Max Brod écrivit en 1937 "Franz Kafka, eine Biographie" traduit en français en 1945 sous le titre "Franz Kafka, souvenirs et documents".
Max Brod fut l'ami intime et l'exécuteur testamentaire de Kafka. Nous lui devons, entre autres, le sauvetage de deux oeuvres majeures, "Le procès" et "Le château" que leur auteur lui avait recommandé de brûler après sa mort.
A la lecture de ces deux textes, Brod ne se sentit pas le coeur d'obéir aux prescriptions de son ami, disparu en 1924. Il les fit éditer dès l'année suivante ("Le procès" en 1925 et "Le château" en 1926), s'en absolvant en considération de l'ancienneté de la demande et des fréquents atermoiements de Kafka en matière de publication.
Dix ans plus tard il écrivit cette biographie que je recommande vraiment tant elle déborde d'intelligence, d'amitié sincère et de lucidité bienveillante envers la personne de l'écrivain qui poursuivit toute sa vie, au moyen de l'écriture, une quête passionnée de vérité et de spiritualité. Elle éclaire en outre les écrits d'une lumière qui n'est pas celle de l'absolu désespoir qu'on y voit le plus souvent, mais d'une vision métaphysique des relations de l'homme avec Dieu.
Elle dresse le portrait d'un homme discret, attentif, amateur de randonnées et de natation, plutôt enjoué, aux prises avec les affres d'une nature hésitante mais paradoxalement constant dans la poursuite des devoirs sacrés à ses yeux : honorer son travail d'écrivain et fonder une famille. On sait que s'il échoua sur le second point, il parvint à l'excellence sur le premier, malgré une disponibilité obérée par un gagne-pain ennuyeux et la maladie.
J'ai terminé cette biographie avec l'impression de m'être fait deux amis : Max Brod et Franz Kafka.
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Le meilleur ami de l auteur
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"Immensité du monde que j'ai dans ma tête", les Carnets débordent de plans, d'ébauches, de débuts,dont fort peu de chose a été achevé. Mozart se défendait, répondait à son père. Kafka se tut. Mais je possède de lui une lettre qui rend sensible la funeste importance qu'eurent pour sa vie les entraves professionnelles. A mon avis, c'est ici que se trouve le germe de cette évolution qui le menait toujours plus profondément au coeur de la souffrance, avant de le conduire à la maladie et à la mort. Dans la mesure où ce complexe outré le retenait sous le harnais de sa profession, il collaborait à la fatalité : celle-ci consistait essentiellement dans la contrainte qu'un homme si merveilleusement doué pour la création devait s'imposer pour s'employer, en pleine jeunesse, à des fonctions qui n'avaient rien à voir avec ses aspirations profondes.
Bien souvent les admirateurs de Kafka, qui ne le connaissent que d'après ses livres, se font de lui une image tout à fait fausse. Ils croient qu'il devait produire sur ses amis l'impression de quelqu'un de triste et même de désespéré. C'est tout le contraire. On se sentait à l'aise avec lui. Par la richesse de ses pensées exprimées d'habitude sur le mode badin, il était, pour employer un mot bien terne, l'un des hommes les plus captivants que j'ai connus, malgré sa modestie et son calme.
C'est avec un haussement d'épaules et une nuance de mépris que l'homme fort considère le sensitif qui attend passionnément de sa famille une confirmation de son être le plus intime, et s'effondre lorsqu'il n'est pas compris. Dans son évolution, en effet, l'homme fort en arrive vite au point où il se dit, à tort ou à raison : Allons, il n'y a rien à tirer de la famille, elle est incorrigible. Mais le monde est vaste. Il y a bien d'autres instances encore. C'est devant celles-là que je ferai mes preuves, sans me soucier de ce que pourront en penser les autres à la maison ...
Dans tout ce qu'il voyait, Kafka cherchait l'essentiel, l'émanation de ce monde de la vérité.
C'est pourquoi il était celui qui savait le mieux écouter, celui qui savait le mieux questionner, lire, critiquer. Combien il s'embarrassait peu dans ses considérations de tout ce qu'on nomme "niveau", "école littéraire", "classement de valeur". Partout il allait à l'essentiel.
Il se sentait violemment remué dans ses sentiments de solidarité sociale lorsqu'il voyait les mutilations que les ouvriers s'étaient attirées par suite de déficiences dans les appareils de sécurité. "Comme ces hommes sont humbles, me confiait-il un jour avec un regard fixe. Ils viennent nous solliciter. Au lieu de prendre la maison d'assaut et de tout mettre à sac, ils viennent nous solliciter."
Il est évident que Kafka dut une grande part de ses connaissances humaines, sans compter son pessimisme alimenté de scepticisme, à ses expériences d'employé: il fut en contact avec les ouvriers victimes de l'iniquité des hommes, il connut la lenteur des rouages administratifs et la vie stagnante des bureaux.
Retour sur l'entretien du 4 novembre 2004 à Radio-France : https://youtu.be/TDzTUYNWhFM
1. Rumeurs journalistiques
2. Attente
3. Première caméra vidéo de Godard
4. Nomenclatures
5. Réaction de Godard aux invectives
6. Principes nietzschéens de la polémique
7. Neutralité et confusion
8. Renoncements du cinéma
9. Amis et ennemis
10. Répondre toujours
11. Conseil à de jeunes cinéastes
12. le nom "Américains"
13. Parler des films
14. Puzzles
15. Bible, Talmud et Mallarmé
16. Platon socratisé, Kafka et Max Brod
17. Adapter ou pas
18. Cinéphiles, imbéciles
19. Argent du cinéma, gratuité de la Bible
20. Cinéma et Domination
21. Écriture du mouvement
22. Trinités
23. Images des Palestiniens
24. Production, distribution, exploitation
25. Image et son
26. Habiter son nom
27. Dire, montrer, critiquer la critique
28. Camp de la Mort
29. le montage n'existe pas
30. Domination du "Je sais" et mensonge total
31. Dire et faire
32. Faussetés
33. Juifs exterminés, suicidaires palestiniens
34. L'auteur
35. Contrechamp et directives
36. Métaphore et idée
37. Autour de Serge Daney
38. Méchanceté?
39. Calculs de la Technique
40. Timbres de voix et histoire nationale
41. Malédiction de la vidéo et de Marguerite Duras
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