(...) il est contraire au principe même de l'asile de distinguer les bons des méchants et de s'arroger le droit de décider qui est un "authentique" demandeur d'asile.
D'ailleurs, même avec la meilleure volonté du monde (ce qui n'est guère une hypothèse plausible), une telle distinction est impossible à faire. Réfugiés politiques ou émigrés pour raisons économiques : la distinction est anachronique pour beaucoup de pays d'émigration. Tout État de droit qui prétend la faire ne peut que se couvrir de ridicule, car il est de moins en moins contestable que la paupérisation de continents entiers a des causes politiques, étant entendu que facteurs endogènes et exogènes sont indissociables. Enfin, la guerre civile endémique que se livrent à l'échelle du monde les gagnants et les perdants ne se fait pas qu'à coups de bombes et de mitraillettes. La corruption, l'endettement, la fuite des capitaux, l'inflation galopante, l'exploitation, les catastrophes écologiques, le fanatisme religieux et la pure et simple incompétence ; tout cela peut atteindre des degrés qui constituent des motifs d'exode massif, au même titre que la menace directe d'emprisonnement, de torture ou d'exécution.
Cela déjà condamne à l'échec toutes les procédures administratives visant à faire le tri entre les demandeurs d'asile abusifs et ceux qui seraient irréprochables.
Hammerstein ou l'intransigeance
Marque-page 26-02-2010