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Citations sur Manhattan transfer (89)

Un petit morceau de lune niellé sortit une minute de derrière les nuages, transforma en papier d'étain un fragment de vitre cassée à une fenêtre entrebâillée, fit ressortir les petites feuilles rondes du caroubier et roula comme une pièce de dix cents perdue dans une fente des nuages.
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- Le fait est qu'un honnête homme ne voudrait pas se salir les mains dans la politique et il n'est guère incité à embrasser les carrières publiques.
- C'est vrai, un homme d'aujourd'hui veut plus d'argent, a besoin de plus d'argent qu'il n'en peut gagner honnêtement (...).
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-Que voulez-vous, tout le monde a sa part de malheur.
-Y en a qui l'ont tout le temps, m'sieu...
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EMBARCADÈRE

Trois mouettes tournent au-dessus des caisses brisées, des peaux d'oranges, des trognons des choux pourris qui flottent entre les palissades disjointes. Les lames verts écument sous la proue arrondie du bac qui, portée par la marée, écrase, engloutit l'eau brisée, glisse et, lentement, accoste à son embarcadère. Des treuils tournent avec un bruit de chaînes ; des herses se relèvent ; des pieds franchissent le vide. Dans le tunnel en bois de l'appontement où règne une odeur de fumier, des hommes et des femmes se pressent, écrasés, bousculés, comme des pommes qu'on fait rouler dans un pressoir.
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 Ils remontaient lentement la 2è Avenue par un soir de brouillard. Il a les cheveux roux, une figure de juif, fine, aux joues enfoncées et à la peau blafarde. Il a les jambes arquées des tailleurs. Les souliers d'Anna sont trop petits pour elle. Sous les yeux elle a de grands cernes. Le brouillard est plein de passants qui parlent yiddish, russe, anglais avec l'accent juif. De chauds courants de lumière sortent des charcuteries et des débits de boissons non alcooliques, et font ressortir le pavé miroitant.

   " Si je n'étais pas toujours  fatiguée, murmura Anna.

   - Allons prendre quelque chose... Un verre de lait caillé te fera du bien, Anna.

   - Ça ne me dit rien, Elmer. Je prendrai un soda au chocolat.

   - C'est le meilleur moyen de te donner mal au cœur, mais si tu y tiens... ( Elle s'assit sur l'étroit tabouret cerclé de nickel. Il resta debout près d'elle. Elle s'appuya légèrement contre lui. ) Le plus grand défaut, chez nous autres travailleurs...( il parlait d'une voix basse, impersonnelle...) Le plus grand défaut est que nous ne savons rien, nous ne savons pas manger, nous ne savons pas vivre, nous ne savons pas comment défendre nos droits... Bon Dieu, Anna, je voudrais bien que tu réfléchisses à ces chose-là. Ne vois-tu pas que nous sommes en pleine bataille, comme pendant la guerre ?"

   De sa longue cuiller collante, Anna pêchait des bouts de glace dans le liquide épais et mousseux de son verre.
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_ Dis Joe, tu n'aurais pas un dollar sur toi ?
_ Peut-être bien que si.
_ J'ai l'estomac un peu détraqué...J'aimerais bien prendre un petit quelque chose pour le retaper et j' suis fauché jusqu'à la paie, samedi...Donne-moi ton adresse, je te le renverrai dès lundi matin.
_ Bon Dieu, ne vous en faites pas pour ça.
_ Merci Joe. Et pour l'amour de Dieu ne joue plus sur les Blue Peter Mines sans me consulter. Je suis peut-être un dévoyé, mais je peux encore reconnaître une mauvaise valeur les yeux fermés.
_ Bon Dieu ! Ca me fait un drôle d'effet de savoir que je prête un dollar au type qui a possédé la moitié de Wall Street.
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Dehors,l'aube, couleur de citron, inondait les rues désertes, s'egouttait des corniches, des rampes, des échelles de secours, des bords des seaux à ordures, émettait les blocs d'ombre entre les édifices. Les réverbères étaient éteints. Arrivés au coin, ils regarderent Broadway qui semblait une rue étroite et roussie, comme si le feu l'avait vidée.
- Je ne vois jamais l'aube, dit Marco d'une voix enrouée, sans me dire en moi-même : Peut-être... peut-être aujourd'hui.
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Il n’y avait plus que trois personnes sur l’appontement : une vieille femme avec un mouchoir bleu sur la tête, et une jeune femme avec un châle magenta. Elles étaient debout de chaque côté d’une grosse malle cordée, pointillée de clous de cuivre. La troisième personne était un vieillard avec une barbiche verdâtre et une face fendillée et tordue comme une souche de vieux chêne. La vieille femme gémissait, les larmes aux yeux : « Dove andiamo, Madonna mia, Madonna mia ? »
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Le crépuscule de plomb pèse sur les membres secs d’un vieillard qui se dirige vers Broadway. Quand il contourne l’étalage de Nedick, au coin de la rue, quelque chose se déclenche dans ses yeux. Poupée brisée parmi les rangées de poupées vernies, articulées, il se traîne, la tête basse, jusque dans la fournaise palpitante, jusque dans l’incandescence des chapelets de lettres lumineuses. "Je me rappelle quand tout cela était que des prairies", gronda-t-il à un petit garçon.
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Soudain, un enchevêtrement de voix d'hommes qui l'entourent. Elle se redresse, blanche et froide, hors de toute atteinte, comme un phare. Des mains d'hommes rampent comme des insectes sur le verre incassable. Des regards d'hommes errent, voltigent tout autour, sans espoir, comme des papillons de nuit. Mais dans l'abîme intérieur, profond et sombre, quelque chose tinte comme une pompe à incendie.
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