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EAN : 9782729881634
224 pages
Ellipses (17/09/2013)
4.33/5   3 notes
Résumé :
De façon générale, nous n'attendons de notre quotidien qu'une seule chose : nous libérer de lui. On ne s'embarrasse de la vie quotidienne que parce qu'elle est la promesse d'une autre vie, plus vraie, plus forte : vacances, fêtes, heureux imprévus.

Ce livre fait le pari inverse : c'est parce que nous n'habitons pas assez notre quotidien qu'il nous fait fuir. Il est donc urgent de rendre aux gestes de la vie quotidienne toute leur portée philosophique,... >Voir plus
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Windows (fenêtres), Safari, Explorer, Vista (la vue), Outlook (la vue, la perspective) ... Notre ordinateur est imprégné du vocable de l' "ouverture".
Celui-ci symbolise à la fois l'intelligence (l'ouverture du regard qui comprend) et la liberté (l'ouverture d'un espace sans frontières). La machine informatique nous promet donc, par les mots mêmes dont on l'a baptisée, une exploration, une sorte de voyage.

Rentré chez nous après le travail, nous sommes assis à notre bureau et nous pouvons commencer ce curieux safari. Un voyage par des fenêtres fines qui nous emportent dans un monde où les images, les sons, les textes, les choses, les gens, se mêlent et se concentrent en une simple surface.

Une surface qui est un écran. Un écran, c'est-à-dire quelque chose qui masque, qui rend opaque (comme on parle, à propos d'une crème solaire, d'un "écran total"). L'écran d'ordinateur, lorsqu'il prétend ouvrir l'œil de notre intelligence et satisfaire notre besoin d'évasion, que masque-t-il donc ?
Notre environnement perceptif immédiat.

C'est à la condition de ne plus regarder par la fenêtre de notre appartement que nous pourrons jouir de ce que nous promettent Windows et Explorer.
C'est à la condition de ne plus entendre les bruits de la rue au dehors que nous entendrons les sons de l'ordinateur.
C'est à la condition de nous absenter du monde réel que nous pourrons pénétrer ce monde informatique virtuel.
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La grâce de posséder cela même qu'on renonce à posséder suppose toutefois que soit admise une chose : nous ne sommes pas les propriétaires de ce qui fait la saveur de nos vies.

Cette lueur du soir d'été, cette fleur épanouie d'avoir bu tant de soleil, l'éclat joyeux du rire de l'enfant, la parole qui fait sens, la beauté du monde et la bonté des hommes : rien de tout cela ne nous appartient.
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Qui ignore le pourquoi de son lever regrette déjà son lit. (...)
Délaissez cette question, "Pourquoi ?", laissez-la résonner à vide et vous la verrez bientôt se muer en cette autre question, plus terrible : "A quoi bon ?"
(...) La dépression, malnutrition de l'âme, ce n'est au fond rien d'autre que l'appréhension lucide de ce qu'il y a de contingent dans la station verticale.
Etre dépressif, c'est être allé au bout de la pensée que rien de sensé ne légitime qu'on soit là, debout, entouré d'hommes debout.

C'est en quoi la philosophie est rien moins que vitale, afin que le "pourquoi" trouve en cette vie l'écho d'une réponse. (...) Comme on le voit, se pose au petit matin la question des questions : celle de l'absolu qui donne à la vie humaine son sens. Car répondre à la question "Pourquoi se lève-t-on le matin ?", c'est entrevoir la réponse à cette autre question, trop massive ou trop terrible pour qu'on ose se la poser franchement : "La vie a-t-elle un sens ?"
Et si oui, lequel ?
La réponse que nous donnons à cette simple question "Pourquoi vous levez-vous le matin ?", raconte qui nous sommes, selon quel projet nous entendons mener notre vie, sous quel absolu nous plaçons notre existence entière.
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Prenez des tranches de pain mou, empilez entre elles la sauce, les légumes tranchés (salade, cornichon, tomate, oignons), de la viande déjà hachée, mâchée par des machines pour soulager la mâchoire qui doit aller vite, des tranches de fromage prédécoupées et vous obtiendrez un généreux hamburger - sandwich de Hambourg que commencèrent à manger jadis les Allemands en partance pour le Nouveau Monde dans les bateaux qui les y acheminaient en masse.

Jetez de surcroît des morceaux de pomme de terre dans un bain d'huile bouillante pour une cuisson rapide et arrosez cela d'un digestif non alcoolisé, d'un soda, précisément, d'une boisson pétillante à la soude qui aidera à dissoudre ce qui sans cela restera sur l'estomac comme une chose indigeste, produisant chez l'homme une forte somnolence s'il n'était soutenu par la coca ou la caféine du liquide.

Mordez directement la nourriture, debout ou assis, en marchant ou en restant sur place, n'importe où, n'importe comment, avec n'importe qui, mangez directement avec vos doigts qui ainsi exhaleront des heures une généreuse odeur de ketchup et de mayonnaise, de friture et de steak haché.

Ce n'est pas sans raison qu'un tel menu puisse apparaître comme un symbole.

On y verra tantôt une chose bonne où les conventions sont un temps suspendues pour vivre les relations amicales qui semblent pouvoir s'en passer, dans la spontanéité et la bonne humeur.
On y goûte alors le fait d'être en phase avec l'esprit du temps, qui est à la liberté dit-on.

On y décryptera tantôt une présence hostile qui menace le bien humain, symbole qui pourrait bien rappeler à quel régime est soumis le citadin moderne, l'habitant des bourgs peinant à vivre bien dans la ville où il devrait vivre mieux. (...)

La fast food apparaît comme celle du monde de la vitesse (la temporalité moderne par excellence, à moins que ce ne soit la simultanéité), le mode d'alimentation ultramoderne, individuel, fonctionnel et consumériste (...)
Voilà peut-être la logique de la fast food, de la nourriture rapidement produite et rapidement ingérée, qui équivaut à sauter toujours le moment du repas, à le différer en croyant le ramener à l'essentiel dans l'horizon d'une nutrition pourtant dérisoire.
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Même lorsque les machines s'en mêlent, il faudra toujours des hommes pour inventer, régler, entretenir, réparer ces machines.
C'est donc parce qu'il est un être de besoin et de désir que l'homme sait qu'il devra sans cesse travailler.
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