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EAN : 9782072574290
192 pages
Gallimard (05/02/2015)
3.56/5   9 notes
Résumé :
C'est l'autobiographie (partielle) de Marie Didier, l'auteur de Contre-visite et de Dans la nuit de Bicêtre. Son père est tué à la guerre, sa mère devient institutrice et, enfant, elle contracte la tuberculose qui la condamne à un isolement de plusieurs années. Elle fait sa médecine à Toulouse, s'éprend d'un professeur de littérature qui, après sa désertion en opposition à la guerre d'Algérie, connaîtra un temps la prison. Le couple avec leurs deux filles va vivre à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Chroniqué le 15 mars 2015- Remanié le 16 mai 2021, après relecture….

Qui sommes-nous ? de quoi sommes-nous faits ? Les grandes questions que Marie Didier traite dans cet ensemble de souvenirs….

« Qu'ils aient tenu un rôle effacé ou déterminant, tous m' ont appris, m'ont donné quelque chose.
Ne suis-je donc alors que « l'addition des autres « ?
Sans eux, qui aurais-je bien pu être ?
Alors, qui suis-je ?
Et que reste-t-il de ce « fourre-tout de hasards » qu'on appelle le « je », auquel nousnous cramponnons tous avec acharnement ? (p.183)”

J'ai beaucoup apprécié ce récit autobiographique de Marie Didier, dont j'aime les écrits autant que la sensibilité… Comme si avec ce livre… je poursuivais une conversation avec une amie.l

Marie Didiernous offre des éclats de vie…entre son enfance et son présent, les rencontres, les visages, les sourires, les présences du passé qui ont infléchi d'une manière ou d'une autre le cours de son existence, ses années en Algérie avec son mari dissident, résistant auprès des Algériens, mai 68, son parcours vers l'écriture, sa pratique de médecin, ses relations à ses patients, ses amitiés avec Claude Roy, Jean Grenier et J.B. Pontalis, ses amours, sa famille, ses filles, ses modèles en littérature comme en médecine, etc.

« J'ignore encore à ce moment-là que, tout au long des années qui vont suivre, j'écrirai, sans doute sous différentes formes, toujours le même livre.
Chacun d'eux sera en effet traversé par la même question qui attendra toujours la même réponse. Pourquoi, où et comment trouver la joie, la force de rester debout même quand tout s'effondre ? » (p.169)

S'il existe une lecture [hormis les écrits de Camus, évidemment !] que je voudrais partager, et faire lire à tous, c'est le sensationnel ouvrage de cette auteure-médecin, qui est dans mes souvenirs de lecture les plus marquants !!!

Je souhaitais nommer : « Dans la nuit de Bicêtre », sombre et lumineux, tour à tour. Texte dont Marie Didiernous parle abondamment dans ces lignes afin de nous expliquer la genèse de ce très beau livre qui sort de l'ombre un homme modeste, humble ; qui, par son bon sens et son humanité, révolutionnera le sort des « aliénés »…

Peu importe à un moment donné… la culture, la position sociale, ou toute autre considération de façade !!! Ce qui prévaut c'est l'intensité de l'humanité inhérente à chaque individu par laquelle il va se dépasser, se révolter, agir…Et c'est le cas de Jean-Baptiste Pussin, qui libérera les « fous de leurs chaînes » ; le mérite en sera attribué ensuite à Pinel, dans la postérité, injustement !

Dans ces réminiscences, Marie Didiernous parle également de ce temps qui passe inexorablement !
Même si ces passages sur l'approche, la venue de la vieillesse sont très forts, je regrette un « petit peu » que l'auteure achève son récit sur les ravages de l'âge… comme si nos écrivains de prédilection, comme nos proches, nos amis, nos amours…nous refusions de les voir changer, souffrir, vieillir !...

J'ai trouvé très longtemps la « RELECTURE » inutile ou dangereuse [pouvant apporter déception au lieu de l'enthousiasme originel !]… Je me suis exercée ces derniers temps lorsque je faisais une relecture de compléter ma chronique lorsque j'en avais rédigé une, et que je la trouvais insuffisante ou donnant une image trop réduite. Pour ce livre, par exemple, bizarrement j'avais insisté de façon disproportionnée sur la fin, un peu sombre, alors que le récit dans son ensemble est plutôt lumineux et combattif…
Je viens donc de soustraire un passage qui donnait un parti-pris injustement négatif… alors qu'il est tout le contraire. En contrepartie, j'ai choisi d'ajouter un extrait qui m'a fortement émue…qui illustre à merveille le sujet du livre et le titre que l'auteure a choisi :

« Si l'oncle Frédéric n'avait pas insisté auprès de sa famille pour faire suivre des études à mon grand-père, je n'aurais jamais appris à aimer la musique en l'écoutant jouer Mendelsohn ou Brahms sur son violoncelle, je n'aurais jamais aimé lire -Les Trois Mousquetaires-, -Les Misérables- ou -Le Comte de Monte-Cristo et je n'aurais peut-être pas eu à l'âge adulte cet amour de la littérature qui m'est encore aujourd'hui un secours si précieux.
sans lui, je n'aurais enfin jamais pu faire d'études ni pratiquer le métier de médecin. (...)
Et j'aurais pu mourir sans avoir connu le désert , les voyages, l'amour, le cinéma, la musique, la poésie et la littérature. (...)

Aujourd'hui, sur une étagère, juste sous le rayon poésie, il y a toujours la trousse de l'oncle Frédéric, toute en cuir rouge encore vif et gravé à l'or fin.
A l'ouverture des rabats, spatules, pinces et bistouris (...)
Je ne connais rien d'autre de cet homme.
Pourtant je lui dois tout.
jusqu'à ce jour, mon ingratitude envers lui fut totale. (p. 74) »

Et combien chacun de nous a sa dette d'ingratitude envers des personnes « oubliées » qui ont d'une manière plus ou moins évidente laissé une empreinte essentielle…dans la direction de nos existences !


Une lecture des plus touchantes d'une militante au parcours incroyable : femme-médecin, engagée envers ses malades, et plus particulièrement les gitans, communauté pour laquelle elle se battra comme médecin-gynécologue et femme…aux nombreux textes de qualité, reliés très souvent à sa pratique médicale, dans une forme et un contenu très critiques, regorgeant de sensibilité, d'empathie (dont l'un de ses 1ers écrits, « Contre-visite » défendu par J.B Pontalis)…et surtout…EXCUSEZ mon insistance … « dans la nuit de Bicêtre » qui est une vraie pépite, à tous points de vue…il demeure toujours dans les livres que j'emporterais sur une île déserte !!


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Sur le moment, on ne se le formule pas toujours aussi clairement.

Mais chacun sait bien que certaines rencontres, au fil d'une vie, pèseront plus lourd que d'autres quand viendra le moment de se souvenir.

Parfois ce sera juste une scène, une phrase attrapée au hasard et qui résonnera longtemps en nous. Un visage, une présence, une voix qui aura modifié notre façon de voir le monde.

Apprendre des autres, dans le partage ou l'affrontement, dans l'amour, l'amitié ou la déchirure, c'est ainsi qu'on se construit. Dans l'urgence de la vie, il n'y a guère le temps pour se remémorer et « rendre grâce » comme on disait autrefois.

Puis vient un jour où, additions et soustractions effectuées, nous avons envie de payer notre tribut, de nommer ceux et celles à qui l'ont doit d'être encore debout.





Debout est un qualificatif qui va bien à Marie Didier. Gynécologue, militante de toujours pour le droit à la contraception et à l'avortement, engagée auprès des populations les plus fragiles, elle s'est installée à Toulouse après avoir commencé sa carrière à Alger dans les années qui ont suivi l'indépendance.

Elle publie son premier livre, Contre Visite en 1988, qui relate son quotidien de médecin.

D'autres suivront, nommés récits, romans, nouvelles, mais, dit-elle, c'est toujours le même livre qu'elle écrit, à partir des corps, de la chair, glorieuse ou souffrante, la sienne, celle de ses patients.

Aujourd'hui paraît chez Gallimard Ils ne l'ont jamais su, fragments d'autobiographie, où enfin Marie Didier peut nommer les hommes et les femmes envers qui elle considère devoir faire acte de reconnaissance.

Anonymes ou célèbres, ils ont tous, sans l'avoir su, infléchi le cours de sa vie.
(France Inter)
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pas pu aller jusqu'au bout, pourtant le sujet m'intéressè grandement mais la façon d'écrire de cette dame ne me convient pas car elle passe d'un lieu à l'autre sans corrélation , on passe d'un coup entre le sud ouest pour arriver on ne sait comment à Valences, de la Tunisie à Alger par surprise dommage
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Si l'oncle Frédéric n'avait pas insisté auprès de sa famille pour faire suivre des études à mon grand-père, je n'aurais jamais appris à aimer la musique en l'écoutant jouer Mendelsohn ou Brahms sur son violoncelle, je n'aurais jamais aimé lire -Les Trois Mousquetaires-, -Les Misérables- ou -Le Comte de Monte-Cristo et je n'aurais peut-être pas eu à l'âge adulte cet amour de la littérature qui m'est encore aujourd'hui un secours si précieux.
sans lui, je n'aurais enfin jamais pu faire d'études ni pratiquer le métier de médecin. (...)
Et j'aurais pu mourir sans avoir connu le désert , les voyages, l'amour, le cinéma, la musique, la poésie et la littérature. (...)

Aujourd'hui, sur une étagère, juste sous le rayon poésie, il y a toujours la trousse de l'oncle Frédéric, toute en cuir rouge encore vif et gravé à l'or fin.
A l'ouverture des rabats, spatules, pinces et bistouris (...)
Je ne connais rien d'autre de cet homme.
Pourtant je lui dois tout.
jusqu'à ce jour, mon ingratitude envers lui fut totale. (p. 74)
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Ces hommes et ces femmes ont traversé ma vie en y tenant parfois des rôles secondaires. En apparence seulement.
Ils ont dû pourtant infléchir le cours de mon existence. Ils ne l'ont jamais su et comme eux, jusqu'à aujourd'hui, je ne l'ai souvent jamais su moi-même.
Pour la joie qu'ils ont pu me donner par leur façon d'agir, de sourire, de parler, de se taire, je leur voue plus de reconnaissance que s'ils m'avaient un jour rendu service. De tels êtres " communiquent la vie" (p.12)
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J’ignore encore à ce moment-là que, tout au long des années qui vont suivre, j’écrirai, sans doute sous différentes formes, toujours le même livre.
Chacun d’eux sera en effet traversé par la même question qui attendra toujours la même réponse. Pourquoi, où et comment trouver la joie, la force de rester debout même quand tout s’effondre ? (p.169)
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Nous nous écrirons ainsi à plusieurs reprises. Sa générosité qui n’attend rien en retour, sauf un peu d’ouverture et de calme de ma part, va me mettre sur le chemin de cette éthique où il n’y a ni dieu, ni péchés, ni culpabilité, mais seulement un travail obstiné, patient et difficile sur une conscience qui ne demande qu’à se laisser embarquer encore et encore par des émotions capables de la détruire. (p.141)
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Le vieux maître aborde ensuite la notion de karma qui rendrait compte aujourd'hui de nos malheurs et de nos bonheurs, ce qui , pendant qu'il parle, ne cesse de me scandaliser. Comment accepter de payer la note aujord'hui pour la criminelle, l'usurière ou la prostituée que j'étais peut-être dans des vies antérieures ? (p.137
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