AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782266337458
448 pages
Pocket (07/03/2024)
4.04/5   264 notes
Résumé :
" 442 accusés de commerce de sorcellerie.
36 condamnés à mort, dont ma mère, brûlée vive.
Sur ordre du roi. Et moi, sa fille, dois-je tout dire pour sauver ma tête ? "
Depuis cinq heures du matin, la foule rassemblée devant le bûcher piaffe d’impatience de voir brûler celle que l’on surnomme « la Voisin ». Son supplice sera le divertissement à ne pas manquer. Ordre du roi.
On ne badine pas avec la colère de Louis XIV.
Accusée de so... >Voir plus
Que lire après La Chambre des diablessesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (108) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 264 notes
Monsieur de la Reynie, je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps.
Ma mère ne portait aucune trace de supplice
Cela signifie qu'elle a reconnu ses vices immédiatement
avec ou sang intervention de vos exécutants
La Voisin a reconnu ses maléfices...
A vous, M. le Lieutenant de Police
Pourquoi, suis-je enfermée à mon tour
Moi sa fille, depuis trois ans dans cette tour ?
Je vous écris cette bafouille
Non pour vous livrer aux plaisirs arsouilles
Point pour me plaindre de mon sort
mais vous mander de quoi améliorer mon confort
Je vous livre les secrets de la devineresse
Les (nombreux) rapports entre le roi , ses favorites et Xavier Dupont de Ligonnès
Certes ma mère a sacrifié plus de deux mille enfants
N'était-ce pas pour exaucer les voeux d'une Montespan !?
On me fait, à moi innocente, payer une faute que je n'ai pas commise;
Passeriez-vous à la Question, ces dames de Compagnie ou mieux, leur Marquise !?
Mais puisque l'important n'est qu'un détail
Malgré Ordonnance il n'y a rien qui vaille
Alors Vices et Versailles.
Monsieur de la Reynie, prévenez vos gens d'armes
A chaque tourment, un remède de bonne femme
A chaque goutte de sang versé,
Une larme ne cesse de couler...
Certains exercent leur folie meurtrière au nom de Dieu
L'enfer n'est plus chez moi mais bel et bien chez vous monsieur
Mais l'époque a changé
Les hommes n'ont plus besoin de moi
Oui l'époque a changé
J'ai tout perdu depuis que les hommes font bien pire que moi
Le diable s'habille plus en Prada
La Voisin ne participe plus au Sabbat
Un grand merci pour ce Roman Historique
aux Editions Robert Laffont,
à Isabelle DUQUESNOY
et toujours bien sûr à Masse critique.

Commenter  J’apprécie          12011
Ce livre, dont j'ignorais le contenu pour ne pas changer, m'a secouée comme il m'arrive très rarement. Après l'avoir refermé, j'en avais les jambes qui tremblaient, au sens propre du terme.

J'annonce donc d'emblée qu'on ne ressort pas indemne d'une telle lecture.
Très bien écrit, ou du moins quasiment transposé, puisque l'autrice a consulté les textes d'origine pour nous les rendre abordables à nous, qui lisons rarement le français du XVIIe siècle.

L'empreinte durable, à mon avis, vient du fait qu'il ne s'agit pas d'une fiction.
Du reste, quelques images d'époque surgissent une poignée de fois au cours du récit.

La narratrice est Marie-Marguerite Monvoisin, fille de Catherine Monvoisin, surnommée la Voisin.
Son récit commence le 28 mars 1680, jour de l'exécution publique de sa mère (à 40 ans tout juste) et la jeune fille (à peine 21 ans) finit le chapitre par cette phrase :
*
"La seule vérité sur la mort de ma mère est celle-là. Il ne faut pas en accepter d'autre, ce serait une menterie."
*
Ayant été elle-même emprisonnée, vient ensuite son premier billet adressé à M. de la Reynie, premier lieutenant général de police de Paris, pour tenter d'obtenir sa grâce et sa libération.
Pour ce faire, Marie-Marguerite confessera tout ce dont elle a été témoin des actes de sa mère depuis l'âge de 6 ans.

Ce "récit" nous fait plonger dans l'existence de la maisonnée : Antoine, le père, Catherine, la mère, Marie-Marguerite la fille, la grand-mère, et une fidèle servante.
Et tous les personnages secondaires dont s'entourait la Voisin sont parfaitement croqués.

Le livre a une redoutable efficacité, au point qu'on visualise parfaitement tout ce qui se passe au fil des pages, et je dois dire que c'est passionnant.
En plus d'apprendre tout ce que faisait la Voisin, son entourage n'est pas mis de côté, et on a un très bon aperçu de la société de l'époque.
Les Grands de ce monde, les plus modestes, les miséreux, et bien sûr, l'église, par l'intermédiaire de ses in-dignes représentants.

Quand on nous apprend l'H.istoire, les côtés sombres sont largement survolés et la vie sous le règle du Roi Soleil ne brille pas tant que ça lorsqu'on y regarde de plus près.

Je vous laisse découvrir le reste. Je suis vraiment emballée par cette lecture, très instructive malgré les passages éprouvants, du moins pour moi qui n'en connaissais qu'à peine les grandes lignes.
.
.
Commenter  J’apprécie          116109
Le 22 février 1680, Catherine Montvoisin, dite la Voisin, est brûlée vive pour son implication dans l'affaire des poisons qui fait alors scandale. Elle aussi soupçonnée, sa fille Marie-Marguerite est incarcérée à la prison de Vincennes. Pour tenter d'échapper à la peine de mort, elle relate, à l'intention de M. de la Reynie, premier lieutenant général de police de Paris, les faits et gestes de sa mère, livrant les secrets de ses activités et la liste de ses clients.


Au départ accoucheuse et guérisseuse, l'ambitieuse et cynique Voisin réalise bien vite que la fortune lui tend les bras, pourvu qu'elle s‘applique, elle qu'aucun scrupule n'étouffe, à adapter sans broncher ses services à la demande. de sage-femme à avorteuse, de pourvoyeuse de remèdes à marchande de philtres d'amour puis, surtout, de poisons, de devineresse à sorcière recourant à des cérémonies sataniques, elle devient si bien providentielle que la voilà bientôt presque victime de son succès, petites gens comme grands de ce monde piétinant sans discontinuer devant chez elle pour acheter à prix d'or poudres et maléfices destinés à résoudre leurs tracas et déboires.


« Dire aux plus grands que leurs pairs et leurs proches me consultent, tandis que je leur cache que ceux-ci viennent me demander de se débarrasser d'eux. Un vrai sac de noeuds ! Il arrive que, dans un seul foyer, on me paie doublement ! » C'est à croire que la France entière a un époux volage à retenir, un rival à éliminer, un ivrogne ou un barbon trop peu empressé de libérer la place. Venus masqués en leurs carrosses, les grands noms de la Cour ne sont pas les moins assidus. Au point qu'après le scandale et le procès qui surviendront, Louis XIV ordonnera, pour ne pas entacher durablement l'éclat de sa Cour, de faire brûler procès-verbaux et rapports de police. Il faut dire qu'il n'y aura pas jusqu'à la célèbre maîtresse royale, Madame de Montespan, à se retrouver impliquée : friande de poudres aphrodisiaques, commanditaire de messes noires comprenant des sacrifices de nourrissons, elle aurait fini par vouloir empoisonner le roi lui-même et sa maîtresse du moment, Marie Angélique de Fontanges. D'ailleurs, en tout, ce sont des milliers d'enfants et de nourrissons qui auraient été éviscérés pour fournir à la Voisin les ingrédients nécessaires à ses potions...


En virtuose des détails historiques les plus truculents, Isabelle Duquesnoy poursuit dans la veine de ses précédents romans L'embaumeur et La Pâqueline, à ceci près qu'ici, aucun personnage n'est fictif. L'on retrouve donc avec plaisir le ton réaliste et insolent, l'humour grinçant et le vocabulaire ancien qui accompagnent une narration terriblement vivante où la réalité historique dépasse de loin la fiction pour nous stupéfier littéralement. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          10013
Diablesse : meschante femme qui crie & tourmente toûjours son mary, ses domestiques, ses voisins, et ne peut vivre en repos avec personne. (Incipit)
Quel plaisir de retrouver Isabelle Duquesnoy dont j'avais dévoré la truculente Pâqueline !
Avec son nouvel ouvrage, l'excellente autrice de romans historiques nous fait découvrir l'un des plus grands scandales de la cour de Louis XIV, l'affaire des Poisons, une véritable affaire d'État, au coeur de laquelle se trouve Catherine Monvoisin dite La Voisin, empoisonneuse en titre !
Les chapitres alternent entre la vie de la Voisin, et les lettres de confession rédigées par sa fille Marie-Marguerite à l'officier de police La Reynie, dans le but de sauver sa peau, après que sa mère a été brulée vive sur un bucher en place de Grève.
Tout d'abord accoucheuse, avorteuse, Catherine Monvoisin, diseuse de bonne aventure, va petit à petit fabriquer des poisons de toutes sortes pour tuer les riches maris qui tardent à mourir ou trop occupés à culbuter leurs multiples maîtresses (selon dires de leurs épouses bien-aimées).
Alors Catherine rend service, en particulier, aux gens riches, et petit à petit elle va se faire un nom à la cour du Roi. Duchesses et marquises lui envoient prestement leurs petites bonnes acheter philtres d'amour, incantations, messes noires puis poisons, distillations d'enfants (bah oui quand même) …
Je suis ressortie de cette lecture étourdie par la découverte de ce pan de l'Histoire.
La description de la relation mère fille entre Catherine et Marie-Marguerite est très réussie, l'humour acide délicieux. Mais attention, nous sommes dans l'antre d'une véritable diablesse, et les horreurs commises par La Voisin se dévoilent peu à peu, le lecteur frissonne en pensant que tout cela n'a pas été que fiction...
Catherine Monvoisin se révèle terrifiante, d'une incroyable cruauté, mais Isabelle Duquesnoy nous en présente habilement plusieurs facettes ; cette femme hors du commun possède une personnalité complexe, d'une indépendance incroyable pour l'époque, avant-gardiste dans sa façon de vivre, libre de tout carcan et préjugés. C'est elle qui entretient son fainéant de mari, le trompe allégrement, se livre à une sexualité débridée tout particulièrement avec les curés qu'elle apprécie pour leur discrétion. Mais également, elle n'hésite pas à aider les femmes les plus pauvres auxquelles elle ne demande presque pas d'argent, et semble se sentir investie d'une mission salvatrice donnée par le pouvoir d'être l'ultime recours des femmes en détresse.
Les bons mots fusent, les expressions imagées issues de l'imagination débordante de l'autrice font mouche, certaines phrases sont d'anthologie, et j'en ris encore en y repensant plusieurs jours après ma lecture !
J'ai cependant regretté d'avoir trouvé cet ouvrage un ton en dessous dans la truculence que j'avais tant appréciée chez La Pâqueline, j'y ai trouvé un peu moins de verve et de vivacité, mais peut-être l'effet de surprise lié à la découverte de l'auteure s'est-il dissipé.
Je termine en tout cas cette lecture le sourire aux lèvres, et je ne résiste pas à l'envie de partager une petite recette de sa mère livrée par Marie-Marguerite, les ingrédients d'un philtre d'amour à saupoudrer dans le repas de l'élu de son coeur : à vos fourneaux !
« Ces poudres étaient pour l'amour, composées tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, d'après ses diverses formules de sorcellerie. Il y entrait des mouches cantharides, de la poussière de taupes desséchées, du sang de chauves-souris et les plus ignobles ingrédients. On en faisait une pâte qui était placée sous le calice durant le sacrifice de la messe et béni par le prêtre au moment de l'offertoire.
Le roi avalait cette composition, mêlée aux confiseries que Madame de Montespan lui faisait becqueter le soir. À de nombreuses reprises, j'ai été chargée de collecter les mouches et de les écraser, puis de les faire sécher pour le compte de ma mère. Il ne s'agit pas véritablement d'une mouche, mais d'une sorte de scarabée vert, d'un très beau vert, lustré et vif, qui vit en colonie sur les troncs de lilas, de frêne et de sureau. » (p.288)

Si ça vous a plu, alors je vous propose un petit florilège de citations horribles et/ou fort réjouissantes, car j'ai en emmagasiné bien trop pour les poster au fil du temps, je ne vais pas y passer le mois ! Voilà de quoi vous donner le sourire et/ou vous horrifier -voire les deux en même temps (enfin j'espère) … et bien sûr vous mettre en appétit pour cette réjouissante lecture.
Attention, je vous préviens cependant certaines sont un peu hard / gratinées si vous lisez ce billet à l'heure du petit-déj !

***
Désormais Marie-Marguerite savait prendre sa part sans affolement. Dès que pointait une petite touffe de cheveux, la Voisin empoignait tout ce qui lui tombait sous la main : lampe à huile, crochet de balance romaine ou pelle à feu.
Alors, forcément, il n'était pas rare qu'elle déchiquette un peu le nouveau-né. Ou qu'elle blesse la petite tête, dans la difficulté à la sortir. Mais nul ne lui en faisait le reproche, car les femmes étaient résignées : les chirurgiens et les sages-femmes mettaient souvent leur nourrisson en pièces.
(p.31)

***
- Ton père est un mollasson, lui expliqua sa mère. Tous les hommes travaillent au labour, sur les foires ou dans les auberges. le mien ne fout rien, et il mange comme quatre. Tu l'entends me donner des ordres ? ” Femme, apporte-moi du vin ! Femme, fais-moi servir du boudin !". Je dois lui rappeler que je paie des servantes pour ne plus m'esquinter à son confort, et il ose me dire : "Quand le coq a parlé, la poule doit se taire !". Tu verras demain, comment que j'vais lui remettre les noisettes au fond du panier. (p.45)
***
Mais, maintenant, que veux-tu ... Je m'emmerde. On larmiche dans mon salon :« Ouin ! Mon galant ne me désire plus. » Bah, change ! Change d'amant, change de tête, change de ville, change de robe ou lave-toi les dessous-de-bras ! Je ne sais pas...« Ouin ! Mon mari ne me donne pas assez d'argent ! ». Beh, attends qu'il crève. Pourquoi diable, assassiner un vieux mari ? ! C'est tellement plus simple de prendre un amant, ou même plusieurs ! J'en ai bien trois moi, ... (p.142)
***
Édifiée par les bruits s'échappant de la sacristie dans laquelle ils s'étaient enfermés, Marie-Marguerite n'en était plus à se demander si l'abbé Guibourg et Catherine avaient trouvé un arrangement qui les contentait. Elle avait eu le temps de feuilleter à nouveau toutes les images pieuses du livre de messe, avant que sa mère ne lui fournisse la confirmation de leur concorde.
-J'aime badiner avec les prêtres. Les curés, ça bande comme un pont-levis : c'est long à monter, mais c'est du costaud. (p.177)
***
-Jardinier du dimanche, railla-t-elle, qui confonds carotte et panais ! Et ta courgette, là... Elle est tellement grosse qu'elle sera trop dure à manger.
-C'est pas ce que prétend ton Lesage, répondit Antoine.
-Si t'es venu pour me reprocher mes amants, tu peux t'en aller...
Il posa son panier et brandit l'énorme courgette.
Non, je suis sérieux. Adam Lesage m'a dit que les très gros légumes dégénérés sont excellents pour la mémoire...
-Ah ?
-Oui, parce que si je te l'enfonce dans la raie, t'es pas près de l'oublier.
Il guetta avec inquiétude la réaction de son épouse. Elle lâcha sa cornue remplie de liquide rosâtre et pouffa.
(p.180)
***
Puisque ni les messes, ni sainte Ursule, ni la chemise poudrée n'ont eu raison de votre époux, il est temps de passer par l'intérieur...
-L'intérieur ?
- Oui, un lavement. Mais bon... nous ne causons pas dans pissou d'eau tiède, hein !?. Un lavement à l'eau forte qui le dégraissera mieux qu'un ramoneur. Et pour cela, l'acide est miraculeux, vous verrez.
(p. 204.)
***
-Je vais te conter maintenant, poursuivit Catherine à l'adresse de Marie Marguerite, qui comprenait que sa mère tentait de se justifier, le sort des filles nées pauvres, auxquelles je n'ai jamais refusé mes services : naître fille est une malchance, mais chez les gueux, c'est une malédiction. […]
-Reprenons donc, et fais un effort d'imagination. Une fois que les sages femmes, dont j'ai fait partie, ont remodelé le petit crâne qu'elles ont déformé ou écorché, selon ses gênes pécuniaires, on décide d'offrir au ciel cet enfant chétif ou difforme. On le baigne dans l'eau-de-vie, puis on le maillotte et l'entoure d'une ficelle bien serrée, afin de lui raffermir le corps- ça, tu le sais, tu l'as appris avec moi. Vivant ou mort, le nouveau-né coûte toujours trop d'argent. Les maris qui ont eu le temps de tailler un berceau dans une pièce de bois achèvent leur travail, perçant plusieurs trous dans le fond, afin que s'écoulent les urines. On suspend le lit au plafond, façon de protéger le nourrisson des morsures de rats et des coups de becs de poules, que ses yeux larmoyants attirent.
(p.235)
***
Et je vous ai gardée la petite dernière, la plus mignonne pour la fin :
- Est-ce qu'ils dévorent des enfants ?
- Ils sont inoffensifs, assurait-elle d'un ton bienveillant. Et ils adorent les caresses. Veux-tu caresser mes saint-bernard ?
- Oh, oui ! Mais je ne m'appelle pas Bernard.
(p.173)

Commenter  J’apprécie          5719
J'ai adoré les précédents romans d'Isabelle Duquesnoy, « L'embaumeur » et « La Pâqueline ou les mémoires d'une mère monstrueuse ». Alors, lorsque l'opportunité m'a été offerte de découvrir le tout nouveau roman de l'autrice, la tentation était trop grande et c'est avec un plaisir non dissimulé que j'y ai succombé. J'en remercie l'équipe de Babelio, les éditions Laffont et Isabelle Duquesnoy pour ce très beau cadeau.

Ce récit historique nous plonge sous le règne de Louis XIV, entre 1679 et 1682, au coeur d'une sombre affaire qui va secouer la monarchie et la noblesse courtisane. Sous fond d'empoisonnements, de sorcellerie, de rites occultes, de messes noires, cette affaire va provoquer un véritable scandale politique et donner lieu à une chasse aux sorcières.

*
Lorsque le roman démarre le 22 février 1680, une foule est rassemblée en place de Grève pour assister à l'exécution de la célèbre Catherine Monvoisin, surnommée la Voisin.
Condamnée à être brûlée vive, elle fera partie des 36 condamnés à mort pour actes de diablerie.

*
Marie-Marguerite Voisin, sa fille, est emprisonnée à Vincennes, comme beaucoup d'autres. Accusée de complicité, « La chambre des diablesses » est le récit de sa confession.

« Mais qui se risquerait à fricoter avec cette jeune fille, que l'on dit née d'une orgie entre le diable et une sorcière ? On raconte qu'elle n'a pas de nombril, et qu'elle porte un troisième téton caché sur son corps. Preuve de son appartenance à la famille des démons. »

Dès son plus jeune âge, elle a été initiée à la distillation des plantes, à la fabrication de pommades miraculeuses, de poisons. Elle connaît tous les secrets de sa mère et a été témoin des allers et venues de riches clients issus de la noblesse et de la cour, dont la favorite du roi, Athénaïs de Montespan.

« L'ambition de ces couillons est le lit de ma richesse. »

Dans l'espoir de ne pas être torturée, ni exécutée, elle va raconter comment sa mère, au départ sage-femme, va se tourner vers des activités illégales, l'avortement, la divination, la chiromancie, la cartomancie, la sorcellerie, jusqu'à bâtir un commerce excessivement lucratif et se retrouver impliquée dans des messes noires et une tentative d'empoisonnement contre le souverain.

"N'oublie jamais ça : je vends des remèdes à des femmes désespérées qui n'ont aucun droit ni aucun moyen honorable de gagner leur propre argent.
Telle est la misère des nobles clientes qui fréquentent ma maison.
De quoi nous les faire prendre en pitié quelquefois."

S'il n'y a aucun suspense quant au sort de la Voisin, le lecteur se demande jusqu'au bout quel sera celui réservé à la jeune femme à laquelle on ne peut que s'attacher.

*
Ainsi, Marie-Marguerite nous fait entrer dans l'intimité de la plus célèbre des empoisonneuses, une femme mystérieuse, fascinante. On l'imagine aisément intelligente, réfléchie, flatteuse, insensible, redoutable, mais à la lumière des révélations faites, le lecteur la découvre aussi libertine, infidèle, terriblement grossière et vulgaire.
J'aime lorsqu'Isabelle Duquesnoy est provocante, insolente, inconvenante. Ici, la personnalité de la Voisin se marie parfaitement avec la plume expressive et enlevée de l'autrice qui n'hésite pas à l'affûter, offrant, pour le plus grand plaisir des lecteurs, un texte irrévérencieux, d'une vivacité acérée et mordante.
Ses personnages, saisissants de vie, sont croqués avec profondeur.

*
Alternant narration et correspondances adressées à La Reynie, lieutenant général de la police de Paris en charge de l'affaire des poisons, j'ai été totalement transportée dans le Paris de XVIIème siècle.

« Sa Majesté sait-elle qu'un demi-million d'âmes parisiennes luttent pour survivre ? Nos rues ne sont peuplées que de fripons, occupés à ruiner le provincial. L'on dit que les devineresses sont les pires diablesses ? Mais les rues chantent partout : « Les procureurs sont des voleurs, les demoiselles du Marais ont la vérole, le cabaretier vend du poison à boire, le meilleur médecin n'est qu'un assassin, les joueurs sont des tricheurs et vite, quittons cette ville infâme… » »

A travers le portrait des deux femmes, se dessine celui d'une époque de faste, où splendeur rime avec faveur, séduction avec ambition, préséance avec médisance, cupidité avec rivalité, influence avec concupiscence, ennui avec jalousie.
L'autrice nous dépeint avec beaucoup de réalisme, la cour du Roi Soleil, à la pointe de l'élégance et de la grâce, mais cachant assez mal la crasse et les traces de maladie de peau sous les fards, les onguents et les parfums.

« … les minauderies et les situations correspondent bien à l'époque. Les fastes de Louis XIV comme ses perruques ont couvert la décadence des aristocrates, leur crédulité, leur corruption. Et la condition pitoyable des femmes, riches comme pauvres. »
- Prologue -

A la lecture de ce roman, on appréhende aisément le sérieux travail de recherche qu'Isabelle Duquesnoy a effectué dans les archives relatant le procès, mais aussi dans les différents écrits décrivant les moeurs, les croyances, la vie quotidienne et le statut des femmes de l'époque.

« Par exemple, lorsque le maître de maison meurt, on doit toujours les avertir. Les maisons qui rechignent à leur annoncer le décès payent cher cette étourderie. Eh oui ! Quand on oublie de les prévenir, les abeilles retournent butiner… Et deux jours plus tard, leur miel a un goût de larmes. Il devient salé et il ne guérit plus les maux. »

Dans le prologue, l'autrice souligne le travail délicat d'écriture entre une rigueur historique, un français classique du XVIIème, et un vocabulaire abscons plus usité.

*
Le monde de l'occulte est passionnant, mais forcément dérangeant. Avec l'aide de l'abbé défroqué Guibourg et d'un escroc du nom de Lesage, la Voisin n'a pas hésité à empoisonner, pratiquer des avortements, organiser des messes noires où des nourrissons et des jeunes enfants étaient sacrifiés.
Le récit est glauque, effarant, violent, mais également très prenant, car l'horreur est atténué par le regard moqueur, railleur de l'empoisonneuse et par des descriptions qui suggèrent plus qu'elles ne disent. L'écriture de l'autrice suscite ainsi un curieux mélange de fascination et de répulsion, d'enthousiasme et d'aversion.

*
Pour conclure, Isabelle Duquesnoy excelle à brosser des portraits passionnants. Celui de la Voisin, femme de caractère, sans morale et meurtrière, est superbement restitué.

Historienne, diplômée d'histoire des arts et de restauration des oeuvres d'art, l'autrice réussit avec beaucoup de talent à rendre l'Histoire de France captivante. Son style plein de morgue, d'autosuffisance et de désinvolture fait de cette lecture, un récit original et truculent qui change des romans historiques plus austères.

Une rencontre saisissante, à découvrir bien sûr.
Commenter  J’apprécie          6033

Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
La Reynie a pris des notes de tout ce qu’il entendait et a fait arrêter la Voisin soixante-sept jours après ses deux comparses. Elle a immédiatement avoué avoir brûlé dans le four de son alambic ou enterré les restes d’au moins deux mille cinq cents enfants.
Entre le 10 avril 1679 et le 21 juillet 1682, la Chambre ardente créée pour ce dossier a interrogé quatre cent quarante-deux accusés, et ordonné l’arrestation de trois cent soixante-sept d’entre eux.
Une grande partie de la noblesse a été relâchée, après avoir désigné des personnes de première importance (dont Mme de Montespan, la favorite), bénéficiant de la volonté du roi de ne pas ébruiter la culpabilité de son proche entourage. En effet, Louis XIV redoutait que le peuple ne découvre que, malgré les règles de vie qu’il avait imposées, celui-ci était composé de scélérats.
Pour autant, 218 accusés ont été maintenus en prison.
36 ont été condamnés à mort.
4 sont partis aux galères.
23 ont été bannis.
Commenter  J’apprécie          262
Tiens, pourquoi, dès le jour de sa naissance, une demoiselle de riche famille est-elle condamnée à l’obéissance ? Déjà négligée par ses parents du simple fait d’être une fille – un être charmant mais inutile –, on l’envoie pousser à l’abri des regards : chez une nourrice à grosses mamelles mais sans jugeote, puis dans un couvent, dès qu’elle sera en âge de recevoir une instruction. Dans ce cloître d’une rigueur qui n’connaît point la caresse, on lui enseignera ce que les hommes de son rang apprécieront : quelques notions de calcul, afin de tenir une maison et limiter les chapardages des employés. Un peu de géographie, mais pas trop, afin de ne pas éveiller en elle l’appétit du voyage. De la broderie, car il faudra s’occuper durant les conversations des messieurs, assise près des croisées, l’air de ne rien y comprendre. Du latin, naturellement sorti des livres de messe. De la modestie, ou l’art de baisser les yeux devant un compliment. Sourire, mais pas rigoler en montrant ses dents. De la musique, à condition que le couvent dispose d’instruments, à défaut d’quoi elle chantera simplement. De l’hygiène, se réduisant à une lessive deux fois par an, ainsi que le trempage de ses pieds lorsqu’ils empesteront le dortoir.
Puis, un jour, madame sa mère viendra reprendre sa morveuse, laissant une bourse remplie de pièces aux sœurs, qui l’ont correctement giflée et vexée des années durant. L’enfant découvre alors la vaste demeure de ses parents, dont elle ne connaît pas un recoin. Elle se perd dans les cuisines, où toute marque d’amitié est interdite. On l’habille, l’enrubanne jusqu’aux oreilles, puis elle apprend les révérences, l’art de manger sans montrer d’appétit. Bah oui, seuls les gueux ont faim ! Les autres dégustent par politesse ou par curiosité, ça pignoche devant l’assiette. Alors, la petite écoute les discussions légères, compte les amants de sa mère et tremble à l’idée d’être bientôt montrée, puis promise au soupirant dont la condition et le nom flattent la famille.
La voilà consacrée “Mme de Quelque-Chose”, avec château et carrosse aux armoiries du mari. Une visite régulière de sa chambre : écartement des cuisses au plus large possible, afin de satisfaire l’époux et donner au plus vite une descendance mâle. Pendant ce temps, M. de Quelque-Chose court les forêts à cheval, dépense l’argent de la dot de sa femme aux tables de jeu et s’enivre avec des putains. Mais monsieur vieillit, pue de la bouche car ses dents se gâtent. Il bande avec paresse, car ses maîtresses l’épuisent et le vin endort ses désirs. Il rapine quelques bijoux dans la cassette, afin de les perdre au tric trac ou de les offrir à une coquine qui se joue de lui.
Esseulée au fond de son lit, madame ne donne naissance qu’à des filles. Des pisseuses, comme on dit.
Puis enfin, miracle ! Un garçon !
Monsieur baise la main de sa femme, lui achète deux ou trois colifichets qu’elle pourra arborer au prochain bal donné en son honneur. Ou plutôt, en l’honneur du petit enfant mâle, dont on loue la robustesse. On plaint aussi sa laideur en cachette, lorsqu’il ressemble à son père, en miniature.
Ce qui n’est pas ton cas.
Vient alors le temps des calculs mesquins, des scènes outrageantes et des propos malheureux : ayant rempli son rôle de pouliche, madame ferme sa porte au mari, dont elle désavoue désormais les assauts comme les infidélités notoires. L’argent de sa dot entièrement dépensé en bêtises, elle doit piocher dans le tiroir de son mari, mais il en garde la clef dans son pourpoint. Alors, elle lui vole sa montre, et laisse accuser sa servante. Puis, elle songe à mettre en gage ses bijoux de famille.
Mais une amie lui conseille de recourir à de plus efficaces moyens : me rencontrer, moi.
On songe d’abord à se faire lire la main, pour connaître un avenir dont la noirceur est déjà mesurée. Ensuite, on me porte la chemise à frotter, sans trop y croire. Alors, le projet d’assassinat mûrit doucement, au fil des frustrations. Ou, parfois, au gré d’une amitié masculine qui se transforme en passion tourmentante…
N’oublie jamais ça : je vends des remèdes à des femmes désespérées qui n’ont aucun droit ni aucun moyen honorable de gagner leur propre argent.
Telle est la misère des nobles clientes qui fréquentent ma maison.
De quoi nous les faire prendre en pitié quelquefois.
Commenter  J’apprécie          30
Je vais te conter maintenant, poursuivit Catherine à l’adresse de Marie-Marguerite qui comprenait que sa mère tentait de se justifier, le sort des filles nées pauvres, auxquelles je n’ai jamais refusé mes services : naître fille est une malchance, mais chez les gueux, c’est une malédiction. (…)
Reprenons donc, et fais un effort d’imagination. Une fois que les sages-femmes, dont j’ai fait partie, ont remodelé le petit crâne qu’elles ont déformé ou écorché, selon ses gênes pécuniaires, on décide d’offrir au ciel cet enfant chétif ou difforme. Vivant ou mort, le nouveau-né coûte toujours trop d’argent. On le baigne dans l’eau-de-vie, puis on le maillote et l’entoure d’une ficelle bien serrée, afin de lui raffermir le corps – ça, tu le sais, tu l’as appris avec moi. Les maris qui ont eu le temps de tailler un berceau dans une pièce de bois achèvent leur travail, perçant plusieurs trous dans le fond, afin que s’écoulent les urines. On suspend le lit au plafond, façon de protéger le nourrisson des morsures de rats et des coups de becs de poules, que ses yeux larmoyants attirent.
Le moment de la naissance n’est pas une fête, d’ailleurs nul n’en retient la date. Le curé se charge de noter le jour du baptême, que l’enfant soit vivant, bientôt mort ou déjà refroidi.
Entre deux tétées, Mme Pauvresse entretient son taudis ; elle nettoie son sol composé de terre battue et de poussière, et prépare les repas en attisant le feu de cheminée. Elle s’occupe du jardin, de la traite des vaches deux fois par jour, fabrique les fromages et soigne les animaux fournissant les œufs et la viande. Il n’est pas rare qu’elle doive cuire son pain, lorsque le couple possède quelques sacs de farine ; un chat est employé à chasser les rongeurs, qui pissent dans les réserves et crottent dans les tiroirs.
Qu’elle vive chez ses vieux beaux-parents ou flanquée de nombreux enfants, elle dort avec eux : tous ensemble, dans le même lit ! Ce lit dans lequel meurt le vieux, dont on redoutait les toux nocturnes, qui réveillaient la maisonnée aspergée de postillons. Mme Pauvresse met au monde un enfant chaque année, conçu au milieu des petits endormis et près de la vieille veuve, qui perd la vue. Ou feint de ne rien voir, ces choses-là n’étant plus de son âge, ni engageantes. (…)
Durant le travail des jeunes parents, l’ancêtre surveille les enfants, épluche les légumes de la soupe et retourne les viandes séchées pendues au-dessus du feu de cheminée. Elle raconte de fabuleuses histoires, évoque ses souvenirs et transmet son peu de savoir.
Puis, elle meurt à son tour.
Encore des frais ! Il faut payer son enterrement, ailleurs que dans le potager, puisque c’est interdit.
Puis, Mme Pauvresse se met à rêver d’une autre vie, dans laquelle elle se transporte déjà : vêtue proprement et peut-être de dernière mode paysanne, elle serait à la tête de cette maison et saurait profiter des trois sous que lui rapporte la vente de son lait de vache ou de chèvre, de ses œufs, et d’un cochon engraissé chaque semestre. Il suffirait d’envoyer travailler les garçons ailleurs. Et d’encourager les filles à la chasse au mari, à traîner en ville, quitte à ce qu’elles perdent leur virginité en même temps que leurs dents de lait.
Parlant de mari : M. Pauvre qui continue à sauter sur le ventre de sa femme commence à fatiguer son monde : trop saoul pour se lever dès l’aube, il titube en chemise et maltraite sa marmaille, autant que son épouse.
Qu’il aille au diable !
Justement, les commères racontent au marché qu’une femme habitant Villeneuve-sur-Gravois reçoit toutes les demandes et exauce les prières, même les plus folles. Ou les moins avouables.
Ces rumeurs prétendent aussi que j’aurais appris mon métier d’empoisonneuse dans les hospices, en abrégeant les souffrances des malades que je jugeais condamnés.
Mais combien coûteraient les services de cette magicienne ? se demandent ces femmes trop tôt vieillies. Oh ! on la dit très arrangeante ! Elle fait crédit aux indigents, et accepte parfois même d’être payée en cageots de blettes ou en têtes de veau farcies…
Jour de foire sur le pont, Mme Pauvresse insiste pour que ses enfants tiennent son étal d’œufs, pendant qu’elle ira faire une petite commission… jusqu’à ma porte.
Commenter  J’apprécie          30
Les jeunes enfants dont les viscères étaient nécessaires aux distillations venant à manquer, la Voisin se trouva dans l’obligation de refuser des commandes.
Elle avait enquêté auprès des sages-femmes pour savoir si des scrupules les empêchaient de fournir les petits cœurs et les intestins qu’elle attendait. Mais non ! Les accoucheuses n’avaient pas modifié leurs habitudes, et elles ne rechignaient pas. Simplement, beaucoup d’épouses se refusaient de plus en plus à leurs maris, fatiguées de souffrir pour rien. Catherine avait eu connaissance par ses clientes des plaintes de Madame, duchesse d’Orléans, après seulement cinq ans de mariage avec Monsieur, frère du roi. Elle comparait sa matrice à un tuyau d’orgue, ne servant qu’à recevoir la semence du mari, puis à expulser un corps. Démembré ou mort.
À dix-neuf ans passés, Marie-Marguerite observait et comprenait le malheur d’être née femelle, cette image de boyau, stilligouttée dans son esprit mature, lui faisant envisager une union comme une menace continue ; l’on mourait trop en couches et l’on était aussi vite remplacée.
La faute incombait aux chirurgiens, qui sapaient la profession. Devenus très à la mode, depuis qu’un certain François Mauriceau avait écrit son Traité des femmes grosses et celles qui sont nouvellement accouchées, ils étaient réclamés aux accouchements, jusque dans la petite bourgeoisie. Ce Mauriceau, très pieux et fort cultivé, formait à son art de nombreux jeunes gens à tous les coins de Paris et, à cause de leur bonne réputation, on n’appelait plus les employées de la Voisin. Ces hommes animés des plus nobles intentions et convaincus de leur grand savoir se pavanaient même dans le petit parc de Catherine, lors de consultations nocturnes. Ils n’en demeuraient pas moins des incapables aux yeux de leur hôtesse, et elle ne pouvait s’empêcher de les haïr.
Le M. Mauriceau prétendait être guidé dans ses mains par Dieu, et contestait le savoir des sages-femmes.
— De mon temps, les femmes mouraient moins souvent, fulminait Catherine. Et je n’quittais jamais leur chevet sans leur proposer des plantes fortifiantes à consommer, contrairement à ces culs pourris d’chirurgiens, qui s’enfuient pour ne pas être responsables du désastre.
Ce soir-là, il promenait sa supériorité dans le jardin, un verre de vin de Champagne à la main, se plaisant à raconter le dernier accouchement difficile pour lequel on l’avait appelé. Deux jeunes qu’il avait formés venaient d’abandonner une femme, après avoir tiré comme des sonneurs de cloche sur l’enfant encore vivant, le premier lui ayant arraché la tête, le second, les bras et un pied. Tel un sauveur de l’humanité, M. Mauriceau était arrivé le dernier, se contentant de retirer ce qu’il restait au fond de la matrice de la malheureuse, morte d’infection six jours plus tard.
Commenter  J’apprécie          40
Le mari Leféron avait la réputation d’être bon juge, ne craignant pas d’assumer les décisions pénibles, aimant respecter les règles et d’une conversation fort ennuyeuse d’après moi. Son caractère indépendant et juste, lors du procès de Fouquet, a beaucoup marqué les esprits. « Mon mari est avare et déserte ma couche », se plaignait ma cliente, qui pourtant a plus de cinquante ans et la figure couverte de taches comme une poire d’octobre. Son amant, M. de Prade, l’a accompagnée chez moi. Il ne regardait guère sa maîtresse, semblant un peu écœuré par sa vilaine peau, mais son visage s’illuminait à l’évocation des richesses de sa « belle ». Est venu seul la semaine passée, me commander une poupée de cire, afin de s’attacher le cœur de Mme Leféron ; une poupée de cire, enfermée dans une boîte en fer, est à poser chaque trois jours près d’un feu de cheminée, afin d’échauffer le cœur de Mme Leféron. Elle est venue seule dix jours avant, m’acheter quelques fioles de sirop à verser dans la compote de son époux. Elle prévoit, après son veuvage, de détruire son propre fils, qu’elle déteste jusqu’à la frénésie. Elle le dit laid, « loupé comme son père et colérique.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Isabelle Duquesnoy (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Duquesnoy
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 14h00 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • le Dipoilocus et autres dinosaures méconnus: et autres découvertes saugrenues de Lise Beninca aux éditions Hélium https://www.lagriffenoire.com/encore-plus-de-dipoilocus.html • Encore plus de Dipoilocus de Lise Beninca et Clémence Lallemand aux éditions Hélium https://www.lagriffenoire.com/encore-plus-de-dipoilocus.html • Prout ! Prout ! de Sandrine Lamour et Marianne Barcilon aux éditions Lito https://www.lagriffenoire.com/prout-prout.html • C'est super d'être petit ! de Hervé Eparvier et Soledad Bravi aux éditions EDL https://www.lagriffenoire.com/c-est-super-d-etre-petit.html • Moi, Mouth ! de Grégoire Solotareff et Soledad Bravi aux éditions EDL https://www.lagriffenoire.com/moi-mouth.html • Les discours les plus éloquents - Décryptage en BD par Soledad Bravi de Soledad Bravi, Romain Boulet aux éditions le Robert https://www.lagriffenoire.com/les-discours-les-plus-eloquents.html • Les Mauvaises Epouses de Zoe Brisby aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/les-mauvaises-epouses-1.html • La Double Vie de Dina Miller de Zoé Brisby aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/la-double-vie-de-dina-miller.html • le Lâche de Jarred McGinnis aux éditions Points https://www.lagriffenoire.com/le-lache-1.html • Monsieur Vénus/Madame Adonis de Rachilde et Martine Reid aux éditions Folio Classique https://www.lagriffenoire.com/monsieur-venus-madame-adonis.html • Rachilde, homme de lettres de Cécile Chabaud aux éditions Écriture https://www.lagriffenoire.com/rachilde-homme-de-lettres-1.html • Pour que chantent les montagnes de Phan Que Mai Nguyen aux éditions Points https://www.lagriffenoire.com/pour-que-chantent-les-montagnes-1.html • Là où fleurissent les cendres de Nguyen Phan Que Mai et Sarah Tardy aux éditions Charleston https://www.lagriffenoire.com/
+ Lire la suite
autres livres classés : roman historiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (800) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3202 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..