Quelle belle surprise que cet album, reçu dans le cadre de la récente Masse critique. Grand MERCI à Babelio et aux Éditions du Chêne !
La prise en main est particulièrement agréable, en raison du format sans doute, mais aussi de la qualité de la couverture et de la mise en page : quelques doubles pages, très réussies, nous immergent dans des détails de tableaux agrandis et s'insèrent entre des pages dédiées aux oeuvres, si elles sont impaires, tandis qu'en vis-à-vis la page accueille un texte qui présente l'oeuvre et son contexte, ainsi que de petits encadrés sur des symboliques, des mouvements artistiques, des points techniques ou lexicaux...
Cette présentation aérée et régulière accentue le primat donné à la quarantaine d'oeuvres, surtout des peintures.
Je n'ai pas compris l'organisation en deux parties, les incontournables et les inattendus ; ce choix relève de l'arbitraire de l'auteure, et m'apparaît discutable : Chagall n'est-il pas "incontournable" ?
À l'intérieur de chaque partie, la présentation est chronologique, et va au-delà de l'attendu, puisque le sous-titre de l'album annonce "de Pompéi à Rothko" : en fait, les oeuvres s'échelonnent de peintures pariétales à une installation datée de 2017!
On peut donc d'abord se contenter de feuilleter ce livre, en s'abandonnant à la beauté des oeuvres et aux nuances de rouge...et l'on remarque alors la place du vêtement dans la sélection : pourpre cardinalice pour Mazarin et Richelieu, rouge flamboyant d'une coiffe du XVe siècle,, ou d'une robe éclairée par une bougie, rouge éclatant de la fastueuse tenue d'une femme du XVIe siècle, rouge coquelicot d'une robe de jeune fille de la fin du XIXe siècle... D'autres pièces de tissu s'invitent : panneaux d'un rouge ardent soulignant la douleur d'une tragique scène de crucifixion dans un diptyque du XVe siècle, drapeau rouge de grévistes. Plus inattendu, Gauguin nous offre à voir un sentier écarlate et un chien carmin.
Enfin, dans certaines oeuvres, le rouge occupe tout l'espace, ou presque : des mains cernées de rouge, mouchetėes, sont apposées sur une paroi de grotte en Patagonie ; dans
L Atelier rouge, de Matisse, sol, murs, et certains meubles, sont rouges ; Rothko, comme Lucio Fontana, nous plongent dans le rouge, comme les pois de Yayoi Ku, la composition si sensuelle de Chagall, ou encore la bateau et son "cocon" de Chibaru Shiota.
Je suis sortir de ce livre éblouie, avec une furieuse envie de m'y replonger, et de prolonger le plaisir...