Son oeuvre, plus riche et plus diverse que ne le veut l'image un peu mièvre à laquelle la tradition l'a souvent réduite,
Commenter  J’apprécie         10
LA SINCÈRE
Veux-tu l'acheter ?
Mon coeur est à vendre.
Veux-tu l'acheter,
Sans nous disputer ?
Dieu l'a fait d'aimant ;
Tu le feras tendre ;
Dieu l'a fait d'aimant
Pour un seul amant !
Moi, j'en fais le prix ;
Veux-tu le connaître ?
Moi, j'en fais le prix ;
N'en sois pas surpris.
As-tu tout le tien ?
Donne ! et sois mon maître.
As-tu tout le tien,
Pour payer le mien ?
S'il n'est plus à toi,
Je n'ai qu'une envie ;
S'il n'est plus à toi,
Tout est dit pour moi.
Le mien glissera,
Fermé dans la vie ;
Le mien glissera,
Et Dieu seul l'aura !
Car, pour nos amours,
La vie est rapide ;
Car, pour nos amours,
Elle a peu de jours.
L'âme doit courir
Comme une eau limpide ;
L'âme doit courir,
Aimer ! et mourir.
Le secret perdu
Qui me consolera ? - "Moi seule, a dit l'étude ;
"J'ai des secrets nombreux pour ranimer tes jours." -
Les livres ont dès lors peuplé ma solitude,
Et j'appris que tout pleure, et je pleurai toujours.
Qui me consolera ? - "Moi, m'a dit la parure ;
"Voici des noeuds, du fard, des perles et de l'or." -
Et j'essayai sur moi l'innocente imposture,
Mais je parais mon deuil, et je pleurais encor.
Qui me consolera ? - "Nous, m'ont dit les voyages ;
"Laisse-nous t'emporter vers de lointaines fleurs." -
Mais, toute éprise encor de mes premiers ombrages,
Les ombrages nouveaux n'ont caché que mes pleurs.
Qui me consolera ? - Rien, plus rien ; plus personne.
Ni leurs voix, ni ta voix ; mais descends dans ton coeur ;
Le secret qui guérit n'est qu'en toi. Dieu le donne :
Si Dieu te l'a repris, va ! renonce au bonheur !
831 - [Points P2344, p. 174]
Veux-tu l'acheter ?
Mon cœur est à vendre.
Veux-tu l'acheter,
Sans nous disputer ?
Dieu l'a fait aimant,
Tu le feras tendre.
Dieu l'a fait aimant,
Pour un seul amant !
Moi, j'en fais le prix !
Veux-tu le connaître ?
Moi, j'en fais le prix !
N'en sois pas surpris.
As-tu tout le tien ?
Donne ! et sois mon maître.
As-tu tout le tien,
Pour payer le mien ?
S'il n'est plus à toi,
Je n'ai qu'une envie.
S'il n'est plus à toi,
Tout est dit pour moi.
Le mien glissera,
Fermé dans la vie.
Le mien glissera,
Et Dieu seul l'aura !
Car, pour nos amours,
La vie est rapide.
Car, pour nos amours,
Elle a peu de jours.
L'âme doit courir,
Comme une eau limpide.
L'âme doit courir,
Aimer ! et mourir.
Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre
Qui promenait mon âme au chemin des éclairs
Ou s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs,
Eveille un peu ta voix que je voudrais entendre.
Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
Souffle vers ma maison cette flamme sonore
Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux.
Inutile à la terre, approche-moi des cieux.
Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !
Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
JE VOUS ÉCRIS
Je vous écris à l’ombre du mystère
Puisque s’écrire est se parler tout bas;
Mais je l’avoue, en ce lieu solitaire,
Tout est tranquille et mon cœur ne l’est pas.
Je vous écris.
Je vous écris. Quand l’âme est oppressée,
Le temps s’arrête et n’a plus d’avenir.
Ah ! loin de vous je n’ai qu’une pensée
Et le bonheur n’est plus qu’un souvenir.
Je vous écris.
Je vous écris… M’aimeriez-vous encore ?
Si votre cœur n’est plus tel qu’autrefois,
Faites du moins, faites que je l’ignore;
S’il est constant, dites-le, je le crois.
Je vous écris
Avec Diglee, Sophie Daull, Héloïse Luzzati, Laurianne Corneille & Marielou Jacquard
La poésie est loin de n'être qu'une affaire d'hommes ! Avec son anthologie très personnelle "Je serai le feu", Diglee nous emmène dans ce qui a été pour elle un voyage, une épiphanie : la découverte d'un matrimoine littéraire oublié et méconnu d'oeuvres de poétesses, principalement du 19e et 20e siècles. Cinquante femmes, devenues sa famille, dont elle exhume les écrits pour leur redonner une seconde vie.
À l'image de l'autrice, la violoncelliste Héloïse Luzzati est une « passeuse ». Avec l'association Elles women composers, regroupant un collectif d'artistes, elle travaille à la réhabilitation du matrimoine musical et à la diffusion des répertoires de compositrices invisibilisées, effacées de l'histoire… Il n'y avait donc qu'un pas pour réunir ces deux univers artistiques en une création originale et inédite réalisée pour la clôture du festival Hors limites 2021, qui a pris la forme d'une lecture musicale dessinée, hautement poétique.
Mis en scène, incarnés et incantés par la comédienne Sophie Daull pour lesquels elle prête sa voix, les vers des poétesses Anaïs Nin, Marie Nizet, Marceline Desbordes-Valmore, Louise de Vilmorin ou encore Claude de Burine (re)trouvent leur correspondance musicale.
Alternant entre duo ou trio, la violoncelliste Héloïse Luzzati, la pianiste Laurianne Corneille, et la chanteuse mezzo-soprano Marielou Jacquard jouent ces compositions inconnues de tou·te·s, sous la plume de Diglee qui, quant à elle, dessine en direct et redonne un visage à toutes ces poétesses injustement oubliées.
__________
Une coproduction de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis, les bibliothèques de Montreuil et Elles women composers
Une création réalisée dans le cadre du festival Hors limites 2022 et enregistrée à la bibliothèque Robert Desnos de Montreuil à partir de l'ouvrage "Je serai le feu" (La Ville brûle, 2021) de Diglee.
Captation vidéo : Wael Sghaier & Thomas Dudan
Production : Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis
Crédit photo d'illustration : Charlène Yves
+ Lire la suite