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4,19

sur 1040 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce premier opus de la trilogie under world USA American tabloïd, James Ellroy raconte la montée en puissance des frères John et Robert.F.Kennedy, de 1958 à 1963 date de l'assassinat de John à Dallas.
A travers trois personnages pas très recommandables, Kemper Boyd, Pete Bondurant et Ward.J.Littel, ces anciens flics devenus hommes de main de J.Edgar.Hoover, de la mafia ou de la CIA.
L'histoire commence avec le comité Mc Clellan avec a sa tête Robert.F. Kennedy,
Le but de ce bureau faire tomber Jimmy Hoffa le puissant patron du syndicat des camionneurs et banquier de la mafia.
Dans cette fourmilière où le FBI de J.Edgar.Hoover se soucie plus du péril communiste que du pouvoir de " cosa Nostra ",où la puissante CIA met sur pied des camps d'entraînement à Miami pour déstabiliser Cuba fraîchement tombé aux mains de Fidel Castro, et la mafia qui met la main à la poche afin de récupérer les casinos de la havane et ses importants bénéfices.
Dans ce récit politique -fiction James Ellroy est percutant, incisif, ça va vite bref c'est efficace.
On découvre une page pas très glorieuse de l'histoire américaine.
Je conseille American tabloïd pour celles et ceux qui aiment les livres noirs et les sueurs froides.
A bientôt pour le second opus.
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Ah c'était donc ça, les Etats Unis au début des années 60...
Vertige, dégoût, horreur et haine. Un mélange détonant. Et c'est le carburant qui maintient la veille active pendant la lecture de ce pavé.
Avec les sales histoires du Franco-Canadien Pete Bondurant, homme de main de Howard Hugues, de l'agent Kemper Boyd et de son disciple alcoolique Ward Littell, Ellroy réécrit L Histoire des Etats-Unis.
C'est donc un livre ambitieux, documenté et habile car il installe dans nos esprits la théorie du complot contre JFK et de bien d'autres célébrités du moment.
Dans ce premier tome, on suit l'ascension des Kennedy vers la Maison Blanche. Hoover, le diabolique patron du FBI, déploie ses oreilles jusque dans les chambres d'hôtel des puissants pour garder son poste quelque soit le vainqueur de la présidentielle. Les mafias de Chicago, de LA et de la Nouvelle-Orléans sont en embuscade pour récupérer leurs casinos à Cuba gagné par Castro. le patron du syndicat des camionneurs Hoffa, à la botte de la mafia, est suspecté de détournements par Bobby Kennedy.

Avec ce récit tentaculaire, Ellroy soulève le voile d'un monde souterrain glauque à un point tel qu'entre racisme, chantage, meurtres, tortures et trahison, il n'y a plus de place pour un idéal ou alors il est très flou. Les personnages principaux veulent gagner beaucoup d'argent et sauver leur peau. Comme des voleurs de banque du Far West.
C'est déplorable à souhait mais on est emporté par les trois héros qui bravent tous les dangers pour une reconnaissance jamais assouvie.
C'est de la littérature qui dérange et secoue rudement. le style est raccord: phrases courtes, scènes décrites crûment comme on enverrait un télégramme pour donner des nouvelles.
Mais j'ai adoré.
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Du grand Ellroy qui frappe fort, qui fait mal, qui va trop vite ! Les héros sont tous noirs et corrompus, l'écriture va très vite, j'avais le sentiment de rater une action importante si je ratais une phrase. C'est comme si Ellroy tirait des coups de feu violent à chaque phrase, elles sont pourtant assez courtes. le rythme est effréné, je n'ai pas lâché ce livre qui est très dense et très noir. Que dire sur l'histoire ? C'est une saga sociétale des années 50 où tout se mélange, les Kennedy, la mafia, la CIA, le grand Edgar Hoover représenté comme un pantin faiblard. Les femmes sont puissantes également. Tout est une guerre de pouvoir ou chacun essaie de survivre et de s'en sortir en se lançant dans les plus mauvais coups ; Ils trouvent toujours une personne faible ou corrompue pour les suivre dans leurs obsessions malsaines. C'est vraiment grandiose, ça pète, ça cogne, ça fait mal et ça fait peur et c'est pour tout ça qu'on ne peut pas s'arrêter !
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James Ellroy est un grand écrivain, malgré ses 800 pages, le récit est tellement dense qu'il ne faut rater aucune ligne. Dans ce roman, c'est l'envers du mythe Kennedy que James Ellroy nous fait découvrir, l'inquiétante et fascinante histoire d'une Amérique aux prises avec ses démons, ses fantasmes, ses mensonges en écrivant une des grandes oeuvres de la littérature Nord-américaine du XXe siècle.

Ils sont tous là, ces héros d'une histoire énigmatique non encore résolue, faite de complots divers, d'alliances et de trahisons, de coups tordus, ceux du « clan » Kennedy, ceux du F.B.I. d'Edgar J. Hoover, ceux de la CIA, ceux du syndicat des camionneurs, dont l'une des grandes figures est Jimmy Hoffa, ceux du showbiz, Franck Sinatra, Lenny Sands ou Howard Hughes, ceux des mafias diverses qui agissent dans l'ombre du pouvoir et les Cubains.

Ceux dont l'histoire a retenu le nom croisent les êtres de fiction inventés par Ellroy qui peut ainsi se permettre d'offrir toutes les hypothèses, toutes les rêveries, toutes les possibilités pour mieux cerner les enjeux de la courte histoire d'une présidence qui a bouleversé la planète.
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Un auteur comme Ellroy qui s'attaque au mystére de la mort de Kennedy , cela ne pouvait étre qu'un choc frontal . Et en la matiére Ellroy n'a pas d'égal . Il le confirme avec ce livre dense , intense , intelligent , brillant , qui met a plat toute la politique américaine de cette époque . Un chef d'oeuvre qu'il ne faut pas lacher parcequ'Ellroy lui n'attend personne et sa mécanique infernale une fois lancée .... Une oeuvre épique , un monument de la littérature contemporaine .
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Premier opus de la trilogie American Underworld, American Tabloïd couvre la période 1958 à 1963 se terminant par l'assassinat de JFK. Mais avant d'en arriver là ce roman nous parle de tout un éventail d'événements touchant le monde interlope des USA, le syndicat des camionneurs, le FBI, Howard Hughes et Cuba. En plus de Howard Hughes et de sa détestation de Joe P. Kennedy, on retrouve Jimmy Hoffa, Edgar Hoover, les frères Kennedy, plusieurs chefs de familles mafieuses, Fidel Castro ainsi que plusieurs personnages fictifs plus vraisemblables les uns que les autres dans une intrigue relevée ne nous laissant que peu de répit et dans lequel on retrouve toute l'actualité ayant fait grand bruit à. l'époque.

James Ellroy n'a pas son pareil pour nous raconter l'ambiance de ce monde sulfureux dans un langage convenant très bien aux personnages de L'histoire. Il n'a pas non plus son pareil pour nous raconter les événements réels de l'époque en y mêlant des personnages fictifs. American Tabloïd est un feu roulant d'action, de trahisons, de complots, d'écoutes électroniques, de filatures, d'alliances suivies de ruptures et de réconciliation et de re-trhison. En plus de nous offrir un aperçu de L'histoire de Jimmy Hoffa et du syndicat des camionneurs, il nous raconte l'obsession de Edgar Hoover pour les communistes et ce que ça cachait, il nous raconte aussi tout ce qu'il pouvait faire pour arriver à ses fins et à quel point il pouvait être un vrai salopard. Ellroy nous raconte l'ascension des frères Kennedy et à quel point Hoover les craignait, il nous raconte l'élection de JFK et nous donne une version très personnelle de l'invasion de la baie des cochons et de la façon dont la CIA les a manipulés. L'implication de la mafia dans les plans l'invasion et leur motivation, la déception de ces chefs mafieux devant la manière dontJFK a reculé à cette occasion . On a aussi droit à toute la campagne anti mafia de RFK qui mènera au Grand Complot du 22 novembre 1963.

Ce fut une lecture addictive, très agréable, me rappellant des souvenirs de jeunesse, j'avais 14 ans lors de l'assassinat de JFK, et bien que ça demeure une oeuvre de fiction ça colle de très près à la réalité. James Ellroy est à mon avis le roi du genre avec son style très personnel. En maintes occasions dans ce roman Ellroy choisit de nous raconter son histoire sous forme de transcriptions d'écoute téléphonique, de transcriptions d'écoutes de micros cachés, d'échanges de correspondance ou de titres de journaux. C'est tellement bien fait que j'entame dès aujourd'hui la lecture du second opus.
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Ce livre est une rafale de mitraillette. Ellroy tire à vue et dézingue avec une précision remarquable l'Amérique de papa, celle du début des années 60 et de son icône JFK.
Le style génial vaut à lui seul le détour. Formules percutantes, rythme endiablé, multitudes de protagonistes. Ca jaillit de partout, ça rebondit, ça se complique, ça déraille, mais toujours avec minutie et sans fausse note. On s'y perd, mais on finit toujours par retrouver son chemin.
On en sort lessivé, si bien qu'il est vivement conseillé de lire d'autres romans avant d'entamer l'ascension de la suite de la trilogie- American Death Trip
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Très beau roman noir sur les petites histoires qui font L Histoire. On revit les années Kennedy dans l'oeil et les mots des malfrats, des agents de la CIA et du FBI de l'époque. le roman de Ellroy parvient à ressembler à un documentaire tant il dépeint les évènements par le détail et semble crédible. C'est peut-être le seul défaut de cet ouvrage, nous faire croire que tout est vrai alors que la part de fantaisie est forcément présente. Les extraits d'écoutes, les articles de journaux, tout contribue à renforcer cet effet. Malgré la terrible noirceur qui se dégage de l'ouvrage, on en viendrait à espérer que tout se soit réellement passé comme ça.
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Le pavé. Gourmand. Il est additif, Ellroy, mais avec ce pavé-là, c'est un peu comme la mousse au chocolat à volonté au resto, t'en veux encore ? sers-toi, fais-toi péter le ventre, il y en a des tonnes.
J'ai plongé, donc.
1958-1963. le sénateur Kennedy, "Jack" pour les intimes, et son quasi-jumeau Bobby, en route pour la présidence. La guerre de Bobby contre le crime, les mille jours de règne de JFK, jusqu'au 22 novembre 1963 où il fut assassiné. Cinq ans, au coeur de la CIA, du FBI, de la Mafia italienne, des Cubains anti-castristes, du KKK. Ellroy ne parle pas du Vietnam où les affaires ont démarré, mais en sous-main… Par contre, il évoque en quelques phrases la guerre d'Algérie. le saviez-vous ? JFK était très tenté d'y mettre son nez, un peu pour faire chier De Gaulle mais aussi pour aider les indépendantistes à regagner leur liberté, trouvant que les Français se débrouillaient assez mal. Son entourage lui a déconseillé de s'en mêler, il y avait assez de boulot comme ça et il risquait d'y laisser des plumes - bon mais ça n'est pas dans le bouquin.
Nous voila en route du Sénat à la Maison Blanche en passant par Cuba, et pour nous tenir la main, quatre personnages. Ont-ils existé, sous un autre nom ? Ellroy décide de laisser cette question sans réponse, libre à chacun de se faire sa cuisine. Voici donc les figures relativement inoubliables du pavé ellroyen : Pete Bondurand le Québecois, Kemper Boyd le sudiste monté à la capitale, Ward Littell l'obscur et Lenny Sands. Les autres, on les connait : le clan Kennedy chapeauté par Joe le père, Sam Giancana le pote de Sinatra, Jimmy Hoffa du Syndicat des Camionneurs, une lichette de Marilyn-la-coquine, la bande des anti-castristes, sans oublier l'infernal Hoover. Et un Howard Hugues croqué avec délice par Ellroy, mais dont je ne vois pas trop l'utilité dans l'histoire.
C'est tricoté en beauté. le boulot. Les documents présenté existent et on peut les consulter, dit Ellroy, qui a passé des mois à recueillir les infos pour construire son synopsis avant de passer à l'écriture même. C'est sec comme du coup de trique, ça balance à tout va, le langage est savoureux de vulgarité efficace. On a affaire à des intelligences vives, de la brutalité fatale (il aime trop ça, ces notes sadiques, ça a même fini par me rendre parano moi-même, vu que notre époque aussi pèse lourd dans les actes sadiques), et un lot d'abrutis patentés. Quelques beaux portraits de femmes, aussi. C'est du riche.
Bon, pour l'assassinat de JFK, la théorie d'Ellroy est qu'on a voulu punir Bobby.
Qui était détesté au-delà du réel par des gens relativement peu fréquentables et passablement puissants.
Je plussoie. Ca se tient. C'est vicieux à mort. C'est une vengeance implacable, d'une cruauté infinie.
Voyons ça.
Jack (JFK) ne déclenchait pas de haine viscérale, c'était un charmeur, léger. Il souffrait de son dos chaque jour, il bouffait de la vie tant qu'il pouvait pour niquer la douleur. Son ambition politique était surtout de satisfaire papa Joe : après la mort en 1945 de l'aîné, Joe Jr, qui collait si bien à la destinée présidentielle, eh ben il a gentiment repris le rôle, sans y croire totalement. Son charme surpuissant a fait le game, sur la rou-ou-te fleuri-i-e qui s'envole vers le bonheur de la Maison-Blanche. Ce charme a pu faire des déçus, ceux et celles qui y croyaient, alors qu'il était simplement consommateur du présent, infidèle en tout (vide, dit, Ellroy, et je ne suis pas d'accord). La déception peut rendre amer, l'amertume peut rendre violent…
Comme par exemple dans le groupe des anti-castristes sur-entrainés par la CIA, qui avaient prévu d'assaillir Cuba et de buter Castro - et se sont fait un peu massacrés lors de l'assaut dit de la Baie des Cochons. Parce que semble-t-il, JFK a hésité à lancer l'aviation pour les soutenir. Eh oui, s'il faisait ça, ça officialisait la guerre USA-Castro et il préférait éviter que ça devienne casus belli avec l'URSS. Là, l'amertume est réellement devenue violente, tout comme le sort des assaillants chopés par les troupes de Castro, un sort qui fait froid dans le dos. Pour la CIA, Jack est devenu un zozo mou du bout qui a fait mourir de vaillants combattants en les lâchant, et ils ne cachaient pas leur mépris pour cette tanche au beau brushing qui ne pensait qu'à s'envoyer en l'air.
De plus, derrière ces assaillants, il y avait la mafia italienne pour une bonne raison financière : les casinos et bordels qu'ils géraient à Cuba du temps de Batista rapportaient des fortunes - et Castro avait tout raflé et nationalisé.
Par ailleurs, à l'époque, on est encore pétri d'anticommunisme. Aussi bien côté FBI que côté CIA que côté mafia, Castro est devenu tout naturellement l'homme à abattre, et pour l'heure, le gars rigolait bien en faisant un gros doigt à la toute puissance américaine. La honte.
Voilà donc quelques raisons d'en vouloir à Jack the Prèz…
...
Mais mille fois moins que la ténacité de Bobby. A détruire le Milieu du crime, la mafia, les magouilles et ce, depuis des années, pas seulement à l'accession de Jack à la Maison Blanche. C'est un pur, Bobby, le plus catholique de tous, quasi-christique dans son destin. Méfiant, intelligent, dévoué à son frère, il se bat implacablement, limite aveuglément, contre le crime et la corruption.
Aveuglément.
Bobby semble ignorer que son propre père était le roi de la magouille. Qu'il a acheté des voix pour faire élire son fils, achetées, ces voix, aux pires ennemis de Bobby, les Giancana et Hoffa. Que sa fortune avait grossi avec son sens des affaires, certes, mais son sens de la combine aussi, comme un pur mafieux tendance irlandaise. En s'attaquant aux Giancana/Hoffa (et même Sinatra) qui ont permis la victoire de Jack, Bobby ne réalise pas à quel point il crée une sensation de trahison,
et dans le Milieu, la trahison, on n'y répond pas par une crise de larmes de femme délaissée, on y répond en tuant, torturant, brûlant, senza vergogna et sans état d'âme. Catho contre catho, chacun ses règles et dieu reconnaîtra les siens.
Aveuglément.
Bobby sait que Hoover est une "choute honteuse" (dixit Ellroy), mais il semble ignorer que la mafia lui sert des jeunes garçons sur un plateau - il faut bien que le corps exulte… et que cette même mafia, maligne, photographie et filme tout ça, histoire de tenir J. Edgar Hoover par les gesticules. D'autant plus que Hoover le gourmand, est sans pitié pour les homos qu'il pourchasse méchamment, tout pétri de sa honte. J. Edgar déclare donc officiellement avec un grand sourire innocent que quoi, la mafia ? Ah ah ah, la mafia n'existe pas, pure invention de faiblards ! Sous-titré : ne m'emmerde pas, Bobby, laisse-moi me régaler de chair fraiche procurée par mes amis italiens, arrêter de les embêter, je vais tout faire pour te contrer.
Bobby par contre, sait que Hoover a des tonnes de renseignements à dégainer sur les conduites sexuelles de son frère, ce qui peut nuire à l'image d'un président certes glamour, mais qui est censé être fiable.
Notons que du temps de la chasse aux sorcières (1950-1954), Hoover et son FBI travaillaient main dans la main avec le sénateur anticommuniste McCarthy. C'est sa passion, traquer, amasser des preuves, mettre sur écoute, il s'est régalé dans cette noble mission… Mais aussi, dans la chasse aux homos : McCarthy l'homo était homophobe, et a su s'entourer de Hoover (homo honteuse) et de l'avocat Roy Cohn (encore une grosse gourmande) pour aller débusquer "le mal" dans les administrations, ach comme ce monde est bizarre.. Bobby, après ses études de droit, a commencé par être l'assistant du traqueur de communistes paranoïaque. Mais en 1954 quand le procès contre McCarthy a eu lieu, Bobby, écoeuré par les pratiques de cet acharné, menteur, homophobe, sans scrupules et manifestement, con comme un balai, a témoigné contre lui. McCarthy a été destitué et mis sur la touche, il est mort trois ans après, seul, alcoolique et honni. Pour le gag : l'avocat Roy Cohn, jeune à l'époque et déjà pestinentiel, est devenu le conseiller de Donald Trump tout du long de sa carrière, mort en 1986 il n'a pu voir son étalon accéder à la Maison-Blanche, mais il lui a tout appris. Bobby et Roy Cohn en étaient venus aux mains et c'est suite à ça que Bobby a démissionné de la commission McCarthy. Hoover avait eu tout le temps de jauger le bonhomme Bobby, relativement insaisissable, passionné par sa mission, intransigeant.
Bobby aussi avait eu le temps de voir agir Hoover. Il savait que Mr FBI les coinçait à cause des frasques de Jack, mais malgré ça, les deux frères avaient une sérieuse envie d'obliger Hoover à prendre sa retraite, peut-être au second mandat (Jack n'aurait sans doute pas eu de mal à se faire réélire en 1964). Hoover le savait. Et priver l'homme de son bébé à lui rien qu'à lui, le FBI, c'était pire que de le priver de son plateau de jeunes garçons fournis par la mafia… Insupportable.

Avec ça, les Frères Kennedy s'apprêtaient à faire passer des lois encadrant le vote des Noirs pour leur permettre de voter en bonne et due forme - ce que les suprémacistes du Sud s'amusaient à empêcher, la haine chevillée au corps. Les KKK, passablement ridiculisés dans le livre comme un troupeau d'abrutis, n'appréciaient guère qu'on ose les priver de leurs joujoux favoris (lynchage, pendaison, humiliations et croix brûlées). Ellroy ne les inclut pas dans le club des ennemis de Bobby et Jack, trop bêtes, il leur fait même un petit sort, et c'est pô désagréable…
Pas plus qu'il n'inclut les va-t'en-guerre qui voulaient déclarer officiellement la guerre au Vietnam, alors que ce "mou du genou" de JFK freinait des quatre fers - il a fallu que ce soit Johnson, devenu président, qui déclara ouvertes les hostilités en 1964. Marchands d'armes et membres excités de l'Armée auraient ainsi pu faire partie du club… Mais finalement, il y avait assez de monde à vouer à Bobby (et Jack) une haine mortelle, ce n'est pas la peine d'en rajouter, comme dit Maxwell.

Je résume : aux élections de 1960 contre Nixon, Joe Kennedy a acheté la victoire de JFK à la mafia.
La mafia qui tient Hoover par les précieuses.
Hoover qui tient JFK par la quequette.
JFK qui trahit les anti-castristes et la mafia en intervenant mollement contre Castro.
JFK qui est méprisé par la CIA anticommuniste.
Bobby qui veut assainir le pays et s'acharne à démanteler la mafia.
La mafia protégée par Hoover.
Hoover qui déteste Bobby. Comme la mafia déteste Bobby.
Deux haines qui pèsent très lourd.

Tuer Jack pour punir Bobby, en lui faisant savoir que c'est de sa faute, c'est une vengeance terrible.

Mais l'année 63 n'occupe que peu de pages en final (fatalement !) du bouquin. Ravie que cette fin corresponde à ma certitude que Oswald était "le pigeon" et que les tirs sont venus de plusieurs directions, et de face. Qui a fait ça ? Je ne me prononce pas, ça intéressait trop de monde de dégommer les Kennedy. Juste, pas Oswald.
Oswald qui n'est pas cité, dans le livre. J'ai été gênée d'apprendre ça alors que je n'avais pas fini le roman, mais finalement, c'est extrêmement bien foutu. Et pourquoi que not'Ellroy il ne cause pas de Lee Harvey O. ? Pour une raison littéraire : il a décidé que le livre de Don Delillo, Libra, était indépassable sur le sujet. Libra signifiant "Balance", le signe du zodiaque qui était celui de Oswald. On est pô là pour se faire de l'ombre, il laisse donc Oswie à Don, et reste avec ses amis Kemper, Pete et les autres.
Il y a une petite fistouille, malgré tout (ou plusieurs, mais j'ai repéré celle-là). Un certain policier du nom de Tippit intervient, au milieu du livre vers 1960, pour jeter des tracts haineux d'un avion, avec son pote du KKK. Tippit, ça dit quelque chose à ma science kennedienne, voyons voyons… oui ! c'est bien lui ! Quarante-cinq minutes après le meurtre de Kennedy, Oswald, peut-être (les témoins divergent et a priori, il n'aurait pas eu le temps), est dans sa voiture, dans un quartier paisible de Dallas, assez loin du lieu de l'attentat. Un flic, du nom de Tippit, sort son petit carnet, et va lui parler. le conducteur (peut-être Oswald, donc) lui répond par la fenêtre ouverte de la voiture. Puis il sort, fait le tour, rejoint le policier, et le tue. Et s'enfuit. Tippit connaissait Jack Ruby (ouiii, celui qui a tué Oswald au tribunal), qui fournissait des prostiputes aux Cubains anti-castristes, dans le camps d'entrainement organisés par la CIA en Floride.
Soit c'est Oswald vraiment, qui, ayant compris qu'il était désigné pigeon, réalise qu'on veut le buter rapidement pour qu'il soit le parfait coupable. Mais 45mn après l'attentat, pas sûr qu'il ait envisagé tout ça, et puis sa logeuse l'a vu peu avant, il aurait manqué de temps pour aller de la Plaza (lieu du crime) à chez lui puis à ce quartier. Soit c'est un certain Roscoe White, un des trois gars de la CIA qui aurait tiré sur Kennedy, qui a contacté Tippit, lui a filé rencard, et discrétos, l'a abattu pour qu'il ne parle pas. Dans le livre, on retrouve Tippit en train de patrouiller, deux jours avant l'attentat, mais rien de plus. Bizarre, James Ellroy. Ou alors, Tippit réapparait dans le livre suivant d'Ellroy, American Death Trip, qui commence… le 22 novembre 63 (et que j'ai commandé, je l'attends avec impatience !).

Mais on est loin du complot quand commence le livre en 1958. On voit ce beau monde (FBI Cubains CIA mafia, nos quatre héros- et les Kennedy) évoluer. Les routes se croisent, les alliances se forment, les corps tombent, Ellroy tricote l'intrigue, les jeux de dupe, les sincérités, les intérêts.
Il ne critique pas tant que ça les frères Kennedy, ai-je lu. Connaissant sa dent dure, il aurait pu, mais pourquoi ne pas imaginer qu'il y avait du bon dans ces deux hommes-là ? Il se le permet. le charme de Jack nous le rend charmant. Vide ? C'est ce qu'Ellroy dit du joli-coeur. Je dis plutôt que Jack jouait le jeu "imposé" par papa, celui du prétendant à la présidence, puis celui de président (il n'y a pas plus bandant que ce poste, lui fait dire Barb), mais que ce n'était pas sa vraie vie, qu'il jouait. Prenant l'affaire au sérieux quand même, avec ses sorties historiques, ses décisions culottées, il ne l'a pas joué roi fainéant, s'est investi, a ouvert un peu l'Amérique sur elle-même et les autres. Ellroy nous le montre plein d'humour, aussi, et ça c'est irrésistible. Quant à Bobby, il ne le critique pas mais explique comment, petit à petit, par petites touches ou grandes claques, il monte une vague de haine contre lui qui lui sera fatale. Celui qui vivra portera ce poids-là. Tragédie grecque.
En lisant ce tricotage, je me suis rendue compte que les Kennedy étaient seuls. Ils faisaient leurs petites affaires entre eux. Mini-clan, eux deux. Plus vaste, le clan Kennedy. Pèpère Joe, vieillissant puis après son attaque, ne gérait plus grand chose, mais il avait tant fait avant, que sa place s'imposait dans leur destin. Par contre, ces organismes chargés de la gestion du pays (FBI, CIA, police, justice, armée, un état, quoi) étaient comme mis à part, pendant le court règne Kennedy. Il y avait les deux frères, et les autres, presque le petit personnel. Et eux aussi faisaient leurs petites histoires indépendamment des Kennedy. Parfois contre eux.
Ou alors c'est le point de vue d'Ellroy, mais je ne crois pas. Les lonesone cowboys, de profil sur la couverture du livre (Editions Rivages/Noir) avançaient en binôme dans cette étrange vie, brillante et tragique. Beaux. Plein de vie, offerts à la mort. Evidemment que ça marche, la saga Kennedy, avec de telles existences. Suis toujours sous leur charme, je ne m'en lasse pas.
Et puis l'écriture de ce gars pas aimable, Ellroy. Il a osé s'y coller, il ne déçoit pas, c'est du grand art. L.A. confidentiel m'avait rendue dingue, accro comme jamais. Là, c'est plus sage, mais j'avais hâte d'être au soir pour continuer ma lecture - j'ai même commis un crime de lèse-majesté : deux fois, j'ai lu le livre pendant la journée. Pas le même charme que quand on est au lit au chaud dans le calme de la nuit, et qu'on retrouve tous ces hommes avant de s'adonner au sommeil.
Vite, qu'on me livre la suite, ce soir je vais être en manque !!! Nooon je n'en commencerai pas un autre. Je veux Bobby. J'attendrai.
Don Delillo attendra. C'est qu'Oswald n'a pas le même vortex de charme de Jack&Bob. Mais si ça a plu à sieur Ellroy, ça me plaira sans doute !
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Voilà un beau pavé pour se plonger dans l'avant assassinat Kennedy.
Autant dire de suite que James Ellroy nous met presque face à une réalité, tellement ses éléments du canevas /puzzle sont bien nombreux et bien placés.
Pour avoir pu me documenter précédemment et souvent, cette version romancée des faits pourrait ne pas être trop éloignée de la vérité.
Le style d'écriture, on adhère ou pas, la violence idem,le présence de la drogue, l'alcool de façon permanente... par contre c'est indéniable, c'est passionnant et si on veut connaitre l'environnement de Kennedy de 58 à 63, autant se lancer à fond dans cette oeuvre détaillée.
Parmi les détails, il est même question de ce qui a pu se passer en France, en Octobre 61, la répression policière face aux Algériens.
Une partie concerne Cuba et tout ce qui peut être préparé pour sortir Castro du pouvoir de l'ile,..et sans succès.
C'est pour dire que James Ellroy y va de sa documentation, de ses personnages créés qui nous font rentrer plus clairement dans le scénario crédible des échanges possibles entre les frères Kennedy, Hoover, Hoffa, Hughes,et autres.
La MAFIA qui se voit confrontée à Bobby Kennedy, la CIA qui trempe dans les tentatives diverses de déstabilisation de CUBA de Castro,le FBI de Hoover qui se fait sa place prédisposent la mort de Kennedy qui vient comme un découlement inéluctable de l'histoire, tant Joe Kennedy avait déjà posé les jalons de la jalousie et la haine envers sa famille.
Bobby a vraiment voulu combattre la MAFIA, Jack, lui le nouvel élu fut pris dans le mouvement face à tout ce monde compliqué des institutions de l'époque et au contexte mondial.
Chapeau à James Ellroy !! C'est fort !!
Finir American tabloid par le 22/11/63, avec les 3 personnages attachants( Bondurand, Littel et Boyd ) face aux plus puissants hommes des Etats Unis,et enchainer par American Death Trip le même jour, autant le faire par la lecture dans la foulée, non?
Et hop le millier de pages à venir , une période de cinq années, avec les assassinats de Luther King et Robert Kennedy, fin du tome début juin 68.

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