Jamais

Madeleine Proust attend son mari parti à la pêche des années auparavant. Elle fait pourtant "comme si" ils vivaient toujours ensemble.

Elle vit au bord de la falaise en Normandie. Et quand on dit au bord... c'est à quelques mètres. La falaise s'érode.

Elle est aveugle, âgée, têtue et bornée, armée de quelques grenades de la seconde guerre et n'envisage pas d'aller habiter ailleurs.

Pourtant le maire essaie, tiraillé entre ne rien faire et laisser Madeleine s'écraser en bas de la falaise avec sa maison, et agir et voir tout péter à coup de grenades.

Duhamel arrive à nous faire rire avec un mélange de sujets graves. Réchauffement et migrations climatiques, handicap, vieillesse, désoeuvrement... Et même si on tourne un peu en rond rapidement, il se dégage quelque chose de jouissif de cette BD. Madeleine Proust, c'est un peu Tatie Danièle à la mode normande, en fait.

Une jolie fable à l'humour grinçant.

L'histoire :
Troumesnil : « Sa plage, ses falaises, son grand marché au poisson. » Madeleine, une vieille dame aveugle, têtue, directe, habite une maison, sur la falaise qui s'effrite un peu plus chaque année. Elle reste la seule habitante, tous les autres ont préféré fuir.
Madeleine, c'est aussi le cauchemar de Monsieur le Maire. Il est hanté par sa responsabilité, prêt à utiliser tous les moyens pour la faire partir.
Dans la maison qu'elle ne veut pas quitter, il y a son gros chat Balthazar et surtout tous ses souvenirs, avec son mari Jules, décédé il y a de nombreuses années. Cela n'empêche, elle lui parle et prépare à manger pour deux, comme s'il était toujours là.
Oui, elle est sans doute frappadingue, mais tellement attachante.
Par son humour, son langage direct. « Mais, je ne me plains pas. Je respire sans être branchée sur secteur, je me déplace sans petites roues à l'arrière. ».
Par sa lucidité (alors qu'elle est aveugle) sur elle-même, sur les autres, sur ce qui l'entoure, sur les évènements inéluctables à venir. Par sa fidélité envers son compagnon, ses souvenirs.
« Un aveugle, ça n'emmène pas ses albums photos…Alors quand la seule alternative, c'est de finir entourée de murs sans souvenirs, de parfums sans histoire, et de sons inconnus…. On finit par envier l'imprévu. »

Le graphisme est en parfaite harmonie avec le texte. Simple, précis et efficace. Les traits très expressifs, les couleurs variées.
A la fin de l'histoire, Bruno Duhamel présente les photos qui l'ont inspiré à dessiner Troumesnil, puis le passage de l'esquisse en noir et blanc à la couleur. Il détaille aussi, et c'est encore très intéressant, les recherches visuelles pour créer la couverture.

La morale de l'histoire : Même si c'est une vieille dame, de plus aveugle, même si on se sent responsable, elle demeure libre de choisir sa vie et donc, de choisir sa mort.
Humour, sensibilité, justesse du texte et du dessin.
Une jolie réussite !

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Une mamie pleine de souvenirs, de tendresse et de volonté.
Une mamie que rien ne déracine, pas même les éléments.
Une mamie comme on en a tous eu une, si l'on se donne la peine de fouiner dans nos souvenirs.
Une mamie comme on en trouve encore dans nos campagnes, à condition de sortir des sentiers tout tracés...
Une bien belle histoire que cette BD découverte sous un sapin de Noel

Jamais ! Nous sommes à Troumesnil, localité de Normandie, sur la côte.
Madeleine, nonagénaire ne veut pas quitter sa maison, où elle a vécu avec son mari, aujourd'hui disparu. Jamais, elle ne renoncera à cette vie -là, à son indépendance, à son chat, Balthazar, et à tous ses souvenirs.
Mais voilà, réchauffement climatique oblige, montée des eaux, inondations, érosions bref, les falaises s'effritent, elles s'effondrent, par cailloux, par rochers, par pans entiers ! Peu à peu, la maison de Madeleine se rapproche dangereusement du bord.
Madeleine n'en démord pas, elle ne quittera Jamais sa maison. Elle ne veut pas aller en maison de retraite, dans une chambre avec vue sur la mer. Madeleine ne veut pas, elle est aveugle.
Le maire la somme de quitter ce lieu dangereux. Mais Madeleine a son caractère bien trempé, elle refuse.
J'ai aimé le dessin et les couleurs qui restituent parfaitement la douceur et la tendresse de cette histoire. Madeleine est drôle et attachante, on la prend pour une invalide obstinée, alors que c'est une éternelle amoureuse. de plus c'est super drôle. La couverture quant à elle est tout à la fois, apaisante et pétillante.
L'auteur a su exploité deux thèmes forts, le handicap associé à la vieillesse et l'écologie.
Lien : https://livresdunjourblog.wo..

ou comment aborder de manière très drôle des sujets d'actualité difficiles: l'isolement, la dépendance, les désordres écologiques (dérèglement du climat, érosion).
ça se passe en Normandie, mais ça aurait pu se passer dans le Nord-Pas-de-Calais et n'importe où dans le monde sur un littoral habité.
elle est tellement attachante, Madeleine même le pompier est sous son charme!
aveugle de naissance et veuve de marin disparu en mer, "elle s'accroche à sa maison comme une moule à son rocher". la falaise sur laquelle est bâtie sa maison menace de s'écrouler.
partir ? Jamais!

C'est dit, Jamais Madeleine n'acceptera de quitter la maison qu'elle partage avec le souvenir de Jules, son marin de mari.

Mais Madeleine aveugle et vieille a perdu son mari en mer, et aujourd'hui, sa maison est prête à basculer dans le vide. Car à Troumesnil, sur la côte normande, l'érosion de la falaise est critique. Seule maison à rester encore debout, elle s'effondrera comme les autres. La catastrophe écologique qui s'annonce est d'ailleurs plus visible ici qu'ailleurs. Pourtant monsieur le Maire, responsable pénalement de ces concitoyens, va tout tenter pour la faire changer d'avis. Par la force ou la douceur, par les armes ou la roublardise. Mais Madeleine n'est pas de ces femmes-là. Il faut se rendre à l'évidence, bien qu'aveugle, elle se rend tout à fait compte des évolutions du climat et des changements du paysage… Elle assume tout, y compris sa solitude, dans cette maison chargée des souvenirs de sa vie d'avant.

Mais alors, qu'est-ce qui pourrait la faire changer d'avis, pour sa propre sécurité ? À découvrir en lisant cette BD particulièrement réussie.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/01/31/jamais-duhamel/
Lien : https://domiclire.wordpress...

Quelle découverte !

Je l'avoue... la fin m'a fait pleurer. Tout comme monsieur le maire, je ne comprenais pas l'entêtement de Madeleine, mais quand j'ai compris, et bien j'ai pleuré !

Car oui, cette histoire est vectrice d'un message fort et magnifique, qui saura toucher nombres de lecteurs.

Madeleine est une force de la nature, son personnage est aussi drôle que touchant. Tout comme les personnages secondaires, du postier attentif, au chat grassouillet en passant par le pompier au grand coeur.

J'ai été happée par les graphismes colorés et travaillé qui retranscrive la réalité d'un petit village de pécheur.

En bref, un coup de coeur pour cette histoire.

Belles lecture à tous.

Madeleine est formidable... un petit quelque chose des vieux fourneaux, Mais en beaucoup plus résignée. Elle sait que ces jours sont comptés, et elle n'entend pas que qui que ce soit vienne les lui gâcher pour quoi que ce soit.
J'ai beaucoup aimé cette histoire de village qui commence un peu comme un album d'Astérix. On a tous rencontrer un jour au moins un de ces personnages.
Et en plus j'aime beaucoup le dessin... et cette couverture... pfffff.....
C'était ma première lecture de la sélection Bretonne du prix Cezam BD 2019...

Les falaises de Troumesnil sont en proie à une véritable catastrophe annoncée. Au fil des tempêtes et des marées, elles reculent d'années en années, redessinant ainsi le tracé de la côte normande. Ses habitants quittent peu à peu les lieux. Seule, Madeleine, nonagénaire, veuve et aveugle de surcroit, résiste en compagnie de Balthazar, son matou obèse.
A l'aide de couleurs pastel et d'un dessin tout en rondeur, Duhamel traite à la fois des conséquences climatiques dramatiques et des renoncements auxquels certaines personnes âgées ne veulent pas consentir. A partir de cette double entrée qui pourrait vite tourner à un prêchi-prêcha lourdingue, Duhamel réussit à tenir un équilibre entre une certaine tendresse et une bonne dose d'humour noir. Bravo.

Elle est touchante cette Madeleine, qui mine de rien se débrouille bien avec son handicap de naissance et sa maison qui font comme neige au soleil.
On sent les embruns quand on lit cette BD, la mamie est drôle et atta-chiante j'aime beaucoup et j'ai hâte de lire la suite.