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EAN : 9782081248311
123 pages
Flammarion (06/10/2010)
3.86/5   7 notes
Résumé :


Femmes, quel titre eût été plus juste et plus résonnant ? Prononcée en 1972, cette conférence fut en effet scandée ou jouée par telles propositions : "la femme sera mon sujet", "il n'y a pas d'être ou d'essence de la femme ou de la différence sexuelle", "la femme n'aura donc pas été mon sujet"...

Pour "déchiffrer cette inscription de la femme" l'écriture ne doit plus recevoir ses ordres de la philosophie ou de la littérature.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Derrida, avant Foucault, Kristeva ou encore Lyotard, c'est le nom de philosophe qui sort toujours en premier lorsqu'on évoque les penseurs que l'on qualifie de « post-modernes ». Il fait effectivement parti de ces individus brillants qui donnent tant d'ulcères aux rationalistes, logicistes et autres scientistes, que l'on retrouve surtout chez les penseurs de tradition anglaise et états-unienne, et qui aimeraient tant pouvoir clôturer la pensée de manière à ce que la liberté, l'incommensurable et l'incompréhensible ne viennent plus à la tête de qui que ce soit.
Une bonne part de sa popularité vient donc de son talent particulier, mais la réputation sulfureuse qu'on lui a montée y est indéniablement aussi pour beaucoup. Selon plusieurs, il ne produirait qu'un charabia incompréhensible, il déguiserait un néant de pensée sous un jargon habilement emprunté aux philosophes et chercheurs légitimes, il serait nihiliste, irrationnel, etc..
Pourtant, lorsqu'on le lit (et il faut d'abord savoir vraiment lire pour y arriver, il faut cesser de toujours regarder les textes à partir de critères tous préparés d'avance), c'est une invitation à la liberté du lecteur qui est proposée avec finesse, délicatesse et rigueur. C'est une pensée rigoureusement libre qui en appelle une autre, tout simplement.
Et ici, c'est un point de vue sur Nietzsche qu'il nous invite à prendre, afin de jongler en virtuose avec l'écriture et la pensée, un point de vue complémentaire de plusieurs façons à celui qu'avait pris Heidegger pendant la seconde guerre mondiale, alors que ce dernier donnait son célèbre cours sur Nietzsche.
Le point de vue sur Nietzsche de Derrida est d'abord complémentaire à celui de Heidegger en ce qu'il aborde une question laissée de côté dans son long travail sur Nietzsche: la question de la femme. Nietzsche a, en effet, pas mal parlé des femmes, mais Heidegger a évité le sujet.
Pourquoi?
Peut-être parce qu'il semble qu'au moins depuis Freud, sitôt qu'il est question de différence sexuelle, la pensée entre irrésistiblement, tôt où tard, dans les territoires de l'étant où l'esprit se frotte aux matières les plus collantes et les plus visqueuses. La perspective heideggérienne, qui cherchait à éveiller à la question de l'être, l'a peut-être poussé à éviter le genre de risques qu'accompagnent ce genres de questions pour ses pudiques enquêtes.
Derrida adopte ainsi un point de vue complémentaire sur Nietzsche en ce que, loin d'« oublier » la question de la femme qui s'y trouve, il y porte un regard à la fois étonné et critique. C'est que Derrida ne tente absolument pas de « détruire » l'écriture nietzschéenne pour en faire une philosophe de Volonté de puissance, qui participerait, de ce fait, à la tradition d'« oubli » de la question de l'être. Non, la « déconstruction » qu'il pratique consiste plutôt à mettre en lumière des passages phares sur une question afin d'en dégager toute la puissance évocatrice avec un « sérieux », c'est-à-dire avec une rigueur gorgée d'ironie.
Si la femme est la non-vérité pour Nietzsche, pour Derrida, Nietzsche n'a donc ni tord ni raison. Ou peut-être a-t-il tord? Peut-être aussi a-t-il raison? Ou peut-être a-t-il tord et raison à la fois? Qui sait? le savait-il lui-même? Tout le texte demeurera toujours ouvertement et consciemment « indéfiniment ouvert, cryptique et parodique, c'est-à-dire fermé, ouvert et fermé à la fois ou tour à tour ».(117)
Le tout constitue un élégant moyen de reposer l'oeil sur un aspect sulfureux de la pensée nietzschéenne et d'exercer sa faculté de penser librement de manière critique tout en la divertissant. Un incontournable pour tous ceux qui apprécient Derrida, Heidegger, Nietzsche et la pensée philosophique en général.
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Com­ment lire Der­rida lorsqu'on n'est pas der­ri­dien ? Non seule­ment de quel droit, mais de quel point de vue le faire ? Sa phi­lo­so­phie exclut en effet par avance toute prise qui serait sur­plom­bante.
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Supposez que la totalité, en quelque sorte, de ce que je, si l’on peut dire, viens de dire, soit une greffe erratique, peut-être parodique, du type, éventuellement d’un « j’ai oublié mon parapluie ».
S’il ne l’est pas en totalité, du moins ce texte-ci, que vous commencez déjà à oublier, peut-il être tel en certains de ses mouvements les plus dérapants, de sorte que l’indéchiffrabilité s’en propage sans mesure.
[...]
Supposez qu’il soit crypté ... pour des raisons dont je sois le seul à connaître l’histoire et le code. Voire selon des raisons, une histoire et un code qui pour moi-même n’ont aucune transparence. À la limite, pourriez-vous dire aussi, il n’y a pas de code pour un seul. Mais il pourrait y avoir une clé de ce texte entre moi et moi...
[...]
Supposez alors que je ne sois pas seul à prétendre connaître le code idiomatique...
Les complices mourront ... et ce texte peut rester, s’il est cryptique et parodique (or je vous dis qu’il l’est, de bout en bout, et je peux vous le dire parce que cela ne vous avance à rien, et je peux mentir en l’avouant puisqu’on ne peut dissimuler qu’en disant la vérité, en disant qu’on dit la vérité), indéfiniment ouvert, cryptique et parodique, c’est-à-dire fermé, ouvert et fermé à la fois ou tour à tour.
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Vidéo de Jacques Derrida
« On écrit toujours avec une main coupée »
Selon Hélène Cixous, l'écriture ne renvoie pas à un statut ni à une profession, mais à un acte : aussi écrit-elle en collaboration avec les voix qui l'habitent et la traversent. Dans cette perspective on peut à bon droit reprendre la formule par laquelle elle titre une séance de son séminaire : « On écrit toujours avec une main coupée». Ces ouvrages nous confrontent en effet au mouvement même de la vie et de la mort, à la joute entre Eros et Thanatos, au commerce des vivants et des morts. Ils équivalent à bien des égards à « sentir, penser, écrire avec les fantômes ». D'autant qu'à travers eux se déploie un continuel et profond questionnement : qui parle, qui écrit quand « j »'écrit ? On comprend dès lors que, dans ces conditions, Hélène Cixous soutienne : « Transformer sa pensée en poème, parce que c'est cela écrire ».
Première table ronde : - M. Marc Goldschmit, Directeur de programme au Collège international de philosophie : « Derrida, l'écriture, la littérature » ;
- Mme Marie-Claude Bergouignan, PR émérite, ancienne VP de l'université de Bordeaux IV: "Hélène Cixous et la cause des femmes" ;
- Mme Céline Largier-Vié, MCF Paris 3 : « 'Une présence incalculable' : l'Allemagne d'Hélène Cixous ».
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2654738/helene-cixous-mdeilmm-parole-de-taupe
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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