essaie de décortiquer cette source. Déjà, il s'agit du témoignage d'un laïc, ce qui n'est pas si courant au Moyen-Âge. Mais Joinville peut aussi se montrer à la fois partiale et partielle.

Enfin, dans la troisième et dernière partie (p. 159-243), Delmas aborde l'évolution de l'image de Saint Louis aux époques moderne et contemporaine.

Après une éclipse au XVIe siècle, la figure de Saint Louis revient en force au début du XVIIe siècle. Henri IV, protestant converti au catholicisme, va se servir de la mémoire du saint roi pour légitimer sa dynastie (chapitre 12). Louis XIII rétablit même officiellement le culte de Saint Louis (chapitre 13). Arrive Louis XIV, monarque absolu par excellence. le Roi Soleil va s'intéresser à la dévotion de Saint Louis et le montrer comme un défenseur exemplaire de la foi (chapitre 14). Louis XV, lorsqu'il était enfant, fut encouragé à méditer sur l'oeuvre de Joinville. Saint Louis devient un modèle pédagogique pour le prince. le XVIIIe siècle, c'est aussi le siècle des Lumières. Les penseurs, tels que Montesquieu ou Voltaire, s'empare de cette figure royale, qui pour mettre en avant l'oeuvre législative de Louis XI, qui pour mettre en avant la tolérance du roi, ce qui est plus surprenant (chapitre 15).

Au XIXe siècle, Saint Louis, rejeté sous la Révolution française, est récupéré par les Bourbons qui mettent en avant trois éléments : l'ancienneté de la royauté ; la capacité de Saint Louis à maintenir l'unité du peuple ; le rôle pacificateur et modérateur de Louis IX. L'octroi de la Charte, en 1814, ce fait dans un esprit de conciliation et de réaffirmation de la prééminence du roi sur son peuple. Les Bourbons deviennent "les fils de Saint Louis". La monarchie de Juillet insiste plutôt sur le roi très chrétien. Sous le Second Empire, l'image du roi se nuance, notamment grâce à Jules Michelet, qui souligne à la fois la bonne administration du royaume par Louis IX, mais aussi insiste sur sa docilité et a naïveté, ainsi que son manque de génie (chapitre 16). Enfin, Delmas aborde l'image du roi au XXe siècle. Elle montre qu'il devient une figure royaliste et catholique de l'Action française (l'extrême-droite conservatrice et antisémite de l'entre-deux guerre). Jacques Bainville voit Louis IX comme un prêtre-roi. C'est le retour de l'hagiographie royale, avec un roi positif, sans défauts (ce qui n'est pas vraiment le cas). Delmas s'intéresse ensuite à la façon dont Louis IX fut utilisé durant les deux conflits mondiaux, mais aussi comment il est traité dans les livres d'histoire pour enfants. Elle montre aussi la place de Louis IX, à la fois dans le cinéma et la bande-dessinée. Bien sûr, elle évoque la manière dont les historiens des Annales ont étudié le règne, que ce soit au travers de l'oeuvre de la biographie de Jean Richard (1983) ou celle de Jacques le Goff (1996).

En bref, c'est un livre bien écrit, qui va à l'essentiel. Delmas a parfaitement su intégrer l'historiographie récente.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Le « Saint Louis » de Sophie Delmas, docteure en histoire médiévale (enseignante dans le secondaire et le supérieur), n'a pas (et elle le précise d'ailleurs avec humilité) la prétention d'être l'égal du chef d'oeuvre sur Louis IX signé par l'immense médiéviste qu'était Jacques le Goff. L'auteure consacre la première partie de son ouvrage à un portrait quelque peu renouvelé du roi capétien, de son règne. Malheureusement, j'ai trouvé cette partie trop succincte et manquant cruellement de souffle. le style d'écriture ne m'a pas emporté. En fait, ce n'est pas vraiment une biographie de Saint Louis mais bien plutôt une histoire de la mémoire de ce roi, de sa canonisation en 1297 jusqu'à nos jours. Elle souhaite ainsi faire, modestement, ce que Jacques le Goff qualifiait de « vaste et beau programme ». On suit, sans déplaisir, l'évolution de la figure du roi capétien du Moyen âge en passant par l'époque moderne et contemporaine. Ce n'est pas inintéressant mais je suis resté assez hermétique quant à la forme. Un ouvrage ni bon ni mauvais où l'on n'apprend, au final, pas grand chose de nouveau.
Lien : https://thedude524.com/2018/..
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