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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fatou Dioume d'origine sénégalaise, vit en France depuis longtemps. Dans ce récit, elle retrace son parcours de petite fille non désirée et rejetée par sa mère, sauvée et élevée avec amour par sa grand-mère. Elle se sent différente des autres jeunes filles de son village, fréquente les garçons, envie leur liberté, est un peu "garçon manqué". Elle veut aussi lire, apprendre car elle pense que le savoir est source de liberté.
Jeune fille, elle part étudier en France et décrit avec beaucoup de justesse, je pense, les différences culturelles entre la vie communautaire des villages africains et celle individualiste de l'Europe, la situation souvent peu confortable des immigrés, décalés en Europe et en Afrique, jugés par les deux. La vie en communauté, l'importance du groupe dans les sociétés traditionnelles africaines apporte solidarité, sécurité mais asphyxie, étouffe, les femmes surtout. En Europe, la liberté se paie par la solitude.
Fatou Dioume évoque l'espoir fou et souvent déçu des candidats à l'émigration, les échecs cachés, les difficultés tues.
Une belle plume, soignée, travaillée, de belles analyses, une réflexion intéressante, de l'émotion, de l'humour, un livre qui pourrait rapprocher les peuples.
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Salie, émigrée de Niodior, une île du Sénégal, à Strasbourg, n'a guère de nouvelles de sa famille que très indirectement, par son demi-frère Madické, qui attend d'elle les comptes-rendus des matchs du joueur Maldini, auquel il s'identifie. Car Madické rêve de l'Europe, notamment de la France, apprend le français dans l'espoir d'intégrer une équipe, connaître l'argent et la gloire tandis qu'il sait qu'il ne récoltera dans son île que la misère.

Salie sait bien, et d'autres émigrés savent bien, que la fortune pour soi et la famille n'est pas toujours au rendez-vous ; on le tait car la doxa est qu'en France, même quand on n'a pas de travail, on a des revenus princiers, et qu'il faut vraiment être le roi des bons-à-rien pour n'en pas revenir richissime... Or, dans le roman, les témoignages d'échecs, connus ou secrets, sont plus que légion. Comment expliquer à Madické qu'elle a pu gagner sa place en France pour n'avoir jamais eu de vraie place, elle, la fille, l'illégitime, à Niodior ? pour avoir été dès le début passionnée par les mots français et la connaissance, pour eux-mêmes ?

Un beau roman, d'autofiction (ce qu'elle dit du prénom des filles aînées des familles musulmanes trahit l'auteur), hymne aux origines africaines, pamphlet sur les illusions des pauvres et le cynisme des riches, texte mettant en valeur toute l'ambivalence d'une vie communautariste, texte féministe aussi... Moi, fille et petite-fille de l'immigration, j'ai aimé ce récit au-delà de ce que je croyais possible. Certaines images, notamment celles qui sont utilisées pour décrire les matches de foot (exercice stylistique périlleux), ne sont pas toujours convaincantes, mais il y en a d'autres qui rachètent bien tout cela !...
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Derrière l'Histoire, il y a des histoires, des vies, des personnes, des drames et des sentiments tout comme dans le roman de Fatou Diome où il y a l'histoire, celle d'une soeur et de son frère, liés par le sang et le téléphone, et, les histoires, celles des autres. Chacun sur un continent différent, elle, immigrée en France et comme écartelée, lui, au Sénégal, insulaire et désireux d'émigrer entretiennent une relation notamment basée sur le désir de ce dernier et opiniâtrement réprouvé par la première. Ce récit encadre alors tout un faisceau d'autres qui composent la densité du roman et révèlent la solitude de l'exil, les difficultés dues au statut d'immigrée, le désir d'indépendance et d'existence ainsi que la vie communautaire, l'insularité, le poids des traditions, la volonté farouche d'un ailleurs fantasmé et l'indigence. Sur fond de l'Histoire qui lie la France et l'Afrique, cette biographie romancée, néanmoins sincère, est rapportée dans un style touchant et parfaitement imagé grâce auquel on supporte l'insupportable, voire l'impardonnable.
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Ce livre semble relever autant du témoignage que du roman, car plusieurs éléments de la biographie de l'auteure sur son île natale, Niodior, y sont présents.
Avec ce point de vue, le côté décousu du récit passe mieux, car ainsi vont les souvenirs, à leur guise, dans le désordre.
Fatou Diome y parle du microcosme local, de sa jeunesse, des personnes qui l'ont soutenue alors qu'elle n'avait pas tiré les bonnes cartes à la naissance, des échanges avec son demi-frère qui s'identifie à un footballeur international italien et rêve de suivre sa trace depuis la France, de ceux qui ont tenté leur chance en France, de leurs pseudo succès et de leurs échecs, et de son accueil par sa communauté lors d'un bref séjour sur l'île pour des vacances, alors qu'elle a déjà publié un premier livre.
Elle ouvre nos yeux, et ceux de ses compatriotes sénégalais, sur le mythe ancré et tenace de l'Eldorado que représente la France pour cette ancienne colonie, en montrant l'envers du décor français, en démasquant les illusions, les arnaques et les tromperies côté sénégalais. Elle prône une modernité, elle dénonce la polygamie et la natalité excessive. Elle raconte le prix de sa liberté et de son indépendance en France : la solitude.
Son regard est lucide, son écriture à la fois tendre et caustique. Elle a un sens indéniable de la formule, comme en témoignent les nombreuses citations des babelionautes.
Enfin, alors que je ne suis pas fan, j'ai lu une belle description d'un match de foot de Coupe d'Europe :)
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Fatou Diomé laisse transpirer dans son écriture tout l'héritage de la tradition orale africaine : le rythme, l'accent, les mensonges et les non-dits, les coups de gueule et les histoires si incroyables qu'elles sont probablement vraies, celles que seul l'arbre à palabre est à même de conserver en souvenir, pour les générations à venir. Ce ventre de l'Atlantique, fil tendu entre deux continents, deux cultures, entre un frère et sa soeur, secoué par l'histoire d'une dépendance qui ne semble jamais devoir finir, est un pur régal de mots et de sourires, de blessures aussi, celles de la vie, de l'envie. Quelle humanité !
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C'est un roman qui navigue entre ici et là-bas, entre le passé et le présent. Un roman à la structure circulaire, qui s'ouvre et se ferme sur la coupe d'Europe de football de l'année 2000, mais qui en son centre présente le parcours sénégalais de la narratrice, de sa famille, d'une société dans laquelle les jeunes aspirent tous à devenir un Maldini ou un Zidane en Europe.

L'écriture est aussi proche de l'oral, de la tradition africaine, avec un vocabulaire qui fait mouche. On peut peut-être parfois trouvé que les descriptions sont un peu nombreuses, mais elles plantent un décor, exotique pour les français que nous sommes. Ce livre est aussi pour l'auteur un hommage à l'écriture qui est mise en scène pour notre plus grand plaisir.
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Quand je n'arrive pas à emprunter un livre à la bibliothèque depuis des mois tant ce livre est emprunté et réservé, je sais que je vais passer un bon moment.


J'ai beaucoup aimé ce témoignage entre souhait d'émigration et adulation d'un pays vu par les publicités et récit de personnes revenues au pays ayant parfois trop honte pour décrire la vérité. Idéal confronté au vécu des émigrants entre précarité, l'épée de Damoclès qu'est l'expulsion, et le racisme. 


Quand partir est parfois une nécessité, parfois une bouteille jetée à la mer. Comment vivre quand on grandit dans un pays du tiers-monde, et que l'on doit assurer la pérennité de sa famille où les anciens comptent sur les jeunes pour vieillir correctement.
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Si le roman n'avait pas été écrit par une sénégalaise, il aurait paru un peu cliché. Mais l'auteure raconte se qu'elle connait de son pays d'origine, elle raconte ses proches, sa famille, et s'en ai touchant.
Un jeune garçon au Sénégal fait comme ses copains, il ne rêve que de foot. Pour cause, la télévision française qui fait rêver et donne envie de faire comme à la télé. Dans la légende ces ce qui arrive au plus talentueux d'entre-eux, mais la seule solution c'est de trouver le moyen d'y aller, en France. Alors le jeune essaye de convaincre sa soeur qui est déjà là-bas où elle enseigne. Mais ce qu'il ne sait pas s'est que la vie en France est dure pour ceux qui ont tenté l'aventure. Sa soeur va tenté alors de le dissuadé pour l'amener dans une autre direction. Une direction meilleur pour lui.
Ce roman a réveillé quelque chose en moi. Il m'a aider à comprendre quelque chose que je n'arrivais pas à comprendre. Ce roman fait du bien. Il est juste. Je le conseille à toutes personnes qui souhaite abaissaient leurs oeillères.
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J'ai beaucoup aimé. de façon générale j'aime la littérature africaine. Elle nous met face à un problème vaste et chargé d'émotions : la migration des Africains en France. Dans le cas présent, les Sénégalais nourris par le désir de quitter leur pays pour une vie meilleure n'ont aucune idée de ce qui les attend. C'est précisément cette vision dont Fatou veut nous dévoiler les chemins. Une deuxième idée est l'exigence pour l'Africain qui vit en France, de répondre aux besoins de sa famille étendue. le message est le suivant : tu vis à l'étranger, tu dois nous envoyer de l'argent et nous aider à immigrer. Tu ne peux pas nous abandonner.
C'est un beau récit sur la vie des Sénégalais de l'ile de Niodori, sur les passages de l'enfance à l'âge adulte, sur les rêves partagés, sur un quotidien basé sur la vie communautaire.
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Salie est née dans une petite île sénégalaise, elle est partie il y a longtemps en France. Elle essaie de garder le contact avec son demi-frère Madicke, qui rêve de la rejoindre pour devenir footballeur professionnel. Salie essaie de lui expliquer que la France n'est pas l'Eldorado décrit par l'homme de Barbès, qui après des années en France est revenu au pays où il vit en pacha. Mais Madicke ne croit pas Salie et l'accuse d'être devenue une « individualiste » comme tous les Blancs.
Tout d'abord, c'est un roman très convaincant sur l'image faussée que les Sénégalais se font de la France, image véhiculée par ceux qui ont émigré et portent tous les espoirs de leur famille. Ceux-ci se saignent pour pouvoir rentrer au pays en faisant les riches. Mais il est aussi question du sentiment de déracinement de Salie, de ses difficultés à maintenir le lien avec son frère qui ne l'appelle que pour avoir les résultats de foot. Salie a le sentiment d'être de nulle part, ni française à cause de sa couleur, ni sénégalaise parce qu'elle n'a plus sa place dans son village.
La narratrice évoque aussi la question de la polygamie sous un angle intéressant : elle fait le lien entre la polygamie et la misère économique dont l'Afrique a du mal à s'extraire. Ndétaré, l'instituteur du village milite pour le planning familial et explique : « Nul besoin de faire des mathématiques supérieures pour comprendre que plus il y a de gens, moins grande sera la part de pain à partager ». Logique inverse de la culture africaine où un homme montre sa virilité et donc sa puissance, sa richesse par son nombre de femmes et donc d'enfants. Cependant, la critique est toujours compréhensive et bienveillante : on comprend la logique de chacun : celle de Salie, enfant illégitime qui échappe à sa condition en apprenant à lire et en quittant son pays, celle de Madicke, trop à l'étroit sur son île miséreuse et qui rêve de grandeur, et même celle de l'homme de Barbès qui ment par pudeur mais partage sa télévision avec tout le village.
Enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, le ventre de l'Atlantique est un roman où l'humour est présent à chaque page dans l'écriture pleine de métaphores et de proverbes inventés comme : « Quand on a les dents longues, il faut avoir les gencives solides. » ou « Même assoiffé d'affection, on n'embrasse pas les oursins. ».
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