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sur 310 notes

« Mordre au travers » ou Eros et Thanatos version smicard, sans thunes, en surpoids et au R.M.I.

Dans le paysage littéraire Virginie Despentes détonne.

D'abord elle n'est pas d'origine littéraire bourgeoise et le revendique, elle fait entendre une musique particulière, plus proche du Hell Fest que des musiques de chambres des écrivains académiciens qui narrent les douleurs secrètes de maitresses de maisons dans la discrétion des villas d'été au milieu des oliviers. 

La permanence des sentiments humains transcende les âges et les classes, mais leurs modalités et notamment le rapport au confort, à l'argent et l'éducation varie considérablement et il advient toujours un moment où l'identification au héros du livre s'arrête : oui on souffre aussi, oui on aime aussi, mais pas dans les mêmes palais, dans les mêmes banquets, avec les mêmes ambassadeurs, devant le même personnel de maison.

Ce sont des pentes dangereuses, crues, noires et glauques sur lesquelles nous entraine Virginie. Si résister à la tentation c'est y céder, le désir peut aussi consumer son sujet. Posséder, dominer, domestiquer, se soumettre est-ce s'annuler dans le désir de l'autre ? et pourquoi ce que Freud appelait la pulsion de mort succède-t-elle à la pulsion de vie ?

Un style tout à fait à part, extrêmement visuel, des nouvelles où meurtre et pornographie se mêlent dans une fatale violence, sans tragique, quasi normal.
L'érotisme chez Despentes n'a pas de sexe : elle se glisse avec la même facilité dans la chair d'un narrateur masculin que féminin (contrairement à ce que laisse entendre la 4ème de couv, un livre sur La Femme et son désir…un peu réducteur).

Sagan parlait des bleus à l'âme, avec Despentes c'est la tumeur généralisée.

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Recueil de onze nouvelles publiées entre 1994 et 1999, donc pendant la période 'Baise-moi', 'Les chiennes savantes', 'Les jolies choses'. Années agitées pour Virginie Despentes, qui semble avoir trouvé un peu de sérénité depuis, sans avoir perdu son mordant et son pessimisme.
En exergue de l'ouvrage, ces mots de Kurt Cobain : « I hate myself and I want to die ». Le ton est donné : lose, galère, misère sociale, exclusion, prostitution, amours impossibles... Tout pour avoir une haute estime de soi et voir la vie en rose. D'ailleurs, ça se termine en général avec des cadavres - terrorisme, meurtres, suicides, avortements, infanticides...

La dernière nouvelle m'a particulièrement interpellée et captivée, un mélange des légendes de Mélusine, petite sirène, louve-garou, femme-gorille/guenon... qui peut donner lieu à plein d'interprétations (bipolarité ? coming-out bisexuel ? transsexualité ? rechutes d'une pathologie physique ? règles ?)...

Hormis dans ce dernier récit, je n'ai pas été éblouie par le talent de l'auteur, et j'ai lu ce recueil dérangeant à petites doses. Il a le mérite de montrer l'évolution de l'écriture de Despentes, aujourd'hui plus travaillée (critique sociale plus argumentée et humour grinçant), où le trash/gore est moins gratuit, même si les thématiques restent les mêmes. Et c'est d'ailleurs le seul reproche que je peux faire actuellement à cette auteur que j'apprécie et admire beaucoup : les personnages se ressemblent beaucoup d'un ouvrage à l'autre. J'ai par exemple vu Vernon plusieurs fois ici, versions masculine et féminine.
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Ce bouquin m'a fait de l'oeil lorsque je me baladais dans les ruelles de ma librairie préférée. Je l'ai acquis, petit prix, bon achat?
Je connaissais la dame mais ne l'avais jamais lue. J'avais entendu du bien, du mal, des avis mitigés et partagés de "Vernon Subutex". J'avais encore dans la tête les échos de "Baise-moi" .
C'est donc sans a priori que j'ai lu!
Des nouvelles, 11, toutes aussi noires, terriblement noires, horriblement noires. Des femmes, des filles et des hommes, tous des paumés, des déglingués de la vie. Tous dans l'attente d'un autre chose, d'une embellie, du ciel bleu entre deux averses, une fois, juste une fois!
Ces textes courts expliquent la vie, la vraie, la dure, celle de tas de gens.
Ils n'ont pas de quoi manger, elle se débrouille, elle est mal accueillie au guichet à la poste, elle fait avec. La boulangère ne fait pas crédit pour une baguette, elle crache sur la vitrine parce qu'elle ne peut pas uriner dessus. Elle prend des coups, elle en redemande.
La dernière nouvelle, très fantastique, est assez surprenante.
Le choc, cela aura été le style! Inimitable, parler vrai comme dans la rue, les mêmes mots, durs à l'oreille, qui grattent la gorge quand ils sortent, acceptés, acceptable ou pas, des phrases comme des coups, forts, des qu'on oublie pas. C'est sûr à relire un jour, sans nom d'auteur, je saurai : c'est du Despentes, comme on dit : c'est un Modigliani ou du Debussy.
Une découverte.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Encore peu de « Virginie Despentes » à mon actif. Manque de temps, curiosité pour d'autres auteurs... mais je ne suis pas prêt d'oublier ceux que j'ai lu. « Mordre au travers » est un de ceux là. Comment fait-elle pour, en quelques pages, nous rendre les témoins involontaires de toutes ces déviances, dont, finalement, les femmes paient le plus lourd tribu. Car je ne suis pas sûr que tout vienne de l'imagination de l'auteur. Toutes ces nouvelles sont bouleversantes de réalisme. Despentes nous plonge dans la déviance quotidienne, ou tout simplement de l'impossibilité de vivre une situation.
C'est un très court recueil de quelques nouvelles « coup de poing », écrites au couteau, avec le sang des victimes.
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Je me considère plutôt comme une lectrice avertie, rompue aux scènes sanglantes et horreurs en tout genre, pas prude (oh que non!) mais j'avoue que ce recueil a heurté ma sensibilité...

D'une nouvelle à l'autre, c'est l'escalade. de plus en plus noir, de plus en plus acide, de plus en plus violent...jusqu'à l'apothéose, "à terme", dont la lecture est insoutenable. Une nouvelle d'à peine deux pages et demi qui prend aux tripes tellement fort qu'on a du mal à la lire en entier.

Et si c'était justement ça le talent? Camper un personnage en trois lignes, lui faire vivre une histoire en deux pages et conclure, comme ça, en deux lignes, laissant le lecteur sur le carreau, complètement sonné. Parce qu'il en faut du talent pour être aussi concise et aussi percutante. Pour décrire la misère sociale, humaine, les manques affectifs, les traumas avec si peu de mots...

MAIS

je ne peux pas dire que j'ai pris du plaisir à lire ces nouvelles. Je les ai d'ailleurs lues à petites doses, espacées pour ne pas trop m'imprégner de tant de noirceur, au début du moins. Ensuite, j'ai tout lu d'une traite pour en finir plus rapidement et passer à autre chose.

Même si quelques phrases m'ont interpellées et fait sourire - comme ce petit clin d'oeil à Eric Zemmour ( la phrase est dite par un psychopathe "fils à papa"):

"J'y connais rien aux jeunes ni à leur sous-culture débile..."

dans l'ensemble, j'ai été trop gênée pour considérer que j'ai vraiment aimer ce recueil.



Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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La misère, l'obésité, la maternité, vues par Despentes. Ca claque du gore !

Du brut de brut. Un peu comme un champagne sec qu'on boit quand on nous le sert, alors qu'on préfère le moelleux. Ca pique, c'est rêche et rude mais on peut pas dire qu'on aime pas, parce que tout le monde se doit d'aimer le champagne. On avale quand même le bouquin, même si c'est pas agréable. On a un goût de trop peu malgré tout, à cause du format "nouvelles".
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Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir ! le désespoir, c'est ce que j'ai ressenti après avoir terminé ces nouvelles écrites par Virginie Despentes. On est au coeur de la misère sociale, affective et intellectuelle qui pousse les individus aux pires extrémités. Chaque nouvelle est plus sombre et glauque que la précédente. le langage est cru, les situations parfois insoutenables (l'infanticide) et l'ensemble des textes est déprimant.
Et pourtant j'ai bien aimé parce que c'est brutal, choquant et direct. En quelques lignes, Virginie Despentes prend aux tripes et retourne les sangs. Elle a un vrai style _ pas toujours plaisant mais au moins ça fulmine et ça rage. C'est vivant.
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Onze nouvelles de Virgine Despentes, à savourer avec modération comme de petits piments oiseaux pour relever la littérature française souvent trop fade. Ecrites entre 1994 et 1999, ces nouvelles font écho à ce qu'écrira Virginie Despentes dans King Kong théorie en 2007 : "J'écris de chez les moches, pour les moches ..." Ames sensibles ou amatrices de feel-good, passez votre chemin, Mordre au travers n'est pas pour vous.

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Virgnie Despentes est une auteure qui met des baffes, de grandes baffes à chacun de ses lecteurs. Certains apprécient ce type de rappel à l'ordre, d'autres sont parfois beaucoup trop troublés pour apprécier. Perso, j'adore plonger dans ses oeuvres, m'attacher à l'Humain qu'elle peint et dépeint à sa guise. J'adore voir ses personnages se détruire, se reconstruire dans le Néant. Son style nous fait voltiger de page en page, elle nous perd, nous retrouve et nous lance dans le vide. Virgnie Despentes nous malmène et pourtant, je fais partie de ceux qui adorent ça.

J'adore sa manière de peindre la réalité, celle enfuie au plus profond de notre ça freudien, celle cachée derrière des masques que la société civile nous pousse à porter, celle que nous préférons ignorer pour pouvoir nous endormir une fois la nuit tombée.

Ces histoires de femmes sont bouleversantes. On ne peut pas rester stoïque face à son écriture « coup de poing ». On ne peut pas rester de marbre face à ces personnages pathétiques mais réalistes. On s'attache. On aimerait que tout soit différent. On soupire. On se dit qu'il ne pouvait en être autrement.

Bien que Virginie Despentes soit connue pour être une auteure difficilement accessible, je dirais que ces nouvelles sont à mes yeux plus « choc » que les autres écrits que j'ai pu lire d'elle. Ames sensibles s'abstenir ! Je le recommande à ceux qui aiment les livres CHOC, ceux qui aiment être bousculer !

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Quelques tranches de vie bien trash, bien sanglante également . En peu de mots Virginie Despentes plante un décor bien glauque et nous conte une dizaine d'histoires plus macabres les unes que les autres . À ne pas mettre entre toutes les mains et surtout à ne pas lire d'une traite sinon le risque de se pendre où se tirer une balle dans la tête est grand tant le monde de Virginie est sombre, désolant et sans espoir . Une lecture hautement jouissive ...pour qui aime cette littérature bien sûr ..
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