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EAN : 9781905437740
132 pages
2000 AD Graphic Novels (12/08/2008)
5/5   1 notes
Résumé :
The inhabitants of 19th century London live in fear of a villainous character known only as Stickleback. Rumour says he is a master criminal, pulling the strings amidst the denizens of the underworld and manipulating them to his own ends - but hot on his heels is the 'dark' detective Valentine Bey.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre, mettant en scène le personnage de Stickleback ; il comprend 2 chapitres distincts. Il contient les épisodes parus dans le magazine anglais hebdomadaire 2000 AD, dans les numéros (appelés Prog) Prog annuel 2007, 1518 à 1525 (initialement parus en 2006/2007), et 1567 à 1577 (initialement parus en 2007/2008). Ces histoires sont en noir & blanc, écrites par Ian Edginton, dessinées et encrées par D'Israeli. L'histoire de ce personnage se poursuit dans Number of the beast, réalisé par les mêmes auteurs.

Mother London – La scène d'ouverture évoque la mise à mort de Gog & Magog (2 individus considérés aujourd'hui comme les gardiens mythiques de Londres). Dans les années 1890, à Londres, l'inspecteur Valentine Bey & son assistant le sergent Leonard Chipps mettent un terme à la supercherie d'un clairvoyant se faisant appeler Abdul Alhazred. Puis ils font leur rapport à leur supérieur Delius Lime, et évoquent l'existence de Stickleback, un individu qui serait le grand parrain de la pègre de la cité.

England's glory – Dans les rues de Londres, un cambrioleur est poursuivi par un asiatique en longue robe, qui finit par le rattraper et le mordre au cou. de son côté, Stickleback a organisé une réunion de ses lieutenants : Black Bob (un zombie), Little Tonga (un pygmée), Messieurs Peepers et Lug (des siamois), Gay John (un dandy), Miss Scarlet (une maquerelle tatouée), monsieur Tickle (responsable des quais), et Fiery Jack (un homme se consumant). Il se plaint que les affaires soient trop calmes. C'est à ce moment que des agents spéciaux du gouvernement font irruption dans des exosquelettes, et l'emmènent devant leur responsable Alexander Ashenden qui requiert son aide dans une affaire louche, moyennant une récompense.

Ian Edginton explique dans la page d'introduction qu'il souhaitait écrire sur un criminel, sachant que quand ils sont réussis, ils font tout le sel d'une histoire. Il a donc conçu le personnage de Stickleback (épinoche en français, un poisson avec des aiguillons apparents). Ce monsieur a comme une deuxième cage thoracique dont les vertèbres surnuméraires sont protubérantes dans son dos. D'Israeli lui donne une apparence un peu exagérée, avec un très long nez effilé et un très long menton en pointe. Il se déplace toujours vouté, comme si ces vertèbres en trop étaient douloureuses.

Ces comparses présentent des apparences tout aussi marquées, que ce soit l'africain au nez très épaté, avec un collier de doigts, miss Scarlet et les tatouages qui lui couvrent le visage, ou encore Fiery Jack, avec sa chair à vif et des fumerolles qui se dégagent de son visage, ou Peepers et Lug liés par le tronc, mais capables de se déplacer. Ces représentations s'inscrivent dans une tradition de montrer des individus malformés, des monstres physiques. D'Israeli ne sert pas de ces exagérations à des fins comiques, mais plus pour attester de leur caractère tératologique.

Dès la première séquence, le lecteur est frappé par la densité des dessins. L'artiste a expliqué qu'il avait choisi de développer une nouvelle approche graphique personnelle à l'occasion de la création de cette série. Il s'agit donc d'une bande dessinée en noir & blanc, avec des niveaux de gris. D'Israeli a indiqué qu'il avait procédé en amalgamant des techniques de dessin traditionnel, avec des effets de collage (vraisemblablement à l'infographie). Un coup d'oeil sur son site tumblr montre que les niveaux de gris correspondent en fait à une mise en couleurs grossière à l'ordinateur, retranscrite par la suite en gris. de plus, il est visible que pour certaines surfaces, il se sert de l'infographie pour appliquer différents types de texture, comme un motif de papier peint, les veines du bois dans une table, les dessins sur l'habillage d'un fauteuil, les motifs du marbre, des effets spéciaux de luminescence, etc.

Il faut donc un petit temps d'adaptation au lecteur pour prendre le temps de lire chaque dessin, les cases regorgeant d'informations. En outre D'Israeli ne sert pas de l'infographie pour masquer le vide des cases. le lecteur prend grand plaisir à observer les éléments que l'artiste a pris soin de représenter. Les décors sont très présents, et dessinés avec minutie. Les tenues des personnages sont représentées avec soin, et avec un souci d'authenticité par rapport à l'époque où se déroule le récit.

Les auteurs ont visiblement pris plaisir à donner de la consistance à leur reconstitution historique. Ian Edginton rédige les dialogues en incorporant de nombreuses expressions d'époque, ce qui peut rendre la lecture un peu plus délicate pour un lecteur ne s'y étant jamais trouvé confronté. D'Israeli a inclus de nombreuses références visuelles (et les a listée sur son tumblr). le lecteur attentif peut ainsi repérer un Wicker Man (bonhomme en osier), Gorgo (le Godzilla anglais), une sphère de Cavorite, des monstres sortis des films de Ray Harryhausen, un asticot géant en provenance de Doctor Who, une cube avec la configuration Lament (tiré du Hellblazer de Clive Barker), des robots en provenance de Nemesis the warlock de Pat Mills & Kevin O'Neill, etc. Il est possible de lire et d'apprécier ces récits sans connaître aucune de ces références.

De son côté, Ian Edginton n'est pas en reste, avec des références à Abdul Alhazred (l'auteur du Nécronomicon dans les livres d'HP Lovecraft), à Yggdrasil, à la famille Wold Newton (tirée d'un ouvrage de Philip Jose Farmer), au Seigneur Talbot (une référence à l'artiste anglais Bryan Talbot), au 30 pièces d'argent versé à Judas Iscariote, à Charles Darwin, à Gloria Swanson, à Charles Babbage et Ada Lovelace, à Daniel Bernouilli, etc. Par opposition aux derniers tomes de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires d'Alan Moore, ces références restent en arrière-plan. le lecteur qui ne les identifie pas ne perd rien à la compréhension ou à l'intérêt de l'intrigue. Celui qui les connaît apprécie, y trouvant un divertissement de type ludique, complémentaire à l'intrigue.

En ce qui concerne l'intrigue, Ian Edginton réalise un récit mélangeant steampunk (quelques inventions qui relèvent de l'anticipation pour l'époque), et enquête, avec une dose d'action, et une dose de surnaturel. L'amalgame est réussi et harmonieux. le suspense tient tout au long de l'intrigue. Stickelback et ses hommes se battent pour préserver Londres et même l'Angleterre, d'individus encore plus odieux qu'eux. Une ou deux remarques laissent supposer qu'il se cache un mystère concernant l'identité de Stickleback. le scénariste ménage plusieurs surprises en termes de lieux ou de personnages, en s'appropriant des éléments archétypaux de la littérature d'aventure de la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième siècle pour les accommoder à sa sauce (par exemple, l'existence d'un étrange édifice sous Londres).

Les auteurs manient un humour anglais aussi discret que savoureux. Il ne vient pas parasiter le premier degré de l'intrigue, ou miner le sérieux des enjeux. C'est un humour un peu à froid qui ne dit pas son nom. le lecteur sent que la frontière avec la parodie est proche. Il y a bien sûr cet asiatique en robe d'apparat en début de la deuxième histoire. Il y a ces robots mécaniques pilotés de l'intérieur par un policier (robot portant des noms comme Sir Gallhad, ou Sir Lancelot, à la fois légendaires et sarcastiques). Il y a la présence de William Cody et de son spectacle itinérant. Tout lecteur de "From Hell" d'Alan Moore & Eddie Campbell sait que ce personnage historique a effectivement séjourné en Angleterre. Toutefois les auteurs jouent à fond sur le décalage entre ce folklore du Far-ouest et l'environnement anglais. Tous ces éléments prouvent au lecteur que les auteurs ont conçu leur récit pour des adultes, capables de d'apprécier la richesse et la justesse de la toile de fond.

L'hebdomadaire 2000 AD constitue un réservoir inépuisable de séries sortant de l'ordinaire, dans lesquelles la personnalité des auteurs peut s'exprimer. "Sitckleback" fait partie de celles-là, réalisée par deux amoureux de la période historique charnière entre le dix-neuvième et le vingtième siècle, capables de citer des références pointues, sans constituer une source de frustration pour le lecteur, sans prendre le pas sur l'intrigue.

Ces 2 histoires sont une grande réussite visuelle, sur la base d'intrigues solides et inventives. le personnage principal sort des sentiers battus, même si sa personnalité n'est qu'effleurée dans ce tome. Sous couvert d'un récit d'action, les auteurs mettent en scène un personnage qui sait que son développement dépend du bon état du milieu dans lequel il vit, et qui n'hésite pas à s'impliquer pour préserver cet environnement.
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