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3,89

sur 2332 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
à l'heure où les anciennes colonies font beaucoup parler, ce livre de Duras - qui n'a pas écrit des des conneries comme dirait Desproges - nous plonge dans l'ancienne Indochine de son enfance, tiraillée entre Blancs et "indigènes". L'histoire d'une mère et de ses deux enfants, loin, très loin des clichés romantiques et paradisiaques du 19ème siècle. Très belle histoire, très beau style aussi.
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C'est l'histoire de Suzanne ainsi que son frère, Joseph, dans une colonie française. Leur mère veuve à acheté une concession, qu'elle doit cultiver chaque année pour ne pas la perdre; or elle est incultivable du fait des marées montantes du Pacifique, la mer de Chine. Alors on suit l'histoire brève de la prise d'indépendance des deux enfants, dans ce pays, cette plaine de misère où les enfants naissent et meurent comme des insectes, où des toits de chaume pleuvent des vers, et où les riches blancs règnent en maîtres immoraux.
Les personnages sont stupides et grossiers par leur manque d'éducation mais relativement agiles dans leurs manières de voir le monde dans lequel ils évoluent. La mère, elle, est folle: folle d'avoir tout essayer, de tant espérer, et pourtant bien lucide sur l'importance de l'espoir, quand il ne reste plus rien autour. Lucide de la façon dont elle s'est faite entourloupé.
Mais pour les enfants, la plaine est un espace stérile où il ne reste qu'à attendre, attendre indéfiniment que quelque chose change. Que quelqu'un les emmène, loin, ailleurs, vers la vie. Attendre que la vie les saisisse, oui. Bien sûr, il y a un peu de population; mais on en fait rapidement le tour, et elle ne permet pas de vivre, de s'enfuir loin d'ici. Partir, c'est la seule solution, même si pour cela il faut abandonner la mère, il faut la laisser, elle qui ne s'accroche pourtant plus qu'à eux…
C'est un univers tellement étrange, où beaucoup de personnalités se mêlent, des vies différentes, des mondes radicalement différents. C'est intéressant de lire ce roman, très riche dans la découverte de la misère, pourtant relatée sous un ton presque léger, et qui se ressent aussi dans les dialogues et façon de parler de Joseph et Suzanne, dans le désespoir et les cris en boucle de la mère, dans la triste histoire du caporal.
C'est particulier, il faut se laisser prendre à la brutalité de ces gens, à leur façon d'être: honnête, qui n'éprouve pas le besoin de se cacher nu de qui ils sont, ni de leur misère. Mais j'ai bien aimé!
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Un roman autobiographique dur, et violent, encadré par la mort du cheval et celle de la mère. Entre les deux, c'est histoire d'une non-résignation, celle de la mère, sur sa parcelle sans valeur, où tous les projets échouent, y compris le projet irréaliste de dresser un barrage contre le Pacifique. de même que dresser un mur dans l'océan est impossible, de même, lutter contre l'injustice et la violence des colonies est impossible. Vivre autrement dans les colonies était voué à l'échec : voilà à quoi la mère n'a pas pu se résoudre malgré les tentatives de ses enfants de l'en dissuader, eux qui ne cherchaient qu'à partir. Un réquisitoire sans détour sur les colonies françaises dans les années 1920-1930.
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Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en l'air, ces barrages

J'avais aimé au paravent " l'amant de la chine du nord". J'ai moins aimé l'histoire de celui ci , bien qu'il y est des similitudes dans les deux histoires.
Par contre le style est beaucoup plus classique et très abordable.
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Marguerite Duras livre dans ce roman quasi autobiographique, la description de la vie d'une famille ruinée suite à l'effondrement du barrage sur leurs plantations en Indochine, ayant vu par la même occasion mourir leurs rêves et espoirs.

Une galerie de portraits familiaux quoiqu'au départ antipathique va finalement devenir très touchante de par la description de vies tout bonnement inimaginables aujourd'hui.
La peinture de la société coloniale d'Indochine et ses différents strates est très intéressante, mais sa description n'en est en rien un documentaire, elle est empreinte de nostalgie et d'humanité. Ne serait-ce que pour l'aspect historique, trop éludé dans les livres d'histoire, le livre vaut absolument le coup d'oeil.
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Joseph, Suzanne et leur mère vivent au Viêtnam, au début du siècle dernier. La mère, veuve, a travaillé avec acharnement pour économiser un peu d'argent et l'investir dans une concession qu'elle a le devoir de faire fructifier pour la transmettre à ses enfants. Mais, quelques mois après leur arrivée, elle se rend compte qu'elle a été bernée. Sa concession n'est pas cultivable et les économies de toute une vie ont été investies à fond perdu.

Ce roman est celui de la misère, de la douleur et de la folie. Tout n'est que souffrance dans ces lignes. Tout espoir a été définitivement aboli pour la mère qui a abandonné la vie et se contente de subir son existence, n'aspirant profondément plus qu'à la mort.

Le propos est bouleversant et le thème du roman d'une importance et d'une vérité capitales. La douleur qu'on ressent au cours de la lecture, c'est celle d'un réel sans fard.

Si j'ai apprécié cet ouvrage pour cette raison, j'ai cependant souvent été rebutée par l'écriture. J'avais beaucoup aimé « L'amant » (dans ma lointaine jeunesse) et je ne me souvenais pas de cette âpreté.

En résumé, c'est un livre dont on ne ressort pas indemne. Un livre qui marque mais dans lequel il ne faut chercher aucune légèreté.

Je suis heureuse de l'avoir lu mais tout autant de l'avoir terminé.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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J'ai beaucoup aimé car j'ai vu le film et j'ai été séduite par la similarité entre les deux oeuvres.
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ou un nouveau point de vue sur "L'amant"
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Classique étudié à l'école je pense. Je le découvre seulement maintenant à l'occasion d'un club de lecture.

Je ne sais pas dire si j'ai aimé ou pas. Mais je pense que l'écriture de Marguerite Duras reflète bien la difficulté de la vie là-bas, la détresse de la maman aussi, et les injustices. On sent le poids de cette vie. Et cela à d'autant plus d'impact, quand on sait que le roman s'inspire de la vie de Marguerite Duras.
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Il faut un temps d'adaptation pour se faire au style "peu académique" de DURAS. J'ai du reprendre certaines phrases, paragraphes complets au début pour en comprendre le sens car, je me perdais, à la première lecture, dans les spécificités de l'écriture durassienne. Il est difficile de s'attacher à des personnages auxquels on ne peux reconnaître que peux de qualité. Ils sont en général vénaux et prêts à toutes les concessions pourvu que cela leur rapporte quelque argent ou avantage. Même à prostituer la petite soeur. D'ailleurs, proxénète, n'est-ce pas le "métier" qu'exercera le frère aîné de retour en France ? Je ne sais plus si c'est avant ou après avoir été collabo pendant la guerre ? Alors que Margueritte DURAS militera du côté des communistes. J'ai lu quelque part qu'il aurait essayé de prostituer sa soeur. Mais qu'elle est la part de vérité dans ces romans dits "d'inspiration auto-biographique" ? La petite Suzanne, rouée de coup par sa mère sous les yeux d'un frère aîné tout-puissant qui ne bronche pas (et qui battra à son tour dans d'autres livres la soeur et le petite frère Paulo) ne suscite pas non plus beaucoup d'empathie quand on comprend entre les lignes que cet amour absolu qu'elle dit avoir pour son petit frère est en réalité incestueux. Il est évident que la misère, le malheur, la malchance sont le terreau de la vénalité, perversité, violence, amoralité des personnages. Et on ne leur pardonne pas les humiliations qu'ils infligent au pauvre et pourtant richissime Monsieur Jo, qu'ils se borneront à appeler le Chinois, qui se meurt d'amour pour la petite Suzanne mais dont personne ne s'émeut car, si riche et si amoureux soit-il, ce n'est finallement qu'un Chinois. Tout ce qu'on cherche à faire c'est exploiter les sentiments du pauvre homme pour en tirer des bénéfices matériels et financiers. Dans "L'amant', le Chinois est toujours autant méprisé. Seule dans la réécriture de l'histoire en 1994 dans le roman "L'amant de la Chine du Nord", la jeune fille dont l'auteur ne parle plus à la première personne et qui ne s'appelle plus Suzanne, mais "l'enfant" éprouve enfin des sentiments pour son amant, partage avec lui des rires et des larmes. Mais lui, le Chinois, il n'a toujours pas de nom...
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