Cet ouvrage est difficile à résumer. Pour tout dire, il faudrait reprendre la conclusion de l'auteur qui a « essayé ici de défendre l'idée d'une éthique intellectuelle, et d'en définir la forme. L'éthique intellectuelle, tout d'abord, est autonome, elle ne se réduit pas à l'éthique tout court, et elle a ses principes propres. Elle n'est pas non plus une simple branche de l'épistémologie. Connaissance et action sont deux domaines distincts qui obéissent à des normes et à des raisons différentes...»
Pour atteindre son objectif,
Pascal Engel nous entraîne dans une série de démonstrations, pas toujours faciles à suivre sur la Croyance, ce qui fait sa qualité, sa fiabilité. Au passage, nous sommes confrontés à un vocabulaire philosophique très technique, comme la doxastique, par exemple. Mais il y en a bien d'autres.
On ne peut pas croire n'importe quoi et n'importe comment. Toute croyance pour être valide devrait être orientée vers le vrai, la vérité. L'on doit, par conséquent s'interroger sur les raisons de sa croyance. Elles peuvent être multiples, cependant les seules raisons valables sont celles qui reposent sur la connaissance, justifiant la croyance. Ce qu'il nomme raison épistémique, liée au savoir, à la connaissance, à la recherche de la vérité.
Une croyance sérieuse doit reposer sur un savoir, une recherche de la preuve de sa véracité. Par suite, le livre est émaillé d'une multitude de distinctions et de sous distinctions complexes ; ce que P E appelle ses taxinomies. J'ai eu parfois l'impression qu'il coupait les cheveux en quatre...
Sa démonstration vise aussi à éviter les confusions des catégories, les confusions de vocabulaire, et notamment la confusion entre vertus intellectuelles et vertus morales. Entre attitude épistémique basée sur la recherche de la vérité et attitude morale s'intéressant au bien, au devoir, etc.
J'ai bien conscience que mon commentaire est d'une grande pauvreté au regard de l'extrême richesse du livre. Et je compte sur l'aide des Babéliens qui l'ont lu, pour compléter ma compréhension de la démonstration.
Il consacre des chapitres entiers aux vices intellectuels tels que le snobisme, la curiosité, la foutaise, le « bullshit », tout à fait passionnants. En cela, il nous invite à prendre du recul sur l'information manipulatrice des médias, des réseaux sociaux, lesquels n'ont absolument pas pour but, la connaissance de la vérité, la diffusion d'un savoir véritable, mais la production, consciemment ou non, de bullshits, de foutaises, etc.
D'un autre côté, bien qu'il ait semblé admettre le caractère particulier de la croyance religieuse, de la foi, sa démonstration sur les caractéristiques nécessairement épistémiques d'une croyance valable, aboutit inexorablement à l'idée que la possibilité pour les croyants (les chrétiens) d'imaginer une hypothèse différente de l'hypothèse évolutionniste, discréditerait leur croyance qui deviendrait une croyance non fiable. Evidemment je ne peux pas être d'accord avec lui... Mais j'ai trouvé que c'est un bon opus philosophique.
PAT