Mieux qu'un recueil de nouvelles, «
le gauchisme de Park Avenue » est un recueil de reportages ou de billets d'humeur, un peu comme une étude ethnique de la société américaine des années 50-60.
Tom Wolfe une fois de plus ne fait pas de cadeau. Il met dans ses « papiers » toute sa critique exacerbée, une pointe de fiel et pas mal d'humour car il regarde ses contemporains avec le recul nécessaire pour mettre en avant leurs défauts, leurs penchants coupables, la scatologie de leurs raisonnements. Ses proies sont faciles à débusquer, il les traque aussi bien dans les classes bourgeoises, parmi les parvenus qu'au fin fond de l'Amérique profonde des « White-trash ». parmi le champ large que balaye sa critique acide et son oeil acerbe on trouve aussi bien des personnalités : Phil Spector, découvreur de talents Yéyés, capable d'empêcher un avion de ligne de décoller, Georges Barris et Ed Roth, customers de voitures américaines, les Hots Rod, Cassius Clay, boxeur qui signe des autographes à un concert de Lionel Hampton, Junior Johnson, pilote de stock cars ou
Hugh Hefner, patron du magazine et des clubs Playboy, que des représentants de la société civile comme : les gouvernantes dans les familles bourgeoises de New-York, un fils de « bonne famille » chez les beatniks, les ficelles du métier de voiturier, les surfeurs de la Jolla, Californie, qui deviennent millionnaires.
Les deux derniers chapitres sur
Léonard Bernstein qui organise une soirée caritative pour les Black Panthers et le « mau-mauing » comme le définit
Tom Wolfe : « Nous inspirons au Blanc une terreur sacrée parce que, tout au fond de lui, il nous prend encore pour des sauvages. Pas vrai ? Alors, nous allons faire notre numéro de sauvage. » sont le point d'orgue de cet ouvrage. On est au firmament de l'idiotie gauchiste.
Tom Wolfe photographie ses contemporains et les « clichéïse ». Il écrit sur la société new-yorkaise : « La société new-yorkaise d'aujourd'hui est le genre d'élite qui n'a aucun style de vie qui lui soit propre. La « société » - la minorité qui édicte les bonnes manières – est aujourd'hui une aristocratie de publicité. de moins en moins de personnes aujourd'hui font partie de la bonne société à cause de leurs ancêtres ou de tout autre forme de statut social héréditaire et immuable. Ils en font partie parce qu'ils ont du succès. »
Il est aussi le témoin d'une époque où nous étions moins nombreux et où Liberté s'écrivait avec un « l'» majuscule. Un temps où il y avait une place pour toutes les libertés tout en respectant les libertés de chacun parce que chacun avait de la place.
Il nous montre aussi que l'idéologie de la bêtise traverse les générations et se cultive avec autant de ferveur à l'époque qu'au XXIe siècle, et trouve un terreau fertile idéal parmi la gauche « bien-pensante ». le wokisme et la cancel culture en sont de bonnes illustrations.
Traduction d'
Alexandra Giraud et de
Georges Magnane.
Editions Gallimard, coll. du monde entier, 361 pages.