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EAN : 9782251452784
120 pages
Les Belles Lettres (04/02/2022)
3.55/5   11 notes
Résumé :
« J'ai tenu ce journal au début des années 2020, quand on pouvait encore faire la différence entre la parole et la communication. Mais déjà, dans beaucoup de situations, on n'y voyait plus très clair. » Psychanalyste de métier, Yann Diener pioche dans le langage courant des mots et des expressions venus du jargon informatique, tels que « Pendant toute mon enfance j'ai fait l'interface entre mes parents » ; « Je suis déconnecté de ma famille » ; « Je dois me connecte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans son LQI (langue quotidienne informatisée), un essai intéressant, léger et accessible, Yann Diener, psychanalyste, pose un diagnostic de jargonaphasie sur le comportement langagier de notre société.

Effectivement, de plus en plus des mots et expression issus du vocabulaire des techniques et des métiers, notamment issu de l'électronique et de l'informatique, transpirent dans les propos du quotidien (la preuve, il dit ça en employant une tonne de jargon de son métier : la psy).

Ce phénomène, déduit-il, témoigne de la place qu'ont prit les machines dans la vie quotidienne et, par là-même, de l'acceptation de l'être humain à réduire sa parole. Il ne parle plus, il « communique » à travers un langage « numérisé » par un des nombreux appareils qu'il peut utiliser au cours d'une journée. En surcodant en « binaire » sa parole qui est déjà un « codage » de son subconscient, l'humain agit comme un autiste qui se coupe du monde réel (si tant est qu'il existe) par peur du danger que représente la parole.

Pour illustrer sa thèse, somme toute simple, il nous raconte, en passant, Freud, Lacan, Alan Turing, celui qui a « craqué » les « codes » émis par la machine Enigma qu'utilisait l'armée nazi, Oedipe, qui a « craqué » le « code » du Sphinx qui gardait les portes de Thèbes et une bande de « hackers » qui ont complétement retourné une créature numérique destinée à être « positive ».

Et le langage sms dans tout ça ?
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Une stimulante réflexion sur ce que les chiffres et les codes du langage informatique banalisé qui déteint sur l'ensemble de la vie nous font, en surface et en profondeur. Davantage une indication de pistes qu'une analyse aboutie, toutefois.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/05/31/note-de-lecture-lqi-notre-langue-quotidienne-informatisee-yann-diener/

Psychanalyste, déjà auteur de « On agite un enfant » (La Fabrique, 2011) et de « Des histoires chiffonnées » (Gallimard, 2019), par ailleurs chroniqueur pour Charlie Hebdo, Yann Diener nous offrait en février 2022 ce « LQI – Notre Langue Quotidienne Informatisée », publié aux Belles Lettres. L'intention en est passionnante : tenter de décoder comment, pourquoi et avec quels effets le langage (ou les langages) de l'informatique, de ses origines à sa banalisation profuse contemporaine, oriente nos modes de de pensée, d'une manière à la fois de plus en plus intime et de plus en plus automatique.

Cette centaine de pages fourmille de remarques réellement intéressantes, et indique plusieurs ébauches d'analyses comme autant de voies que l'on souhaiterait bien voir creusées. Mais dans le propos lui-même, Yann Diener ne parvient pas à (ou ne souhaite pas) émuler la rigueur d'historiens (rudement formés au contact de la micro-histoire chère à Carlo Ginzburg) tels que Christian Ingrao ou Johann Chapoutot qui, lorsqu'ils évoquent des convergences ou des accointances entre certaines données du nazisme et certains faits très contemporains, le pratiquent avec la prudence du véritable historien et la modestie des véritables enquêteurs qui savent exactement ce que coûte et vaut une hypothèse de travail – alors que la convocation ici de la « L.T.I. » de Victor Klemperer est plus largement péremptoire. Il ne déploie pas non plus le type de ferveur documentariste qui habite un Neal Stephenson lorsqu'il se lance à l'assaut du lien immatériel entre cryptographie de la deuxième guerre mondiale et capital-risque d'aujourd'hui (« Cryptonomicon », 1999), ni le brio à la fois rageur et incisif d'une Sandra Lucbert lorsqu'elle décortique les langues boisées du management contemporain (« Personne ne sort les fusils », 2020) ou de la dette-prétexte (« le ministère des contes publics », 2021), ni le sens poétique malicieux d'un Hugues Leroy lorsqu'il se penche, dans le numéro 1 de la revue La Moitié du Fourbi, « Sur les vertus de la concision dans certains textes que personne ne lit ». Oscillant souvent entre le si lapidaire qu'il en devient caricatural et le (trop) faussement naïf, le texte bouillonne, mais nous laisse largement sur notre faim, sans doute installé trop confortablement dans sa tonalité dominante de billet d'humeur plutôt que d'enquête authentiquement construite.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Un court texte intéressant mais qui ne va pas assez en profondeur. Je comprends bien que cet ouvrage ait été écrit un peu comme un journal, d'où les sauts rapides entre les différentes pensées et opinions de l'auteur. Néanmoins, c'est resté trop succin et parfois même les sauts entre les sujets évoqués trop larges.

Dans son journal, Yann Diener nous parle de l'informatisation de notre langage. L'homme ayant peuplé le monde de machines, il se retrouve à présent à adopter son vocabulaire et donc à laisser sa pensée être influencée par ce qui découle du langage technique et informatique.
Il mentionne également la binarité, socle du langage ordinateur, qui binarise nos discours. Si on peut encore parler de discours et de dialogue d'ailleurs. En effet, c'est la communication qui semble primer de nos jours. Les problèmes de communication sont d'ailleurs accentués pas nos manières de communiquer, par l'intermédiaire d'applications qui déshumanisent les propos.

Bref, bref, le propos de base est vraiment intéressant. D'autant que Yann Diener est revenu longuement sur l'origine des machines et en particulier des ordinateurs. La création de l'ordinateur et aussi de son appellation. Cependant, mis à part ces deux choses là sur lesquelles il a passé quelques chapitres, le reste ne fut qu'effleurer.

Néanmoins, le sujet est à creusé et lorsque vous discuterez avec autrui, il serait intéressant d'essayer de porter attention aux mots et aux expressions employés « naturellement ».
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J'ai reçu "LQI" dans le cadre de l'opération Masse Critique Babelio" mais ce court essai d'une centaine de pages ne m'a pas apporté tout le plaisir de lecture escompté. Entendons-nous : il se lit facilement et le style de l'auteur est agréable. le souci vient plutôt du fait que je m'attendais à l'oeuvre d'un linguiste, d'autant que l'ouvrage a été publié aux Belles-Lettres, et que je n'avais pas fait attention au fait qu'il s'agit d'un texte écrit par un psychanalyste qui cite Lacan ou Freud. On saute donc beaucoup du coq à l'âne. L'auteur finit par exemple un chapitre sur le fait que l'on dit aujourd'hui "je suis binaire" ou "je suis non-binaire", mais il s'approfondit pas, n'explique pas comment l'expression a dérivé du langage informatique vers le nôtre. En revanche, après deux chapitres sur Alan Turing, il nous cite le rêve d'un patient sur les raviolis puis le sien, puis Hemingway, Champollion, Bourdieu. de digression en digression, les pages se remplissent. Quand Yann Diener revient enfin à son sujet, il peut être passionnant : la fin du livre sur l'intelligence virtuelle Tay, l'origine du mot "ordinateur" ou les pages sur la grève du codage sont très intéressantes. Mais l'auteur "s'essaie" à la manière de Montaigne, à la différence qu'il cite Klemperer et Freud au lieu de Seneque et Plutarque. Son allure "à sauts et à gambades" peut rendre quelque peu perplexe.
Lien : https://www.instagram.com/fo..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mon hypothèse : cette omniprésence du codage est la marque d’un traumatisme. Ce geste qu’on répète partout sans arrêt, cette folie des codes, c’est une répétition traumatique. Mais de quel trauma ? Pour répondre à cette question, il faut situer l’invention de l’ordinateur dans son contexte historique et politique – l’ordinateur qui aurait justement tendance à ne pas avoir d’histoire, et à fonctionner sans passé. Il y a bien peu d’historiens de métier qui ont choisi l’informatique comme objet de recherche, alors que l’invention et l’expansion de cette technologie sont déterminantes pour notre histoire politique récente. Il faudra aussi aller voir du côté de ceux qui ont inventé les langages informatiques, des langages qui organisent une prédominance du codage dans tous nos échanges, dans toutes nos productions, matérielles comme intellectuelles.
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Une collègue m'explique qu'elle a de plus en plus de mal à communiquer avec ses enfants devenus adolescents. Je lui réponds, bête et méchant : "Et tu as essayé de parler avec eux ?"
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Quand j’ai commencé à travailler à l’hôpital – c’était il y a vingt-cinq ans -, il y avait un seul ordinateur dans le service : celui de la secrétaire. Et nous avions chacun un agenda « papier ». Aujourd’hui, chaque bureau de consultation est équipé d’une machine, et l’on doit s’y coller vingt fois par jour pour consulter l’agenda « électronique ». Je ne peux pas raturer ou biffer sur l’écran comme je le fais sur un agenda papier : je ne peux pas aussi simplement noter une remarque à côté du nom d’un patient, préciser les raisons d’une absence, ou encore marquer d’une flèche le trajet d’un changement de rendez-vous – autant de traces qui ont leur intérêt clinique, mais qui sont aujourd’hui effacées, englouties par la raison informatique.
Mon premier geste quand je commence mes séances à l’hôpital n’est donc plus de parler avec un patient, mais bien de communiquer avec un ordinateur.
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Le codage permanent, le jargon informatique qui a diffusé dans nos conversations quotidiennes et tous les sigles que nous utilisons sans trop savoir ce qu'ils recèlent, tout cela alimente notre passion de l'ignorance.
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Formidable outil pour alimenter les mécanismes de déni, le langage machine est la nouvelle novlangue contemporaine.On l'aime, on la pratique, on l'alimente, on la consolide tous les jours, parce qu'elle nous aide à ne pas trop comprendre ce qui nous arrive.
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Video de Yann Diener (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yann Diener
Yann Diener, psychanalyste, essayiste et chroniqueur pour Charlie Hebdo, présente son livre à paraître le 4 février : https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251452784/lqi
« J'ai tenu ce journal au début des années 2020, quand on pouvait encore faire la différence entre la parole et la communication. Mais déjà, dans beaucoup de situations, on n'y voyait plus très clair. »
Psychanalyste de métier, Yann Diener relève dans le langage courant des mots et des expressions venus du jargon informatique : « Pendant toute mon enfance j'ai fait l'interface entre mes parents » ; « Je suis déconnecté de ma famille » : ces termes n'étaient utilisés que par des informaticiens il y a seulement quelques années. L'auteur tente de mesurer les conséquences individuelles et collectives de ce glissement de la parole vers le langage machine, lequel est fondé sur un codage binaire. Digicodes, codes de messageries, mots de passe, cryptogrammes, QR codes : nous passons beaucoup de temps à « saisir » des codes, et à en parler. Et quand nous utilisons nos ordinateurs et nos téléphones, nous ne remarquons plus que nous faisons « tourner » des lignes de code.
Dans LTI, Victor Klemperer montrait comment la mécanisation de la langue allemande avait permis de mécaniser la pensée et les actes ; l'enquête de Yann Diener montre avec précision comme l'informatisation du langage rend notre pensée toujours plus binaire.
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