Bizarre, bizarre que ce court roman qui semble parfois concurrencer directement les manuels d'histoire
Echenoz semble s'être demandé comment écrire sur la guerre préférée de Brassens.
Depuis que l'homme écrit
L Histoire,
Depuis qu'il bataille à coeur joie
Entre mille et une guerres notoires,
Si j'étais tenu de faire un choix,
A l'encontre du vieil
Homère,
Je déclarerais tout de suit' :
"Moi, mon colon, celle que j'préfère,
C'est la guerre de quatorze-dix-huit !"
Car après toutes les paroles de poilus dont chacun a été abreuvé, après
Tardi, après Kubrick et Tavernier, que reste-t-il donc à nous dire sur la guerre de 14-18?
Alors
Echenoz fait son Candide et voltairise à tout crin. Documenté. Flegmatique. Et ironique bien sûr. Mais, à mon avis, "Candide" vaut aussi pour les beaux désespoirs où s'abîme parfois notre philosophe qui, entre deux ricanements, pleure sur les femmes égorgées et les esclaves mutilés.
Echenoz, lui, reste droit dans ses bottes jusqu'au bout, refusant toute grandiloquence, certes, mais du coup toute compassion aussi.
Eh bien ça m'a manqué.