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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il m'est d'avis que Philip K.Dick n'a pas pris que de la verveine pour écrire ce livre « le dieu venu du centaure » en 1964. Son côté délirant est communicatif, je ressors de cette lecture comme si j'avais pris moi-même de bonnes doses de D-Liss, voire pire du K-priss, ces drogues de translation. Hallucinations, visions, mondes parallèles, retour dans le futur, nous suivons l'auteur dans ses délires avec bonheur. Ce livre est dingue…Dingue ces visions, dingue ces descriptions de songes et de pensées au sein même des hallucinations, dingue cet entrelacement de mondes rêvés, fantasmés, imaginés ou réels, dingue enfin cette façon de nous plonger rapidement dans un monde a priori complexe mais dont nous comprenons, sans qu'aucune explication nous soit donnée, vite les ressorts.

Et l'idée n'est pas farfelue, loin de là. La Terre, en proie à un réchauffement climatique spectaculaire (80 degrés à New York), est difficilement habitable. Les plus chanceux, les plus aisés, notamment ceux qui ont pu se faire augmenter en termes cognitifs (et qui arborent avec virilité de beaux gros lobes frontaux), se terrent dans des appartements (conapts) et des moyens de transport ultraclimatisés, les autres sont tout simplement expulsés, contraints, sur la Lune ou sur Mars, balayés par des vents hurlants, où une vie vide de sens les attend, « blottis les uns contre les autres au fin fond d'une tanière creusée au milieu de cristaux de méthane gelés ». Les colons ne peuvent tenir que grâce à l'ingurgitation de doses massives de drogues, la fameuse D-Liss, dont le marché est contrôlé par le richissime Léo Buléro. Or ce commerce lucratif est menacé par l'arrivée de Palmer Eldritch, le « Dieu » venu du système stellaire de Proxima du Centaure (dont on ne sait pas s'il est toujours homme ou s'il est devenu Proxien ou monstre), qui veut proposer une nouvelle drogue, bien plus efficace mais plus dangereuse, le K-priss. Une drogue capable de dispenser la vie éternelle, lorsque la religion ne fait que la promettre, une drogue dans laquelle Palmer Eldritch fait office de dieu omniprésent permettant de reconstruire son passé comme il aurait du être, un poison dans lequel Eldritch contrôle l'intégralité des univers hallucinatoires sous des formes animales, végétales, inertes, variées...Dans tous les cas la drogue est vitale car elle permet aux colons de se projeter dans un monde fantasmé d'une vie normale sur la Terre redevenue habitable.

« Nous sommes ici, reprit-elle bientôt, pour faire ce que nous ne pouvons pas faire à la tanière. Là où nous avons laissé nos corps corruptibles. Et tant que nos combinés resteront en état de fonctionner, tout ceci… -- Elle fit un geste en direction de l'océan, puis toucha à nouveau son corps, incrédule. -- Tout ceci ne peut pas disparaître, n'est-ce pas ? Nous avons gagné l'immortalité.-- Sans crier gare, elle se recoucha sur le dos, contre le sable, puis ferma les yeux, un bras contre son visage. -- Et puisque nous sommes ici, et qu'on peut faire ce qui nous est refusé à la tanière, ta théorie est que nous devrions le faire. Tirer parti de l'occasion.-- Il se pencha vers elle pour l'embrasser sur la bouche ».

Les scènes s'enchainent, bouleversantes, attirantes, séduisantes…des scènes inquiétantes comme lorsque nous sommes avec ce Richard Hnatt et son épouse Emily ligotés sur la table d'Evolthérapie du curieux Dr Denkmal afin de subir cette couteuse intervention permettant de les faire évoluer (ou les faire régresser dans quelques rares cas, un risque à prendre), inquiétude contrebalancée par l'humour noir de l'auteur qui arrive sans crier gare :

« Ils se trouvèrent bientôt devant un vaste laboratoire équipé de tout l'attirail scientifique et de deux tables à la Frankenstein au grand complet, sans oublier les fers destinés à entraver les poignets et les chevilles".

Des scènes hallucinantes comme celle où Léo Buléro, capturé, va prendre contre son gré la drogue concurrente, la K-priss. Nous sommes avec lui dans son hallucination et c'est une véritable expérience de lecture à se demander où se trouve le réel, perdant nous-même tous repères !

Et des clins d'oeil en pagaille insérés avec malice, comme la garçonnière interstellaire de Léo Buléro, demeure au doux nom de Winnie-l'ourson, en passant par les combinés des « Poupées Pat » permettant aux colons de se transformer en Ken et Barbie et de reproduire en miniature les conditions normales d'une cité terrestre d'avant le réchauffement (mais à condition d'utiliser la drogue, la D-Liss, pourtant illégale). Quand un commerce légal en cache un autre illégal… Plein de de pieds de nez aussi pour nous embrouiller aussi dans ce monde où toutes les unités de mesures sont changées et où les paiements s'effectuent en peaux de truffes.

« le glacier principal, Ol'Skintop, s'était encore retiré de 4,62 Grables au cours des dernières vingt-quatre heures. Et la température à New York relevée à midi dépassait de 1,46 Wagners celle de la veille. Sans même parler du taux d'humidité, dû à l'évaporation des océans ; il avait augmenté de 16 Selkirks. Toujours plus chaud, toujours plus humide ; la nature poursuivait sa procession inexorable, et vers quoi » ?

J'ai adoré l'humour de Philip K.Dick, mordant, corrosif, l'air de rien, oui un humour pince-sans-rire qui arrive quand on ne s'y attend pas et qui crée des images délirantes dans nos cerveaux malmenés :

« Écoutez, lui dit-il tout en tapotant sa main, ne vous inquiétez pas ; ce n'est pas dans la nature humaine de se sacrifier pour autrui. Finissez vos croquettes de grenouilles ganymédiennes et retournons au bureau ».

« À l'heure qu'il était, la jeune femme blonde et frêle mais dotée d'une poitrine gigantesque devait graviter à huit cents kilomètres d'altitude dans sa villa-satellite, en attendant qu'il quitte le boulot pour le week-end ».

Bon, j'arrête là, je crois que je suis tombée en Dickolâtrie…Et tout ça, la faute à Dourvac'h qui m'a donné furieusement envie de me plonger dans l'oeuvre de Philip K.Dick ! Cet ami babéliote a fait un travail colossal en regroupant et décrivant dans une liste toute l'oeuvre de cet incroyable auteur sur sa page, je vous invite à aller y faire un tour : https://www.babelio.com/liste/15343/Philip-K-DICK-1928-1982-A-Maze-of-DeathCa

Un grand merci Dourvac'h, vu la bibliographie foisonnante de cet auteur, je vais me régaler !
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Ne venez pas me faire croire que Philip K. Dick ne buvait que de l'eau et ne consommait que du tabac... A grands coups de D-liss et de K-priss qu'il l'a écrit ce roman, je vous le dis !

A ceux qui ont lu Ubik et qui l'ont adoré alors n'hésitez pas et foncez ! On retrouve les thèmes qui sont chers à l'auteur, à savoir des parallèles, et même des perpendiculaires, entre monde réel et monde imaginaire /rêvé / fantasmé. le tout s'imbrique, se mélange jusqu'au stade où le lecteur devient comme les personnages du livre, à ne plus savoir comment démêler le tout, puisque l'irréel, provoqué dans l'esprit à grands renforts de drogues concurrentes, devient tellement envahissant qu'il déborde sur le réel en laissant à la vue de n'importe qui les fameuses stigmates auquel le titre du bouquin, en version originale, fait référence.

Philip K. Dick nous embrouille l'esprit, nous soumet différentes questions, pour nous faire douter de ce que l'on pense voir et savoir de la réalité des choses qui nous entourent. Il vient même nous proposer une réflexion sur ce qui fait qu'un Dieu l'est effectivement, par son emprise, son pouvoir, son omniprésence... ne pourrait-on pas même parler de don d'ubiquité !?

Oui il était tordu cet auteur, un peu complètement barré même dans sa tête, mais c'est pour ça qu'on l'aime....

Toutefois, je tiens à préciser que malgré, le caractère certes confus et de plus en plus compliqué de l'intrigue, ce livre est extrêment facile de lecture. Les personnages sont plaisants et le tout est assez visuel.
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"Le dieu venu du Centaure" ["The Three Stigmata of Palmer Eldritch", 1964 ; traduit de l'américain par Guy Abadia pour le compte des éditions Opta en 1969] est un égal qualitatif — dans sa fantastique profusion d'imaginaire — de la "trilogie de la Mort" que formeront quelques années plus tard "Ubik" ["Ubik", 1969], "Le guérisseur de cathédrales" ["Galactic Pot-Healer", 1969] & "Au bout du labyrinthe" ["A Maze of Death", 1970].

Sommet parmi d'autres chefs d'oeuvre de romanesque débridé, disséminés dans la carrière prolifique du grand Californien (1928-1982) : "Loterie solaire" ["Solar Lottery", 1955], "Les pantins cosmiques" ["The Cosmic Puppets", 1956], "Glissement de temps sur Mars" ["Martian Time-Slip", 1964], "Le Maître du haut-Château" ["The Man in the High Castle", 1962], "A rebrousse-temps" ["Counter-clock World", 1967], "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" ["Do Androids Dream of Electric Sheep ?", 1968]... qui fut adapté du vivant de l'auteur par Ridley Scott sous le titre "Blade Runner", sorti en 1982 et que "Phil" n'eût malheureusement plus le loisir d'admirer... Ce pour ne citer que ses romans les plus justement célèbres !

Les livres de DICK — romans comme nouvelles dites de "s.-f." — se lisent (et se sont d'ailleurs écrits) à une vitesse supersonique, née du talent si original de l'auteur mais aussi de cette aisance fort démocratiquement procurée par la tachypsychie amphétaminée, "cadeau" de la dernière guerre inondant les drugstores californiens, dont ceux d'Orange County... (Ne s'agissait-il pas aux pilotes U.S. d'éviter de "piquer du nez" au cours de leurs très longues missions à fort risque létal ?)

Tout nous bouleverse et nous séduit curieusement, quand certains personnages présentés semblent n'avoir que l'épaisseur du papier à cigarettes...

"Semblent" car la superficialité n'est là aussi qu'illusion : l'auteur vient "incarner" lui-même pratiquement chacun de ses personnages, "armé" de sa désarmante mais exemplaire empathie : comme pour ce Richard Hnatt dont nous nous trouvons à partager les pensées lorsqu'il se retrouve ligoté comme un cobaye passif et effrayé sur la table d'Evolthérapie de la Clinique "haut-de-gamme" du Dr Denkmal... et découvrons alors que nous avons accès à la cosmogonie personnelle de Philip K. Dick...

Et l'humour foudroyant du pince-sans rire" de Philip K. Dick, énonçant calmement la phrase suivante :

"Ils se trouvèrent bientôt devant un vaste laboratoire équipé de tout l'attirail scientifique et de deux tables à la Frankenstein au grand complet, sans oublier les fers destinés à entraver les poignets et les chevilles."

Et quelques pages plus tard (surtout si vous avez l'imprudence de rouvrir le livre à trois heures du matin), vous sentirez la réalité se dérober sous vos pas, se fragmenter bizarrement, partir en loques...

Ce charmant Combiné "PerkyPat" [or "P.P. Layouts, Inc."] des "Poupées Pat" (simili-Ken & Barbie, et leurs nombreux amis.. ) que n'aura nul besoin de fournir à ses clientèles captives la firme concurrente, responsable de la production du terrible K-Priss, lichen exporté (bien sûr illégalement mais avec le soutien d'une O.N.U. en perte totale de repères) du système stellaire de Proxima du Centaure...

C'est que... (et la publicité du Tout Nouveau Produit, pour une fois absolument pas mensongère pour un sou, nous annonce clairement la couleur avant d'inonder le marché de notre Solar System ) : " DIEU PROMET LA VIE ÉTERNELLE. NOUS, NOUS LA DISPENSONS. "

A nos risques et périls, bien sûr... Pas de retour-en-arrière possible, évidemment ! (mais en ce monde devenu sans issue, ma foi...).

Il est clair que le Capitalisme semble, au fond, avoir un sérieux béguin pour la paix des grands cimetières intergalactiques (Il fait 80° Celsius à l'aube sur les boulevards désertés de New York : la circulation souterraine y est chaudement recommandée)... Un des moyens de son expansion est — tout de même — de conserver vivante sa clientèle, non ?

La mort, le temps, les menaces qui se multiplient, la fuite en avant du récit, ces inévitables couples qui se défont et se déchirent... et, sous la fluence de l'humour contextuel de l'auteur, les cent mille signes de perte de nos repères spatio-temporels : "Où s'est planqué le réel, nom d'un chien ?" ...

"Dites, est-ce que nous sommes encore dans le Jeu ?" s'écrie, effaré, l'un des joueurs (butant sur le cadavre sanguinolent d'un autre joueur) à la fin du très "dickien" "eXistenZ" [1999], film-phare de David Cronenberg...

Tout le problème de ces humains conditionnés (nos frères et soeurs, personnages de roman d'un futur dévasté par ce cauchemar entropique d'un échauffement climatique sans retour en arrière envisageable) ayant à faire un "choix" entre les prises de "D-Liss" ["Can-D" in english] ou de "K-Priss" ["Chew-Z"]...

Soit une pharmacopsychose généralisée — inéluctable et finale — qui risque bien de leur être fatale : Palmer Eldritch (et son redoutable pouvoir de corrompre leur existence déjà si précaire) — ce "dieu venu du Centaure" aux trois stigmates (dont la fameuse et terrifiante mâchoire d'acier, yeux fendus et bras articulé depuis le "crash" de sa fusée à la surface de Pluton) existe-t-il réellement ?

N'oublions pas que "The Three Stigmata of Plamer Eldritch" fut (également ou surtout) écrit en ce début d'année 1964 pour tenter d'atténuer la charge émotionnelle d'une vision : celle d'une déité maléfique REELLEMENT apparue à son auteur, quelques semaines auparavant, dans le ciel nu au-dessus de sa tête. Cet "artifice" ou ce choix vital de transférer cet élément de son tableau hallucinatoire dans une fiction devait —pensait-il — lui éviter (au moins temporairement) de basculer dans la folie... Ligoté à ses responsabilités conjugales et paternelles, Dick avait "une famille à nourrir" et devait continuer sur le rythme d'une demi-douzaine de romans à produire ou "fournir" chaque année... Depuis ses premières nouvelles, la magie noire de la "méthamphé" a fait le reste... C'est bien elle qui le fera disparaître (pancréas et cerveau totalement "cuits", reliefs assaisonnés aux vapeurs éthyliques) à l'âge de 53 ans.

Un cauchemar en treize chapitres décisifs... Où le fantasme gagne sans cesse du terrain, jusqu'à contaminer tout le réel. Et répétons-le : NE STRICTEMENT PAS REPRENDRE UNE DOSE A DEUX HEURES DU MATIN POUR ESSAYER DE SE RENDORMIR ! D'ailleurs, une seule imprudente mastication suffit pour le voyage sans retour... Ne parlons pas d'une seconde prise trop rapprochée ni d'une surdose qui "vertiginiserait" (définitivement) tous vos ressentis et détraquerait (pour toujours) la Flèche du Temps...

Mais lisez bien vite les magnifiques "papiers" de mes collègues en Dickolâtrie, ci-dessous : bien plus précis, fouillés, documentés que le mien, si vite expédié ! Mais vite, vite, une nouvelle dose de "métamphé"... Bon sang, voilà que quelqu'un — salaud qui ne pense qu'à me nuire — s'est encore servi dans MON armoire à pharmacie et en a gardé la clé ! Au secours !!!

NOTE : un précieux sésame pour une parfaite connaissance de la trajectoire existentielle parfaitement christique de son auteur ? Une dense biographie, extrêmement fluide et sans doute "définitive" dûe à un Universitaire de Minneapolis, Lawrence SUTIN. Ce magnifique essai [qu'on peut acquérir une misère, au prix de vente public de 10,30 €] s'intitule : "Invasions divines. Philip K. Dick, une vie" [1989, traduit de l'américain par Hélène Collon en 1995 pour le compte des éditions Denoël, collection Présence du futur" — réédité chez Gallimard pour leur collection "folio SF"] : travail découvert en anglais et immédiatement "vampirisé" par notre écrivain-chouchou national E. Carrère... Sorte de bon vieux D-Liss ingurgité par ce dernier, qui lui permit de régurgiter bientôt une "biographie romancée" [???] dickienne finement intitulée "Je suis vivant et vous êtes morts" [*], parue en 1993 et immédiat "succès de librairie"...

[*] ... réplique là aussi "piquée" à ce brave Runciter, prévenant fraternellement son employé Joe Chip dans le célèbre "Ubik" de l'an 1969...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Le réchauffement de la Terre a atteint de telles proportions que l'homme est désormais obligé de coloniser Mars, entreprise lancée par l'ONU. Les conditions de vie là-bas ne sont pas très réjouissantes, et les candidats sont envoyés de force. Les colons ne supportent leur vie qu'à l'aide d'une drogue illégale nommée D-Liss, qui provoque une hallucination collective, et permet à chacun, le temps d'un instant, de s'incarner en Pat ou Walt, sorte de Barbie et Ken de ce monde virtuel.

Le retour de Palmer Eldritch dans notre système solaire change la donne pour les fournisseurs du D-Liss : parti depuis dix ans vers Proxima du Centaure, il revient avec une drogue nettement plus puissante : fini de se retrouver à cinq ou dix dans le même avatar ! Avec le K-Priss, chaque consommateur pourra désormais créer son propre univers et refaire le passé à l'infini. Malheureusement pour les clients, Eldritch en personne semble s'insinuer dans chacune de leurs hallucinations.

Dick utilise dans ce roman ce qu'il sait faire de mieux : une réalité floue, insaisissable, qui rend le lecteur paranoïaque : on craint à chaque page un nouveau « twist », on n'ose plus s'attacher à la moindre tentative d'explication des évènements de peur qu'elle soit de nouveau balayée un peu plus loin. Et pourtant, tous ces retournements de situation s'enchaînent avec fluidité. « Le dieu venu du Centaure » a été pour moi purement jubilatoire.
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C'est le livre Dickien par excellence. Celui où toutes les frontières s'effacent.
Palmer Eldritch est t'il encore humain ? Est-t'il un proxien ? autre chose ? leur complice ? ou un résistant ? Vous ne le saurez pas car il n'apparait que dans les visions de ceux qui ont pris sa drogue.

Le K-Priss est très puissante et à l'inverse des autres drogues on ne sait pas vraiment quand l'hallucination se termine. En fait à partir du moment où le narrateur prend du K-Priss on ne sait plus s'il revient à la réalité ou s'il a rêvé y revenir. Suivant le point de vue plusieurs réalités coexistent ou se contaminent.
Quelqu'un va t'il alors contrecarrer Palmer Eldritch et son K-Priss dans la réalité ? dans une des réalités il est mort ... mais pas dans toutes.

Philip K. Dick dissémine des indices mais au final c'est au lecteur de choisir.

C'est brillamment écrit mais si vous aimez les récits linéaires et limpides passez votre chemin.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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Audiolib – Lu par : Frédéric Souterelle – 8h56

Pur roman de science-fiction lu pendant mon adolescence et dont j'avais gardé un bon souvenir !

Audiolib a eu la bonne idée de le proposer à l'écoute via NetGalley et je n'ai pas hésité après avoir entendu Frédéric Souterelle dans un extrait. Sa voix de basse renforce l'impression d'irréalité donnée par le texte !

Une partie de l'humanité est exilée sur Mars où la vie est aussi difficile que sur Terre, la nostalgie en plus ! le D-Liss est une drogue illégale mais tolérée qui fait vivre ses consommateurs dans des illusions et où leurs phantasmes peuvent prendre vie ! Cette drogue est le monopole de Leo Bulero. Mais la guerre du commerce et du pouvoir va faire rage avec l'arrivée du K-Priss et de Palmer Eldrich.

A partir de là tout part en vrille et Philip K. Dick nous embarque dans les délires de son imagination débridée et m'a donné l'impression d'être tout autant manipulée que les consommateurs de K-Priss ! Qu'est-ce qui est vrai ? La réalité existe-t 'elle toujours ou tout est-il devenu éthéré et immatériel ?

Complexe mais Jubilatoire !

#LedieuvenuduCentaure #NetGalleyFrance

Challenge MAUVAIS GENRE 2021
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Dans une Terre où le réchauffement climatique n'est plus une hypothèse, il devient difficile de voir un avenir durable sur cette dernière. C'est pour cela que l'ONU a commencé la colonisation de Mars. Mais les premiers colons, souvent envoyés de force, s'ennuient ferme dans les clapiers de la planète rouge. Leur seul distraction est l'utilisation de Poupée Pat, qui avec des d'objets miniaturisés et surtout le D-Liss, une drogue hallucinogène, leur permet pendant quelques minutes de vivre une autre vie, comme au bon vieux temps sur Terre.

Léo Buléro est la patron de la société Poupée Pat, qui officiellement fabrique les Poupée et les objets miniaturisés, mais qui officieusement s'occupe aussi de vendre le D-Liss dans l'illégalité. Il est aidé par Barney Mayerson, un employé de Léo qui s'occupe grâce à son talent cognitif de choisir les articles qui auront une chance d'avoir du succès auprès des colons en modèle réduit pour leurs hallucinations. Tout va bien dans le meilleur des mondes (hum) jusqu'au jour où Palmer Edritch, un ancien industriel à succès, revient d'un voyage de 10 ans en dehors du système solaire avec une drogue bien plus puissante que le D-Liss, qu'il nomme le K-Priss, et dont il compte bien en faire profiter à tous les colons, puis les Terriens, et ce avec l'aval de l'ONU. C'est tout le marché de Léo Buléro qui est menacé, et il ne compte pas se laisser faire.

J'arrête là mon résumé, qui est bien trop long, et dont pourtant il manque tant de chose rien que pour poser la base de l'histoire qui va bien plus loin que ça. Ce livre de petite taille est, comme souvent chez Dick, d'une sacrée densité. En fait, tout l'univers Dickien semble être concentré dans ces 280 pages en format poche. Les idées fusent, pas toutes extrêmement approfondis mais toujours intéressantes et cohérentes. Les objets en miniature, typique de la caricature de la société de consommation, une marotte chez Dick tout comme l'omniprésence et l'omnipotence des multinationales. Il est aussi question d'une Terre proche de sa fin, mais aussi de l'évolution accéléré médicalement. Les troubles de la réalités, dans un livre qui parle d'une drogue hallucinogène, sont forcément légions, encore plus quand ce livre est écrit par Dick. Surtout qu'il y rajoute des troubles temporels, le bougre. A partir d'un tiers du livre, après une péripétie que je ne spoilerai pas, le doute s'installe et ne quittera plus le lecteur. La dernière partie nous rajoute un mysticisme de bon aloi et des questionnements théologiques forts intéressants. le tout est servi par une narration de très grande qualité, qui nous tient en haleine jusqu'au bout, qui nous perd et nous retrouve juste comme il faut, qui nous fait douter tout le temps. On fait des hypothèses, parfois balayées la page d'après par l'auteur. On s'accroche, et on aime ça.

Ce livre a été écrit durant la période considérée comme qualitativement la meilleur de Dick, celle de ''Ubik'' et du ''Maître du haut château'' notamment (dont on retrouve certaine chose en commun), celle aussi où les psychotropes faisaient parti intégrante de sa vie. Si le livre a une bonne côte, il n'a pas la renommé des deux livres cités précédemment, une erreur à mon sens. Attention, Dick n'est pas l'auteur de SF le plus facile d'accès, et ce livre n'est pas le plus facile d'accès de sa bibliographie. le premier tiers du livre reste assez simple à suivre une fois bien rentré dans le contexte. Certains termes ne sont expliqués qu'au fur et à mesure de l'avancé du récit, mais c'est assez classique dans le genre, et ça ne gêne en rien la compréhension. La suite par contre demandera quelques efforts, et une bonne concentration, mais c'est tellement bien fait qu'on se prend au jeu sans difficulté.

C'était mon 5ème livre de cet auteur, et mon 5ème très bon livre. Bon ok, je ne les ai pas choisi par hasard, mais quand même. Un auteur unique, à l'imagination débordante, et au talent narratif certains. Un vrai maître de la Science Fiction.
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"Rien n'est vrai tout est permis" : Il semblerait que cet adage a été créé pour résumer ce roman complètement hallucinatoire où la réalité vacille de plus en plus jusqu'à devenir un simple vague souvenir. Là réside bien le talent de Philip K. Dick. Faire exploser les codes du monde tel qu'on le connait pour laisser filtrer par les failles l'immensité cosmique de possibles tout ce qu'il y a de plus incroyable mais néanmoins (presque) plausibles.

Ce qui se dégage de tout ça, c'est une vision de lente agonie de l'espèce humaine qui n'est plus qu'assoiffée de pouvoir et de transformation de son corps et de son entourage. le côté science-fiction n'enlève rien à la perspicacité du propos, et actuellement, quarante ans après la première publication du roman, nous nous rapprochons davantage du monde qui est décrit - voilà de quoi donner des sueurs froides (ce qui n'est pas plus mal, en période de réchauffement planétaire). La réflexion de l'auteur sur la religion et la prise de psychotropes semble un peu tirée par les cheveux mais n'est pas dénuée de bon sens, mais ne plairait sans doute pas à tout le monde. Mais ceux qui auront expérimenté les deux auront de quoi se triturer un peu le cerveau. En tout cas, personne n'en sort indemne et il y a de nouveau une confrontation du bien et du mal dans ses nuances les plus subtiles et complexes, afin de bien intégrer une fois pour toute que les extrêmes se rejoignent souvent... Et surtout, que notre pire ennemi n'est pas le Mal, mais bien le doute. Car, lorsque l'on en arrive de douter un peu, petit à petit, puis de plus en plus, et enfin de tout, alors il ne reste plus rien à quoi s'accrocher : autant se laisser mourir.

Le début est un peu laborieux, oscillant entre l'un peu fade et l'un peu trop complexe, mais le récit gagne en intensité et en philosophie au fur et à mesure, de manière presque exponentielle. Si la qualité strictement littéraire du livre n'est pas son point fort, Philip K. Dick excelle encore une fois dans l'étrangeté et la pertinence, et mérite bien sa place sur le trône de la science-fiction.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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De quelle drogue aurons-nous besoin pour vivre dans un univers ravagé, réchauffé? Quelle évasion dans un monde irréel nous sera alors nécessaire? Peu habitué des livres de science-fiction, suffisamment néanmoins pour connaître les univers de Philip K.Dick, j'ai été absorbé par cette histoire où la frontière du réel est toujours floue, l'hallucination toujours possible est souvent complexe. Un monde où l'homme refuse d'être ce qu'il est vraiment. Cette histoire vaut pour aujourd'hui comme pour demain, sans doute aucun.
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Ce fut mon premier Dick (dans la vieille collection Galaxie-bis) et le début d'une fascination . Lire Dick c'est enfiler une camisole de force , il vous enferme dans ses mondes paranoïaques . Palmer Eldritch a bien hanté mes cauchemars . Thèmes dickiens : les villes jouet / La drogue/ le psychiatre robot/ la réalité incertaine. Un grand livre.
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