Ce très court roman de 152 pages peut être lu en 2 soirées montre en main. Les chapitres font en moyenne une page virgule cinq, ceci implique qu'une page sur deux est à moitié remplie, et donc ce roman ne compte en réalité que 76 + 38 = 114 pages.
Je trouve le titre bien ronflant pour une oeuvre aussi courte. On s'attend à un blockbuster enthousiasmant en technicolor à la Cecil B. DeMille, qui en met plein les mirettes, on ne trouve qu'un petit nanar de série B.
Michel-Ange est montré comme un personnage violent et imbu de lui-même. Il s'emporte sans raison et détruit par exemple la maquette de son prédécesseur,
Léonard de Vinci. Frôlant la fainéantise, il est loin de se mettre tout de suite au travail pour remplir son contrat et préfère flâner avec son ami dans Constantinople, à la recherche de sources d'inspiration, il pompe sans vergogne les proportions et les astuces de l'église Sainte-Sophie pour s'en resservir plus tard, lors de la conception du dôme de la Basilique Saint-Pierre de Rome.
Enfin, pour rendre son personnage encore plus antipathique,
Mathias Enard rappelle à plusieurs reprises que
Michel-Ange ne se lave jamais et sent très mauvais. Toute cette crasse nauséabonde explique mal la séduction que l'artiste parvient à exercer autour de lui et son succès auprès des autres personnages.
Michel-Ange est par ailleurs clairement présenté comme homosexuel, ce que les historiens ne contestent plus aujourd'hui (il préfère voir un danseur lorsqu'il regarde une danseuse, il est insensible aux charmes de la courtisane qu'on lui envoie et lui préfère la compagnie d'un jeune poète qui tombera amoureux et se sacrifiera pour lui) et ce qui semble ne poser aucun problème à ses hôtes, qui en ce début du XVIe siècle, ne devaient pas être des rigolos en ce qui concerne le respect des interdits religieux.
Tout cela est raconté dans un style pédant et emphatique, qui manque de simplicité à mon goût.
Le plus déplaisant dans ce roman reste la place faite aux femmes : le seul personnage féminin n'est finalement qu'une allumeuse, une traîtresse et une meurtrière.