J'ai revisionné il y a peu avec nostalgie « Cinema Paradiso » (1988, P. Noiret, J. Perrin et B. Fossey), retrouvant de ce fait, après l'avoir oublié, l'étonnant final où l'on comprend que le vieux projectionniste collectionnait …
les baisers de cinéma. . Quand certains ciné-addicts s'acharnent à collectionner les vieilles affiches de films; les photos officielles de hall d'entrée, celles sur papier glacé qui attiraient mes yeux d'enfant plus que les babas au rhum derrière les devantures des pâtisseries; les autographes de stars; les claps de fin … comment s'étonner que d'autres fassent fixette sur les répliques de films.
Le 7ème art: la puissance d'évocation des images, la force des mots.
Les répliques de films : un art littéraire à part entière, des phrases en grappes s'entrechoquant au rythme des images. Ou l'inverse. Ou le tout mélangé, les unes servant les autres quand tous les éléments qui concourent au succès d'un film sont d'importance.
Qui n'a jamais joué à la devinette qui défie d'accoler des bouts de dialogues à des titres de films, à des longs-métrages visionnés des centaines de fois ? La présente « Encyclopédie des répliques de films » peut fonctionner sur ce principe ludique.
Sous une jolie une de couverture qui regroupe quelques objets typiques du cinéma : du ticket d'entrée au projecteur de salle en passant par le pop-corn et les lunettes 3D, l'ouvrage est un épais et luxueux pavé grand format.
Les répliques ont été sélectionnées et réunies en abécédaire thématique. Philippe Durant, l'auteur, y référence 4000 courts dialogues offerts à l'appétit vorace du cinéphage endurci qui les dévorera d'une seule bouchée ou à la gourmandise ponctuelle de l'amateur qui y picorera au gré de ses envies. Il y est question de 3000 films déboulant d'un coup, tout de go, jusqu'à plus soif. Une précédente fournée en avait déjà fourni tout autant.
Les répliques d'intérêt ont été recherchées, semble t'il, comme autant de pierres blanches sur le long chemin caillouteux de l'Histoire du Cinéma. Les pépites ainsi retenues sont classées, archivées et rendues au noir et blanc de la forme écrite. On sent la passion de l'auteur pour le 7ème Art, sa patience tatillonne de géologue-acousticien passionné. On l'entrevoit, à genoux et courbé au-dessus des pierres du chemin, allant des premiers pas du cinéma parlant aux dernières fureurs du plus récent blockbuster, de part tous les continents, de la superproduction aux films de série Z. Il ausculte au stéthoscope toutes les pierres sonores que des millions de films y ont déposés. Il cherche les répliques d'exception, celles qui sonnent sur le tympan et déclenchent le rire, son cousin le sourire, l'étonnement, la jubilation, la nostalgie du N&B d'antan, la tristesse du drame humain, la colère rebelle, la misogynie du macho, l'argot du maffieux … tous les émois que provoquent le 7ème Art, tous les personnages qu'il évoque sans cesse.
Certaines répliques permettent de retrouver les visuels d'origine pour peu que l'on ait vu les films qui vont avec, elles nous emmènent alors en pays de connaissance d'où ressuscitent des scènes légendaires, des acteurs et des situations.
D'autres ouvrent l'imagination à tous les possibles quand les titres semblent venus d'ailleurs ou sont improbables. L'auteur ratisse large.
Quelques répliques font remonter les impressions de lecture des recueils de Gouriot consacrées à ses « Brèves de comptoir ». Emergent alors des rires gras issus de grivoiseries poétiques, le sourire de tournures de phrases inattendues. L'art du dialoguiste étant de rendre vrais et spontanés une vérité de l'instant.
L'auteur propose un étonnant voyage au pays de la pellicule, du nitrate d'argent, des rushs, des effets spéciaux, des claps de fin, des bruitages, des focales, des diaphragmes et des génériques ... Son propos se centre surtout sur les bandes-son, les micros et les « Silence on tourne » du parlant. Ce n'est pas vraiment mon monde, sinon ponctuellement, mais au fil des pages j'ai compris pourquoi on peut y attacher le fil d'une passion qui embarque des vies vers un ailleurs où le regard posé sur le monde se fait en cinémascope.
Merci à Babelio, Masse Critique, les Ed. LettMotif et à l'auteur, Philippe Durant.
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