C'est l'histoire de Suzanne ainsi que son frère, Joseph, dans une colonie française. Leur mère veuve à acheté une concession, qu'elle doit cultiver chaque année pour ne pas la perdre; or elle est incultivable du fait des marées montantes du Pacifique, la mer de Chine. Alors on suit l'histoire brève de la prise d'indépendance des deux enfants, dans ce pays, cette plaine de misère où les enfants naissent et meurent comme des insectes, où des toits de chaume pleuvent des vers, et où les riches blancs règnent en maîtres immoraux.
Les personnages sont stupides et grossiers par leur manque d'éducation mais relativement agiles dans leurs manières de voir le monde dans lequel ils évoluent. La mère, elle, est folle: folle d'avoir tout essayer, de tant espérer, et pourtant bien lucide sur l'importance de l'espoir, quand il ne reste plus rien autour. Lucide de la façon dont elle s'est faite entourloupé.
Mais pour les enfants, la plaine est un espace stérile où il ne reste qu'à attendre, attendre indéfiniment que quelque chose change. Que quelqu'un les emmène, loin, ailleurs, vers la vie. Attendre que la vie les saisisse, oui. Bien sûr, il y a un peu de population; mais on en fait rapidement le tour, et elle ne permet pas de vivre, de s'enfuir loin d'ici. Partir, c'est la seule solution, même si pour cela il faut abandonner la mère, il faut la laisser, elle qui ne s'accroche pourtant plus qu'à eux…
C'est un univers tellement étrange, où beaucoup de personnalités se mêlent, des vies différentes, des mondes radicalement différents. C'est intéressant de lire ce roman, très riche dans la découverte de la misère, pourtant relatée sous un ton presque léger, et qui se ressent aussi dans les dialogues et façon de parler de Joseph et Suzanne, dans le désespoir et les cris en boucle de la mère, dans la triste histoire du caporal.
C'est particulier, il faut se laisser prendre à la brutalité de ces gens, à leur façon d'être: honnête, qui n'éprouve pas le besoin de se cacher nu de qui ils sont, ni de leur misère. Mais j'ai bien aimé!
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J'ai beaucoup aimé car j'ai vu le film et j'ai été séduite par la similarité entre les deux oeuvres.
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