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sur 726 notes
"Le cimetière de Prague" est le dernier roman d'Umberto Eco. Des années après « le nom de la rose », Eco refait un grand numéro d'érudition qui éblouit autant qu'il informe. Cet homme m'impressionne.
"Le cimetière de Prague", construit comme les feuilletons d'Eugène Sue auquel il est fait explicitement référence, promène le lecteur dans la face cachée du XIXème siècle. Dominé par les mythes conjoints du Progrès et de l'Unité, ce siècle frénétique est celui où le monde s'ouvre et devient grand. Période de bouleversements sans précédent, le siècle donne le tournis aux hommes comme aux sociétés, et génère les graines des désordres du XXème...
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Le cimetière de Prague
Umberto Eco
Grasset

Paris, mars 1897. Simon Simonini entreprend d'écrire le journal de sa vie, suivant la suggestion d'un jeune juif, le docteur "Froïde". Il raconte les différents épisodes qui l'ont mêlé aux grands événements du XIXème siècle en Europe.
Après des études de droit, à la mort de son grand-père, il travaille pour le notaire Rebaudengo, un filou qui falsifie et invente toute sorte de documents. Simonini devient maître dans l'art de l'embrouille. Sa réputation de faussaire l'emmène à collaborer avec les services secrets piémontais où il intervient dans différentes affaires politiques passant des intrigues des carbonari, à celles de Cavour, Mazzini ou encore Garibaldi.
En 1861, il s'exile à Paris où il entre en contact avec les services secrets français puis russes. Au cours de ces années, il assiste et participe à des événements historiques (la Commune de Paris ou l'affaire Dreyfus) et à des complots montés de toutes pièces (la création du canular antimaçonnique de Léo Taxil instigué par les jésuites ; l'élaboration d'une conjuration juive mondiale qui débouchera sur Les Protocoles des Sages de Sion, l'oeuvre de sa vie).
Auteur de plusieurs assassinats dont il a caché les corps dans les égouts, il est contraint par les russes, sous peine de dénonciation, de mettre une bombe dans le métro parisien, en construction, afin de donner crédit aux projets terroristes annoncés par les Sages de Sion ; il n'en reviendra pas.

Difficile de résumer le nouveau roman d'Umberto Eco, tant les épisodes sont divers et se succèdent, tels les feuilletons à rebondissements publiés dans la presse du XIXème siècle.
Cette accumulation d'informations est d'ailleurs un des points négatifs du livre. On a parfois l'impression que l'auteur fait l'inventaire extravagant de ses connaissances.
La pluralité du discours narratif n'est pas une réussite ; il y a le Narrateur qui observe et résume parfois l'évolution du récit du faussaire, puis une dualité entre deux autres narrateurs, Simonini et l'abbé Dalla Piccola, qui sont en fait la même personne.
Le roman est basé sur la misanthropie de Simonini ; l'Alceste de Molière est un enfant de choeur à côté. Il vénère une trinité de la haine dont ses sujets de détestation sont les jésuites, les francs-maçons et surtout les juifs. Il développe une série de thèses antisémites, des plus simples aux plus élaborées, basées exclusivement sur le fantasme.
Un des intérêts du livre est l'exhibition des mécanismes de la haine ; « le sentiment de l'identité se fonde sur la haine » ; « l'ennemi est l'ami des peuples » ; « il faut toujours quelqu'un à haïr pour se sentir justifié dans sa propre misère » ; « la haine réchauffe le coeur » (p. 426).
Néanmoins, en ces périodes d'obscurantisme, de repli nationaliste et de goût malsain pour toute sorte de théories des complots, il ne faudrait pas mettre le livre dans les mains de tout le monde.
Tous les personnages du roman, excepté le narrateur et de rares personnages secondaires, ont existé. Cependant, on a souvent l'impression qu'Umberto Eco a du mal à trouver un fil rouge pour broder son tissu narratif, pour trouver une cohérence dans son abracadabrantesque récit, pour que les rencontres entre Simonini et ses autres personnages - aussi divers que le docteur "Froïde", Dumas, Garibaldi, Taxil, etc. - soient cohérentes ; elles n'apportent pas grand chose.
Le roman est long, très long, trop long (555 pages) ; on s'ennuie souvent, car on a du mal à croire aux hasards qui mènent le narrateur des intrigues piémontaises à l'élaboration des Protocoles des Sages de Sion ; autant dire que Simonini est présenté comme un des piliers du XIXème siècle européen, sans lui, L Histoire n' a pas de crédit...
D'un point de vue strictement littéraire, mis à part le jeu narratif entre le vrai et le faux ou la fiction et la réalité, le cimetière de Prague a quelque chose de poussiéreux, de désuet, bien que la narration s'inspire par moments des techniques du feuilleton.
En 2011, nous sommes en droit d'attendre un projet littéraire plus ambitieux, surtout lorsqu'il s'agit d'un auteur tel que Umberto Eco.

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Curieusement et méticuleusement décrit, le rôle du mensonge et de la provocation dans l'histoire. L'érudition implacable semble vouloir apporter une preuve indiscutable du rôle premier des manipulateurs dans les événements qui bouleversent la vie des peuples.
Expression ordinaire des rêves communs aux idéologues.
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C'est un sacré truc, le cimetière de Prague. ça parle d'un homme qui est plein de haine à l'égard de l'humanité, et en particuliers envers les juifs. ça a valeur de documentaire, plus qu'un Roman, puisque tout ce qui est dans ce livre est vrai. Eco n'a rien inventé. On y voit la naissance de trucs terrifiants, la théorie du Protocole des sages de sions, les premiers premices d'une eventuelle solution finale à la question juive, ceci à la fin du XIXème siècle. Les caricatures d'un journal dont je ne sais plus le nom exact, qui sont déjà bourrées d'antisémitisme, ceci agrémenté par le slogan "La France aux français", qui a été repris bien après, comme chacun sait. Pour ma part, je ne savais pas avant d'avoir lu le cimetière de Prague, que ça venait de là. C'est fait comme un roman mais ça a valeur de témoignage, puisque tout est vrai. C'est le fruit d'une recherche, et ça a donc une autre portée qu'un simple récit. Pour ma part, je pense que c'est très instructif sur la montée de l'antisémitisme à la fin du XIXème siècle. Je pense que c'est ce qui fait l'essentiel du livre. Sinon c'est évidemment un livre italien, et on peut être perdu dans certaines références, telles que Garibaldi, auxquelles je suis étranger. Il y a toute une trame sur les Francs maçons également, courant dont je ne connais pas grand chose.
Mais de toutes façons, c'est un livre dont on sort plus cultivé après l'avoir lu qu'avant.
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C'est un livre que je n'ai pas réussi à terminer et je ne suis pas parvenue à me forcer comme ça m'arrive, avec bonheur, quelquefois. J'ai même souvent dû reprendre la lecture de certaines pages tellement les phrases sont longues et les digressions nombreuses.

C'est vrai qu'il n'est pas présent" comme un livre facile à lire: il est structuré comme un journal intime mais ne raconte pas la vie au jour le jour du personnage central. On passe d'une époque à une autre, d'un personnage à l'autre car le personnage central à plusieurs identités, faussaire, agent secret et agent double. On navigue entre ces différentes personnalités et c'est fatiguant à suivre.

Pourtant la 4ème de couverture était alléchante et le début plutôt prometteur. Il présente un portrait plutôt acerbe de l'Europe de la fin du XIX ouvertement antisémite, anti-maçonnique, presque anti tout. le personnage en est lui-même la quintessence : il déteste tout et tout le monde. Rien ne trouve grâce à ses yeux ni les français, ni les allemands, italiens (surtout les piémontais, allez savoir pourquoi!), les juifs, les jésuites, les curés en général, les femmes. Cette misanthropie exacerbée pleine de préjugés qui frise le ridicule m'a fait franchement rire mais j'ai vite déchanté.
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Décevant de la part de Umberto Eco.
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Je connais bien Eco, je sais qu'il faut s'accrocher, mais là vraiment non, c'était trop de lire de tels propos même en sachant comment il fallait les prendre. Quel fiasco !
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