Citations sur Une vie française (229)
Ce qu’Anna appelait le monde réel était l’univers des affaires, un globe suffisant et mature régi par des gens avisés, responsables, embauchant à la petite cuillère, licenciant à grand seaux, transformant habilement le travail en une denrée aussi rare que le cobalt et dressant des générations entières à l’humiliant exercice de la génuflexion.
A l’époque, il n’était pas nécessaire de produire cinq ans de feuilles de paye, six certificats médicaux, sept mois de caution, huit garanties bancaires, neuf copies de casier judiciaire, et d’avoir un faciès d’héritier pour trouver un logement.
Tous les enseignants que j’ai croisés dans ma vie – instituteurs, professeurs, assistants, titulaires de chaire, remplaçants de pacotille -, tous étaient des rosses, des carnes, des baltringues lâches et démagogiques, imbus d’eux-mêmes, serrant la bride aux faibles, flattant la croupe des forts, et conservant jusqu’à la fin ce goût maniaque de la classification, de l’élimination, de l’humiliation.
Tu sais ce que disait Louise Brooks ? Qu’on ne peut pas tomber amoureuse d’un type bien ou gentil. Parce que la vie est ainsi faite qu’on aime vraiment que les salopards.
Durant la dernière semaine de campagne, ma mère ne cessa de me harceler pour que j'aille voter le 21 avril.
- Ta voix ne sera pas de trop. Et tu verras ce que je te dis, Jospin ne sera pas au second tour.
Lorsque les journalistes de la télévision, eux-mêmes abasourdis, annoncèrent la nouvelle, j'eus le sentiment de dégringoler d'un interminable escalier. Jospin n'y était pas.
Aussi étrange que cela puisse paraître, ce 21 avril ne symbolisera jamais pour moi la défaite de la gauche, mais l'incroyable, l'étincelante victoire de ma mère.
... apprendre à trier l'essentiel du secondaire, à privilégier l'être aux dépens du paraître ...
Après quatre années de présence, je n'avais pas écrit une seule ligne, remis la moindre copie, passé le plus petit examen. L'enseignement tenait davantage de l'assemblée générale que du cours magistral. Et si certains professeurs avaient eu la tentation de vouloir professer, fût-ce discrètement, ils se seraient sans doute retrouvés dans un camp de rééducation, aux champs ou en usine, afin d'apprendre les règles de base du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations. A la fin de chaque année, l'administration nous donnait nos unités de valeur sans contrepartie. Nous n'avions aucun contrôle, aucun examen. Il était inutile de réclamer les points qui nous permettaient d'accéder à la licence, puis à la maîtrise, inutile de remplir le moindre document ; tout cela nous était automatiquement offert. Notre présence en cours n'était même pas indispensable.
Valéry Giscard d'Estaing (27 mai 1974 - 21 mai 1981)
Après quatre années de présence, je n'avais pas écrit une seule ligne, remis la moindre copie, passé le plus petit examen. L'enseignement tenait davantage de l'assemblée générale que du cours magistral. Et si certains professeurs avaient eu la tentation de vouloir professer, fût-ce discrètement, ils se seraient sans doute retrouvés dans un camp de rééducation, aux champs ou en usine, afin d'apprendre les règles de base du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations. A la fin de chaque année, l'administration nous donnait nos unités de valeur sans contrepartie. Nous n'avions aucun contrôle, aucun examen. Il était inutile de réclamer les points qui nous permettaient d'accéder à la licence, puis à la maîtrise, inutile de remplir le moindre document ; tout cela nous était automatiquement offert. Notre présence en cours n'était même pas indispensable.
Valéry Giscard d'Estaing (27 mai 1974 - 21 mai 1981
Le souvenir que je garde de mon grand-père est celui d'un homme de grande taille, très maigre, toujours vêtu d'une cape noire et serrant dans sa main son bâton ferré de berger. Il parlait peu, mais une grande douceur émanait de son visage.
La plupart des correcteurs développent ce genre d’obsession vérificatrice et adoptent des comportements compulsifs générés par la nature même de leur travail. La quête permanente de la perfection et de la pureté est la maladie professionnelle du réviseur.
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