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Pascale Jusforgues (Traducteur)
EAN : 9791036310430
350 pages
Bayard Jeunesse (03/03/2021)
3.58/5   113 notes
Résumé :
Evan Hansen a toujours eu du mal à s'intégrer. Il n'a pas d'ami, ne parle à personne à part sa mère et son psy. Ce dernier lui confie un exercice quotidien : s'écrire des lettres. Seulement, Connor, un de ses camarades de classe lui en dérobe une. Quelques heures plus tard, il est retrouvé mort. Le jeune homme s'est suicidé.
Découvrant la lettre dans sa poche, les parents de Connor pensent qu'elle a été écrite par Connor, pour Evan, et vont être ravis de déco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
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Evan Hansen est un lycéen qui n'a pas d'amis et qui souffre de cette solitude. Sur les conseils de son psychiatre, il s'écrit des lettres pour aller mieux mais il oublie une de ces lettres au lycée et Connor Murphy, un autre jeune, la trouve et se moque de lui. Quelques jours plus tard, Evan apprend que Connor s'est suicidé. Les parents de Connor, ayant trouvé sur lui la lettre d'Evan, pensant que leur fils et Evan étaient meilleurs amis. Au lieu de les démentir, Evan ne dit rien et ce mensonge va prendre des proportions énormes. de transparent, Evan devient très populaire au lycée, au centre même d'un projet pour honorer le souvenir de Connor, et la soeur de celui-ci, dont Evan était secrètement amoureux, devient sa petite amie. Evan arrivera t-il à avouer la vérité et à reconnaître que tout n'est que mensonges ?

Tout d'abord, je remercie Babelio et la maison d'éditions Bayard de m'avoir proposé ce roman de littérature jeunesse. le thème de l'adolescence et du mensonge ayant éveillé ma curiosité et m'évoquant "13 reasons why", j'ai accepté cette lecture avec plaisir.
Si ce roman est intéressant et facile à lire, je pense qu'il plaira avant tout à un lectorat de jeunes lecteurs (fin de collège ou lycée). de plus, il se lit rapidement, les chapitres sont courts et peuvent permettre de faire des pauses fréquentes.
J'ai davantage apprécié la seconde partie du roman qui éclaire la personnalité de Connor et les raisons de son geste. le lecteur apprend un élément nouveau important au sujet de Connor, assez inattendu pour moi.
Ce roman peut faire réfléchir les jeunes à la question de la vérité et les inciter peut-être à parler quand ils ne se sentent pas bien, d'ailleurs il y a quelques pistes d'associations à la fin du livre.
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Nouveauté de 2021, "Dear Evan Hansen" est un roman élaboré à partir d'une comédie musicale états-unienne du même nom, qui a gagné plusieurs prix.

J'aimerais vous donner un avis plus tranché sur ce roman, mais en réalité, je nage entre deux états. D'où ce 5/10.

D'abord, il faut comprendre qu'étant à l'origine une oeuvre conçue pour le théâtre et le chant, nous tombons sur un second médium avec cette histoire devenue un roman. Cela explique peut-être pourquoi les critiques sur ce roman sont souvent peu élogieuses, accusant l'oeuvre de manquer de profondeur, de mettre certains personnages sur la touche et de mal travailler certains thèmes. Personnellement, n'ayant pas vue ladite pièce, je ne saurais dire, mais basé sur mon expérience, changer le médium de base d'une oeuvre est un risque. À titre d'exemple, citons la panoplie de romans jeunesse des dernières années convertis en série ou en film et dont le résultat est mitigé ou carrément désastreux.

Ensuite, l'histoire en elle-même a du quoi faire sourciller. Les histoires sur le mensonge sont des couteaux à deux tranchants: on peut faire une histoire avec pour but de parler des conséquences néfastes du mensonge, parce que pour être honnête, je ne vois pas vraiment de cas de figure où ce peut être porteur de conséquences bénéfiques. Mais ici, et c'est là le problème, il ne s'agit pas d'un mensonge basé sur une mésinterprétation ou une omission ou un délire collectif, mais bien d'un mensonge assez poussé qui a nécessité une structure et de l'entretient. Evan n'a pas recherché à amenuiser le mensonge qui fait de lui le "meilleur ami de Connor", au contraire il a même contribuer à le grossir en fabriquant de faux e-mails, en racontant des anecdotes tout aussi fausses, créant même un projet en sa mémoire. C'est un ÉNORME mensonge. Et le pire est qu'au final, ça ne porte pas à conséquence pour celui qui nage dedans. À l'époque des catfish, des faux profils, des TL Réalité , tous des exemples concrets de mensonges construits, je ne pense pas que de valoriser ce genre d'action soit, à terme, une bonne initiative. On a l'impression que Evan profite de cette situation et comme elle est faite sur le dos d'un défunt, je vis un certain malaise après ma lecture.

En fait, c'est la manière que se construit l'histoire qui donne à penser que Evan se découvre une vie grâce au décès d'un autre. La mère de Evan est d'ailleurs beaucoup plus lucide que les autres personnages quand elle dit avoir l'impression que les Murphy, famille de Connor, l'on pratiquement remplacé lui à la place de leur fils. J'ai eu la même impression.

Evan en lui-même est un personnage difficile à suivre. Oui, on le décrit anxieux, mais pour avoir lu d'autres critiques qui allait en ce sens: comment expliquer qu'un anxieux social incapable de prendre la parole soit si étonnamment fluide quand il ment? À croire que c'est la vérité qui est difficile à verbaliser pour Evan. Oui, il prend des médicaments, mais je n'ai pas vu la moindre trace de psychothérapie réelle. Ni de techniques de gestion des émotions ou du comportement ( Cognitivo-comportemental). En bref: pas la moindre trace de psychologie. Pour une oeuvre qui veut traiter de ce sujet en particulier, offrir une plus grande place aux "moyens" de gérer son anxiété aurait été, à mon sens, un élément à ne pas contourner. D'autant plus que pour les psychologues, les médicaments ne sont pas la solution, mais une sorte de garde-fou.

Connor, le jeune homme qui s'est suicidé, fait quelques apparitions, ce qui est bien parce que nous en apprenons sur sa vie. Pourtant, il livre très peu de ses réelles motivations d'en finir. J'ai beau y réfléchir, je ne parvient pas à dire "pourquoi" il a décidé d'en finir ce jour là. Raz-le-bol absolu, dépression ayant atteint son apogée, écoeurantite aiguë, choc de trop, je ne sais pas vraiment.

Il avait un mal de vivre et vivait de la solitude, ça au moins c,est clair, mais le tout manque de finesse et d'aboutissement. On voit mal son aspect "dépressif", on comprend mal pourquoi du début de sa vie à la fin il a passé pour un incompris et un enfant difficile. Sa psychologie est un vrai mystère et un sacré casse-tête.

Alana et Zoé, les deux filles principales, occupent très peu de place et elles-aussi manquent de finesse psychologique. Zoé est finalement tombée amoureuse d'Evan, on ne sait pas trop pourquoi, mais j'avais l'impression que c'était surtout parce qu'il était dans le décor. Alana prend très...trop...pas mal à coeur toute cette histoire de projet, met le doigt sur un élément super louche ( les e-mails fabriqués et leurs incohérences) et ne s'en préoccupe pas plus au final - c'est commode pour Evan. Des personnages secondaires qui se comportent en personnes tertiaires, je trouve.

Plus j'en écris sur ce roman, plus je constate que mon enthousiasme du départ vient de prendre un sacré coup. Je l'avais même présenté à des bibliothécaires aujourd'hui et ce furent elles qui m'apprirent les différentes critiques négatives sur ce roman. Finalement, avec du recul, je constate qu'il y a beaucoup de vrai. Cependant, tout n'est pas à jeter.

On voulait parler de la solitude chez les jeunes, c'est le cas. On voulait parler d'anxiété, partiellement vrai, mais c,est aussi là. On a voulu parler de mensonge, oh là, on est en Cadillac, les amis! On a couvert plusieurs aspects de la vie adolescente également, même si c'est resté en surface.

Parmi les éléments positifs je retiens: une maman, celle d'Evan, qui fait son gros possible pour élever son garçon toute seule et qui a tout-de-même plus de jugeote que les autres adultes dans le roman. Elle aime sincèrement son fils et ça c'est sans aucun doute un bien très précieux pour un enfant que d'être aimé inconditionnellement. Je retiens que nous avons un rôle collectif à jouer pour soutenir les plus vulnérables d'entre nous. Je retiens aussi que les réseau sociaux sont à double sens: ils permettent de contrer partiellement la solitude, mais c'est aussi un terrain propice à chercher de l'attention. Je pense notamment à cette fille au début, qui ne connaissait même pas Connor et qui disait être "super triste"suite à son suicide. La fausse sympathie, c'est une recherche d'attention. J'en retiens globalement qu'on fait des erreurs et qu'il n'y a pas de miracles: il faut apprendre à se parler et à être son propre allié.

Sinon, côté écriture, ça se lit tout seul. Les pages avec les commentaires dispersés sur trois pages est intéressante.

Pour conclure, je dirais qu'on a voulu bien faire, mais qu'on a peut-être mal fait, au final. Partant de bonnes intentions, on s'est peut-être emmêler les pinceaux et mit de l'accent sur des broutilles au détriment des trucs vraiment importants. Je ne peux pas dire que les personnages sont attachants - surtout Jared, drôle d'oiseau pas sympathique celui-là!. Même Evan, qui a une étrange façon d'être extrêmement autocritique ( voir même sadique envers lui-même) tout en servant des mensonges élaborés, je ne vois pas de qualités à aimer en lui. Bref, un drôle de roman qui, je le constate, a reçu un accueil qui ne fait pas consensus. Je ne regrette pas de l'avoir lu, mais je suis déçu qu'au final, il ne reste pas grand chose pour le défendre.

Le genre de roman qui serait intéressant à mettre au centre d'un débat.
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Ce livre m'a été généreusement envoyé par les éditions Bayard dans le cadre d'une masse critique. Je n'aurais sans doute pas lu ce roman de ma propre initiative, et pourtant il a été très plaisant à lire. Je pense qu'il fait plutôt partie d'un registre lecture jeunesse mais il peut être intéressant pour tous les âges.
Evan est lycéen et ressent un profond mal-être, il se sent seul, a du mal à se faire des amis, reste muré dans son introversion.
Suivi par un psychiatre, et sur les conseils de ce dernier, Evan s'écrit des lettres à lui-même. Ce procédé a pour but d'augmenter son estime de soi.
Connor, un autre lycéen s'empare d'une des lettres d'Evan qu'il se destine. le lendemain Connor est retrouvé suicidé, la lettre dans sa poche.
Le rapprochement entre les deux étudiants se fait naturellement par la famille.
Une cascade de quiproquos va mener Evan sur le sentier du mensonge dont il aura du mal à sortir.
Ce roman donne à réfléchir sur le mal-être de la jeunesse menant au suicide dans certains cas. Cette période n'est pas facile à traverser car l'être se forge, se découvre, se compare, évolue.
Une comédie musicale du même titre que le roman remporte un franc succès et laisse passer un message de soutien aux jeunes en mal de vivre.
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 Je remercie les Éditions Bayard et Babelio pour leur invitation à découvrir ce roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée dédiée à la littérature jeunesse. C'est la deuxième fois que je suis sélectionnée pour ce type d'opération (cf. « Four Dead Queens » d'Astrid Scholte paru chez Casterman, chronique du 14 juin 2020) afin de faire part de mes impressions sur un page-turner américain.
    Toujours très honorée et super stressée aussi en raison d'un délai – de 30 jours –, à la fois court et long selon le point de vue... je suis néanmoins venue à bout de ce pavé (430 pages) dans les délais. Ouf !
    Conformément à sa fonction de « page-turner », le livre fait son job, on ne voit pas le temps passer tant l'écriture nous entraîne dans de multiples rebondissements.
    Par ailleurs, au cours de ma lecture, j'ai pu voir des originalités à plus d'un titre (même si celui-ci est resté en V.O.). Tout d'abord, l'ouvrage est le fruit d'un travail collectif. Il y a ainsi un auteur principal, en l'occurrence Val Emmich, lequel s'est entouré de trois collaborateurs. Un bel exemple de travail d'équipe. Ensuite, on apprend dans les remerciements, à la fin du livre donc, que l'histoire est tirée d'une comédie musicale. Et, quand on arrive à la dernière ligne, il reste en effet comme une petite musique dans la tête d'autant que l'un des personnages est également musicien (musicienne pour être plus précise) et s'adonne même à la composition…
    Mais c'est sur le plan de l'introspection que le livre va assez loin, le personnage principal est effectivement très travaillé, on se trouve en empathie avec lui. Sa détresse est touchante, on perçoit ses failles, ses doutes, ses craintes et son besoin d'exister à un âge où tout se construit. En effet, Evan est un lycéen de nature (très) anxieuse, qui frise la phobie sociale. Solitaire, introverti, il aurait plus tendance à longer les murs qu'à vouloir se mettre en avant. Un trou de souris serait à sa mesure. de plus, sa vie familiale est pour le moins chaotique. Élevé par une mère dévouée qui a à coeur de vouloir améliorer l'ordinaire en poursuivant ses études, celle-ci se retrouve le plus souvent débordée car elle doit aussi mener de front son métier d'infirmière. Pour couronner le tout, sa génitrice multiplie les maladresses et n'entrevoit que le recours à un psy pour aider son fils. Son père est quant à lui indifférent à ce que devient Evan, d'autant qu'il a refait sa vie à l'autre bout du pays et semble à présent bien plus soucieux de son nouveau foyer.
    L'analyste d'Evan entreprend alors un travail pour libérer son jeune patient de ses angoisses : outre la prescriptions de médicaments, il incite le jeune homme à s'adresser des lettres à lui-même en vue de vivifier son estime de soi. Même si l'intéressé voit dans cette béquille émotionnelle davantage une corvée qu'un exutoire miraculeux censé tout résoudre, il se plie de bonne grâce à l'exercice pour complaire à son entourage. Faire ce qu'on attend de lui sans moufter, voilà ce qui définit Evan.
    Seulement le diable va s'en mêler… Un concours de circonstances fait qu'une lettre qu'Evan s'était écrite est dérobée par Connor, un autre lycéen. On apprend vite que ce dernier avait de très gros problèmes puisqu'il se suicide très peu de temps après. Coup de théâtre : on retrouve la lettre d'Evan sur le corps de Connor. Les apparences racontent une autre histoire et il n'en faut pas moins pour en déduire qu'Evan et Connor étaient les meilleurs amis du monde. La famille du suicidé cherche à en savoir plus. de fil en aiguille, de quiproquos en quiproquos, Evan s'enferre dans ses mensonges pour ne pas faire de peine autour de lui. Dans le même temps, sa vie change du tout au tout. Les projecteurs sont à présent braqués sur lui, il devient populaire et réussit même à charmer la jeune soeur de Connor dont il était (justement) et secrètement amoureux.

    Le récit montre comment à partir d'un mensonge, l'affaire va prendre des proportions dantesques avec le renfort des technologies d'aujourd'hui : réseaux sociaux, Internet etc. Jusqu'au dénouement, on se demande si la vérité finira par éclater… Et surtout comment. le pauvre Evan en vient même à regretter sa vie d'avant tant sa conscience le tourmente. Sur le plan de la construction de l'intrigue, les chapitres font alterner les états d'âme d'Evan avec l'errance post mortem de Connor. On subodore ici que les collaborateurs de Val Emmich ont rédigé (ou l'ont aidé à le faire) les passages consacrés à Connor. Même si la transition d'un personnage à l'autre se fait sans heurts, on perçoit toutefois une différence de style. Rien de gênant, le stratagème fonctionne et donnerait plutôt un certain rythme à l'ensemble en mettant en évidence les occasions manquées. Ainsi, en d'autres circonstances, on se dit qu'Evan et Connor auraient VRAIMENT pu être amis, si le destin en avait décidé autrement car les deux garçons ont, chacun à sa manière, beaucoup en commun.
    D'autre part, certains détails soulignent les outrances typiques de la société américaine ; rien d'anormal, par exemple, de voir un lycéen rouler en SUV alors que, quiconque s'étant un tant soit peu frotté à la dure réalité, n'ignore rien de la difficulté à pouvoir s'offrir ne serait-ce qu'une roue d'un engin pareil même en travaillant pendant des années. Idem, se gaver dès le plus jeune âge de tranquillisants qui assommeraient un cheval relève de la banalité ; ceci dit, cet état de fait tend hélas à aussi entrer dans les moeurs de bien des pays, y compris le nôtre.
    In fine, le message de l'histoire, qui aborde un sujet grave sous des dehors légers, vise la prévention du suicide, en particulier chez les adolescents. Un fléau dont les racines sont tentaculaires, allant des difficultés relationnelles et familiales au harcèlement, scolaire ou pas d'ailleurs, qu'amplifie l'impact des réseaux sociaux.
    Conclusion : un bon moment de lecture destiné à éveiller les consciences.
Lien : http://scambiculturali.over-..
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Merci aux éditions Bayard et à l'opération Masse Critique de Babelio pour l'envoi de ce livre.
Evan Hansen n'est pas un ado comme un autre. Il souffre d'anxiété sociale depuis longtemps, ne parle qu'avec sa mère – infirmière à temps plein qui manque de repos – et le psy qu'elle l'oblige à voir. Son père, en couple avec une femme plus jeune et vivant à l'autre bout du pays, est aux abonnés absents. Autant dire que personne n'a rien à envier à Evan. Il est invisible partout où il passe, traînant ses savates et ses mains moites dans les couloirs en espérant ne jamais avoir à s'exprimer. Pourtant, ça ne l'empêche pas de cultiver un amour secret pour Zoé, une ado d'un an de moins que lui qui joue de la guitare dans un groupe de jazz et à qui il n'a jamais osé parler.
Il se trouve qu'un jour, alors qu'il a le bras cassé et que sa mère l'encourage à faire signer son plâtre par ses camarades, Evan est violemment bousculé dans le réfectoire par Connor, un autre loup solitaire du lycée, suite à un quiproquo. Zoé vient alors à sa rescousse et Evan apprend qu'elle et Connor sont frères et soeurs.
Un peu plus tard, de nouveau face à la grande brute, Evan a l'occasion de discuter quelques minutes avec lui et se rend compte qu'il est moins effrayant que ce qu'il paraît. Connor va jusqu'à signer son plâtre, s'amusant du fait qu'ils soient tous les deux des mecs impopulaires et sans amis. Seulement, alors qu'Evan vient d'imprimer une lettre adressée à lui-même – exercice imposé par son psy – dans laquelle il évoque son amour pour Zoé, Connor tombe sur la dite-lettre, la lit, et explose de fureur, persuadé qu'Evan cherche à lui jouer un mauvais tour. Il s'enfuit avec l'objet du délit, laissant Evan patauger dans l'angoisse qu'elle soit diffusée dans tout le lycée.
Les heures s'égrènent, mais rien ne se passe. Pas de nouvelles de Connor, ni même de Zoé, et personne ne semble au courant de cette lettre. Convoqué deux jours plus tard dans le bureau du proviseur, Evan tombe nez à nez avec les parents de Connor, en larmes. Il apprend que l'adolescent s'est suicidé et qu'il n'a laissé qu'une lettre à son intention. Evan découvre avec stupeur qu'il s'agit de celle qu'il lui avait volée, mais incapable de se justifier, il peine à dire la vérité aux parents de Connor et préfère quitter la pièce en courant.
D'un mensonge par omission, Evan va commencer à s'enfoncer plus loin dans l'affabulation, acceptant le rôle de « meilleur ami » du défunt Connor afin de soulager la peine des parents, mais surtout celle de Zoé.
J'ai eu un peu peur au départ, je suis toujours un peu méfiante lorsque je me retrouve coincée dans la tête d'adolescents, mais j'ai beaucoup aimé. Evan est un gamin torturé, conscient qu'il va mal mais incapable de trouver la solution, et on constate très bien son évolution tout au long du récit. Il aurait pu être imbuvable, voire ignoble au vu des mensonges qu'il profère, mais c'est surtout un gamin délaissé, qui fait des erreurs tout en essayant de les rattraper, même s'il se trompe en cours de route. Ça le rend très humain du coup, et crédible. Vu son mal-être, l'histoire est moins tirée par les cheveux que ce qu'elle paraît, surtout dans un monde aussi cruel et codifié que celui du lycée.
J'ai bien aimé Jared, un autre ado un peu à part qui va aider Evan à parfaire son mensonge. Il a des répliques assez sadiques et marrantes, mais va finalement se révéler comme la « bonne conscience » d'Evan, malgré son cynisme.
Zoé est aussi un chouette personnage, parce que c'est une gamine normale, en colère après son frère qui, après des années à accaparer l'attention de leurs parents, va finalement décider de se foutre en l'air en laissant une trace indélébile dans le coeur de chacun. D'abord méfiante au sujet de l'amitié supposée d'Evan et de Connor, elle va peu à peu s'apaiser, Evan trouvant les mots pour la convaincre de l'amour de son frère.
C'est vraiment une jolie histoire, on a même l'occasion de découvrir quelques pov du fantôme de Connor. Je regrette juste que le sujet de l'homosexualité à l'adolescence n'est pas été développé plus que ça. Ne connaissant pas la comédie musicale, je ne m'attendais d'ailleurs pas à ce que le sujet soit traité. Je trouve ça bien ces notes à la fin du livre pour encourager les jeunes homos en détresse à contacter des associations, avec les adresses et les numéros, mais ç'aurait été encore mieux que le livre traite réellement du sujet, que les acteurs prennent véritablement conscience de la douleur de Connor. Là, malheureusement, il reste un fantasme pour tout le monde, sans que personne n'ait vraiment mis le doigt sur ce qui le rongeait et l'a poussé à l'acte.
Ça reste un livre que je conseillerais sans problème et que j'aimerais trouver dans tous les CDI et les médiathèques, car trop peu traité pour le grand public.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Nous naviguons dans cet océan d'arbres en faisant attention de ne rien déranger. Nous sommes en mission. Nous ne voulons pas d'ennuis. Nous sommes si nombreuses, nous les âmes solitaires. Nous tous qui avons contribué à la renaissance de cet endroit. Il y a ceux qui le verront grandir. et ceux que nous avons perdus. Nous avançons ensemble On grimpe, on tombe, on s'élève à nouveau. On essaie de se rapprocher du cœur des choses. De nous-mêmes. Des autres. De ce qui est vrai.
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Mon moi présent n'est plus celui du passé. De même que celui d'aujourd'hui n'est pas celui du futur. Trois versions de moi que je ne peux ni changer, ni prévoir.
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Nous naviguons dans cet océan d'arbres en faisant
attention de ne rien déranger. Nous sommes en
mission. Nous ne voulons pas d'ennuis. Nous
sommes si nombreuses, nous les âmes solitaires.
Nous tous qui avons contribué à la renaissance de
cet endroit. Il y a ceux qui le verront grandir. et ceux
que nous avons perdus. Nous avançons ensemble
On grimpe, on tombe, on s'élève à nouveau. On
essaie de se rapprocher du cœur des choses. De
nous-mêmes. Des autres. De ce qui est vrai.
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Évidemment que ça me semblait bon. Les fantasmes sont toujours agréables. L'ennui, c'est qu'ils ne servent à rien quand la réalité déboule sans crier gare et te jette à terre. Quand elle te ligote la langue et qu'elle t'enferme les mots dans la tête. Quand tu te retrouves tout seul au déjeuner.
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J’aimerais juste que ma vie, pour une fois, ne serait-ce qu’un jour, voire quelques heures, soit un peu plus cool. Je ne peux jamais m’installer tranquillement, confortablement, et vogue le navire. Des gens comme Rox, par exemple, posent leurs pieds sur la table et se laissent bercer par les flots. Moi, non. Je suis toujours au bord de la noyade.

page 199
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